Grammaire de l’hébreu biblique/Écriture/Paragraphe 13

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Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 36-37).
§ 13. Du maqqef.

a Le maqqef[1] est un petit trait, analogue à notre trait d’union, indiquant que deux mots forment un groupe très étroitement uni. Les deux mots unis par le maqqef forment une unité phonétique : le premier mot n’a plus de ton principal et ne peut plus avoir qu’un ton secondaire ; il devient proclitique[2]. L’union indiquée par le maqqef est généralement plus étroite que celle indiquée par un accent conjonctif.

Le maqqef peut unir deux, trois et même quatre mots, p. ex. אֶת־כָּל־אֲשֶׁר־לוֹ Gn 25, 5.

b L’emploi du maqqef n’a pas de règles bien fixes.

On l’emploie surtout après les monosyllabes. Ainsi, parmi les noms on a presque toujours avec maqqef בֶּן־ « fils », généralement בַּת־ « fille ». Par contre on a rarement avec maqqef אֵם « mère », שֵׁם et שֶׁם « nom », jamais אָב (état cst. אֲבִי) « père ». À l’état cst. כָּל־ est plus fréquent que כֹּל « tout ».

Les particules suivantes ont presque toujours le maqqef : אַל־ « ne », אֶל־ « vers », אִם־ « si », מִן־ « de », פֶּן־ « de peur que », עַד־ « jusque », עַל־ « sur », עִם־ « avec ». Les deux particules אֵת, dont l’une est la préposition « avec » et l’autre l’exposant de l’accusatif, se trouvent souvent avec maqqef אֶת־ et souvent sans maqqef אֵת.

La particule ־נָא « de grâce » (§ 105 c) est presque toujours précédée du maqqef, et donc rend le mot précédent proclitique.

c Le mot qui précède le maqqef, devenant proclitique, tend à avoir une vocalisation plus brève. Ainsi שֵׁם (état abs. et cst.), כֹּל (état abs. et cst.) deviennent שֶׁם־, כָּל־ ; l’inf. קְטֹל devient קְטָל־ ; יָד « main » יַד־ ; מָה « quoi ? » מַה־.

Le mot יָם « mer » (rac. ימם, יָ֫מָּה § 93 d, pl. יַמִּים) a une particularité remarquable. Le qameṣ se maintient[3] dans יָם־, p. ex. יָם־כִּנֶּ֫רֶת « mer de Génésareth », sauf dans יַם־סוּף « mer des roseaux, mer Rouge ».

d Remarque. Un nom à l’état absolu peut être suivi du maqqef, p. ex. לְחָק־לְךָ « in statutum tibi » Ex 12, 24 (sans maqqef חֹק) ; גֵּר־יָתוֹם וְאַלְמָנָה « l’étranger, l’orphelin et la veuve » Dt 27, 19. De même, on peut avoir l’infinitif absolu, p. ex. הַכֶּר־פָּנִים cognoscere faciem Pr 28, 21 (cf. § 123 b).

  1. מַקֵּף, de l’araméen נְקַף, signifie proprement entourant ; ici on entend généralement unissant. Le premier mot est qualifié de זָרִיז « rapide, qui se hâte », dans le langage de la Massore (Revue Biblique, 1904, p. 536).
  2. Comparer les proclitiques du grec, qui perdent leur accent en s’appuyant sur le mot suivant : , etc. ; ἐν, εἰς, οὐ etc.
  3. Sous l’influence du מ ; cf. l’adjectif תָּם (rac. תמם), toujours avec qameṣ.