Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Verbe/Paragraphe 68
a Lois phonétiques qui ont ici leur application :
- 1) Après une gutturale initiale, au lieu du shewa mobile, on a ḥaṭef pataḥ, p. ex. impér. עֲמֹד. Cependant א n’exige pas ḥaṭef pataḥ ; et même ordinairement il prend ḥaṭef segol[1], p. ex. impér. אֱמֹר (§ 73 c), אֱזֹר.
- 2) Devant une gutturale : En syllabe ouverte i devient ◌ֵ, p. ex. nif. fut. *i̯i-ʿåmẹd > יֵֽעָמֵד. En syllabe fermée (ou semi-fermée) i > ◌ֶ, p. ex. *i̯iḥ-zaq > יֶֽחֱזַק ; u > ◌ָ, p. ex. *muʿmad > מָֽעֳמָד (comp. מָקְטָל moins fréquent que מֻקְטָל ; cf. § 21 d).
- 3) Souvent on a le ḥaṭef auxiliaire (§ 22 b), qui devient voyelle pleine quand le mot s’allonge, p. ex. יַֽעֲמֹד, יַֽעַמְדוּ (§ 22 c).
b Qal. Au futur la distinction entre les verbes actifs et statifs apparaît dans les deux voyelles, p. ex. i̯a̦ʿmud > יַֽעֲמֹד ; i̯iḥzaq > יֶֽחֱזַק (§ 41 e)[2].
Cependant dans les verbes ל״ה la voyelle de la préformante dépend de la nature de la gutturale. Devant ה, ח on a ◌ֶ ; devant ע on a ◌ַ, p. ex. יֶהְגֶּה, יֶחְסֶה ; יַֽעֲלֶה, יַֽעֲשֶׂה ; exceptions : יִֽהְיֶה, יִֽחְיֶה (§ 79 s).
Dans les verbes פ״א actifs, donc avec la 2e voyelle ọ, la voyelle de la préformante est ◌ֶ, p. ex. יֶֽאֱזֹר, יֶאְסֹר, יֶֽאֱרֹב, p.-ê. à l’analogie de l’impératif, p. ex. אֱזֹר[3].
À la 1re p. sg. on a אֶ (non אַ) : אֶֽעֱמֹד, אֶֽעֱלֶה, אֶֽעֱשֶׂה.
c Nifal. Le parfait נֶֽעֱמַד vient de la forme secondaire niʿma̦d = נִקְטַל ; mais à l’inf. absolu on a נַֽעֲמוֹד. Autrement ◌ַ est rare. Dans les verbes ל״ה il y a quelques parfaits avec ◌ַ, p. ex. נַֽעֲשָׂה.
Au futur, en fait, il n’y a pas d’exemple de redoublement virtuel : on a toujours le type יֵֽעָמֵד.
d Hifil. Le parfait הֶֽעֱמִיד vient de la forme secondaire hiʿmīd = הִקְטִיל.
e Remarques de détail.
À l’impératif qal l’i qui suit la gutturale, en syllabe fermée atone, tend faiblement à devenir e̦ ; p. ex. on a אִסְפוּ mais אֶסְפָה (p.-ê. sous l’influence du ◌ָ, cf. § 29 f) ; עִרְכוּ mais עֶרְכָה ; חֶשְׂפִּי (cf. § 21 e). Avec une seconde gutturale on a p. ex. אֶֽהֱבוּ, אֶֽחֱזוּ.
À l’inf. cst. qal, à côté du type normal לַֽעֲמֹד on a parfois le type לַחְפֹּר (comp. לִנְפֹּל § 49 f). Presque tous les exemples sont avec ח : לַחְשֹׁב (touj., 4 f.), לַחְצֹב (touj., 2 f.), לַחְשׂף Agg 2, 16 ; לַחְתּוֹת (de חתה) Is 30, 14 ; לַחְסוֹת Is 30, 2 (mais לַֽחֲסוֹת Ps 118, 8, 9 ; Ruth 2, 12). D’une façon générale le ח se passe volontiers du ḥaṭef, § 22 b. Comparer les futurs correspondants יַחְפֹּר, יַחְשֹׁב, יַחְצֹב qui ont pu favoriser ces formes. Cf. § 22 d.
f L’alternance ◌ֶֽ◌ֱ, ◌ַֽ◌ֲ est fréquente, car le son e̦ tend à devenir a̦ sous l’influence de la gutturale. Ainsi on a au qal, p. ex. יֶֽאֱסֹף, תַּֽאַסְפִי ; par contre, au nifal, p. ex. נַֽעֲשָׂה, נֶֽעֶשְׂתָה, נֶֽעֱשָׂ֑תָה. Au parfait hifil[4] ◌ֶֽ◌ֱ de la 1re et de la 2e personne devient régulièrement ◌ַֽ◌ֲ après le waw inversif, même si le ton ne descend pas, p. ex. הֶֽאֱבָ֑דְתָּ Job 14, 19, mais וְהַֽאֲבַדְתִּ֫י Lév 23, 30 et souvent ; הֶֽעֱבַדְתִּ֫יךָ Is 43, 23, mais וְהַֽעֲבַדְתִּ֫יךָ Jér 17, 4.
Au hifil, dans quelques formes avec ע, la 1re syll. est ouverte, d’où ◌ֵ ; le ע prend normalement ◌ֲ, p. ex. הֵֽעֲבַ֫רְתָּ Jos 7, 7 (au lieu de הֶֽעֱבַ֫רְתָּ). Le ralentissement, qui amène une division syllabique anormale, a probablt pour but d’assurer la prononciation exacte du ע. De même au hofal on a ◌ֹֽ◌ֲ pour ◌ָֽ◌ֳ dans p. ex. הֹֽעֲלָה Jug 6, 28 ; 2 Ch 20, 34 (phénomène semblable dans les noms § 96 A j).
Sur la vocalisation des verbes irréguliers הָיָה et חָיָה cf. § 79 s.
- ↑ Comme voyelle la plus faible, l’alef n’étant pas prononcé ; cf. § 17 a N. Comp. infra, § b (fin) אֶֽעֱמֹד. — On distingue עֱנוּ chantez (Nb 21, 17 ; Ps 147, 7 †) et עֲנוּ répondez (1 S 12, 3 †).
- ↑ Autres verbes statifs : אָהַב (הֵ֑) aimer, יֶֽאֱהַב ; אָשַׁם (שֵׁ֑) se rendre coupable, יֶאְשַׁם ; חָסֵ֑ר manquer, יֶחְסַר.
- ↑ Dans les formes nominales on a p. ex. מַֽאֲרָב embuscade.
- ↑ Cf. Driver : Notes on the hebrew text… of Samuel2 (in 1 S 15, 18).