Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/— Encycl. Hist.

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Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 3p. 739-740).

— Encycl. Hist. « Les citoyens considérés sous le rapport des relations locales qui naissent de leur réunion dans les villes ou dans certains arrondissements du territoire des campagnes forment les communes. » Telle est la définition donnée par l’Assemblée constituante en tête de la grande charte communale du 14 décembre 1789, dont le principe, quoique souvent modifié dans ses applications, n’a pas cessé depuis lors de régir en France les municipalités. Mais une définition aussi restreinte, et l’état de choses particulier qu’elle a pour objet, sont loin de répondre à l’aspect varié que présentent les communes dans le monde actuel comme dans l’histoire. Entre la municipalité française, presque réduite à une simple circonscription administrative, et telle grande commune du moyen âge ou des États-Unis de l’Amérique du Nord, où se trouvent réunis la plupart des éléments de la souveraineté, il y a place pour les situations les plus diverses. La formation des communes, leur développement graduel, leurs luttes contre des pouvoirs hostiles, rivaux ou supérieurs, leur grandeur et leur décadence enfin forment l’un des sujets les plus féconds et les plus intéressants de l’histoire politique et économique des peuples.

L’origine des communes remonte au berceau des sociétés. Partout où quelques familles se sont groupées dans une même enceinte ou rapprochées sur un même territoire, des intérêts communs se sont créés, des rapports se sont établis, et du sacrifice fait par chacun d’une partie de sa souveraineté individuelle est né le droit public, sauvegarde des droits de tous. Chez les peuples pasteurs de l’antiquité, la première commune n’a dû être d’abord que la famille agrandie et soumise, sous le nom de tribu, au régime patriarcal. Telles ont dû être, au temps de Moïse et de ses successeurs, les peuplades hébraïques. Telles encore les premières villes de l’Attique qui, aux époques les plus reculées de l’histoire, formèrent le noyau de la confédération grecque. Mais ces sociétés naissantes qui, même dans le cadre le plus restreint, possédaient une complète autonomie, ne sauraient être considérées comme de simples communes. C’étaient plutôt de petits États souverains en voie de formation, et, dès lors, leur histoire appartient à l’étude des nationalités. Dans la Grèce même, à l’époque de sa splendeur, la cité se confondait avec l’État, et il en fut de même de ses colonies, qui toutes, en Italie comme dans l’Asie Mineure, s’affranchirent du joug de la métropole. Il faut arriver jusqu’au monde romain pour trouver des sociétés politiques distinctes de la grande, s’y rattachant par des liens étroits, mais sans se confondre avec elle, vivant de leur vie propre et se gouvernant elles-mêmes, des municipes, enfin, types de toutes les communes qui ont couvert depuis lors la surface du monde civilisé. En résumé, famille, commune, nation, tels sont les trois aspects principaux sous lesquels, en dehors de toute abstraction philosophique, peuvent être envisagés les groupes qui constituent l’ensemble de l’humanité.

Circonscrite comme elle doit l’être dans ses limites naturelles, l’histoire des communes se compose de quatre périodes distinctes.

La première comprend le monde romain jusqu’à l’invasion des barbares.

La seconde, période de décroissance, va jusqu’à l’éclipse presque complète des municipes sous le régime de la féodalité.

Au troisième âge, on voit les communes se relever d’une longue déchéance, atteindre leur plus haut degré de splendeur, et s’y maintenir, avec des fortunes diverses, jusqu’au XVIe siècle, où elles s’effacent peu à peu à l’ombre des trônes qui les abaissent en les protégeant.

Au quatrième âge, enfin, commence leur existence purement administrative, qui dure encore. Ce sera la dernière partie de notre étude, et nous y ajouterons un coup d’œil sur l’avenir.