Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HENRI IV, roi d’Angleterre

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 191).

HENRI IV, roi d’Angleterre, né en 1367, mort en 1413. Il appartenait à la maison de Lancastre et descendait d’Édouard III. Banni du royaume pour ses complots par son cousin Richard II, il y rentra à main armée (1399), s’empara de la personne de Richard, le contraignit à abdiquer et se fit proclamer roi par les états de la nation. Cette usurpation fut la source des luttes qui déchirèrent l’Angleterre dans le xve siècle, sous le nom de guerre des Deux-Roses (entre les maisons d’York et de Lancastre). Son règne fut troublé par les continuelles révoltes des barons, par des guerres acharnées contre les Gallois et les Écossais, indomptables dans leurs montagnes et soutenus d’ailleurs par la France, par le meurtre de Richard, que Henri, suivant toutes les apparences, fit assassiner dans sa prison, pour ôter tout prétexte aux rébellions, par le supplice de l’archevêque d’York, pris les armes à la main, exécution qui attira l’excommunication papale sur le royaume, par des démêlés avec la France, enfin par toutes les calamités de la guerre civile et de la guerre étrangère. Henri triompha de tous les obstacles, dompta toutes les résistances, garda sa couronne et la transmit intacte à son fils. Ce violent usurpateur avait le génie de son ambition ; il favorisa les progrès de la liberté anglaise, et, pour être en état de résister aux seigneurs, s’appuya sur les Communes, dont l’importance grandit beaucoup sous son règne. Une lèpre hideuse et de fréquentes attaques d’épilepsie rendirent très-douloureuses les dernières années de ce prince, et son corps, prématurément brisé, offrait toutes les apparences de la vieillesse, quoiqu’il fût encore dans la vigueur de l’âge. Tous ceux qui le regardaient comme un usurpateur étaient convaincus que Dieu lui avait envoyé ces deux maladies pour le punir des actes de violence qu’il avait commis pour s’emparer de la couronne. C’est à lui que l’Angleterre doit l’institution de l’ordre du Bain ; la veille de son sacre, il conféra cet ordre à trente-six chevaliers qui avaient pris un bain avec lui.