Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARIE DE BOURGOGNE, duchesse de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, femme de Maximilien d’Autriche

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1200-1201).

MARIE DE BOURGOGNE, duchesse de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, femme de Maximilien d’Autriche, née à Bruxelles en 1457, morte à Bruges en 1482. Unique héritière du puissant duc de Bourgogne, elle vit sa main recherchée par plusieurs prétendants, au nombre desquels se trouvaient le duc de Guyenne, frère de Louis XI, Nicolas de Calabre, petit-fils du roi René, et Maximilien d’Autriche, fils de l’empereur Frédéric III. En 1473, elle fut fiancée au duc Nicolas, qui mourut peu après, et des négociations étaient entamées pour son mariage avec Maximilien lorsque Charles le Téméraire trouva la mort devant Nancy (1477). Marie de Bourgogne avait alors vingt ans et se trouvait sans appui, dans la ville de Gand, au milieu d’une population inflammable. Louis XI résolut de profiter des embarras de la jeune duchesse pour s’emparer de ses États. Sous prétexte qu’elle était sa filleule, qu’il voulait la marier au dauphin, alors âgé de huit ans, et qu’il désirait entrer en possession des fiefs masculins dont une femme ne pouvait hériter, il fit occuper le duché et le comté de Bourgogne. Marie, après avoir inutilement protesté contre cette spoliation, essaya de transiger et envoya à Péronne, auprès de Louis XI, une députation à la tête de laquelle se trouvaient deux conseillers dévoués, le chancelier Hugonet et le sire d’Himbercourt. Le roi de France, avec son astuce habituelle, protesta de la pureté de ses intentions, déclara qu’il voulait unir son fils à la jeune duchesse, et fit consentir les délégués à lui restituer, au nom de leur maîtresse, la ville d’Arras et plusieurs seigneuries acquises à la Bourgogne. Lorsque, à son retour à Gand, l’ambassade annonça le mariage projeté par Louis XI, la population, qui ne voulait à aucun prix de la domination française, se montra fort irritée. Néanmoins, comme on désirait la paix, les États de Flandre et de Brabant envoyèrent à Louis XI une députation qui déclara au roi que la jeune duchesse consentirait à sanctionner toutes les décisions prises par les États. L’astucieux monarque, dans l’espoir d’amener une rupture entre les États et Marie, ne rougit point de montrer à la députation une note secrète dans laquelle la duchesse disait que tout en ayant l’air d’accepter la direction des États elle suivrait les avis de ses conseillers Hugonet et Himbercourt. La députation, irritée, retourna aussitôt à Gand, fit connaître ce qu’elle avait appris et provoqua une émeute populaire, pendant laquelle Hugonet et Himbercourt furent arrêtés. Malgré les supplications de Marie, qui s’adressa vainement au peuple, ses deux conseillers furent mis à la torture, condamnés et décapités (3 avril 1477) comme coupables d’avoir livré Arras et d’avoir attenté à la souveraineté des États.

Se voyant de plus en plus abandonnée, Marie chercha un protecteur et un appui, et pensa le trouver en se mariant. Elle fit reprendre secrètement les négociations entamées par son père avec l’empereur d’Allemagne, et malgré les intrigues de Louis XI, malgré les vives oppositions qu’elle trouva dans son entourage, elle épousa l’archiduc Maximilien à Gand, le 18 août 1477. Maximilien n’avait ni argent ni alliés, mais il était brave, actif, sympathique. Il sut se faire agréer par les Flamands et trouva dans sa femme la plus tendre affection. Cependant Louis XI éprouvait une grande résistance à établir sa domination dans la Bourgogne et dans l’Artois, et la guerre qu’il soutenait contre les Flamands traînait en longueur, sans résultats décisifs. Ce fut sur ces entrefaites que, pendant une chasse, Marie fut violemment jetée à bas de son cheval. Par pudeur, dit-on, elle ne voulut pas montrer aux médecins la grave blessure qu’elle s’était faite à la cuisse, et elle mourut au bout de quelques semaines. Elle avait eu trois enfants, dont l’un, né en 1478, fut Philippe le Beau, père de Charles-Quint. On lui éleva à Bruges un magnifique mausolée.