Henri Cornélis Agrippa/Lettre LIX

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LIX
Agrippa à Érasme.

Cologne, le 17 mars 1531.

Naguère j’ai répondu, illustre Érasme, à la lettre aimable que vous m’aviez fait tenir par l’entremise du prêtre Andréas[1]. J’ai eu la précaution de confier ma réponse à Maximilien Transylva, mais je ne sais si vous l’avez reçue ; je le crois pourtant, bien que je n’aie encore aucune nouvelle de vous. En effet j’étais loin du Brabant. Je suis resté quelques jours auprès du Respectable et Illustre Prince-Électeur, Gouverneur de Cologne, qui professe envers vous une estime et une amitié singulière. Notre conversation roule souvent sur votre savoir si sûr, sur votre supériorité scientifique invincible. Il y a en outre auprès de la personne du prince bien d’autres personnes qui chantent vos louanges, exaltent votre nom, entre autres Tillemann de Fosse, qui vous admire et vous aime le plus. Ce dernier m’ayant dit qu’il avait une excellente occasion auprès de vous, j’ai pensé qu’il serait mauvais de ne pas en profiter pour vous écrire.

N’ayant pas pour le moment autre chose à vous faire savoir je me borne à vous répéter que je suis toujours votre tout dévoué, votre bien obligé de votre initiative à parler en termes élogieux de ma personne dans vos lettres, quoique n’étant pas un homme connu et de grande valeur littéraire. Donc, puisque vous avez la bonté, vous, homme illustre, de ne pas dédaigner la correspondance d’un homme obscur, pardonnez à mon audace, si je vous prie de m’écrire quelque chose dans vos heures de loisir. J’espère toutefois que ce sera sous peu qu’il y aura entre nous matière à correspondance suivie sur d’importants sujets.

P.-S. — Je dois rester ici encore un mois, je retournerai ensuite en Brabant.

  1. Voir lettre d’Agrippa à Érasme de janvier 1531, p. 102.