Histoire d’une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka/01

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Calmann Lévy (2p. 1-32).

LA

COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA



I

1793


La vie en Ukraine. — Kowalowka. — Premier voyage du comte Vincent. — Lettres d’Hélène et de son mari. — Second voyage du comte. — Naissance d’Alexis. — La Grande-Chambellane attaque le mariage d’Hélène. — L’évêque de Wilna se brouille avec sa nièce.


Nous avons laissé la comtesse Hélène établie à Kowalowka en souveraine maîtresse. Après avoir bravé tant de difficultés, surmonté tant d’obstacles et touché le port, elle voulut jeter l’ancre. Le séjour de Varsovie lui faisait peur, elle connaissait les jugements sévères portés sur sa conduite, elle savait la sympathie qui entoura la comtesse Anna quand, à la mort de son premier enfant, elle dut payer si cher la possession du second[1] ; mais ces motifs ne furent que secondaires, un mobile plus puissant inspira sa résolution. Elle prétendit détenir sans partage un mari dont la passion, si lente à naître, semblait maintenant égaler la sienne, tremblant à la pensée qu’on pût lui dérober une parcelle de ce cœur si difficilement conquis. Le comte Vincent acquiesça d’autant plus volontiers au désir de sa femme que ses affaires embarrassées s’accommodaient fort d’un séjour à la campagne.

Kowalowka était un lieu très agréable à habiter, situé dans une vallée charmante et entouré de prairies qui nourrissaient un haras nombreux. Des chevaux turcs, arabes, anglais, superbes échantillons de ces belles races, animaient le paysage. Plus loin s’étendaient, à perte de vue, d’immenses plaines de blé où, pendant l’été, le pittoresque costume rouge des paysans se détachait en couleur brillante sur le fond doré des épis mûrs[2].

Au milieu de la rivière qui traversait le parc, une Île plantée de bouleaux, de chênes et de peupliers formait un riant point de vue. De belles avenues conduisaient à un grand bois de chênes qui rompait agréablement la ligne un peu monotone de l’horizon.

Des parterres réguliers, plantés autour du château, s’harmonisaient avec l’architecture. Un large perron descendait sur une terrasse ornée d’orangers et de citronniers, qui témoignaient de la douceur du climat dès l’apparition du printemps. Une immense orangerie, pavée de marbre et à larges allées plantées d’arbres exotiques, les abritait pendant la mauvaise saison. Au bout de la terrasse, un érable gigantesque étendait ses branches au-dessus d’un banc et formait un rustique pavillon.

La jeune femme, dont le cœur débordait de joie, voulut que tout respirât le bonheur autour d’elle. Un habile jardinier français, émigré comme un grand seigneur, transforma les jardins qui devinrent superbes. « Simon m’apporte chaque jour tant de roses et d’œillets, dit-elle, que mes salons en sont embaumés. » Le château prit un air de fête et les appartements mal meublés furent métamorphosés rapidement. L’œil vigilant d’Hélène découvrit dans les greniers une quantité d’étoffes et de meubles propres à être utilisés ; elle improvisa aisément des tapissiers et des ébénistes parmi ses paysans naturellement fort adroits[3], et c’était avec une joie d’enfant qu’elle préparait à chaque instant une surprise à son mari, lui annonçant d’un air triomphant que cela ne coûtait rien. La comtesse s’était aperçue que le grand train mené par le comte n’était pas toujours en rapport avec ses revenus, et que s’il ne savait point lui-même faire des économies, il était très sensible à celles que sa femme réalisait.

On lit dans le carnet d’Hélène : « J’ai fait raccommoder les tentes turques ; elles sont superbes et toutes les trois tendues dans le jardin, une en haut, ayant la vue sur le canal, une autre au bout du pont du canal, et la troisième sur le gazon devant le salon ; je les ferai détendre avant les pluies de l’automne, sécher et serrer, elles ne se gâteront plus… »

On voit qu’aucun détail ne lui semble puéril pour plaire à ce mari bien-aimé ; elle devine ses goûts, prévient ses désirs et s’occupe avec un égal entrain du menu d’un dîner, de sa harpe ou de son clavecin. Elle avait, selon l’usage, une bande de musiciens à ses ordres et souvent dans les soirées d’été, si belles en Ukraine, des paysans et paysannes, groupés au pied de la terrasse, venaient chanter leurs airs nationaux[4].

Ces chants doux et mélancoliques, nuancés avec une délicatesse infinie, rappelaient à Hélène ceux de Lithuanie ; et tendrement enlacée au bras de son mari, elle sentait, en les écoutant, s’éveiller délicieusement ses lointains souvenirs d’enfant. Elle s’amusait aussi de leurs danses bizarres, mélange d’indolence langoureuse et de vivacité subite, d’un caractère tout à fait oriental. Pour bien figurer dans ce cadre nouveau, la toilette de la comtesse[5] devait s’harmoniser avec lui. Elle fit venir de Moscou, de Varsovie, de Constantinople même, les plus riches étoffes. Ne pouvant plus demander des modèles à ses compagnes de l’Abbaye-aux-Bois, dispersées par l’exil, la prison, ou mortes sur l’échafaud, elle prit le parti de diriger elle-même les travaux de ses femmes. Elle apparaissait, selon sa fantaisie, vêtue à l’orientale, à la grecque ou à la polonaise ; aujourd’hui, elle portait « une robe à la mameluck en étoffe turque, ponceau et argent » ; le lendemain « une polonaise de soie des Indes blanche, brodée de fleurs roses » ; un autre jour « une tunique à la cosaque en tyftick mordoré broché d’or ». Ces costumes étranges seyaient merveilleusement à sa beauté originale et piquante.

Le comte n’était point insensible aux attraits féminins, et, tout en se laissant choyer et adorer, il savait à l’occasion se montrer fort tendre et récompenser les efforts de sa femme par une caresse ou un compliment galamment tourné. Il aimait la lecture et les arts. Hélène lisait et déclamait à merveille. Pendant les longues soirées d’automne, ils s’amusèrent à classer des porte- feuilles d’estampes achetés par le comte, un peu au hasard. Hélène, fine connaisseuse et élève de son premier mari, dont elle ne prononçait jamais le nom, mais dont elle mettait les leçons à profit, enseignait au second à connaître la manière des différents maîtres ; une partie d’échecs, un punch improvisé terminait la soirée et les mois s’écoulaient rapidement.

Si Hélène trouvait le temps trop court, le comte ne semblait pas le trouver trop long, il fallut cependant se résoudre à une première séparation. L’usage était établi chez les grands seigneurs polonais de se rendre au moins une fois par an dans une ville voisine de leur résidence et désignée de tout temps comme lieu de rendez-vous pour se rencontrer avec les possesseurs ou fermiers qui prenaient à bail leurs terres et renouvelaient leurs contrats[6].

Le soin de ses intérêts obligea donc le grand chambellan à se rendre à Dubno à l’époque ordinaire. Cette absence désola Hélène outre mesure, elle savait cependant que les affaires de son mari étaient de nature assez compliquée. Les questions de partage soulevées entre le prince-évêque et sa nièce au sujet de l’héritage du prince Xavier avaient donné matière à contestations. L’intendant du prince, Sylvestrowicz, que nous connaissons déjà, devait arriver à Dubno pour en conférer avec le comte.

Hélène resta donc à Kowalowka seule avec ses femmes, qui étaient très nombreuses. Le comte, jaloux au delà de toute expression, ne permettait pas qu’un seul homme, sauf le jardinier, mît le pied dans sa maison en son absence, même pour les besoins du service ; des femmes seules devaient s’en occuper.

En dehors des servantes, la comtesse avait auprès d’elle un seul écuyer. Les officialistes, chancellistes, et gentilshommes de son mari, ne logeaient point au château[7].

Les lettres d’Hélène pendant cette première absence nous feront connaître mieux que tous les récits l’état de son cœur et de son esprit. Le naturel en fait le charme ; on sent que les phrases s’échappent de sa plume dictées par un sentiment si vrai que, pour le peindre, les expressions les plus fortes ne lui semblent pas exagérées. Celles du comte ne leur ressemblent guère.


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT

« Quelques heures après ton départ, ce vendredi au soir.


» Il me semble, mon cher Vincent, que tous les éléments se soient conjurés pour t’empêcher de continuer ta route : à peine as-tu été parti, qu’une grande pluie et un grand vent ont rendu le temps triste et sombre ; on croit quand on aime que tout dans la nature doit se conformer à l’état où l’âme se trouve, et je me persuade qu’elle a voulu participer à ma peine. Heureusement que tu as pris la berline, où en serais-tu avec la voiture ouverte et quelles inquiétudes ne m’aurais-tu pas données ?

» J’altends un mot de toi avec impatience, mais il faut passer la nuit sans espérer de le recevoir. Ah ! mon Dieu ! qu’elle va me paraître longue. Je ne trouve dans ma raison aucune force. Je supporterais tout, excepté ton absence.

» P.-S. — C’est mademoiselle Françoise qui couche ce soir dans ma chambre ; je les ai laissées maîtresses de faire ce qu’elles voudront là-dessus, pourvu qu’une d’elles me fasse cet honneur. »

Hélène, dans ce post-scriptum, a l’air de noter négligemment un détail sans importance ; il n’en est rien, et elle sait que la jalousie sans égale du comte exige qu’en son absence, une ou deux femmes couchent dans sa chambre. Cette tyrannie, loin de lui déplaire, l’enchante, et elle racontera plus tard que cette époque était la plus heureuse de sa vie.


« Le lendemain matin.


» J’ai pensé à toi, et cette idée m’a empêchée de dormir les trois quarts de la nuit, mais je ne m’en plains pas. Une fois endormie, j’ai voyagé avec milord Céton dans toutes les planètes[8], espérant me trouver mieux dans quelqu’un de ces mondes que je ne suis dans celui-ci, mais comme je ne l’ai rencontré nulle part, je m’y suis ennuyée et tu me retrouveras tout simplement à Kowalowka.

Au milieu de la nuit, j’ai entendu marcher, je me retourne et je vois un grand fantôme blanc. C’était mademoiselle Françoise qui, avec un air d’embarras, me marmotte je ne sais quoi ; enfin j’ai compris que « certain besoin pressant l’appelle en certain lieu ».

» Il est midi, il faut que je me lève, quel temps affreux ! en vérité on n’est pas pressé de voir le jour. Quant à moi, il n’y en aura de beau que celui qui te ramènera près de ta femme dont seul tu peux faire le bonheur.

» Je t’embrasse. »


Le comte, de son côté, écrivait le lendemain de son départ :


« Obodno, 10 heures du soir.


» Je descends de voiture, on change de chevaux, mes compagnons se jettent sur un jambon et sur une fricassée de poulet, et moi je cherche à me consoler en me rappelant à ton souvenir. Non, rien ne peut me distraire de ma cruelle séparation. Oh ! ma chère Hélène, si tu savais ce que je souffre, tu me plaindrais, tu m’en aimerais davantage.

» J’avais le cœur si serré en te quittant, je retenais mes larmes et suffoquais, c’est pourquoi je n’ai pu te dire une parole en montant en voiture. »


« Le lendemain.


» Il neige, il fait un vent horrible, nous sommes cependant assez bien venus. Mais cette neige rendra le chemin encore plus difficile. Le froid m’a engourdi, le sommeil a appesanti mes yeux ; mais tu sais, ma chère Hélène, que mon cœur veille toujours pour toi. C’est un plaisir, c’est un bonheur pour moi de te donner une nouvelle marque de mon tendre souvenir, dans un taudis sale et dégoûtant, au milieu de gens couchés par terre, ronflant comme Kicins[9]. N’es-tu pas un peu plus tranquille, ma plus chère, mon unique amie ? Je me suis fait du thé et du punch, je suis altéré et je tousse un peu, mais ce n’est pas jusqu’à me rendre malade…

» J’avais raison de craindre la neige : le peu qu’il en tomba effaça le chemin, nous nous égarâmes, comme firent les Parisiens en suivant Mirabeau, et restâmes plus de six heures à faire deux milles. Ce matin le froid continue, il a cessé de neiger et le chemin paraît meilleur ; tout cela contribue à me mettre de meilleure humeur, si je pouvais être content loin de toi, ma chère Hélène, mais le sort en est jeté, il faut prendre son parti. Adieu contentement, adieu bonheur jusqu’à ce que je sois auprès de toi ! Oui, c’est dans tes bras que le plus tendre amant peut trouver le bonheur. Adieu, femme charmante, seul objet qui remplit mon cœur ; adieu, je t’embrasse mille fois. Je prends une tasse de café, tout est prêt et nous partons. »


Comme on le voit, le comte mêle volontiers les questions d’amour à celles de nourriture.


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Il est huit heures du matin et on me remet ta seconde lettre, je la baise et la relis cent fois. Le punch que tu as pris me fait penser à notre bon punch, fait avec tant de soin et avec les fruits de tes orangers, à notre partie d’échecs jouée avec tant de chaleur et d’application, à nos douces lectures faites avec complaisance, lues avec tant de sentiment, écoutées avec reconnaissance, avec transport, et qui nous attendrissaient si fort tous les deux, quand nous y trouvions les expressions de nos âmes ! Quand reviendra ce temps heureux ? Jouirons-nous bientôt de cette vie paisible, dont l’amour troublait par moments la tranquillité ; mais s’il me faisait quelquefois répandre des larmes, j’en chérissais la cause, et le moment d’humeur passé, je n’aurais pas donné pour l’empire du monde ces nuages qui m’assuraient de ton amour.

» Reviens donc vite, mon cher Vincent, me rendre mon bonheur, ma joie, mes petits chagrins, mes larmes, car je veux tout, le moindre changement serait un malheur dont je ne trouverais la fin que dans la tombe.

» Je relis tes lettres cent fois par jour. Je t’embrasse, mon cher ami ; ce petit entretien avec toi m’a mis du baume dans le sang, j’espère pouvoir un peu dormir. » Adieu, Vincent, je t’aime ! et toi ? »


« Le soir, même date.


» Quoique je t’aie écrit, cet après-midi, pour avoir une bonne nuit il faut que je te dise bonsoir ; quand nous sommes ensemble et que cette parole ne se dit pas, tu sais que c’est mauvais signe, nous ne nous raccommodons plus jusqu’au bonjour : heureusement que la plupart du temps c’est l’amour qui nous brouille et l’amour qui nous raccommode.

» Bonsoir, mon cher ami, mon cher ange que je préfère aux chérubins, aux séraphins et à toute Ja hiérarchie céleste, je l’embrasse de tout mon cœur, ménage-toi, couvre ta poitrine, soigne-toi, la santé est un grand bien préférable à ceux qu’on brocante à Dubno. »


LE COMTE VINCENT À LA COMTESSE HÉLÈNE


» Tu recevras aujourd’hui quatre ouvrages qui j’espêre, te feront plaisir : 1o la Henriade ; 2o Abrégé de l’Histoire romaine ; 3o l’Ancien Testament par Sacy ; 4o Promenades de Chantilly. Je ne te parle pas de leur beauté, tu es en état d’en mieux juger que moi. Ce qu’il y a de sûr, c’est que les deux premiers font naître l’envie de les relire ; le troisième servira plus tard d’une manière intéressante à l’instruction de nos enfants, si Dieu nous en accorde, et les vues de Chantilly donnent des idées qui sont charmantes et rappellent l’intérêt et le regret d’une ancienne connaissance et sont des premières épreuves.

» Je t’envoie une caisse d’huîtres et une boîte de gants qui te plairont, j’espère. Je t’envoie également quelques almanachs. Adieu, cher ange, je t’adore et brûle de te presser sur mon sein. »


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINGENT


« Quelles superbes éditions tu m’envoies ! La Henriade est un des plus beaux ouvrages d’imprimerie possibles. L’Histoire romaine m’intéresse d’autant plus qu’elle est l’ouvrage de Philippe de Prétot, mon maître d’histoire à l’Abbaye-aux-Bois, qui m’apportait lui-même ces estampes dans mon enfance pour mon instruction. Chantilly est un lieu que j’ai habité et dont j’ai vu les fêtes. Je me flatte de voir un jour mes enfants s’amuser et s’instruire avec la Bible. Ainsi chacun de ces ouvrages, outre sa beauté, a encore pour moi le charme du souvenir et celui de l’espérance. Mais le plaisir que j’ai éprouvé en les recevant n’est rien auprès de celui que m’a fait ton billet. Quand on écrit de cette manière-là à sa maîtresse, il faut arriver vite, monsieur, ou l’on a tort !


» P.-S. — J’ai mangé des huîtres à mon dîner avec grand plaisir. Les gants sont très drôles : moi qui aime ce qui est baroque en fait de modes, j’en suis très contente, je m’apprête à porter le triomphe de l’amour sur chacune de mes mains. Je te remercie de tous les jolis almanachs que tu m’envoies. Ils vont m’amuser pendant cette soirée. J’ai déjà eu le temps de faire la grimace à Pétion : il a la figure aussi abominable que l’âme. »


LE CONMTE VINCENT À LA COMTESSE HÉLÈNE


« Dubno, ce vendredi 27 janvier 94, à 2 heures après-midi.


» Je sèche sur pied depuis trois jours vis-à-vis de Sylvestrowiez, la tête m’en tourne et la patience commence à me manquer ; mais sois tranquille, quand je ne ferais ici rien avec lui, j’ai pris des mesures très sûres et très positives pour que les biens de Gallicie tombent en nos mains et soient en ton entière disposition[10].

» Il pleut et neige continuellement, il fait une boue si horrible qu’il est impossible de sortir ; les chevaux se noient dans les rues et la boue entre dans la voiture, plusieurs personnes ont été noyées dans la fange. Les affaires ne peuvent marcher. Les contrats s’arrangent mal, il entrera quarante-six mille ducats de moins dans ma caisse. Sylvestvowicz fait traîner les affaires en longueur. »


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Que tu es bon, mon cher Vincent, de te tracasser pour mes affaires ; mais c’est encore la moindre chose que tu lasses pour moi, tes procédés en tout genre ne me laissent rien à désirer. Que mon sort est heureux, puisque j’étais destinée à éprouver une passion si forte, de l’éprouver pour un objet qui en soit si digne ! Ah ! je serais bien justifiée de t’avoir tout sacrifié, si tout le monde connaissait comme moi la bonté, la sensibilité, la sûreté de caractère et toutes les qualités de mon amant !

» De quoi ai-je donc été coupable et quelle est la femme tendre et sensible qui aurait fait moins que moi si elle avait été aimée ? Je t’assure que j’ai la conscience tranquille et paisible, preuve bien sûre que je n’ai rien fait qui blessât les lois de la morale.

» Adieu, mon cher Vincent, reviens vite, car je commence à compter les instants et il y en a beaucoup dans une journée ! »

Le comte passa deux longs mois à Dubno. Enfin le printemps arriva et, avec lui, la chaleur qui succède si rapidement dans ces climats à la rigueur de l’hiver. Hélène, enveloppée d’un peignoir de crêpe de Chine brodé, nonchalamment couchée sur un divan à la turque qu’elle avait fait installer sur la terrasse et préservée du soleil par une large Lente d’étoffes orientales, respirait avec délices cet air doux dont elle était privée depuis si longtemps. Le parfum des fleurs montait jusqu’à elle. On n’entendait d’autre bruit que celui des abeilles butinant dans les parterres, et, à moitié engourdie par une délicieuse sensation de bien-être et de repos, elle chiffonnait lentement avec ses jolis doigts un petit bonnet de forme bizarre fait de morceaux de soie rouge et or.

Tout à coup un bruit de grelots se fit entendre ; le pas des chevaux se rapprocha et une chaise de poste entra dans la cour : c’était le comte. Il gravit lestement les marches du perron et pressa tendrement sa femme dans ses bras, puis la regardant avec plus d’attention :

— Comme tu es pâle, dit-il, ton visage est défait. Souffres-tu ? Qu’y a-t-il donc ?

Hélène sourit, et sans quitter le petit bonnet elle en coiffa sa main, puis l’élevant par un geste gracieux jusqu’aux yeux de son mari :

— Voilà ce qu’il y a, dit-elle.

Le comte charmé porta à ses lèvres la main et le petit bonnet, puis il s’assit auprès d’Hélène et lui fit brièvement le récit de son voyage. Il glissa isur les affaires, revint aussitôt à l’événement intéressant révélé par le petit bonnet et en témoigna la plus vive satisfaction.

Les affaires du comte étaient en réalité fort mauvaises ; les contrats avaient mal réussi. La principale source de leur revenu, c’est-à-dire la fortune et les terres laissées par le prince Xavier à sa sœur, était encore en litige, et le partage avec le prince-évêque traînait en longueur. Sylvestrowicz refusait de régler les revenus en retard depuis deux ans et consentait seulement à payer l’intérêt des sommes arriérées. Hélène devina une partie de cela au récit très bref et un peu embarrassé de son mari, et profita de la découverte pour tenir plus ferme les rênes de l’administration intérieure de la maison.

Leur tranquille existence recommença, et au bout de quelques mois, la naissance d’un fils, le petit Alexis, vint mettre le comble à ce bonheur déjà si complet.

Hélène concentra sur cet enfant toute la puissance de tendresse maternelle restée cachée au fond de son cœur et s’abandonna passionnément à ce sentiment nouveau que la petite Sidonie n’avait point fait naître. Pendant les absences du comte, elle ne quittait Alexis ni le jour ni la nuit. Sa sollicitude pour ce petit être, né faible et délicat, était sans bornes. Elle le veillait elle-même, trouvant la surveillance d’une nourrice et de trois femmes insuffisante pour cette tâche. On en jugera par la correspondance avec son mari pendant le voyage ordinaire du comte à Dubno.


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Je me suis ennuyée hier comme un chien. Il n’est pas possible de te peindre l’accablement mortel dont j’ai été saisie toute la journée : il me semble qu’il y a encore un siècle jusqu’à mardi au soir. J’ai passé une mauvaise nuit. Alexis s’est avisé de ne pas vouloir dormir, il nous a fait veiller comme des lampes. J’ai un froid horrible, car le bois est mouillé et ne veut pas brûler. Je vais me lever et me mettre à ma toilette qui est un bonnet de nuit, car je n’en fais pas d’autre depuis que tu es parti.

» Je t’embrasse, mon cher Vincent, à ce soir. »


Les mauvais chemins retardaient les cosaques[11], et Hélène restait quelquefois trois ou quatre jours sans lettres : alors, grand désespoir !


« Dimanche, 15 janvier.


» C’est le cœur bien triste que je t’écris : point de lettres. J’ai passé la journée au supplice : mes femmes m’ont demandé la permission d’aller à la comédie et à la redoute, je le leur ai permis : qu’elles s’amusent, elles n’ont pas comme moi des peines qui les en empêchent ! Je ne me suis ni habillée, ni n’ai vu mon enfant de la journée ! On ne me l’a pas amené, car on sait que quand je ne reçois pas de lettres, je suis inabordable ; aussi elles m’approchent toutes avec des visages allongés et Françoise m’a avertie pour souper comme elle m’aurait invitée à un enterrement.

» Bonsoir, mon cher Vincent, si je suis encore demain sans lettre, je ne sais pas ce que je ferai…

» P.-S. — Le chat d’Isabelle vient de venir me rendre visite, je l’ai fait manger et je le lui ai renvoyé en lui faisant dire que je lui avais donné à souper et qu’il fallait qu’elle le fit boire : ce pauvre chat était affamé. — Moi, je suis aussi un pauvre chat qui ne mange guère depuis ton départ ! »

LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT
« Jeudi matin.

» Quel bonheur ! quelle joie inespérée ! la poste vient de m’apporter tes lettres. Tu n’as pas idée de ce que j’ai éprouvé en les ouvrant, en les lisant ! Tu m’aimes donc ? Ah ! qu’un moment de plaisir rachète bien les jours de peine ! Que je me trouve heureuse, ce soir, mon cher Vincent, en comparaison d’hier ! Je me flatte que tu es à Dubno à te reposer de tes fatigues.

« Quel froid il fait ! je gèlerais dans mon lit si je ne l’écrivais pas, mais ton idée empêche les glaçons de parvenir jusqu’à moi. Voilà une phrase digne de La Calprenède, tu en conviendras, mais si mon style est aussi ampoulé que le sien, mon cœur est plus tendre et le cœur est tout : sans le cœur point d’amour… Je me suis si bien embarquée sur le fleuve de Tendre que, pour m’en tirer, je te dirai bonnement : Bonsoir, Vincent, je t’aime ! Cela en dit plus que toutes les Clélies et les Artamènes.

» P.-S. — La Grise qui est sur mon lit me regarde, elle est plus aimable que jamais, je suis sûre qu’elle pense les plus jolies choses du monde, c’est dommage qu’il lui manque la parole. Alexis se porte bien, il grandit et embellit à vue d’œil ; il fait de grands éclats de rire dans ce moment-ci. Je t’embrasse et vais relire tes lettres pour calmer le chagrin de ton absence. »


LE COMTE VINCENT À LA COMTESSE HÉLÊNE


« …Tes lettres font mon bonheur, ma chère Hélène mais, dis-moi, ont-elles la tendresse, la vivacité, le désir, la véhémence des miennes ?  ! Il me semble que tu es là, l’amour est dans mon cœur, dans ma plume, dans ma tête, il est partout quand je t’écris, il m’embrase, il me met hors de moi !

» Adieu, cher ange, m’aimes-tu ? dis-le-moi donc. Encore quelques jours et je te presserai dans mes bras. »


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Ce mercredi, 11 heures du matin.


» Encore quelques jours ! est-ce quelques jours pour ton départ ou pour ton arrivée ? Tu trouves mes lettres plus froides. Ah ! mon cher Vincent, serait-ce ton cœur qui ne te ferait plus trouver le même plaisir à lire mes lettres ? Lequel des deux est changé ? Tout ce que je sais, c’est que jamais je ne t’ai aimé avec plus d’ardeur que je t’aime. Rien au monde ne m’occupe que toi, il me semble que tout m’est indifférent dans le monde hors toi et ce qui te concerne. J’ai cru que cela s’appelait aimer !

» Ah ! La Fontaine avait bien raison de dire :


Amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines.


» Dès qu’on se quitte, on a mille choses à craindre, on se fait des fantômes d’un rien, on est triste, on a de l’humeur, cela vous rend injuste, l’aigreur peut s’en mêler et l’amour, qui raccommode les amants qui sont ensemble, n’a pas le même pouvoir dans l’éloignement. Ah ! reviens, mon cher Vincent, car je ne peux plus vivre sans toi, je suis bien triste, le mauvais succès de mes affaires te dégoûtera, l’ennuiera, et j’ai peur que cela ne s’étende à moi.

» Tu ne te fais pas d’idée de la beauté de l’île ; elle est touffue : les lilas, les rosiers, les chèvrefeuilles sont plus hauts que moi. L’acacia est un arbre de haute futaie, le jeune chène est vert, les peupliers ont un air de vigueur, enfin, c’est un délice. Le canal est presque plein d’eau, nous aurons du raisin, tout prospère, et mon cœur ne prend part à rien sans toi : viens donc vite partager avec moi le plaisir de jouir de tous ces biens champêtres.

» Tout le monde dit que tu arrives cette nuit. Dieu le veuille, et que ce billet soit inutile. On chauffe chez toi à force, enfin tout est sous lus armes pour te recevoir. Bonsoir, Vincent, à demain, si tu n’es pas arrivé ce soir.


» P.-S. — Alexis est extrêmement drôle, il passe des heures entières avec moi ; dans ce moment-ci il rit aux éclats ; je t’assure que sans lui j’aurais été bien plus à plaindre. Si je n’ai pas de lettre aujourd’hui, c’est un signe certain que tu es en chemin. Je t’embrasse d’avance, le cœur me bat à chaque bruit que j’entends. »


À l’instant où cette lettre partait, le comte Vincent arrivait au château, mais la joie d’Hélène fut vite troublée par les graves nouvelles qu’il apportait et qui demandent quelques explications.

Lors du mariage secret de la princesse Hélène, l’acte d’annulation de l’union du comte Vincent et de la comtesse Anna n’était pas encore arrivé de Rome. Il ne put donc être signé par les deux époux qu’il séparait. Le prince-évêque, avec sa légèreté habituelle, passa outre et fit bénir le mariage de sa nièce par un prêtre de son diocèse.

Dès lors l’expédition de cet acte fut retardée indéfiniment par le manque d’argent ; on ne l’obtenait qu’au prix de sommes considérables, et le comte n’était pas en état de les verser[12].

La comtesse Anna partit pour Paris aussitôt que son fils lui fut rendu, et là, elle attendit les événements. Sa mère et ses frères habitaient la grande Pologne et ne s’occupaient guère de ce qui se passait en Ukraine. Quant à elle, toujours éprise de ce mari infidèle, connaissant son inconstance, ne voyant point arriver l’acte qui exigeait sa signature, elle imagina que la princesse de Ligne subirait le sort des autres passions du comte. Un an s’écoula sans rien de nouveau, quelle fut sa douloureuse surprise en apprenant tout à coup, par son frère, la naissance d’Alexis. Sous l’empire d’une vive émotion elle écrivit aussitôt à sa mère et à ses frères, les conjurant de lui apprendre ce qui s’était passé. Ils l’informèrent du mariage du comte et de l’installation de la nouvelle comtesse à Kowalowka. Elle saisit une plume et adressa la lettre suivante au prince-évêque.

« J’apprends, monseigneur, que le comte mon mari vit publiquement à Kowalowka avec la princesse de Ligne qui porte le nom de comtesse Potocka. Or, l’acte d’annulation de mon mariage n’a jamais été signé ni approuvé par la cour de Rome ; je pars pour Varsovie afin de prendre les mesures nécessaires pour faire casser un mariage illégal et je refuse maintenant tout consentement au divorce. »

L’évêque Massalski, absorbé par les grands événements politiques qui se passaient alors en Pologne, ne s’était point informé de la régularisation d’un acte qu’il croyait accomplie depuis longtemps. On devine aisément l’étonnement et la colère dont il fut saisi à la lecture de la lettre de la Grande-Chambellane : il comprit l’effet désastreux que produirait dans le public la légèreté incroyable avec laquelle il avait fait célébrer le mariage de sa nièce et n’hésita pas à accuser le comte des pires intentions. Dans une lettre fort dure, il déclara que « le Grand-Chambellan n’avait eu d’autre mobile dans cette affaire qu’un sordide intérêt et que, sans souci de compromettre une femme qui lui avait tout sacrifié, il lui suffisait d’être maître de sa fortune sans se soucier de légaliser un mariage devenu inutile ». L’évêque témoignait aussi l’indignation qu’il éprouvait d’une trahison qui, à coup sûr, donnerait beau jeu à ses nombreux ennemis. Il terminait en annonçant qu’il partait pour Varsovie, faisant retomber sur Hélène et son mari tout le poids de son mécontentement, refusant désormais de s’occuper de leurs affaires.

Tel fut le récit qu’Hélène écouta atterrée. Pendant que son mari parlait, les idées les plus sinistres se croisaient en désordre dans sa tête. Son mariage déclaré illégal, les accusations de son oncle contre son mari peut-être fondées, l’avenir d’Alexis compromis, toutes ces pensées lui perçaient le cœur comme une lame d’acier. Sans proférer une parole, elle regarda le comte avec une expression si désolée qu’il ne put se méprendre sur ce qui se passait dans son esprit. Il la pressa tendrement dans ses bras, il lui jura avec l’accent de la vérité que jamais rien ne les pourrait séparer.

Nous avons peine à comprendre comment le comte et la comtesse ne se préoccupèrent pas plus tôt du parti que la Grande-Chambellane pourrait tirer de leur fausse situation.

Il faut avoir leur correspondance et leurs notes sous les yeux pour croire à cette incurie. Avec des biens aussi considérables, comment ne trouvèrent-ils pas à emprunter la somme nécessaire s’ils ne la possédaient pas ? C’est inexplicable, mais cela n’est pas moins vrai. Les suppositions de l’évêque de Wilna seules étaient erronées à l’égard du comte, on pouvait l’accuser d’une singulière négligence, mais non de mauvaise foi.

Très effrayé de la possibilité d’une entrevue entre l’évêque et la comtesse Anna, le comte écrivit longuement à son oncle, il insista sur son désir d’obtenir une solution de la cour de Rome, sur l’impossibilité d’envoyer les sommes considérables exigées par ladite cour ; enfin, il termina en accentuant avec chaleur les expressions les plus vives de sa tendresse pour sa femme. Hélène lut un peu calmée par la lecture de cette lettre, et le comte repartit pour Dubno où il avait donné rendez-vous au major Hoffmann afin de l’envoyer auprès du prince-évêque.

  1. On n’a pas oublié que la comtesse Anna, femme du comte Vincent Potocki, dut donner son consentement au divorce pour qu’on lui rendit son fils aîné François, au moment où le second de ses fils venait de mourir d’une angine couenneuse.
  2. L’Ukraine est infiniment plus pittoresque que ie reste de la Pologne. Les villes sont placées en général sur le flanc d’une montagne dont une rivière ou un lac baigne le pied. Le costume des paysans était charmant, surtout lorsqu’ils avaient servi comme cosaques auprès d’un grand seigneur. Le comte en employait un grand nombre. Une veste courte bleu foncé serrait le corps de près, une large ceinture écarlate ceignait les reins et retenait un pantalon très ample et retombant à la turque sur des bottes. Un petit bonnet en peau de mouton noir à fond de drap ou de velours écarlate et un manteau de peau de mouton, complétaient l’habillement. Les paysans de ces contrées sont plus riches et plus heureux que ceux de la Petite-Russie. Leurs demeures, en général élégantes et bien bâties, sont entourées de vergers dont les arbres produisent des fruits excellents : leurs bestiaux sont d’une rare beauté, et dans les troncs creux des tilleuls, ils élèvent des essaims d’abeilles ; chaque ruche leur rapporte près d’un ducat d’or par année. On voit quelques paysans en avoir jusqu’à cent.
  3. Les paysans ukrainiens sont d’une habileté remarquable à se servir du couteau et surtout de la hache ; non seulement ils les emploient à construire leurs maisons, leurs bateaux, leurs voitures, leurs meubles, mais encore les objets les plus délicats ; ils façonnent de petits coffres, des cuillers, mille autres ustensiles de ménage.
  4. Les paysans polonais cf russes aiment passionnément la musique, ils chantent même en travaillant : rien n’est plus fréquent que de les entendre chanter à quatre parties avee une harmonie parfaite ; souvent aussi ils chantent des airs dialogués.
  5. À cette époque, le costume polonais, si riche et si élégant, devenait de plus en plus rare. Il avait presque complètement disparu à la cour, de Stanislas, ce roi ayant donné le premier l’exemple des modes françaises ; cependant on le portait encore dans les provinces de l’ancienne noblesse, qui y restait fort attachée. Celui des hommes consistait en une veste à manches sur laquelle ils revêtaient une robe de différentes couleurs qui descendait au-dessous du genou et était attachée à la veste par une ceinture ; les manches de cette robe pendaient derrière le dos. En été cette robe était en soie, en hiver, de drap ou de velours, ornée de fourrures, le bonnet fourré et les bottes de cuir jaune avec des talons garnis de fer ou d’acier. Le costume des dames était la longue robe ajustée appelée polonaise, de velours ou de soie bordée de fourrure en hiver et garnie de broderies d’or ou d’argent en été.
  6. La plupart de ces possesseurs étaient juifs : on leur reprochait avec raison de pressurer et de maltraiter les paysans qui préféraient toujours dépendre immédiatement de leurs seigneurs. Les fermes portent, dans les lettres du comte et de la comtesse, le nom polonais de folwark.
  7. Il n’y avait pour ainsi dire pas de classe intermédiaire en Pologne. Des richesses immenses ou une extrême pauvreté, la magnificence et la misère, tels étaient les contrastes qu’on rencontrait partout. La classe noble était infiniment plus nombreuse que dans les autres pays. D’après les lois de la Pologne, tout homme était noble s’il prouvait « qu’il possède une terre libre ou que ses parents en ont possédé une, qu’il n’est attaché à aucun commerce, ni à aucune profession. Tous les nobles, selon la lettre de la loi, sont égaux par la naissance. » On comprend que cette égalité fictive ne régnait pas dans les fortunes, aussi voyait-on toujours à la suite et dans la maison des grands seigneurs, quantité de gentilshommes pauvres faisant des fonctions analogues à celles des domestiques, et servant à table, debout derrière lui, le seigneur dont souvent ils étaient parents. Cette sorte de domesticité n’impliquait aucune idée déshonorante.
  8. Voyage de milord Céton dans les sept planètes ou le Nouveau Mentor, par madame Robert. Paris, 1765, 7 vol. in-8.
  9. Chat.
  10. Ces biens faisaient partie de l’héritage du prince Xavier, frère d’Hélène, et le comte Vincent, propriétaire lui-même en Gallicie, désirait les avoir dans son lot.
  11. Le comte en emmenait avec lui un certain nombre, destinés à porter ses lettres.
  12. Les historiens du temps affirment que les divorces étaient si fréquents en Pologne que l’argent qu’ils coûtaient formait une des branches principales du revenu de la cour de Rome.