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Histoire de France (Jules Michelet)/édition 1893/Tome 4 - Appendice

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Œuvres complètes de J. Michelet
(Histoire de Francep. 347-410).

APPENDICE




Ce volume et le suivant ont pour sujet commun la grande crise du quinzième siècle, les deux phases de cette crise où la France sembla s’abîmer. Celui-ci racontera la mort, le suivant la résurrection.


La première des deux périodes dure près d’un demi-siècle ; elle part du schisme pontifical, et traverse le schisme politique d’Orléans et de Bourgogne, de Valois et de Lancastre.

Notre faible unité nationale du quatorzième siècle était toute dans la royauté ; au quinzième, la royauté même se divisant, il faut bien que le peuple essaye d’y suppléer. Le peuple des villes y échoue en 1413, et de cette tentative il ne reste qu’un code, le premier code administratif qu’ait eu la France. Le peuple des campagnes fera par inspiration ce que la sagesse des villes n’a pu faire ; il relèvera la royauté, rétablira l’unité, et de cette épreuve où le pays faillit périr, sortira, confuse encore, mais vivace et forte, l’idée même de la patrie.

Avant d’en venir là, il faut que ce pays descende dans la ruine, dans la mort, à une profondeur dont rien peut-être, ni avant ni après, n’a donné l’idée. Celui qui par l’étude a traversé les siècles pour se replacer dans les misères de cette époque funèbre, qui, pour mieux les comprendre, a voulu y vivre et en prendre sa part, ne pourra encore qu’à grand’peine en faire entrevoir l’horreur.


L’histoire est grave ici par le sujet ; elle ne l’est pas moins par le caractère tout nouveau d’autorité qu’elle tire des monuments de l’époque. Pour la première fois peut-être elle marche sur un terrain ferme. La chronique, jusque-là enfantine et conteuse, commence à déposer avec le sérieux d’un témoin. Mais à côté de ce témoignage nous en trouvons un autre plus sûr. Les grandes collections d’actes publics, imprimés ou manuscrits, deviennent plus complètes et plus instructives. Elles forment dans leur suite, désormais peu interrompue, d’authentiques annales, au moyen desquelles nous pouvons dater, suppléer, souvent démentir, les on dit des chroniqueurs. Sans accorder aux actes une confiance illimitée, sans oublier que les actes les plus graves, les lois même, restent souvent sur le papier et sans application, on ne peut nier que ces témoignages officiels et nationaux n’aient généralement une autorité supérieure aux témoignages individuels.

Les Ordonnances de nos rois, le Trésor des chartes, les Registres du Parlement, les actes des Conciles, telles ont été nos sources pour les faits les plus importants. Joignez-y, quant à l’Angleterre, le Recueil de Rymer et celui des Statuts du royaume. Ces collections nous ont donné, particulièrement vers la fin du volume, l’histoire tout entière d’importantes périodes sur lesquelles la chronique se taisait.

L’étude de ces documents de plus en plus nombreux, l’interprétation, le contrôle des chroniques par les actes, des actes par les chroniques, tout cela exige des travaux préalables, des tâtonnements, des discussions critiques dont nous épargnons à nos lecteurs le laborieux spectacle. Une histoire étant une œuvre d’art autant que de science, elle doit paraître dégagée des machines et des échafaudages qui en ont préparé la construction. Nous n’en parlerions même pas, si nous ne croyions devoir expliquer et la lenteur avec laquelle se succèdent les volumes de cet ouvrage et le développement qu’il a pris. Il ne pouvait rester dans les formes d’un abrégé sans laisser dans l’obscurité beaucoup de choses essentielles, et sans exclure les éléments nouveaux auxquels l’histoire des temps modernes doit ce qu’elle a de fécondité et de certitude.

8 février 1840.

1 — page 2Le blason, les devises…

Voy. Spener. — Origines du droit. Introd., p. xxxix : « Comme les Écossais, comme la plupart des populations celtiques, nos aïeux aimaient, au témoignage des anciens, les vêtements bariolés. La diversité des blasons provinciaux couvrit la France féodale comme d’un tartan multicolore. — L’Allemagne et la France sont les deux grandes nations féodales. Le blason y est indigène. Il y devint un système, une science. Il fut importé en Angleterre, imité en Espagne et en Italie. — L’Allemagne barbare et féodale aimait dans les armoiries le vert, la couleur de terre, d’une terre verdoyante. La France féodale, mais non moins ecclésiastique, a préféré les couleurs du ciel. — Les couleurs, les signes muets, précèdent longtemps les devises. Celles-ci sont la révélation du mystère féodal. Elles en sont aussi la décadence. Toute religion s’affaiblit en s’expliquant. Dès que le blason devient parleur, il est moins écouté. — L’origine des devises, ce sont les cris d’armes. Quelques-uns, d’une aimable poésie, semblent emporter les souvenirs de la paix au sein des batailles. Le sire de Prie criait : « Chants d’oiseaux ! » Un autre : « Notre-Dame au peigne d’or ! » Ces cris de bataille font penser au mot tout français de Joinville : « Nous en parlerons devant les dames. » — Le blason plaisait comme énigme, les devises comme équivoque. Leur beauté principale résulte des sens multiples qu’on peut y trouver. Celle du duc de Bourgogne fait penser : « J’ai hâte », hâte du ciel ou du trône ? Cette maison de Bourgogne, si grande, sitôt tombée, semble dire ici son destin. — La devise des ducs de Bourbon est plus claire ; un mot sur une épée : « Penetrabit. Elle entrera. »


2 — page 3Des hommes-bêtes brodés de toute espèce d’animaux.

« Litteris aut bestiis intextas. » (Nicolai Clemeng. Epistol., t. II, p. 149.)

Des hommes-musique historiés de notes…

Ordonnance de Charles, duc d’Orléans, pour payer 276 livres 7 sols 6 deniers tournois, pour 960 perles destinées à orner une robe : « Sur les manches est escript de broderie tout au long le dit de la chanson Ma dame, je suis plus joyeulx, et notté tout au long sur chacunes desdites deux manches, 568 perles pour servir à former les nottes de la dite chanson, ou il a 142 nottes, c’est assavoir pour chacune notte 4 perles en quarrée, etc. » (Catalogue imprimé des titres de la collection de M. de Courcelles, vendue le 21 mai 1834.)


3 — page 5Le prêtre même ne sait plus le sens des choses saintes…

« Proh dolor ! ipsi hodie, ut plurimum, de his qui usu quotidiano in ecclesiasticis contrectant rebus et præferunt officiis, quid significent et quare instituta sint modicum apprehendunt, adeo ut impletum esse ad litteram illud propheticum videatur : Sicut populus, sic sacerdos. » (Durandi, Rationale divinorum officiorum, folio 1, 1459, in-folio. Mogunt.) — Toutes les éditions ultérieures que je connais portent par erreur proferunt pour præferunt. Le premier éditeur, l’un des inventeurs de l’imprimerie, a seul compris que præferunt rappelle le prælati, comme contrectant le sacerdotes de la phrase précédente. Cf. les éditions de 1476, 1480, 1481, etc.


4 — page 5Le conseiller de saint Louis, Pierre de Fontaines, se croit obligé d’écrire le droit de son temps…

« Li anchienes coustumes, ke li preudommes soloient tenir et user, sont moult anoienties… Si ke li païs est à bien près sans coustume. » De Fontaines, p. 78, à la suite du Joinville de Ducange, 1668, in-folio. — Brussel dit et montre très bien que « Dès le milieu du treizième siècle, on commençait à ignorer jusqu’à la signification de quelques-uns des principaux termes du droit des fiefs. » Brussel, I, 41. — M. Klimrath (Revue de législation) a prouvé que Bouteiller ne savait plus ce que c’était que la saisine.


5 — page 6Lorsque Charles VI arma chevaliers ses jeunes cousins d’Anjou, etc.

« Quod peregrinum vel extraneum valde fuit. » (Chronique du Religieux de Saint-Denis, édition de MM. Bellaguet et Magin, 1839, t. I, p. 590. Édition correcte, traduction élégante) — Ce grave historien est la principale source pour le règne de Charles VI. Le Laboureur en fait cet éloge : « Quand il parle des exactions du duc d’Orléans, on diroit qu’il est Bourguignon ; quand il donne le détail des pratiques et des funestes intelligences du duc de Bourgogne avec des assassins infâmes et avec la canaille de Paris, on croiroit qu’il est Orléanois. »


6 — page 12, note 3Les trois oncles de Charles VI

Voir dans les actes d’août et d’octobre 1374 combien le sage roi Charles V, tant d’années avant sa mort, était préoccupé de ses défiances à l’égard de ses frères. Il ne nomme pas le duc de Berri. Quant à son frère aîné, le duc d’Anjou, il ne peut se dispenser de lui laisser la régence ; mais il place à quatorze ans la majorité des rois, il limite le pouvoir du régent, non seulement en réservant la tutelle à la reine mère et aux ducs de Bourgogne et de Bourbon, mais encore en autorisant son ami personnel, le chambellan Bureau de La Rivière, à accumuler jusqu’à la majorité du jeune roi tout ce qui pourra s’épargner sur le revenu des villes et terres réservé pour son entretien, villes de Paris, Melun, Senlis, duché de Normandie, etc. Il appelle au conseil Duguesclin, Clisson, Couci, Savoisy, Philippe de Maizières, etc. (Ordonnances, t. VI, p. 26, et 49-54, août et octobre 1374.)


7 — page 16La reine Jeanne de Naples avait adopté Louis d’Anjou…

Charles V avait d’abord proposé au roi de Hongrie d’unir leurs enfants par un mariage (le second fils du roi de France aurait épousé la fille du roi de Hongrie), et de forcer la main à la reine Jeanne, pour qu’elle leur assurât sa succession. Voir les instructions données par Charles V à ses ambassadeurs. (Archives, Trésor des chartes, J, 458, surtout la pièce 9.)


8 — page 16Le pape d’Avignon avait livré à Louis d’Anjou, etc.

Dans l’incroyable traité qu’ils firent ensemble et qui subsiste, le pape accorde au duc toute décime en France et hors de France, à Naples, en Autriche, en Portugal, en Écosse, avec moitié du revenu de Castille et d’Aragon, de plus toutes dettes et arrérages, tout cens biennal, toute dépouille des prélats qui mourront, tout émolument de la chambre apostolique ; le duc y aura ses agents. Le pape fera de plus des emprunts aux gens d’Église et receveurs de l’Église. Il engagera pour garantie de ce que le duc dépense, Avignon, le comtat Venaissin et autres terres d’Église. Il lui donne en fief Bénévent et Ancône. Et comme le duc ne se fie pas trop à sa parole, le pape jure le tout sur la croix. — Voir le projet d’un royaume, qui serait inféodé par le pape au duc d’Anjou, les réclamations des cardinaux, etc. (Archives, Trésor des chartes, J, 495.)


9 — page 18Les compagnons de Rouen avaient fait roi un drapier.

« Ducenti et eo amplius insolentissimi viri, vino forsilan temulenti, et qui publicis officinis mechanicis inserviebant artibus, quemdam burgensem simplicem, locupletem tamen, venditorem pannorum, ob pinguedinem nimiam Crassum ideo vocatum, angarientes, ut ejus autoritate uterentur in agendis… regem super se illico statuerunt. Hunc in sede, more regis, præparata super currum levaverunt, quem per villæ compita perducentes, et laudes regias barbarisantes, cum ad principale forum rerum venalium pervenissent, ut plebs maneret libera ab omni subsidiorum jugo postulant et assequuntur… Sedens pro tribunali, audire omnium oppositiones coactus est. » (Religieux de Saint-Denis, t. 1, page 130.)


10 — page 19Les gentilshommes attaqués partout en même temps, etc.

« Encore se tenoit le roi de France sur le mont de Ypres, quand nouvelles vinrent que les Parisiens s’étoient rebellés et avoient eu conseil, si comme on disoit, entre eux là et lors pour aller abattre le beau chastel de Beauté qui sied au bois de Vincennes, et aussi le chasteau du Louvre et toutes les fortes maisons d’environ Paris, afin qu’ils n’en pussent jamais être grevés. — (Mais Nicolas le Flamand leur dit) : Beaux seigneurs, abstenez-vous de ce faire tant que nous verrons comment l’affaire du roi notre sire se portera en Flandre : si ceux de Gand viennent à leur entente, ainsi que on espère qu’ils y venront, adonc sera-t-il heure du faire et temps assez.

« Or, regardez la grand’diablerie que ce eût été, si le roi de France eût été déconfit en Flandre et la noble chevalerie qui étoit avecques lui en ce voyage. On peut bien croire et imaginer que toute gentillesse et noblesse eût été morte et perdue en France et autant bien ens ès autre pays : ni la Jacquerie ne fut oncques si grande ni si horrible qu’elle eût été. Car pareillement à Reims, à Châlons en Champagne, et sur la rivière de Marne, les vilains se rebelloient et menaçoient jà les gentilshommes et dames et enfants qui étoient demeurés derrière ; aussi bien à Orléans, à Blois, à Rouen, en Normandie et en Beauvoisis, leur étoit le diable entré en la tête pour tout occire, si Dieu proprement n’y eût pourvu de remède. » (Froissart, VIII, 319-320.)

« Tous prenoient pied et ordonnance sur les Gantois, et disoient adonc les communautés par tout le monde, que les Gantois étoient bonnes gens et que vaillamment ils se soutenoient en leurs franchises ; dont ils devoient de toutes gens être aimés et honorés. » (Froissart, VIII, 103.)

« Les gentilshommes du pays… avoient dit et disoient encore et soutenoient toujours que si le commun de Flandre gagnoit la journée contre le roi de France, et que les nobles du royaume de France y fussent morts, l’orgueil seroit si grand en toutes communautés, que tous gentilshommes s’en douteroient, et jà en avoit-on vu l’apparent en Angleterre. » (Froissart, VIII, 367-8.)


11 — page 19La rivalité des villes de Gand et de Bruges…

« Quand les haines et tribulations vinrent premièrement en Flandre, le pays étoit si plein et si rempli de biens que merveilles seroit à raconter et à considérer ; et tenoient les gens des bonnes villes si grands états que merveilles seroit à regarder, et devez savoir que toutes ces guerres et haines murent par orgueil et par envie que les bonnes villes de Flandre avoient l’une sur l’autre… Et ces guerres commencèrent par si petite incidence, que, au justement considérer, si sens et avis s’en fussent ensoignés (mêlés), il ne dut point avoir eu de guerre ; et peuvent dire et pourront ceux qui cette matière liront ou lire feront, que ce fut une œuvre du deable ; car vous savez et avez ouï dire aux sages que le diable subtile et attire nuit et jour à bouter guerre et haine là où il voit paix, et court au long de petit en petit pour voir comment il peut venir à ses ententes. » (Froissart, VII, 215-46.)


12 — page 19Bruges empêchait les ports d’avoir des entrepôts.

En 1358, le comte de Flandre « accorda à ceux de Bruges et leur promist que jamais il ne mettroit sus aucun estaple de biens ou marchandises en autre ville que audit Bruges, mesmes qu’il priveroit de leurs offices les baillis et eschevins de l’eaue à l’Escluse, toutes les fois qu’ils seroyent trouvez avoir fait contre ledict droict d’estaple, et qu’il en apparut par cinc eschevins de Bruges. » (Oudegherst, folio 273, éd. in-4o.) — « Puis (ceux de Bruges, Gand, Ypres et Courtrai) alèrent à l’Escluse, par acord, et y abatirent plusieurs maisons, qui estoient sus le port, en une rue en laquelle on vendoit et acheptoit marchandises, sans égard ; et disoient les Flamans de Bruges et autres que c’estoit au préjudice des marchands et d’eux, et pour ce les abatirent. » (Chronique de Sauvage, p. 223.)

… les campagnes de fabriquer…

« Interdictum petitione Brugensium (1384), ne post hac Franconates per pagos suos lanificium faciant. » (Meyer, p. 201.) — Aussi : « Ceux du Franc ont toujours esté de la partie du comte plus que tout le demeurant de Flandre. » (Froissart, VII, 439.)


13 — page 19Liège, Bruxelles, etc., encourageaient les Gantais…

« Ceux de Brabant, et par spécial ceux de Bruxelles leur étoient moult favorables, et leur mandèrent ceux de Liège pour eux reconforter en leur opinion : « Bonnes gens de Gand, nous savons bien que pour le présent vous avez moult affaire et êtes fort travaillés de votre seigneur le comte et des gentilshommes et du demeurant du pays, dont nous sommes moult courroucés ; et sachez que si nous étions à quatre ou à six lieues près marchissans (limitrophes) à vous, nous vous ferions tel confort que on doit faire à ses frères, amis et voisins, etc. » (Froissart, VII, 450. Voir aussi Meyer.)


14 — page 20Pierre Dubois décida les Gantais à faire un tyran…

Dubois va trouver Philippe Artevelde et lui dit : « Et saurez-vous bien faire le cruel et le hautin ? car un sire entre commun (peuple), et par spécial à ce que nous avons à faire, ne vaut rien s’il n’est crému et redouté et renommé à la fois de cruauté ; ainsi veulent Flamands être menés, ni on ne doit tenir entre eux compte de vies d’hommes, ni avoir pitié non plus que d’arondeaulx (hirondelles) ou de alouettes qu’on prend en la saison pour manger. — Par ma foi, dit Philippe, je saurai tout ce faire. — Et c’est bien, dit Piètre, et vous serez, comme je pense, souverain de tous les autres. » (Froissart, VII, 479.)


15 — page 20Les Gantais entrent dans Bruges…

Ils rapportèrent à Gand, pour humilier Bruges, le grand dragon de cuivre doré que Baudoin de Flandre, empereur de Constantinople, avait pris à Sainte-Sophie et que les Brugeois avaient placé sur leur belle tour de la halle aux draps. — Cette tradition contestée est discutée et finalement adoptée dans l’intéressant Précis des Annales de Bruges, de M. Delpierre, p. 10, 1835.


16 — page 21, noteLes Gantais réclamèrent aux Anglais les sommes que la Flandre avait autrefois prêtées à Édouard III

« Quant les seigneurs orent ouï cette parole et requête, ils commencèrent à regarder l’un l’autre, et les aucuns à sourire… Et les consaulx d’Angleterre sur leurs requêtes étoient en grand différent, et tenoient les Flamands à orgueilleux et présumpcieux, quand ils demandoient à ravoir deux cent mille vielz écus de si ancienne date que de quarante ans. » (Froissart, VIII, 250-1.)


17 — page 22Bataille de Roosebeke…

« Ces Flamands qui descendoient orgueilleusement et de grand volonté, venoient roys et durs, et boutoient en venant de l’épaule et de la poitrine, ainsi comme sangliers tout forcenés, et étoient si fort entrelacés ensemble qu’on ne les pouvoit ouvrir ni dérompre… Là fut un mons et un tas de Flamands occis moult long et moult haut ; et de si grand bataille et de si grand’foison de gens morts comme il y en ot là, on ne vit oncques si peu de sang issir, et c’étoit au moyen de ce qu’ils étoient beaucoup d’éteints et étouffés dans la presse, car iceux ne jetoient point de sang. » (Froissart, VII, 347-354.) — « Et y heubt en Flandres après la bataille grant orreur et pugnaisie en le place où le bataille avoit esté, des mors dont le place duroit une grande lieue… et les mangeoient les chiens et maint grant oisel qui furent veu en icelle place, dont le peuple avoit grant merveille. (Chronique inédite, ms. 801, D. de la Bibliothèque de Bourgogne (à Bruxelles), folio 153.) Cette chronique curieuse n’est pas celle que Sauvage a rajeunie ; d’ailleurs elle va plus loin.


18 — page 23Lorsque le roi arriva à Paris, les bourgeois s’étalèrent en longues files…

Sur tout ceci, voyez le récit du Religieux de Saint-Denis. — Le calcul de Froissart, différent en apparence, ne contredit point celui-ci : « Et estoient en la cité de Paris de riches et puissants hommes armés de pied en cap la somme de trente mille hommes, aussi bien arrés et appareillés de toutes pièces comme nul chevalier pourroit être ; et avoient leurs varlets et leurs maisnies (suites) armés à l’avenant. Et avoient et portoient maillets de fer et d’acier, périlleux bastons pour effondrer heaulmes et bassinets ; et disoient en Paris quand ils se nombroient que ils étoient bien gens, et se trouvoient par paroisses tant que pour combattre de eux-mêmes sans autre aide le plus grand seigneur du monde. » (Froissart, VIII, 183.)


19 — page 25Il n’y avait plus de prévôt, plus de commune de Paris…

« Statuentes ut officium præposituræ exerceret qui regis auctoritate et non civium fungeretur. — Confraternitates etiam ad devotionem ecclesiarum sanctorum, et earum ditationem introductas, in quibus cives consueverant convenire, ut simul gaudentes epularentur… censuerunt etiam suspendendas usque ad beneplacitum regiæ majestatis. » (Religieux de Saint-Denis, I, 242. — Ordonnance du 27 janvier 1382, t. VI du Recueil des Ord., p. 685.) Un mot de cette ordonnance fait entendre que les Parisiens avaient aidé indirectement les Flamands : « Ils ont empesché que nos charioz et ceux de nostre chier oncle, le duc de Bourgogne, et plusieurs autres choses fussent amenez par devers nous… où nous estions. »


20 — page 25On traita à peu près de même Rouen, etc.

La ville de Rouen fut fort maltraitée, sa cloche lui fut enlevée, et donnée aux panetiers du roi ; c’est ce qui résulte d’une charte dont je dois la communication à l’amitié de M. Chéruel : « Comme par nos lettres patentes vous est apparu nous avoir donné à nos bien amés panetiers Pierre Debuen et Guillaume Heroval une cloche qui soulloit estre en la mairie de Rouen, nommée Rebel, laquelle fust confisquée à Rouen quand la commotion du peuple fust dernièrement en ladicte ville… » (Archives de Rouen, registre ms., coté A, folio 267.)


21 — page 27Les Flamands prétendirent que le duc de Berri avait poignardé le comte de Flandre…

Froissart dit qu’il mourut de maladie, t. IX, p. 10, édit. Buchon. — Le Religieux de Saint-Denis, ce grave et sévère historien, qui ne déguise aucun crime des princes de ce temps, n’accuse point le duc de Berri. — Meyer (lib. XIII, fol. 200) ne rapporte l’assassinat que d’après une chronique flamande du quinzième siècle, laquelle se réfute elle-même par la cause qu’elle assigne au fait. Le duc de Berri aurait pris querelle avec le comte de Flandre pour l’hommage du comté de Boulogne, héritage de sa femme. Or le duc de Berri n’épousa l’héritière de Boulogne que cinq ans après. (Art de vérifier les dates, Comtes de Flandre, ann. 1384, t. III, p. 21.)


22 — page 29On rassembla tout ce qu’on put acheter, louer de vaisseaux…

« Ils furent nombrés à treize cents et quatre-vingt-sept vaisseaux… Et encore n’y estoit pas la navie du connétable. » (Froissart, t. X, c. xxiv, p. 160.) — « Les pourvéances de toutes parts arrivoient en Flandre, et si grosses de vins et de chairs salées, de foin, d’avoine, de tonneaux de sel, d’oignons, de verjus, de biscuit, de farine, de graisses, de moyeux (jaunes) d’œufs battus en tonneaux et de toute chose dont on se pouvoit aviser ni pourpenser, que qui ne le vit adoncques, il ne le voudra ou pourra croire. » (Froissart, ibid., p. 158.)


23 — page 30Le duc de Berri arriva lorsque la saison rendait le passage à peu près impossible…

Le duc de Berri répondait froidement aux reproches du duc de Bourgogne sur l’inutilité de ces prodigieuses dépenses : « Beau frère, si nous avons la finance et nos gens l’aient aussi, la greigneur partie en retournera en France ; toujours va et vient finance. Il vaut mieux cela aventurer que mettre les corps en péril ni en doute. » (Froissart, t. X, p. 271.)


24 — page 32, note 1Boulard pourvut aux approvisionnements…

Il envoya ses agents avec cent mille écus d’or sur le Rhin ; ils furent partout bien reçus, sur le renom de leur maître, « ob magistri notitiam. » Les mariniers du Rhin s’employèrent avec beaucoup de zèle à faire descendre ces provisions jusqu’aux Pays-Bas. (Religieux de Saint-Denis, l. IX, c. vii, p. 532.)


25 — page 32Charles VI fut touché surtout des prières d’une grande dame du pays…

« Quod acceptabilius regi fuit, insignis domina municipii Amoris, casto amore succensa, ad eum personaliter accessit. » (Religieux de Saint-Denis, ibid., p. 358.) — V. les traités originaux des princes des Pays-Bas et leurs excuses au roi. (Archives, Trésor des chartes, J, 522.)


26 — page 33L’affaire fut bien menée…

Elle était préparée de longue date. On ne perdait pas une occasion d’indisposer le roi contre ses oncles : « … Leur en ay oy aucune foiz tenir leur consaulz, et dire au roy : Sire, vous n’avez mais à languir que six ans, et l’autre foiz que cinq ans, et ainsi chascune année, si comme le temps s’aprochoit… » (Instruction de Jean de Berri, dans les Analectes hist. de M. Le Glay, Lille, 1838, p. 159.)


27 — page 36Les belles dames logèrent dans l’abbaye même de Saint-Denis…

« Abbatia pro regina dominarumque insigni contubernio retenta… » (Religieux de Saint-Denis, t. I, p. 586.) — « Quarum si pulchritudinem attendisses… fictum dearum… ritum dixisses renovatum. » (Ibid., p. 594.)


28 — page 37Serait-ce dans cette funeste nuit que le jeune duc d’Orléans, etc.

Cette tradition ne se trouve que dans Mayer et autres auteurs assez modernes. Mais le contemporain y fait allusion : « Alias displicentiæ radices utique non sic cognitas quod scriptu dignas reputem. » (Religieux de Saint-Denis, ms., 388, verso.) — Juvénal, écrivant plus tard, est déjà plus clair : « Et estoit commune renommée que desdites joustes estoient provenues des choses deshonnestes en matière d’amourettes, et dont depuis beaucoup de maux sont venus. » (Juvénal des Ursins, p. 75, éd. Godefroy.)


29 — page 37Le héros de Charles VI, Duguesclin, etc.

Dans son testament, il lègue une somme considérable, trois cents livres, pour que l’on fasse des prières pour l’âme de Duguesclin, mort douze ans auparavant. (Testament de Charles VI, janvier 1393. Archives, Trésor des chartes, J, 404.)


30 — page 40Charles VI ne permit pas à ses oncles de le suivre…

Je suis sur ce point le Religieux de Saint-Denis, p. 618. Au reste, les contradictions des historiens sur ce voyage ne sont pas inconciliables.


31 — page 44, noteFlamel…

D’abord, sans autre bien que sa plume et une belle main, Flamel épousa une vieille femme qui avait quelque chose. Sous même enseigne, il fit plus d’un métier. Tout en copiant les beaux manuscrits qu’on admire encore, il est probable que, dans ce quartier de riches bouchers ignorants, de lombards et de juifs, il fit et fit faire bien d’autres écritures. Un curé, greffier du Parlement, pouvait encore lui procurer de l’ouvrage. Le prix de l’instruction commençant à être senti, les seigneurs à qui il vendait ces beaux manuscrits lui donnèrent à élever leurs enfants. Il acheta quelques maisons ; ces maisons, d’abord à vil prix, par la fuite des juifs et par la misère générale du temps, acquirent peu à peu de la valeur. Flamel sut en tirer parti. Tout le monde affluait à Paris ; on ne savait où loger. De ces maisons, il fit des hospices, où il recevait des locataires pour une somme modique. Ces petits gains, qui lui venaient ainsi de partout, firent dire qu’il savait faire de l’or. Il laissa dire, et peut-être favorisa ce bruit, pour mieux vendre ses livres. — Cependant ces arts occultes n’étaient pas sans danger. De là le soin extrême que mit Flamel à afficher partout sa piété aux portes des églises. Partout on le voyait en bas-relief agenouillé devant la croix, avec sa femme Pernelle. Il trouvait à cela double avantage. Il sanctifiait sa fortune et il l’augmentait en donnant à son nom cette publicité. Voir le savant et ingénieux abbé Vilain, Histoire de Saint-Jacques-la-Boucherie, 1758 ; et son Histoire de Nicolas Flamel, 1761.


32 — page 44Arnauld de Villeneuve…

Voy. ses Œuvres, Lyon, 1504, et sa Vie (par Haitze), Aix, 1719.


33 — page 46Le bruit courut qu’on avait empoisonné les rivières…

Selon le chroniqueur bénédictin, on accusa encore de ce crime les dominicains : « Veneficos ignorabant, sciebant tamen quod desuper habitum longum et nigrum, subtus vero album, ut religiosi, deferebant. » (Religieux de Saint-Denis, t. 1, l. XI, c. v, p. 684.)


34 — page 50, noteLes oncles du roi ne tardèrent pas à obtenir la grâce de Craon…

Lettres de rémission accordées à Pierre de Craon : « … Il ait esté par notre commandement et ordenance au saint Sépulcre, et depuis par nostre permission et licence et soubs nostre sauf conduit soit venu en nostre royaume et en l’abbaye de Saint-Denis, où il a esté par l’espace de iiii mois et demi ou environ en espérance de cuidier trouver paix et accord avec ledit sire de Clicon et avec ce ait esté nagueires banni de nostre royaume et entre autres choses condempné envers notre très chere et très amée tante la royne de Cécille par arrest de nostre Parlement, pour lesquels bannissement et autres condemnations lui, sa femme et ses enfants sont du tout deserts d’estat et de chevance, mesmement que de ses biens ne lui demoura autre chose… et leur a convenu… requerir leurs parents et amis pour vivre… — Voulans en ce cas pitié et miséricorde préférer à rigueur de justice et pour contemplation de nostre très chere et très amée fille Ysabelle royne d’Angleterre, qui sur ce nous a… supplié le jour de ses fiansailles et que ledit suppliant est de nostre lignaige, Nous par saine et meure délibération et de nos très chers et amés oncles et frère… » (Archives, Trésor des chartes, J, 37.)


35 — page 52Comme il traversait la forêt, un homme de mauvaise mine, etc.

« … Quemdam abjectissimum virum obviam habuit, qui eum terruit vehementer. Is nec minis nec terroribus potuit cohiberi, quin regi pertranseunti terribiliter clamando fere per dimidiam horam hæc verba reiteraret : Non progrediaris ulterius, insignis rex, quia cito perdendus es. Cui cito assensit ejus imaginatio jam turbata… Hoc furore perdurante, viros quatuor occidit, cum quodam insigni milite dicto de Polegnac de Vasconia, ex furtivo tamen concubitu oriundo. » (Le Religieux de Saint-Denis, folio 189, ms.) — M. Bellaguet ayant encore le manuscrit original entre les mains, et n’ayant pas encore publié cette partie, je me sers de l’excellente copie de Baluze (1839).


36 — page 55Il soutenait qu’il n’était point marié, qu’il n’avait pas d’enfant…

« Non solum se uxoratum liberosque genuisse denegabat, imo suimet et tituli regni Franciæ oblitus, se non nominari Carolum, nec deferre lilia asserebat ; et quotiens arma sua vel reginæ exarata vasis aureis vel alicubi videbat, ea indignantissime delebat. » (Le Religieux de Saint-Denis, ms., anno 1393, folio 207.) — « Arma propria et reginæ si in vitreis vel parietibus exarata vel depicta percepisset, inhoneste et displicenter saltando hæc delebat, asserens se Georgium vocari, et in armis leonem gladio transforatum se deferre. »


37 — page 58Gerson célèbre la paix, dans un de ces moments où l’on crut à la cession des deux papes…

Toutefois Gerson doute encore. Si la cession s’opère, ce sera un don de Dieu, et non une œuvre de l’homme ; il y a trop d’exemples de la fragilité humaine : Ajax, Caton, Médée, les anges même, « qui tresbuchèrent du ciel », enfin les apôtres, et notamment saint Pierre, « qui à la voix d’une femelette renya Nostre-Seigneur. » (Gerson, édition de Du Pin, t. IV, p. 567.)


38 — page 59Les Anglais ne voulaient point la paix…

Sur les négociations antérieures, depuis 1380, voir entre autres pièces le Voyage de Nicolas de Bosc, évêque de Bayeux, imprimé dans le Voyage littéraire de deux bénédictins, partie seconde, p. 307-360.


39 — page 59Richard II épousa une fille du roi, avec une dot de huit cent mille écus…

Elle apporta, en outre, un grand nombre d’objets précieux. Voy. deux déclarations des joyaux, vaisselle d’or et d’argent, robes, tapisseries et objets divers pour la personne de madame Isabeau, pour sa chambre, sa chapelle et son écurie, panneterie, fruiterie, cuisine, etc. Nov. 1393, 23 juillet 1400. (Archives, Trésor des chartes, J, 643.)


40 — page 59Croisade contre les Turcs…

Comparer sur le récit de cette croisade nos historiens nationaux et les écrivains hongrois et allemands cités par Hammer, Histoire de l’Empire Ottoman. Ce grand ouvrage a été traduit sous la direction de l’auteur, par M. Hellert, qui l’a enrichi d’un atlas très utile.


41 — page 61Élection de Pierre de Luna, Benoît XIII

Consulter sur tout ceci le récit hostile au pape qu’on trouve dans les actes du concile de Pise. (Concilia, éd. Labbe et Cossart, 1671, t. XI, part. 2, col. 2172, et seq.)


42 — page 63Quand le sultan vit le champ de bataille, etc.

Récit du Bavarois Schildberger, l’un des prisonniers, qui fut épargné, à la prière du fils du sultan. (Hammer, Histoire de l’Empire Ottoman, trad. de M. Hellert, t. I, p. 334.)


43 — page 64Présents de Bajazet au roi de France…

Le Religieux de Saint-Denis y ajoute : « Equus habens abscissas ambas nares, ut diutius ad cursum habilis redderetur. » (Ms., folio 330.)


44 — page 67Tous quittèrent Richard, même son chien…

« Le roi Richard avoit un lévrier lequel on nommait Math, très beau outre mesure ; et ne vouloit ce chien connoître nul homme fors le roi ; et quand le roi devoit chevaucher, cil qui l’avoit en garde le laissoit aller ; et ce lévrier venoit tantôt devers le roi festoyer et lui mettoit ses deux pieds sur les épaules. Et or donc advint que le roi et le comte Derby parlant ensemble en mi la place de la cour du dit châtel et leur chevaux tous sellés, car tantôt ils devoient monter, ce lévrier nommé Math qui coutumier étoit de faire au roi ce que dit est, laissa le roi et s’en vint au duc de Lancastre et lui fit toutes les contenances telles que endevant il faisoit au roi, et lui assist les deux pieds sur le col, et le commença grandement à conjouir. Le duc de Lancastre, qui point ne connoissoit le lévrier, demanda au roi : « Et que veut ce lévrier faire ? » — « Cousin, ce dit le roi, ce vous est une grand’signifiance et à moi petite. » — « Comment, dit le duc, l’entendez-vous ? » — « Je l’entends, dit le roi, le lévrier vous festoie et recueille aujourd’hui comme roi d’Angleterre que vous serez, et j’en serai déposé ; et le lévrier en a connoissance naturelle ; si le tenez de lez (près) vous, car il vous suivra et il m’éloignera. » Le duc de Lancastre entendit bien cette parole et conjouit le lévrier, lequel oncques depuis ne voulut suivre Richard de Bordeaux, mais le duc de Lancastre ; et ce virent et sçurent plus de trente mille. » (Froissart, t. XIV, c. lxxv, p. 205.)


45 — page 67Abdication de Richard II

Voy. au t. XIV du Froissart édité par M. Buchon, le poème français sur la déposition de Richard II (p. 322-466), écrit par un gentilhomme français qui était attaché à sa personne. — Voir aussi la publication de M. Thomas Wright : Alliterative Poem on the déposition of king Richard II. — Richardi Maydiston De Concordia inter Ricardum II et civitatem London, 1838. — La lamentation de Richard est très touchante dans Jean de Vaurin : « Ha, Monseigneur Jean-Baptiste mon parrain, je l’ai tiré du gibet », etc. (Bibl. royale, mss., 6756, t. IV, partie 2, folio 246.)


46 — page 67Lancastre fut obligé par les siens de leur laisser tuer Richard…

« Si fut dit au roi : « Sire, tant que Richard de Bordeaux vive, vous ni le pays ne serez à sûr état. » Répondit le roi : « Je crois que vous dites vérité, mais tant que à moi je ne le ferai jà mourir, car je l’ai pris sus. Si lui tiendrai son convenant (promesse) tant que apparent me sera que fait ne aura trahison. » Si répondirent ses chevaliers : « Il vous vaudroit mieux mort que vif ; car tant que les Français le sauront en vie, ils s’efforceront toujours de vous guerroyer, et auront espoir de le retourner encore en son Etat, pour la cause de ce que il a la fille du roi de France. » Le roi d’Angleterre ne répondit point à ce propos et se départit de là, et les laissa en la chambre parler ensemble, et il entendit à ses fauconniers, et mit un faucon sur son poing, et s’oublia à le paître. » (Froissart, t. XIV, c. lxxxi, p. 258.)


47 — page 68Sa science était dans un livre merveilleux qui s’appelait Smagorad…

Ce passage du Religieux de Saint-Denis ne peut trouver son explication que dans les auteurs qui ont traité de la Kabbale. Voir les travaux de M. Franck, si remarquables par la précision et la netteté.


48 — page 69Le pauvre prince sentit l’approche de la frénésie…

« Sequenti die, mente se alienari sentiens, jussit sibi cultellum amoveri et avunculo suo duci Burgundiæ præcepit, ut sic omnes facerent curiales. Tot angustiis pressus est illa die, quod sequenti luce, cum præfalum ducem et aulicos accersisset, eis lachrimabiliter fassus est, quod mortem avidius appetebat quam taliter cruciari, omnesque circumstantes movens ad lachrimas, pluries fertur dixisse : Amore Jesu Christi, si sint aliqui conscii hujus mali, oro ut me non torqueant amplius, sed cito diem ultimum faciant me signare. » (Religieux de Saint-Denis, ms. Baluze.)


49 — page 69Un roi si débonnaire…

Le Religieux donne une preuve remarquable de la douceur de Charles VI : « Cum in itinere… adolescens… dextrarium… urgeret calcaribus, ut eum ad superbiam excitaret, recalcitrando calce tibiam ejus graviter vulneravit et inde cruor fluxit largissimus. Inde… circumstantes cum in actorem delicti animadvertere conarentur, id rex manu et verbis levibus, etc. » (Ibid., folio 736.)


50 — page 69Il saluait tout le monde, les petits comme les grands…

« Tanta affabilitate præminebat, ut etiam contemptibilibus personis ex improviso et nominatim salutationis dependeret affatum, et ad se ingredi volentibus vel occurrentibus passim mutuæ collocutionis aut offerret ultro commercium aut postulantibus non negaret… Quamvis beneficiorum et injuriarum valde recolens, non tamen naturaliter neque magnis de causis sic ad iracundiam pronus fuit, ut alicui contumelias aut improperia proferret. Carnis lubrico contra matrimonii honestatem dicitur laborasse, ita tamen ut nemini scandalum fieret, nulli vis, nulli enormis infligeretur injuria. Prædecessorum morem etiam non observans, raro et cum displicentia habitu regali, epitogio scilicet et talari tunica utebatur, sed indifferenter, ut decuriones cæteri, holosericis indutus, et nunc Boemannum nunc Alemannum se fingens, etiam… post unctionem susceptam hastiludia et joca militaria juslo sæpius exercebat. » (Ibid., folio 141.)


51 — page 70On lui mettait dans son lit une petite fille…

« Filia cujusdam mercatoris equorum… quæ quidem competenter fuit remunerata, quia sibi fuerunt data duo maneria pulchra cum suis omnibus pertinentiis, situata unum a Creteil, et aliud a Bagnolet, et ipsa vulgariter vocabatur palam et publice Parva Regina, et secum diu stelit, suscepitque ab eo unam filiam, quam ipse rex matrimonialiter copulavit cuidam nuncupato Harpedenne, cui dedit dominium de Belleville in Pictavia, filiaque vocabatur domicella de Belleville. » — Je ne retrouve plus la source d’où j’ai tiré cette note. Elle est ou du Religieux de Saint-Denis, ou du ms. Dupuy, Discours et Mémoires meslez, coté 488.


52 — page 72, noteLes cartes étaient connues avant Charles VI, mais peu en usage…

On en trouve la première mention dans le Renart contrefait, dont l’auteur anonyme nous apprend qu’il a commencé son poème en 1328 et l’a fini en 1341. M. Peignot a donné une curieuse bibliographie de tous les auteurs qui ont traité ce sujet. (Peignot, Recherches sur les danses des morts et sur les cartes à jouer.) — Les uns font les cartes d’origine allemande, les autres d’origine espagnole ou provençale. M. Rémusat remarque que nos plus anciennes cartes à jouer ressemblent aux cartes chinoises. (Abel Rémusat, Mém. Acad., 2e série, t. VII, p. 418.)


53 — page 72Les cartes étaient peintes d’abord ; mais cela étant trop cher, on s’avisa de les imprimer…

En 1430, Philippe-Marie Visconti, duc de Milan, paya quinze cents pièces d’or pour un jeu de cartes peintes. — En 1441, les cartiers de Venise présentent requête pour se plaindre du tort que leur font les marchands étrangers par les cartes qu’ils impriment. (Ibid., p. 218, 247.)


54 — page 73Charles VI appelle ceux qui jouaient les Mystères de la Passion « ses amés et chers confrères ».

Ordonnances, t. VIII, p. 555, déc. 1402. — Dans une lettre bien antérieure, Charles VI assigne « quarante francs à certains chapelains et clercs de la Sainte-Chapelle de nostre Palais à Paris, lesquels jouèrent devant nous le jour de Pasques nagaires passé les jeux de la Résurrection Nostre Seigneur. » 5 avril 1390. (Bibliothèque royale, ms., Cabinet des titres.)


55 — page 78Louis d’Orléans, etc.

Voir le Religieux de Saint-Denis à l’année 1405, et le portrait qu’il fait du duc d’Orléans, année 1407, ms. Baluze, folio 553. — Voy. aussi les complaintes et autres pièces sur la mort de Louis d’Orléans. (Bibl. royale, mss. Colbert 2403, Regius 9681-5.)


56 — page 79Les vieilles barbes de l’Université se troublaient à ses vives saillies…

Voy. la réponse qu’il leur fit en 1405. Toutefois ordinairement il leur parlait avec douceur : « Ipsum vidi elegantiorem respondendo… quam fuerant proponendo… mitissime alloqui, et si uspiam errassent, leniter admonere. » (Religieux de Saint-Denis, ms., 553, verso.)


57 — page 80, note 1L’éducation d’un jeune chevalier par les femmes…

Les histoires de Saintré, de Fleuranges, de Jacques de Lalaing, ne sont guère autre chose. L’homme y prend toujours le petit rôle ; il trouve doux d’y faire l’enfant. Tout au contraire de la Nouvelle Héloïse, dans les romans du quinzième siècle, la femme enseigne, et non l’homme, ce qui est bien plus gracieux. C’est ordinairement une jeune dame, mais plus âgée que lui, une dame dans la seconde jeunesse, une grande dame surtout, d’un rang élevé, inaccessible, qui se plaît à cultiver le petit page, à l’élever peu à peu. Est-ce une mère, une sœur, un ange gardien ? Un peu tout cela. Toutefois, c’est une femme… Oui, mais une dame placée si haut ! Que de mérite il faudrait, que d’efforts, de soupirs pendant de longues années !… Les leçons qu’elle lui donne ne sont pas des leçons pour rire : rien n’est plus sérieux, quelquefois plus pédantesque. La pédanterie même, l’austérité des conseils, la grandeur des difficultés, font un contraste piquant et ajoutent un prix à l’amour… Au but, tout s’évanouit ; en cela, comme toujours, le but n’est rien, la route est tout. Ce qui reste, c’est un chevalier accompli, le mérite et la grâce même. — Voir l’Histoire du Petit Jehan de Saintré, 3 vol. in-12, 1724 ; le Panégyric du chevalier sans reproche (La Trémouille), 1527, etc., etc. (Note de 1840). — Voir Renaissance, notes de l’Introduction (1855).


58 — page 81Christine de Pisan…

Nous devons à M. Thomassy de pouvoir apprécier enfin ce mérite si longtemps méconnu. (Essai sur les écrits politiques de Christine de Pisan, 1838.) M. de Sismondi la traite encore assez durement. Gabriel Naudé, ce grand chercheur, avait eu l’idée de tirer ses manuscrits de la poussière. (Naudæi Epistolæ, epist. XLIX, p. 369.)


59 — page 81Christine n’eut de rapport avec le duc d’Orléans, etc.

Elle dédia au duc d’Orléans son Débat des deux amants et d’autres ouvrages. Du reste, elle fait entendre qu’elle ne le vit qu’une fois, et pour solliciter sa protection : « Et ay-je veu de mes yeulx, comme j’eusse affaire aucune requeste d’ayde de sa parolle, à laquelle, de sa grâce, ne faillis mie. Plus d’une heure fus en sa présence, où je prenoye grant plaisir de veoir sa contenance, et si agmodérément expédier besongnes, chascune par ordre ; et moi mesmes, quant vint à point, par luy fus appellée, et fait ce que requeroye… » — Elle dit encore du duc d’Orléans : « N’a cure d’oyr dire deshonneur de femmes d’autruy, à l’exemple du sage, (et dit de telles notables parolles : « Quant on me dit mal d’aucun, je considère se celluy qui le dit a aucune particulière hayne à celluy dont il parle) », ne de nelluy mesdire, et ne croit mie de legier mal qu’on lui rapporte. » (Christine de Pisan, collection Petitot, t. V, p. 393.)


60 — page 82Monstrelet est sujet et serviteur de la maison de Bourgogne…

M. Dacier n’a pas réussi, dans la préface de son Monstrelet, à établir l’impartialité de ce chroniqueur. Monstrelet omet ou abrège ce qui est défavorable à la maison de Bourgogne, ou favorable à l’autre parti. Cela est d’autant plus frappant qu’il est ordinairement d’un bavardage fatigant. « Plus baveux qu’un pot à moutarde », dit Rabelais.


61 — page 84Charles V rendit aux Flamands Lille et Douai, la Flandre française…

Il est curieux de voir comment Philippe-le-Hardi eut l’adresse de se conserver cette importante possession que Charles V avait cru, ce semble, ne céder que temporairement, pour gagner les Flamands et faciliter le mariage de son frère. Celui-ci obtint, sous la minorité de Charles VI, qu’on lui laisserait Lille, etc., pour sa vie et celle de son premier hoir mâle. Il savait bien qu’une si longue possession finirait par devenir propriété. V. les Preuves de l’Hist. de Bourgogne, de D. Plancher, 16 janvier 1386, t. III, p. 91-94.


62 — page 84La langue française et wallone ne gagna pas un pouce de terrain sur le flamand…

C’est ce qui résulte de l’important mémoire de M. Raoux ; il prouve par une suite de témoignages que depuis le onzième siècle la limite des deux langues est la même. Rien n’a changé dans les villes même que les Français ont gardées un siècle et demi. (Mémoires de l’Académie de Bruxelles, t. IV, p. 412-440.)


63 — page 85Pierre Dubois se fit pirate, etc.

Meyeri, Annales Flandriæ, folio 208, et Altemeyer, Histoire des relations commerciales et politiques des Pays-Bas avec le Nord, d’après les documents inédits ; ms.


64 — page 89Le duc d’Orléans jeta le gant à Henri IV pour venger Richard II

Lettre des ambassadeurs anglais contre le duc d’Orléans, etc. : « Le roi d’Angleterre, alors duc, étant revenu en Angleterre demander justice, a été poursuivi par le roi Richard, lequel est mort en cette poursuite, ayant auparavant résigné son royaume audit duc ; il n’est pas nouveau qu’un roi, comme un pape, puisse résigner son État. » 24 septembre 1404. (Archives, Trésor des chartes, J, 645.)


65 — page 91Si l’on en croyait une tradition conservée par Meyer, etc.

Meyer ne nomme pas cet auteur, qui nous apprend seulement dans le passage cité qu’il a vu souvent Charles VII et causé familièrement avec lui. Il prétend que Jean-sans-Peur voulait, dès le vivant de son père, tuer le duc d’Orléans ; que dès qu’il lui succéda, il demanda à ses conseillers quel était le moyen d’en venir à bout avec moins de danger. N’ayant pu changer sa résolution, ils lui conseillèrent d’attendre qu’il eût perdu son ennemi dans l’esprit du peuple : « Id autem hoc modo efficere posset, si Parisiis præcipue et similiter in aliis quibusque regni nobilioribus civitatibus, per biennium vel triennum ante per impositas personas ubique disseminari faceret : « Se maxime regnicolis compati et condolere, quod tot tributis, et variis, et multiplicibus vectigalibus premerentur. Seque totis eniti conatibus ut, regno ad antiquas suas libertates atque immunitates restituto, omnibus hujus modi molestissimis gravissimisque exactionibus populus levaretur ; sed ne sui optimi ac piissimi voti et affectus quem ad regnum et regnicolas gerebat, fructum assequeretur, ipsius Aurelianensis ducis vires et conatus semper obstitisse et continuo obstare, qui omnium hujus modi imponendorum et in dies excrescentium novorum tributorum atque vectigalium author et defensor maximus existeret ac semper extitisset. » Hoc igitur rumore per omnes pene civitates et provincias regni aures mentesque popularium occupante, tanta invidia apud plebem (quæ hujusmodi gravamina vectigalium atque exactionum altius sentit atque suspirat) conflata fuit adversus præfatum Aurelianensium ducem, tantus vero amor, gratia atque favor omnium duci Burgundionum arcesserunt, ut… » (Meyer, 224, verso.)


66 — page 92Le duc de Bourgogne déclara, etc.

« Compatiendo regnicolis… Affirmans, quod si… consensisset, inde ducenta millia scuta auri, sibi promissa, percepisset. » (Religieux de Saint-Denis, ms., folio 392.)

Il envoya dans toutes les villes des commissaires, etc.

« Qui de usurariis dolosisque contractibus et specialiter de illis qui ultra medietatem justi pretii aliquid vendidissent inquirerent, et ab eis secundum demerita, pecunias extorquerent. (Ibid., folio 394.)


67 — page 95Les Anglais pensionnaient le capitaine de Paris…

Le Religieux paraît croire pourtant qu’il était innocent ; le Parlement le jugea tel. Il était Normand et fortement soutenu par les nobles de Normandie. (Ibid., folio 424.) « Et disoient les Anglais… qu’il n’y avoit chose si secrète au conseil du roy que tantost après ils ne sceussent. » (Juvénal, p. 162.)


68 — page 95Jean-sans-Peur conclut une trêve marchande avec les Anglais…

En 1403, le duc de Bourgogne n’osant négocier avec les Anglais, laissa les villes de Flandre traiter avec eux. (Rymer, edilio tertia, t. IV, p. 38.) — Il se fit ensuite autoriser par le roi à conclure une trêve marchande. Cette trêve fut renouvelée par sa veuve et son successeur. 29 août 1403, 19 juin 1404. (Archives, Trésor des chartes, J, 573.)


69 — page 95L’habile et heureux fondateur de la maison de Bourgogne, etc.

Voy. l’excellent jugement que Le Laboureur porte sur le caractère de Philippe-le-Hardi. (Introd. à l’Hist. de Charles VI, p. 96.)


70 — page 97La cession de biens au moyen âge…

Glossaire de Laurière, t. I, p. 206. — Michelet, Origines du droit, p. 395 : « Se desceindre », c’est le signe de la cession de biens. En certaines villes d’Italie, celui qui fait cession a payé pour toujours, « s’il frappe du cul sur la pierre en présence du juge ».


71 — page 97, note 3La renonciation de la veuve…

Michelet, Origines, p. 42 : « La clef était un des principaux symboles usités dans le mariage… » — En France « lorsqu’on ostoit les clefs à sa femme, c’étoit le signe du divorce. » (Godet.) — « C’est une coutume chez les François que les veuves déposent leurs clefs et leur ceinture sur le corps mort de leur époux, en signe qu’elles renoncent à la communauté des biens. » (Le Grand Coutumier.)


72 — page 98La duchesse de Bourgogne accomplit bravement la cérémonie…

« Et là (à Arras), la duchesse Marguerite, sa femme (femme de Philippe-le-Hardi), renonça à ses biens meubles par la doute qu’elle ne trouvât trop grands dettes, en mettant sur sa représentation sa ceinture avec sa bourse et les clefs, comme il est de coutume, etc. » (Monstrelet.)


73 — page 99La France était redevenue riche par la paix…

Cela ressort d’une infinité de faits de détail. Un historien dont l’opinion est bien grave en ce qui touche l’économie politique, et que d’ailleurs on ne peut soupçonner d’oublier jamais la cause du peuple, M. de Sismondi a compris ceci comme nous : « L’agriculture n’était point détruite en France, quoiqu’il semblât qu’on eût fait tout ce qu’il fallait pour l’anéantir. Au contraire, les granges brûlées par les dernières expéditions des Anglais avaient été rebâties, les vignes avaient été replantées, les champs se couvraient de moissons. Les arts, les manufactures, n’étaient point abandonnés ; au contraire, il paraît qu’ils employaient un plus grand nombre de bras dans les villes, à en juger par les statuts de corps de métiers qui se multipliaient dans toutes les provinces, et pour lesquels on demandait chaque année de nouvelles sanctions royales. La richesse, si bravement enlevée à ceux qui l’avaient produite, était bientôt recréée par d’autres ; et il faut bien que ce fût avec plus d’abondance encore, car le produit des tailles et des impositions, loin de diminuer, s’était considérablement accru. Le roi levait plus facilement six francs par feu dans l’année qu’il n’aurait levé un franc cinquante ans auparavant. » (Sismondi, Histoire des Français, t. XII, p. 173.)


74 — page 100On disait au peuple que la reine faisait passer en Allemagne, etc.

« Cum regina ex illis sex equos oneratos auro monetato in Alemaniam mitteret, hoc in prædam venit Metensium (de ceux de Metz) qui a conductoribus didicerunt quod alias finantiam similem in Alemaniam conduxerant, unde mirati sunt multi, cum sic vellet depauperare Franciam ut Alemanos ditaret. » (Religieux de Saint-Denis, ms., folio 440.)


75 — page 100Le grave historien du temps croit que la taxe précédente, etc.

« Mihi pluries de summa sciscitanti responsum est, quod octies ad centum millia scula auri venerat, quam tamen propriis deputaverant usibus. » (Ibid., folio 439.)


76 — page 104On obtint de Charles VI qu’il appelât le duc de Bourgogne, etc.

Monstrelet, t. I, page 163. Le greffier du Parlement, contre son ordinaire, raconte ce fait avec détail : « Ce dit jour, le roy estant malade en son hostel de Saint-Paul, à Paris, de la maladie de l’aliénation de son entendement (laquelle a duré des l’an mil ccciiiixx et xiii, hors aucuns intervalles de resipiscence telle quelle), et la royne et le duc d’Orliens Loys frère du roy estant à Meleun, où len menoit le dauphin duc de Guienne aagié de IX ans environ et sa femme aagiée de X ans ou environ, au mandement de la royne mère dudit dauphin, Jehan duc de Bourgoigne et contes de Flandres, cousin germain du roy et père de la femme dudit dauphin (qui venoit au roy comme len disoit pour faire hommage après le décès de Philippe son père, oncle du roi, jadis de ses terres, et pour le visiter et aviser comme len disoit du petit gouvernement de ce royaume) soupeconans comme len disoit que la royne n’eut mandé ledit dauphin pour sa venue, chevaucha hastivement et soudainement, à tout sa gent armée de Louvres en Parisis où il avoit gen, en passant par Paris environ VII heures au matin, et a consuit ledit dauphin san gendre qui avoit gen à Ville-Juyve à Genisy, et ledit dauphin interrogué après salus où il aloit et si voudroit pas bien retourner en sa bonne ville de Paris, a respondu que oy, comme len disoit, le ramena environ XII heures contre le gré du marquis du Pont, cousin germain du roy et dudit duc et contre le gré du frère de la royne qui le menoient, auquel dauphin alèrent au-devant le roy de Navarre, cousin germain, le duc de Berry et le duc de Bourbon, oncles du roy et plusieurs autres seigneurs qui estoient à Paris, et le menèrent au chasteau du Louvre pour être plus seurement ; dont se tindrent mal contens lesdits duc d’Orliens et la royne, telement que hinc inde s’assemblèrent à Paris du cousté dudit duc de Bourgogne le duc de Lambourt son frère à grand nombre de gens d’armes, et ou plat-paiz plusieurs de plusieurs paiz et à Meleun et ou paiz environ du costé du duc d’Orliens plusieurs, comme len disoit. Quil en avendra ? Dieu y pourvoi, car en lui doit estre espérance et sience et « non in principibus nec in filiis hominum, in quibus non est salus ». (Archives, Registres du Parlement, Conseil, vol. XII, folio 222. 19 août 1405.)


77 — page 105Le parti d’Orléans reprenait dix-huit petites places, etc.

Le comte d’Armagnac prit d’abord dix-huit petites places, selon le Religieux, ms., 469, verso : « Burdeganlensem adiit civitatem, ipsis mandans quod si exire audebant… » — Le connétable d’Albret et le comte d’Armagnac, employant tour à tour les armes et l’argent, se firent rendre soixante forts ou villages fortifiés. (Religieux, 471, verso.)


78 — page 108C’était le moment où le nouveau comte de Flandre, etc.

Promesse de la duchesse de Bourgogne et du duc Jean, son fils, qui s’engagent à suivre l’instruction du roi pour régler le commerce des Flamands avec les Anglais, 19 juin 1404. (Archives, Trésor des chartes, J, 503.)


79 — page 108Le duc de Bourgogne rassembla des munitions infinies, douze cents canons…

Voyez le curieux travail de M. Lacabane sur l’Histoire de l’artillerie au moyen âge (manuscrit en 1840).


80 — page 109Les Gascons qui avaient appelé le duc d’Orléans se ravisèrent et ne l’aidèrent point…

« Ferebatur capitaneos ad custodiam Aquitaniæ deputatos dominum ducem Aurelianensem antea sollicitasse, ut… aggrediendo armis patriam Burdegalensem — Iter arripuit, quamvis minime ignoraret agilitatem Vasconum et quantis astuciis Francos reiteratis vicibus deceperunt ab antiquo. » (Religieux de Saint-Denis, ms., folio 490.)


81 — page 109Le duc de Bourgogne accusait le duc d’Orléans, etc.

Monstrelet dit que l’on avait abusé du nom du roi pour défendre aux capitaines de la Picardie et du Boulenois d’aider le duc de Bourgogne. (Monstrelet, t. I, p. 192.) — Le duc réclama des dédommagements. (V. Compte des dépenses faites par le duc de Bourgogne pour le siège de Calais, extrêmement important pour l’histoire de l’artillerie et en général du matériel de guerre. Archives, Trésor des chartes, J, 922.)


82 — page 117Le testament du duc d’Orléans…

On y voyait le goût et la connaissance familière des divines Écritures et des choses saintes. Durant sa vie, il avait été le plus magnifique des princes dans ses dons aux églises. Ses dernières volontés étaient plus libérales encore. Après le payement de ses dettes qu’il recommandait d’une façon expresse, commençait un merveilleux détail de toutes les fondations qu’il ordonnait, des prières et services funèbres qu’il prescrivait pour sa mémoire et dont les cérémonies étaient soigneusement déterminées. Il assignait des fonds pour construire une chapelle dans chaque église de Sainte-Croix d’Orléans, Notre-Dame de Chartres, Saint-Eustache et Saint-Paul de Paris. En outre, comme il avait une dévotion particulière pour l’ordre des religieux Célestins, il fondait une chapelle dans chacune des églises qu’ils avaient en France, au nombre de treize, sans parler des richesses qu’il laissait à leur maison de Paris. Il avait voulu y être inhumé en habit de l’ordre, porté humblement au tombeau sur une claie couverte de cendre, et que sa statue de marbre le représentât aussi vêtu de cette robe. Les pauvres et les hôpitaux n’étaient pas oubliés dans ses bienfaits ; et son amour pour les lettres paraissait dans la fondation de six bourses au collège de l’Ave-Maria. (Histoire des Célestins, par le P. Beurrier. — M. de Barante, t. III, p. 95, 3e édition.) Voir l’acte original, inséré en entier par Godefroy, à la suite de Juvénal des Ursins, p. 631-646.


83 — page 118Les Liégeois ayant chassé leur évêque, etc.

« Urgebant ut aut sacris initiaretur, aut certe episcopatum abdicaret. » Zanfliet est ici d’autant plus croyable que sa partialité pour l’évêque est partout visible. (Corn. Zanfliet, Leodiensi monachi Chronicon, apud Martene, Amplissima Collectio, t. V, p. 360.) Voir aussi Catalogus episcoporum Leodensium, auctore Placetio, ann. 1403-1408, et la Collection de Chapeauville.


84 — page 123Assassinat du duc d’Orléans…

Déposition de Jacquette Griffart. (Mém. Acad., t. XXI, p. 526 et suiv.) : « Elle s’en alla de sa dite fenestre pour coucher son enfant, et incontinent après ouit crier, etc… » — L’autre témoin oculaire, serviteur d’un neveu du maréchal de Rieux, dépose aussi : « Que le jour d’hier au soir, environ huit heures de nuit…, estant à l’huis d’une des salles… qui ont égart sur la Vieille rue du Temple… ouit et entendit qu’en la rue avoit grand cliquetis comme d’épées et autres armures… et disoient tels mots : « À mort, à mort ! » Dont lors pour scavoir ce que c’estoit, il remonta en ladite chambre dudit son maître, qui est au-dessus de ladite salle… et trouva que aux fenêtres d’icelle estoit desjà ledit son maître, le page, le barbier d’icelui son maître, qui regardoient en ladite Vieille rue du Temple, par l’une desquelles fenestres il qui parle regarda emmi ladite rue, et veid à la clarté d’une torche qui étoit ardente sur les carreaux, que droit devant l’hôtel de l’Image de Notre-Dame, étoient plusieurs compaignons à pied, comme du nombre de douze à quatorze, nul desquels il ne connaissoit, lesquels tenoient les uns des espées toutes nues, les autres haches, les autres becs de faucon, et massues de bois ayans piquans de fer au bout, et desdits harnois féroient et frappoient sur aucuns qui estoient en la compagnie, disans tels mots : « À mort, à mort ! » Et qu’il est vrai que lors, il qui parle, pour mieux voir qui estoient iceux compagnons, alla ouvrir le guichet de la porte qui a issue en ladite Vieille rue du Temple… Et ainsi qu’il ouvrit ledit guichet de ladite porte, on bouta un bec de faucon entre ledit guichet et la porte, dont lors il qui parle, pour doubte qu’on ne lui fit mal dudit bec de faucon referma ledit guichet et s’en retourna en la chambre dudit son maître, par l’une des fenestres de laquelle il vit aucuns compaignons qui étoient montés sur chevaux emmi la rue, et si veid sortir d’icelui hôtel cinq ou six compaignons tous montés sur chevaux, qu’incontinent qu’ils furent sortis, un homme de pied près d’iceux, féri et frappa d’une massue de bois un homme qui étoit tout étendu sur les carreaux, et revêtu d’une houppelande de drap de damas noir, fourrée de martre ; et quand il eut frappé ledit coup, il monta sur un cheval et se mit en la compagnie des autres… Et incontinent après ledit coup de massue ainsi donné, il qui parle veid tous lesdits compagnons qui étoient à cheval eux en aller et fouir le plutôt qu’ils pouvoient sans aucune lumière, droit à l’entrée de la rue des Blancs-Manteaux en laquelle ils se bouterent, et ne sait quelle part ils allerent. Incontinent qu’ils s’en furent allés, lui estant encore à ladite fenestre, vit sortir par les fenestres d’en haut dudit hôtel de l’Image Notre-Dame, grande fumée, et si ouit plusieurs des voisins qui crioient moult fort : « Au feu, au feu ! » Et lors lui qui parle, ledit son maître et les autres dessus nommés, allèrent tous emmi la rue, eux étans en laquelle, il qui parle veid à la clarté d’une ou deux torches ledit feu monseigneur d’Orléans qui étoit tout étendu mort sur les carreaux, le ventre contremont, et n’avoit point de poing au bras senestre… et si veid qu’environ le long de deux toises près dudit feu monseigneur le duc d’Orléans, étoit aussi étendu sur les carreaux un compagnon qui estoit à la cour dudit feu M. le duc d’Orléans, appelé Jacob, qui se complaignoit moult fort, comme s’il vouloit mourir. » (Déposition du varlet Raoul Prieur, Mém. Acad., t. XXI, p. 529.)


85 — page 124Selon un autre récit, le grand homme au chaperon rouge, etc.

« Cadaver ignominiose traxit ad vicinum fœtidissimum lutum, ubi, cum face straminis ardente, scelus adimpletum vidit ; inde lætus, tanquam de re bene gesta, ad hospitium ducis Burgundiæ rediit. » (Religieux de Saint-Denis, ms., folio 553.) — V. dans les Preuves de Félibien, le récit des Registres du Parlement, Conseil, XIII.


86 — page 124Ces pauvres restes furent portés, parmi la terreur générale…

Cette terreur ne paraît que trop dans le peu de mots qu’on écrivit le lendemain sur les registres du Parlement. (Preuves de Félibien, t. II, p. 549.) Les gens du Parlement paraissent sentir, avec la sagacité de la peur, qu’un tel coup n’a pu être fait que par un homme bien puissant. Ils ne disent rien de favorable au mort : « Ce prince qui si grand seigneur estoit et si puissant, et à qui naturellement, au cas qu’il eust fallu, gouverneur en ce royaume, en si petit moment a finé ses jours moult horriblement et honteusement. Et qui ce a faict, « scietur autem postea ». — Plus tard, on apprend que le meurtrier est le duc de Bourgogne, et le Parlement fait écrire sur ses registres les lignes suivantes, où le blâme est partagé assez également entre les deux partis : « XXIII novembris M CCCC VII inhumaniter fuit trucidatus et interfectus D. Ludovicus Franciæ, dux Aurelianensis et frater regis, multum astutus et magni intellectus, sed nimis in carnalibus lubricus, de nocte hora IX per ducem Burgundiæ, aut suo præcepto, ut confessus est, in vico prope portam de Barbette. Unde infinita mala processerunt, quæ diu nimis durabunt. » (Registres du Parlement, Liber consiliorum, passage imprimé dans les Mélanges curieux de Labbe, t. II, p. 702-3.)


87 — page 124Le duc d’Orléans fut enseveli à l’église des Célestins…

Les Célestins avaient été fondés par Pierre de Morone (Célestin V), ce simple d’esprit qui fut déposé du pontificat par Boniface VIII. En haine de Boniface, Philippe-le-Bel honora les Célestins, les fit venir en France, les établit dans la forêt de Compiègne (1308). Cet ordre devint très populaire en France. Tous les hommes importants du temps de Charles V et de Charles VI furent en relation intime avec cet ordre. Montaigu fit beaucoup de bien aux Célestins de Marcoussis. (Archives, L, 1539-1540.)


88 — page 124Tout le monde pleurait, les ennemis comme les amis…

Monstrelet, serviteur de la maison de Bourgogne, qui écrit à Cambrai (en la noble cité de Cambrai, t. I, p. 48), et certainement plusieurs années après l’événement, assure que le peuple se réjouit de cette mort. Le Religieux de Saint-Denis, ordinairement si bien informé, si près des événements, et qui semble les enregistrer à mesure qu’ils arrivent, ne dit rien de pareil. Il assure que le meurtrier lui-même parut affligé (folio 553) ; il ne croit pas, il est vrai, à la sincérité de cette douleur. Moi, j’y crois ; cette contradiction me paraît être dans la nature. L’apologiste du duc d’Orléans dit que le duc de Bourgogne pleurait et sanglotait : « Singultibus et lacrymis. » (Ibid., folio 593.)


89 — page 125Hier tout cela, aujourd’hui plus rien…

« … Et lui qui estoit le plus grand de ce royaume, après le Roy et ses enfans, est en si petit de temps, si chétif. Et qui cecidit, stabili non erat ille gradu. Agnosco nullam homini fiduciam, nisi in Deo ; et si parum videatur, illuscescat clarius… Parcat sibi Deus. » (Archives, Registres du Parlement. Plaidoiries, Matinée VI, folio 7, verso.)


90 — page 126On trouve aux Célestins la cellule où il aimait à se retirer…

Selon l’apologiste du duc d’Orléans (Religieux de Saint-Denis, ms., folio 594), il disait tous les jours le bréviaire : « Horas canonicas dicebat. » — « Il avoit, dit Sauval, sa cellule dans le dortoir des Célestins, laquelle y est encore en son entier. Il jeûnoit, veilloit avec les religieux, venoit à matines comme eux durant l’Avent et le Carême. Ce prince leur a donné la grande Bible en vélin, enluminée, qui avoit été à son père Charles V, et qu’on voit dans leur bibliothèque, signée de Charles V et de Louis, duc d’Orléans. Il leur donna aussi une autre grande Bible en cinq volumes in-folio, écrite sur le vélin, qui a toujours servi et sert encore pour lire au réfectoire. » (Sauval, t. I, p. 460.)


91 — page 127Sa veuve n’eut pas la consolation d’élever au mort l’humble tombe…

« Considérant le mot du prophète : Ego sum vermis et non homo, opprobrium hominum et abjectio plebis ; je veux et ordonne que la remembrance de mon visage et de mes mains soit faite sur ma tombe en guise de mort, et soit madicte remembrance vêtue de l’habit desdicts religieux Célestins, ayant dessous la tête au lieu d’oreiller une rude pierre en guise et manière d’une roche, et aux pieds, au lieu de lyons… une autre rude roche… Et veux… que madicte tombe ne soit que de trois doigts de haut sur terre, et soit faicte de marbre noir eslevée et d’albâtre blanc…, et que je tienne en mes deux mains un livre où soit escrit le psaume : Quicumque vult salvus esse… Autour de ma tombe soient escrits le Pater, l’Ave et le Credo. » (Testament de Louis d’Orléans, imprimé par Godefroy, à la suite de Juvénal des Ursins, p. 633.)

Cy gist Loys duc Dorléans…
Lequel sur tous ducz terriens
Fut le plus noble en son vivant
Mais ung qui voult aller devant
Par envye le feist mourir…

(Épistaphe de feu Loys, duc d’Orléans. Bibl. royale, mss. Colbert, 2403 ; Regius, 9681, 5.)


92 — page 127 — « Hinc surrectura »…

Cette inscription, la plus belle peut-être qu’on ait jamais lue sur une tombe chrétienne, a été placée par mon ami, M. Fourcy (bibliothécaire de l’École polytechnique), sur celle de sa mère.


93 — page 128, note 2Inès de Castro…

Lopes parle seulement de la translation du corps : « Como foi trellada Dona Enez, etc. » (Collecçao de livros ineditos. 1816, t. IV, p. 113.) M. Ferdinand Denis, dans ses intéressantes Chroniques de l’Espagne et du Portugal, t. I, p. 157, cite le texte principal (de Faria y Souza), qui appuie la tradition. — Un savant Portugais, M. Corvalho, assurait avoir vu, il y a quelques années, le corps d’Inès bien conservé : « Seulement la peau avait pris le ton du vélin bruni par le temps… » (Ibid, t. I, p. 163.) M. Taylor, en 1835, n’a plus trouvé que des ossements dispersés sur les dalles du couvent d’Alcabaça, et il les a pieusement inhumés. (Voyage pitt. en Espagne et en Portugal, l. XIII.) — Je trouve encore dans les Chroniques, traduites par M. Ferdinand Denis (t. I, p. 78), un fait curieux qui caractérise, autant que l’histoire d’Inès, le matérialisme poétique de ces temps, c’est l’histoire du bon vassal qui ne veut pas rendre son château au nouveau roi avant de s’assurer de la mort de son maître Sanche II. Il va à Tolède, où Sanche était mort exilé, enlève la pierre, reconnaît le mort, et accomplit son serment féodal en lui remettant au bras droit les clefs du château qu’il lui a autrefois confiées.


94 — page 129Les tombeaux de La Scala…

« In terra, e meze sepolte, son prima tre arche di marmo nostrale, quali non si sa per qual di questa casa servissero, poichè non hanno iscrizione alcuna ; benne hanno l’arme sopra i coperchi, e nel mezo di uno si vede la scala con aquila sopra,

E’n su la scala porta il santo uccello. »

(Dante, Parad., XVII, 72. — Maffei, Verona illustrata, parte terza, p. 78, éd. in-folio.)


95 — page 129La tombe de l’assassiné…

Si ma mémoire ne me trompe, il y a près de là, dans Vérone, plusieurs lieux dont les noms rappellent cet événement : « Via dell’ ammazato ; Via delle quatro spade, Volto barbaro, » etc. — Ma conjecture semble appuyée par le passage suivant : « Sepultus… exigua cum pompa tantum, cum cives vererentur ne offenderent fratrem. » (Torelly Saraynæ Veronensis, Hist. Veron., lib. secundo ; Thesaur. Antiquit. Ital. Grævii et Burmanni, t. noni, parte septima, colonn. 71.)


96 — page 129Can Signore de La Scala tua son frère dans la rue, en plein jour…

« Cæde hac a civibus et populo percepta, quilibet quietus remansit… Approbata fuit ejus mens… Exclamarunt ornnes : Vivat Dominus noster… » (Ibid., colonn. 70-71.)


97 — page 130Toutes les questions politiques, morales, religieuses, s’agitèrent à l’occasion de la mort du duc d’Orléans.

Ces grandes questions semblent avoir déjà été débattues en France, à l’occasion de la fin tragique de Richard II. Voy. Lettre de Charles VI aux Anglais, 2 oct. 1402. Bibl. royale, mss. Fontanieu, 105-6 ; Brienne, vol. XXXIV, p. 227.


98 — page 131Le duc de Bourgogne leur dit tout pâle…

« Se fecisse instigante Diabolo. » (Religieux, ms., folio 154.) — Plus loin, l’apologiste du duc d’Orléans rapporte cette parole comme avouée du duc de Bourgogne lui-même : « Tunc dixit quod Diabolus ad id ipsum tentaverat, et nunc sine verecundia sibimet contradicendo dicit quod optime fecit. » (Ibid., ms., folio 593.)


99 — page 132Il rassembla les États de Flandre, d’Artois, etc.

« Auxquels il fit remontrer publiquement comment à Paris il avoit fait occire Louis, duc d’Orléans ; et la cause pourquoi il l’avoit fait, il la fit lors divulguer par beaux articles et commanda que la copie en fût baillée par écrit à tous ceux qui la voudroient avoir ; pour lequel fait il pria qu’on lui voulsist faire aide à tous besoins qui lui pourroient survenir. A quoi lui fut répondu des Flamands que très volontiers aide lui feroient. » — Les Flamands lui étaient d’autant plus favorables en ce moment qu’il venait de leur obtenir une trêve de l’Angleterre. (Monstrelet, t. I, p. 207, 231.)


100 — page 133Il fit répandre le bruit qu’il n’avait fait que prévenir le duc d’Orléans…

Le duc de Bourgogne aurait pu soutenir cette assertion, si l’on s’en rapportait à la mauvaise traduction que Le Laboureur a faite du Religieux. Il lui fait dire ridiculement (p. 624) : « Ces flamèches de division causèrent un embrasement de haine et d’inimitié qu’on ne put esteindre et qui fit découvrir beaucoup d’apparence de conspirations sur la vie l’un de l’autre. » Il n’y a pas de conspirations dans le texte ; il dit : « In necem mutuam diu visi fuerunt publice aspirare. » (Folio 552.) — Cette récrimination atroce du meurtrier n’est, je crois, exprimée nettement que dans une chronique belge que j’ai déjà citée. Elle suppose, ce qui met le comble à l’invraisemblance, que le duc d’Orléans s’adressa à son ennemi mortel, Raoul d’Auquetonville, pour le décider à tuer le duc de Bourgogne : « Avint ce nonobstant, par commune voix et renommée, si comme on disoit, que ledit Dorliens avoit marchandé ou voloit marchander à Raoulet d’Actonville de tuer le duc de Bourgogne, lequel fait fu découvert par ledit Raoulet au duc de Bourgogne. » (Chronique ms., no 801 D (Bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles), folio 222.)


101 — page 133Le plus triste et le plus rude hiver…

Au commencement de janvier 1408, il fait si froid que le Parlement ne tient pas séance… « Il ne pouoit besoigner : le grephier mesme, combien qu’il eust prins feu delez lui, en une poelette, pour garder lancre de son cornet de geler, lancre se geloit en sa plume, de 2 ou 3 mos en 3 mos, et tant que enregistrer ne pouoit… » Ce récit est quatre fois plus long que celui de la mort du duc d’Orléans. Les glaçons empêchaient les moulins de fonctionner : il y eut disette. Quand la gelée cessa, les ponts furent emportés. Le greffier termine par ces mots : … « Et ce cas, avec l’occision de feu monseigneur Loiz duc Dorleans frère du roy (de quo supra, mense novembri), a esté à grant merveille en ce royaume… » Il paraît qu’il y eut vacance pendant un mois. 1er jour de février : « Curia vacat, pour ce qu’il n’a osé passer la rivière pour aler au Palaiz pour la grant impétuosité et force d’elle. Car aussy croît-elle toujours. » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, vol. XIII, folio 11 ; et Plaidoiries, Matinée VI, folio 40.)


102 — page 135Le duc de Bourgogne revint, etc.

« Et se logea en l’hostel d’un bourgeois, nommé Jacques de Haugart, auquel hôtel ledit duc fit pendre par dessus l’huis par dehors deux lances, dont l’une si avoit fer de guerre et l’autre si avoit fer de rochet ; pourquoi fut dit de plusieurs nobles estant à icelle assemblée que ledit duc les y avoit fait mettre en signifiance que qui voudroit avoir à lui paix ou guerre, si le prensit. » (Monstrelet, t. I, p. 234.)


103 — page 135Les princes avaient été jusqu’à Amiens pour l’empêcher de venir…

À l’approche des troupes qui allaient occuper Paris, le Parlement, avec sa prudence ordinaire, ne voulut point se mêler des affaires de la ville ni des précautions à prendre : « Et si a esté touchié de requérir provision pour la ville de Paris où plusieurs gens d’armes doivent arriver… Sur quoy n’a pas été conclu, quia ad curiam non pertineret multis obstantibus ; au moins, ny pourroit remédier. » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIII, 10 février 1407 (1408), folio 13, verso.)


104 — page 138Jean Petit fut soutenu par le duc de Bourgogne…

Cette pension n’était pas gratuite ; Jean Petit nous apprend lui-même qu’il a fait serment au duc de Bourgogne : « Je suis obligé à le servir par serment à lui faict il y a trois ans passés… Lui, regardant que j’estois très petitement bénéficié, m’a donné chascun an bonne et grande pension pour moi aider à tenir aux escoles ; de laquelle pension j’ai trouvé une grand’partie de mes dépens et trouverai encore, s’il lui plaît de sa grâce. » (Monstrelet, t. I, p. 245.)


105 — page 139Il établissait qu’il était méritoire de tuer un tyran.

Bien entendu qu’il ne faut pas chercher dans le discours de Jean Petit un sérieux examen de ce prétendu droit de tuer.

Qui a droit de tuer ? Que la société l’ait elle-même (qu’elle doive du moins l’exercer toujours), cela est fort contestable. Dieu a dit : Non occides. Caïn qui a tué son frère, Dieu ne le tue point ; il le marque au front. — La société ne doit-elle pas au moins tuer pour son salut ? Ceci mène loin. Cléon affirme, dans Thucydide, qu’Athènes doit, pour son salut, tuer tout un peuple, celui de Lesbos. — En admettant que la société ait droit de tuer, un individu peut-il jamais se charger de tuer pour elle, se faire juge du meurtre, juge et bourreau à la fois ? — Tuer un tyran. Mais qu’est-ce qui a vu un tyran ? qui jamais, dans le monde moderne, a rencontré cette bête horrible de la cité antique ? C’est un être disparu, tout autant que certains fossiles. Quel souverain des temps modernes (sauf peut-être un Eccelino, un Ali, un Djezzar) a pu rappeler le tyran de l’antiquité ? ce monstre qui supprimait la loi dans une ville, sous lequel il n’y avait plus rien de sûr, ni la propriété, ni la famille, ni la pudeur, ni la vie ? (Note de 1840.)


106 — page 140 — « Le duc d’Orléans était sorcier »…

M. Buchon dit que le détail des maléfices du duc d’Orléans, toujours omis dans les éditions antérieures de Monstrelet, ne se trouve que dans le ms. 8347. Le ms. du Roi 10319, ms. du commencement du quinzième siècle, est précédé d’une miniature enluminée qui représente un loup cherchant à couper une couronne surmontée d’une fleur de lis, tandis qu’un lion l’effraye et le fait fuir. Au bas, on lit ces quatre vers :

Par force le leu rompt et tire
A ses dents et gris la couronne,
Et le lion par très grand ire
De sa pate grant coup lui donne.

(Buchon, édit. de Monstrelet, t. I, p. 302.)

107 — page 143L’Université, le clergé, allèrent dépendre, etc.

« Ce dit jour ont esté despenduz deux exécutéz au gibet, qui se disoient clercs et escoliers de l’Université de Paris, et au despendre a eu, comme len dit, plus de XL mille personnes au gibet, et ont esté ramenez en deux sarqueux, à grant compaignie et grans processions des églises et de l’Université, sonnans toutes les cloches des églises, jusques au parviz de N. D., entre X et XI heures, couverts de toile noire, et rendus à lévesque de Paris par certaine forme et manière, et depuiz portez ou menez à Saint-Maturin où ont esté inhumez, comme len dit, et ce fait par ordonnance royal. » 16 mai 1408. (Archives, Registres du Parlement, Plaidoiries, Matinée VI, folio 93, et Conseil, vol. XIII, folio 26.)


108 — page 143Deux messagers de Benoît XIII avaient apporté des bulles menaçantes…

« A esté présentée au roy, dès lundi, comme len disoit, une bulle par laquelle le pape Benedict, qui est lun des contendens du papat, excommunie le roy et messires ses parents et adhérens. Et qu’il en avendra ? Diex y pourvoie ! » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIII, folio 27.)


109 — page 144Ces scolastiques, étrangers aux lois, aux hommes et aux affaires, etc.

« Theologi atque artistæ, in disputationibus magis quam processibus experti… Unde inter eos atque in jure peritos pluries orta verbalis discordia. » (Religieux, ms., folio 565.)


110 — page 146Les deux messagers du pape furent traînés par les rues, etc.

« Au jour dui entre 10 et 11 heures les prélas et clergie de France assemblé au Palaiz, sur le fait de l’Église, ont esté amenez maistre Sanceloup, nez du pair Darragon, et un chevaucheur du pape Benedict qui fu devers nez de Castelle, en 2 tumbereaux, chascun deulx vestuz dune tunique de toille peincte, où estoit en brief effigiée la manière de la présentation des mauveses bulles dont est mention le 21 de may ci-dessus, et les armes du dict Benedict renversées et autres choses, et mittrez de papier sur leurs têtes, où avoit escriptures du fait, depuis le Louvre où estoient prisonniers, avec plusieurs autres de ce royaume, prélas et autres gens déglise, qui avoient favorisé aux dictes bulles, comme len dit, jusques en la court du Palaiz en molt grant compaignie de gens à trompes, et là ont esté eschafaudez publiquement et puiz remenez au dit Louvre par la manière dessus dicte. » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIII, folio 39, août 1408.)


111 — page 146Le parti de Benoît et d’Orléans se fortifiait à Liège…

V. les curieux détails que donne Zanfliet sur la faction des Haïdroit. (Cornelii Zanfliet Leodiensis monachi Chronicon, ap. Martène Ampliss. Coll., t. V, p. 365, 366.) Le Religieux et Monstrelet sont fort étendus et fort instructifs. Placentius (Catalogus, etc.) est peu détaillé.


112 — page 148Le duc de Bourgogne ordonna le massacre des prisonniers…

« Y ont esté occis… de vingt-quatre à vingt-six mille Liégeois, comme on peut le savoir par l’estimation de ceux qui ont vu les noms… Nous avons bien perdu de soixante à quatre-vingt chevaliers ou écuyers. » (Lettre du duc de Bourgogne.) — V. M. de Barante, t. III, p. 211-212, 3e édition.


113 — page 149On savait qu’il avait payé de sa personne…

« Comment en décourant de lieu à autre, sur un petit cheval, exhorta et bailla à ses gens grand courage, et comment il se maintint jusques en la fin, n’est besoin d’en faire grand déclaration… Oncques de son corps sang ne fut trait pour icelui jour, combien qu’il fut plusieurs fois travaillé. » (Monstrelet, t. II, p. 17.)


114 — page 149La reine et les princes étaient revenus à Paris…

« Dimanche 26 août 1408… Entrèrent à Paris et vindrent de Meleun la royne et le dauphin accompaignés, environ quatre heures après disner, des ducs de Berri, de Bretoigne, de Bourbon, et plusieurs autres contes et seigneurs et grant multitude de gens darmes et alèrent parmi la ville loger au Louvre. — Mardi 28 août… Ce dict jour entra à Paris la duchesse Dorléans, mère du duc Dorléans qui à présent est, et la royne d’Angleterre, femme du dict duc, en une litière couverte de noir à quatre chevaux couverts de draps noirs, à heure de vespres, accompaignée de plusieurs chariots noirs pleins de dames et de femmes, et de plusieurs ducs et contes et gens darmes. » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, vol. XIII, fol. 40-41.) — Les princes s’accordèrent pour déférer, dans cet intervalle, un pouvoir nominal à la reine et au dauphin : « Ce Ve jour (5 septembre 1408) furent tous les seigneurs de céans au Louvre en la grant sale, où estoient en personne la royne, le duc de Guienne, etc. (Suit une longue série de noms)… en la présence desquelz… fu publiée par la bouche de maistre Jeh. Jouvenel, advocat du roy, la puissance octroiée et commise par le roy à la royne et audit mons. de Guienne sur le gouvernement du royaume, le roy empeschié ou absent. » (Archives, ibid., Conseil, vol. XIII, fol. 42, verso.)


115 — page 154Brisé qu’il était par la torture, Montaigu affirmait…

« Affirmasse quod tormentorum violentia (qua et manus dislocatas et se ruptum circa pudenta monstrabat) illa confessus fuerat, nec in aliquo culpabilem ducem Aurelianensem nec se etiam reddebat nisi in pecuniarum regiarum nimia consumptione. » (Religieux, ms., folio 633.)


116 — page 156Ce conseil interdit la chambre des Comptes…

« Et qui a longo tempore, D. Cameræ computorum ægre ferentes quod Rex manu prodiga pecunias multis etiam indignis consueverat largiri, dona in scriptis redigebant, addentes in margine Recuperetur, Nimis habuit ; statutum est ut registrum præsidentibus traderetur, qui quod nimium fuerat ab ipsis aut eorum hæredibus usque ad ultimum quadrantem, cessante omni appellatione, extorquerent. Omnes etiam Dominos Cameræ computorum deposuerunt, uno duntaxat excepto qui vices suppleret omnium, donec… » (Religieux, ms., folio 639.) — Voir aussi Ordonnances, t. IX, p. 468 et seq.


117 — page 157Cet argent s’était écoulé sans qu’on sût comment…

Au milieu de cette détresse, nous trouvons, entre autres dépenses, un mandement de Charles VI pour le payement de ses veneurs. L’acte est rédigé dans des termes très impératifs et très rigoureux. À la suite de la signature du roi viennent ces mots : « Garde qu’en se n’ait faute. » (Bibliothèque royale, mss., Fontanieu 107-108, ann. 1410, 9 juillet.) — « Pour une paire d’heures, données par le roi à la duchesse de Bourgogne, 600 écus. » (Ibid., 109-110, ann. 1413.)


118 — page 160Le chancelier de Notre-Dame s’emporta jusqu’à dire…

« Nec reges digne vocari, si exactionibus injustis opprimant populum suum, sed quod eos depositione dignos possint rationabiliter reputare, in annalibus antiquis possunt de multis legere. » (Religieux, ms., fol. 675, verso.)


119 — page 162, noteDans une de ces alarmes, etc.

« Ce dict jour, pour ce que le Roy notre Sire, accompaigné de molt de princes, barons et chevaliers et grant nombre de gens darmes, estoit venu loger au Palaiz, et pour les gens darmes estoient pleins les hostelz tans de la Cité que du cloistre de Paris, et par tout oultre les pons par devers la place Maubert, sans distinction, hors les seigneurs de céans pour lesquels a esté ordené, comme a dit en la chambre le prévost de Paris, que en leurs hostelz len ne se logera pas, et que en telz cas aventure seroit que les chambellans du Roy notre dit sire ne preissent les tournelles de céans, esquelles a procès sans nombre qui seroient en aventure destre embroillez, fouillez, et adirez et perdus, qui seroit dommage inestimable à tous de quelque estat que soit de ce royaume ; j’ay fait murer l’uiz de ma tournelle, afin que len ne y entre, car : In armigero vix potest vigere ratio. » — Le greffier a dessiné un soldat sur la marge. (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIII, folio 131, verso, 16 septembre 1410.)


120 — page 163Dans les vraies usances bretonnes, le foyer restait au plus jeune…

Origines du droit, page 63 : Usement de Rohan : « En succession directe de père et de mère, le fils juveigneur et dernier né desdits tenanciers succède au tout de ladite tenue et en exclut les autres, soient fils ou filles. » — Art. 22 : « Le fils juveigneur, auquel seul appartient la tenue, comme dit est, doit loger ses frères et sœurs jusques à ce qu’ils soient mariés ; et d’autant qu’ils seroient mineurs d’ans, doivent les frères et sœurs estre mariés et entretenus sur le bail et profit de la tenue pendant leur minorité ; et estant les frères et sœurs mariés, le juveigneur peut les expulser tous. » (Coutumier général.) — Cette loi me semble conforme à l’esprit d’un peuple navigateur et guerrier qui veut forcer les aînés, déjà grands et capables d’agir, à chercher fortune au loin. — Voir ibid., sur le droit d’aînesse.


121 — page 167Les Armagnacs poussaient la guerre avec une violence inconnue jusque-là, etc.

Vaissette, Hist. du Languedoc, t. IV, p. 282. Néanmoins ils conservaient toujours des liaisons avec les Anglais. Le Parlement leur fait un procès en 1395, à ce sujet. (Archives, Registres du Parlement, Arrêts, XI, ann. 1395.)


122 — page 169La légèreté impie des Armagnacs…

Cette légèreté méridionale est sensible dans les proverbes, particulièrement dans ceux des Béarnais ; plusieurs sont fort irrévérencieux pour la noblesse et pour l’Église :

Habillat ù bastou,
Qu’aüra l’air du barou.

Habillez un bâton, il aura l’air d’un baron.

Las sourcières et lous loubs-garous
Aüs cures han minya capous.

Les sorcières et les loups-garous font manger des chapons aux curés, etc., etc. (Collection de Proverbes béarnais, ms., communiquée par MM. Picot et Badé, de Pau.)


123 — page 170Les Armagnacs à Saint-Denis…

Les Parisiens croyaient néanmoins, et non sans apparence, que les moines étaient favorables au parti d’Orléans. Le bruit même courut à Paris que le duc d’Orléans s’était fait couronner roi de France dans l’abbaye de Saint-Denis. (Religieux, ms., f. 701, verso.)


124 — page 172Le duc de Bourgogne avait fait publier à grand bruit dans Paris, etc.

« Indeque rabies popularis sic exarsit, ut omnes utriusque sexus absque erubescentiæ velo ducibus publice maledicentes, orarent ut cum Juda proditore æternam perciperent portionem. » (Religieux, ms., folio 734.)


125 — page 174Les fréquents appels à l’opinion publique que font les partis…

Le plus important peut-être de ces manifestes est celui que le duc de Bourgogne publia au nom du roi, le 13 février 1412. Il y demandait une aide à la langue d’oil et à la langue d’oc, et en confiait la perception à un bourgeois de Paris. Préalablement il y fait une longue histoire apologétique des démêlés de la maison de Bourgogne avec celle d’Orléans. Il y flatte Paris ; il entre dans le ressentiment du peuple contre les excès des gens d’armes du parti d’Orléans. Il fait dire au roi : « Nous feusmes deuement et souffisamment informés qu’ils tendoient à débouter du tout Nous et notre génération de notre royaume et seigneurie. » (Bibl. royale, mss., Fontanieu, 109-110, ann. 1412, 13 février, d’après un Vidimus de la vicomté de Rouen.)


126 — page 175Au front de la cathédrale de Chartres, on sculpte la figure de la Liberté…

Voir le curieux rapport de M. Didron, dans le Journal de l’instruction publique, 1839.


127 — page 178, noteClémengis implore l’intervention du Parlement…

« O clarissimi præsides regiorum tribunalium, cæterique celeberrimi judices, qui illam egregiam Curiam illustratis, expergiscimini tandem aliquando, et regni non dico statum, quia non stat, sed miserabilem lapsum aspicite… (Le juge doit comme le médecin) non tantum morbis cum exorti fuerint subvenire, sed præstantiori etiam cum gloria, salubri ante præservatione, ne oriantur prospicere. » (Nic. Clemeng., Epistol., t. II, p. 284.)


128 — page 180Ce long travail de la transformation du droit…

Il est curieux d’observer le commencement de ce grand travail dans les registres dits olim. On y trouve déjà des détails curieux sur la procédure. Deux employés des Archives, MM. Dessalles et Duclos, en préparent la publication sous la direction de M. le comte Beugnot. Voir subsidiairement les notices de MM. Klimrath, Taillandier et Beugnot, sur nos anciens livres de droit et sur l’immense collection des registres du Parlement. — Toutefois il ne faut pas oublier que ces registres, même les Olim, que ces livres, même ceux du treizième siècle, contiennent moins le droit du moyen âge que la destruction du droit du moyen âge. Il faudrait remonter au droit féodal, au droit ecclésiastique, tels qu’on les trouve dans les chartes, dans les canons, dans les rituels, dans les formules et symboles juridiques.


129 — page 180Le Parlement avait porté une sentence de mort et de confiscation contre le comte de Périgord…

Il serait plus exact de dire : Comte en Périgord. Il n’avait guère que la neuvième partie du département actuel de la Dordogne (mss. inédits de M. Dessalles sur l’histoire du Périgord). D’après une chronique ms. qu’a retrouvée M. Mérilhou, la chute du dernier comte aurait été décidée par un rapt qu’il essaya de faire sur la fille d’un consul de Périgueux, pendant une procession. Le procès énumère bien d’autres crimes. Rien n’est plus curieux pour faire connaître les détails de cette interminable guerre entre les seigneurs et les gens du roi. Le principal grief c’est que, à en croire l’accusation, le comte disait qu’il voulait être roi et agissait comme tel : « Jactabat palam et publice fore se regem…, certumque judicem pro appellationibus decidendis… constituerat… a quo non permittebat ad Nos vel ad… Curiam appellare. » (Archives, Registres du Parlement, Arrêts criminels, reg. XI, ann. 1389-1396.)


130 — page 183La plupart des collèges, etc.

Du Boulay donne tout au long les constitutions de ces collèges, t. IV et V.


131 — page 185Les Carmes voulaient remonter plus haut que le christianisme…

Cette prétention produisit au dix-septième siècle une vive polémique entre les Carmes et les Jésuites. Ceux-ci, qui n’aimaient guère plus la poésie du moyen âge que la philosophie moderne, attaquèrent durement l’histoire d’Élie ; ils prirent une massue de science et de critique pour écraser la frêle légende. Les Carmes, en représailles, firent proscrire en Espagne les Acta des Bollandistes. (Héliot, Histoire des Ordres monastiques, t. I, p. 305-310.)


132 — page 185La remontrance de l’Université au roi…

Le passage le plus important est celui où l’on compare les dépenses de la maison royale à des époques différentes : « Ad priscorum regum, reginarum ac liberorum suorum continuendum statum magnificum et quotidianas expensiones 94,000 francorum auri abunde sufficiebant, indeque creditores debite contentabantur ; quod utique modo non fit, quamvis ad prædictos usus 450,000 annuatim recipiant. » (Religieux, ms., folio 761.)


133 — page 187Les maîtres bouchers…

Cette antique corporation ne fit pas inscrire ses règlements parmi ceux des autres métiers, lorsque le prévôt Étienne Boileau les recueillit sous saint Louis. Sans doute les bouchers aimèrent mieux s’en fier à la tradition, à la notoriété publique, et à la crainte qu’ils inspiraient. V. M. Depping, Introd. aux Règlements d’Ét. Boileau, p. LVI ; et Lamare, Traité de la police, t. II, liv. V, tit. XX.


134 — page 187Ces étaux passaient, comme des fiefs, d’hoir en hoir, etc.

Félibien, t. II, p. 753. Sauval, t. I, 634, 642. V. aussi les Ordonnances, passim. L’une des plus curieuses est celle qui fixe la redevance de chaque nouveau boucher envers le cellérier et le concierge « de la Court-le-Roy » (du Parlement). (Ordonnances, t. VI, p. 597, ann. 1381.)


135 — page 188Le boucher Alain y achète une lucarne pour voir la messe de chez lui…

« Une vue de deux doigts de long sur deux de large. » (Vilain, Histoire de Saint-Jacques-la-Boucherie, p. 54, ann. 1388, 1405.)


136 — page 189Leur crainte était que le dauphin ne ressemblât à son père…

« Si ab aliquo præpotente (ut publice ferebatur) inducti ad hoc fuerint tunc non habui pro comperto ; eos tamen non ignoro ducis Guyennæ nocturnas et indecentes vigilias, ejus commessationes et modum inordinatum vivendi molestissime tulisse, timentes, sicut dicebant, ne infirmitatem paternæ similem incurreret in dedecus regni. » (Religieux, ms., folio 778.)


137 — page 192L’hygiène appliquée à la politique, etc.

V. le sermon de Gerson sur la santé corporelle et spirituelle du roi, et la lettre de Clémengis, intitulée : « De politiæ Gallicanæ ægritudine, per metaphoram corporis humani lapsi et consumpti. (Nic. Clemeng. Epist., t. II, p. 300.) Ces comparaisons abondent encore au dix-septième siècle, et jusque dans les préfaces de Corneille.


138 — page 195Les Gantais voulurent garder le fils du duc de Bourgogne…

Ce fait si important ne se trouve que dans le Religieux. Les historiens du parti bourguignon, Monstrelet, Meyer, n’en disent rien. Meyer passe sur tout cela comme sur des charbons. — Ce fut Paris qui s’entremit en cette affaire pour ceux de Gand : « Regali consilio (præpositi mercatorum et scabinorum Parisiensium validis precibus) ut Dominus Comes de Charolois, primogenitus ducis Burgundiæ, cum uxore sua, filia Regis, in Flandriam duceretur…, Gandavensium burgenses obtinuerunt. » (Religieux, ms., 723 verso.)


139 — page 197Les Universitaires se réunirent au couvent des Carmes…

Lisez cette grande scène dans Juvénal des Ursins, p. 251-252. Cet historien médiocre, qui semble ordinairement se contenter d’abréger le Religieux, présente cependant de plus quelques détails importants qu’il avait appris de son père.


140 — page 198Le seul Pavilly s’obstina, etc.

Juvénal affirme, avec une légèreté malveillante, que le Carme tirait de l’argent de tout cela. Quelqu’un, dit-il, parla pour sauver Desessarts qui était au Châtelet, en grand danger : « Mais le dit de Pavilly qui tendoit fort au profit de sa bourse, et s’intéressoit fort avec les Gois, Saintyous et leurs alliez, voulust montrer que la prise des personnes estoit dument faite et qu’il falloit ordonner commissaires pour faire leur procès. » (Juvénal des Ursins, p. 252.)


141 — page 199 — « Il y a de mauvaises herbes au jardin de la reine »…

Jean de Troyes avait déjà employé la même métaphore : « Eradicentur herbæ malæ, ne impediant florem juventutis vestræ virtutum fructus odoriferos producere. » (Religieux, ms., 785 verso.) — Cette poésie de jardinage plaisait fort au peuple des villes, toujours enfermé, et d’autant plus amoureux de la campagne qu’il ne voyait pas. On la retrouve partout dans les Meistersaengers, dans Hans Sachs, etc. Il est vrai qu’elle n’y est pas mise à l’usage du meurtre, comme ici.


142 — page 201Sauf quelques articles trop minutieux et d’une rédaction enfantine, etc.

V. l’article sur « Nostre bonne couronne desmembrée, et les flourons d’icelle baillez en goige… » (Ordonnances, t. X, p. 92) ; et l’article sur les aides de guerre, dont l’argent sera serré « en un gros coffre, qui sera mis en la grosse tour de Nostre Palais ou ailleurs en lieu sûr et secret, ouquel coffre aura trois clefs… » (Ibid., p. 96.)


143 — page 207Jean Courtecuisse, célèbre docteur de l’Université, prêcha sur l’excellence de l’ordonnance…

Du Boulay rapporte à tort ce sermon à l’année 1403. Cependant le titre qu’il lui donne lui-même devait l’avertir qu’il est de 1413. Aura-t-il craint, pour l’honneur de l’Université, d’avouer les liaisons d’un de ses plus grands docteurs avec les Cabochiens ?


144 — page 208Ils commencèrent le pont Notre-Dame…

« Cedit jour fut nommé le pont de la Planche de Mibray le Pont Nostre-Dame, et le nomma le roi de France Charles, et frappa de la trie sur le premier pieu, et le duc de Guienne, son fils, après, et le duc de Berry, et le duc de Bourgogne, et le sire de la Trémouille. » (Journal du Bourgeois de Paris, 10 mai 1413, éd. Buchon, t. XV, p. 182.)


145 — page 211La religion de la royauté était encore entière et le fut longtemps…

Voyez si longtemps après l’extrême timidité du chef de la Fronde. Il eut peur des États généraux (Retz, livre II), peur de l’union des villes (livre III) : « J’en eus scrupule », dit-il. Il eut peur encore de se lier avec Cromwell. Mazarin, tout en défendant l’autorité royale qui était la sienne, avait apparemment moins de scrupule, s’il est vrai qu’après la mort de Charles Ier il ait dit dans sa prononciation italienne : « Ce M. de Cromwell est né houroux (heureux). »


146 — page 211L’avocat général Juvénal…

Voyez au Musée de Versailles la longue et piteuse figure de Juvénal, et la rouge trogne de son fils l’archevêque. Le père n’en fut pas moins un excellent citoyen. Son fils rapporte un trait admirable de sa fermeté à l’égard du duc de Bourgogne, p. 222, note 2.


147 — page 213Le charpentier Guillaume Cirasse…

V. les armoiries de Guillaume Cirasse, dans le Recueil des armoiries des prévôts et échevins de Paris (exemplaire colorié à la Bibl. du cabinet du roi, au Louvre).


148 — page 215, note 2Le roi désirait fort traiter, etc.

Un grand seigneur vient trouver le roi au matin pour l’animer contre les Bourguignons. « Le roy estant en son lict, ne dormoit pas et parloit en s’esbatant avec un de ses valets de chambre, en soy farsant et divertissant. Et ledit seigneur vint prendre par dessous la couverture le roy tout doucement par le pied, en disant : Monseigneur, vous ne dormez pas ? Non, beau cousin, lui dit le roy, vous soyez le bien venu, voulez-vous rien ? y a t’il aucune chose de nouveau ? Nenny, Monseigneur, luy respondit-il, sinon que vos gens qui sont en ce siège, disent que tel jour qu’il vous plaira, verrez assaillir la ville, où sont vos ennemis et ont espérance d’y entrer. Lors le roi dit que son cousin le duc de Bourgogne vouloit venir à raison, et mettre la ville en sa main, sans assaut, et qu’il falloit avoir paix. A quoy ledit seigneur respondit : Comment, Monseigneur, voulez-vous avoir paix avec ce mauvais, faux, traistre et desloyal, qui si faussement et mauvaisement a faict tuer vostre frère ? Lors le roy, aucunement desplaisant, luy dit : Du consentement de beau fils d’Orléans, tout lui a esté pardonné. Hélas ! Sire, répliqua ledit seigneur, vous ne le verrez jamais vostre frère… Mais le roy lui respondit assez chaudement : Beau cousin, allez-vous-en ; je le verray au jour du Jugement. » (Juvénal, p. 2-3.)


149 — page 217Dès qu’il s’agit de l’Église, Gerson est républicain…

V. les œuvres de Gerson (éd. Du Pin), surtout au tome IV, et les travaux estimables de MM. Faugère, Schmidt et Thomassy. Je parlerai ailleurs de ceux de MM. Gence, Gregori, Daunou, Onésyme Leroy, et en général des écrivains qui ont débattu la question de l’Imitation.


150 — page 221L’augmentation des dépenses tenait à l’avillissement progressif du prix de l’argent…

Clémengis s’étonne de ce qu’un monastère qui nourrissait primitivement cent moines n’en nourrit plus que dix (p. 19). Qui ne sait combien en deux ou trois siècles changent et le prix des choses et le nombre de celles qu’on juge nécessaires ? Pour ne parler que d’un siècle, quelle grande maison pourrait être défrayée aujourd’hui d’après le calcul que madame de Maintenon fait pour celle de son frère ? Voir, entre autres ouvrages, une brochure de M. le comte d’Hauterive : Faits et observations sur la dépense d’une des grandes administrations, etc. ; deux autres brochures de M. Eckard : Dépenses effectives de Louis XIV en bâtiments au cours du temps des travaux de leur évaluation, etc., etc.


151 — page 222Clémengis… d’Ailly…

Je ne veux pas contester le mérite réel de ces deux personnages qui furent tout à la fois d’éminents docteurs et des hommes d’action. D’Ailly fut l’une des gloires de la grande école gallicane du collège de Navarre ; il y forma Clémengis et Gerson. Clémengis est un bon écrivain polémique, mordant, amusant, salé (comme aurait dit Saint-Simon). V. le tableau qu’il fait de la servilité du pape d’Avignon, dans le livre de la Corruption de l’Église (p. 26). La conclusion du livre est très éloquente. C’est une apostrophe au Christ ; les protestants peuvent y voir une prophétie de la Réforme : « Si tuam vineam labruscis senticosisque virgultis palmites suffocantibus obseptam, infructiferam, vis ad naturam reducere, quis melior modus id agendi, quam inutiles stirpes eam sterilem efficientes quæ falcibus amputatæ pullulant, radicitus evellere, vineamque ipsam aliis agricolis locatam novis rursum autiferacibus et fructiferis palmitibus inserere ?… Hæc non nisi exigua sunt dolorum initia et suavia quædam eorum quæ supersunt præludia. Sed tempus erat, ut porlum, ingruente jam tempestate, peteremus, nostræque in his periculis saluti consuleremus, ne tanta procellarum vis, quæ laceram Petri naviculam validiori turbinis impulsu, quam ullo alias tempore concussura est, in mediis nos fluctibus, cura his qui merito naufragio perituri sunt, absorbeat. » (Nic. Clemeng. De corrupto Ecclesiæ statu, t. I, p. 28.)


152 — page 223… le piquant réquisitoire du concile contre les deux papes réfractaires…

Concilium Pisanum, ap. Concil., éd. Labbe et Cossart, 1671 ; t. XI, pars II, p. 2172 et seq.


153 — page 224Ces ennemis acharnés s’entendaient au fond à merveille…

« Habentes facies diversas…, sed caudas habent ad invicem colligatas, ut de vanitate conveniant. » (Ibid., p. 2183.) — « … Volebat unum pedem tenere in aqua et alium in terra. » (Ibid., p. 2184.)


154 — page 225Lorsque Valla élevait les premiers doutes sur l’authenticité des décrétales…

Non seulement Valla, mais Gerson, dans son épître De modis uniendi ac reformandi Ecclesiam, p. 166. Sur Valla, lire un article excellent de la Biographie universelle (par M. Viguier), t. XLVII, p. 345-353. — « Des papes ont permis à Ballerini de critiquer, à Rome même, les fausses décrétales. Pourquoi ne les ont-ils pas révoquées ? Pour la même raison que les rois de France n’ont pas révoqué les fables politiques relatives aux douze pairs de Charlemagne, ni les Empereurs celles qui se rattachent à l’origine des cours Weimiques, etc. » Telle est la réponse de l’ingénieux M. Walter. (Walter, Lerhbuch des Kirchenrechts, Bonn, 1829, p. 161.)


155 — page 226Raymond Lulle pleura aux pieds de son Arbor, qui finissait la scolastique…

Voir la curieuse préface. (Raymond Lullii Majoricensis, illuminati patris, Arbor scientiæ, Lugduni, 1636, in-4o, p. 2 et 3.)


156 — page 226… renouveler…

Ce verbe, employé comme neutre, avait bien plus de grâce. Je crois qu’on y reviendra. V. Charles d’Orléans (p. 48) : « Tous jours sa beauté renouvelle. » Et Eustache Deschamps (p. 99) : « De jour en jour votre beauté renouvelle. »


157 — page 227Au moment où l’Anglais allait fondre sur la France, etc.

« Licet quis contemnendum esse, quantum ad bella pertinet, ducem Lotharingiæ, nec tantis pollere viribus, ut domui audeat Franciæ bellum inferre, non parvus debet hostis videri quem Deus excitat et propter aliorum adjuvat facinora. » (Nic. Clemengis, t. II, p. 257.) — On voit de même dans les lettres de Machiavel qu’à la veille d’être conquise par les Espagnols, l’Italie ne craignait que les Vénitiens. Il écrit aux magistrats de Florence : « Vos Seigneuries m’ont toujours dit que la liberté de l’Italie n’avait à craindre que Venise. » (Machiavel, Lettre de février ou mars 1508.)


158 — page 230Sur les cinquante-trois mille fiefs en Angleterre, l’Èglise en possédait vingt-huit mille…

Turner, The History of England, during the middle âges (éd. 1830), vol. III, p. 96. — On assurait récemment que le clergé anglican avait encore aujourd’hui un revenu supérieur à celui de tout le clergé de l’Europe. Ce qui est sûr, c’est que l’archevêque de Cantorbéry a un revenu quinze fois plus grand que celui d’un archevêque français, trente fois plus grand que celui d’un cardinal à Rome. (Statistics of the Church of England, 1836, p. 5.) V. aussi trois Lettres de Léon Faucher (Courrier français, juillet, août 1836).


159 — page 232, noteLe droit d’aînesse en Angleterre…

Le 12 avril 1836, M. Ewart voulait présenter un bill statuant que, au moins dans les successions ab intestat, les propriétés foncières seraient partagées également entre les enfants ; sir John Russel a parlé contre, et la motion a été rejetée à une forte majorité.


160 — page 237Shakespeare ennemi des sectaires de tout âge…

Shakespeare a fait de rares allusions aux puritains naissants, toutes malveillantes. Voir entre autres celle qui se trouve dans Twelfth Night, act. III, scène ii. — Quant à Falstaff, j’aurai occasion d’y revenir.


161 — page 239, noteL’examen d’Oldcastle par l’archevêque de Cantorbéry, etc.

« Dominus Cantuariensis gratiose se obtulit, et paratum fore promisit ad absolvendum eum ; sed ille… petere noluit… Cui compatiens dominus Cant. dixit : Caveatis… Unde dominus Cant. sibi compatiens… Cui archiepiscopus affabiliter et suaviter… Consequenter dominus Cant. suavi et modesto modo rogavit… Quibus dictis dominus Cant. flebili vultu eum alloquebatur… Ergo, cum magna cordis amaritudine, processit ad prolationem sententiæ. » (Walsingham, p. 384.) — Elmham célèbre en prose et en vers les exécutions et les processions. « Rege jubente… Regia mens gaudet. » (Turner, vol. III, p. 142.)


162 — page 240Henri V écrivit aux prélats…

De arraiatione cleri : « Prompti sint ad resistendum contra malitiam inimicorum regni, ecclesiæ, etc. » Rymer, 3e éd., vol. IV, pars I, p. 123 ; 28 mai 1415.)


163 — page 240Il complétait ses préparatifs…

Traité pour avoir des vaisseaux de Hollande, 18 mars 1415. Presse des navires, 11 avril ; des armuriers (operariis arcuum, etc., tam intra libertates quam extra), le 20 ; presse des matelots, le 3 mai ; recherche de charrettes, le 16 ; achat de clous et de fers de chevaux, le 25 ; achat de bœufs et vaches, le 4 juin ; ordre pour cuire du pain et brasser de la bière, le 27 mai ; presse des maçons, charpentiers, serruriers, etc. ; — 5 juin, négociations avec le Gallois Owen Glendour ; 24 juillet, testament du roi ; défense de la frontière d’Écosse ; négociations avec l’Aragon, avec le duc de Bretagne, avec le duc de Bourgogne, 10 août ; Bedford nommé gardien de l’Angleterre, 11 août ; au maire de Londres, 12, etc. (Rymer, t. IV, p. I, p. 109-146.)


164 — page 242Le roi réunit la plus forte armée, etc.

Tels sont les nombres indiqués par Monstrelet, t. III, p. 313. Lefebvre dit : huit cents bâtiments. Rien n’est plus incertain que les calculs de ce temps. Lefebvre croit que le roi de France avait deux cent mille hommes devant Arras, en 1414 ; Monstrelet en donne cent cinquante mille aux Français à la bataille d’Azincourt. Je crois cependant qu’il a été mieux instruit sur le nombre réel de l’armée anglaise à son départ.


165 — page 246Un prêtre anglais nous apprend, etc.

Ms. cité par sir Harris Nicolas, dans son Histoire de la bataille d’Azincourt (1832), p. 129. Ce remarquable opuscule offre toute l’impartialité qu’on devait attendre d’un Anglais judicieux, qui d’ailleurs n’a pas oublié l’origine française de sa famille. Qu’il me soit permis de faire remarquer en passant que beaucoup d’étrangers distingués descendent de nos réfugiés français : sir Nicolas, miss Martineau, Savigny, Ancillon, Michelet de Berlin, etc.


166 — page 246Tous les habitants d’Harfleur furent chassés de la ville…

Le chapelain rapporte les lamentations de ces pauvres gens, et il ajoute, avec une bien singulière préoccupation anglaise, qu’après tout ils regrettaient une possession à laquelle ils n’avaient pas droit : « For the loss of their accustomed, though unlawful, habitations. » V. Sir Nicolas, p. 214.


167 — page 247Henri V déclara que d’Harfleur il irait jusqu’à Calais…

Cette expédition a été racontée par trois témoins oculaires qui tous trois étaient dans le camp anglais : Hardyng, un chapelain d’Henri V, et Lefebvre de Saint-Remy, gentilhomme picard, du parti bourguignon, qui suivit l’armée d’Henri. Il n’y a qu’un témoin de l’autre parti, Jean de Vaurin, qui n’ajoute guère au récit des autres. Je suivrai volontiers les témoignages anglais. L’historien français qui raconte ce grand malheur national doit se tenir en garde contre son émotion, doit s’informer de préférence dans le parti ennemi.


168 — page 248Le duc de Lorraine à lui seul amenait cinquante mille hommes…

Lettre du gouverneur de Calais Bardolf, au duc de Bedford : « Plaise à vostre Seigneurie savoir, que par les entrevenans divers et bonnes amis, repairans en ceste ville et marche, aussi bien hors des parties de Fraunce, comme de Flaundres, me soit dit et rapporté plainement que sans faulte le Roi nostre Seigneur… ara bataille… au plus tarde, deins quinsze jours… que le duc de Lorenne ait assembleie… bien cinquant mille hommes, et que, mes qu’ils soient tous assemblées, ilz ne seront moins de cent mille ou pluis. » (Rymer, t. IV, p. I, p. 147, 7 octobre 1415.)


169 — page 249Des Picards se joignirent aux Anglais, et peut-être les guidèrent…

Lorsqu’on voit un de ces Picards, l’historien Lefebvre de Saint-Remy, après avoir combattu pour les Anglais à Azincourt, devenir le confident de la maison de Bourgogne, la servir dans les plus importantes missions (Lefebvre, prologue, t. VII, p. 258), et enfin vieillir dans cette cour comme héraut de la Toison d’or, on est bien tenté de croire que Lefebvre, quoique jeune alors, fut l’agent bourguignon près d’Henri V. Il ne vint pas seulement pour voir la bataille ; les détails minutieux qu’il donne (p. 499) portent à croire qu’il suivit l’armée anglaise, dès son entrée en Picardie. V. sur Lefebvre la Notice de mademoiselle Dupont (Bulletin de la Société de l’histoire de France, tome II, lre partie). La savante demoiselle a refait toute la vie de Lefebvre ; elle a prouvé qu’il avait généralement copié Monstrelet ; il me paraît toutefois qu’en copiant il a quelque peu modifié le récit des faits dont il avait été témoin oculaire.


170 — page 250Un homme du pays vint dire, etc.

Les deux Bourguignons Monstrelet et Lefebvre ne disent rien de ceci. Ce sont les Anglais qui nous l’apprennent : « But suddenly, in the midst of their despondency, one of the villagers communicated to the king the invaluable information… » (Turner, t. II, p. 423.)


171 — page 251Le duc de Berri voulait que les partis d’Orléans et de Bourgogne envoyassent chacun cinq cents lances…

Il avait d’abord fait écrire en ce sens aux deux ducs, avec défense de venir en personne ; c’est ce qu’assure le duc de Bourgogne dans la lettre au roi. (Juvénal des Ursins, p. 299.)


172 — page 253Bataille d’Azincourt…

Lefebvre, t. VIII, p. 511. — Religieux, ms., 945 verso. — Jehan de Vaurin, Chroniques d’Angleterre, vol. V, partie I, chap. ix, folio 15, verso ; ms. de la Bibliothèque royale, no 6756. — Jean de Vaurin était à la bataille, comme Lefebvre, mais de l’autre côté : « Moy, acteur de ceste euvre, en scay la vérité, car en celle assemblée estoie du costé des François. »


173 — page 260Alors survinrent les Anglais, etc.

« Ictus reiterabant mortales, inusitato etiam armorum genere usi quisque eorum in parte maxima clavam plumbeam gestabant, quæ capiti alicujus afflicta mox illum præcipitabat ad terram moribundum. » (Religieux de Saint-Denis, ms., fol. 950.)


174 — page 260Puis, c’est le duc d’Alençon, etc.

Cet embellissement est de la façon de Monstrelet, t. III, p. 355. Il le place hors du récit de la bataille, après la longue liste des morts. Lefebvre, témoin oculaire, n’a pu se décider à copier ici Monstrelet.


175 — page 262Le lendemain le vainqueur prit ou tua ce qui pouvait rester en vie…

Lefebvre, t. VIII, p. 16-17. — Monstrelet, t. III, p. 347. Je ne sais d’après quel auteur M. de Barante a dit : « Henri V fit cesser le carnage et relever les blessés. » (Hist. des ducs de Bourgogne, 3e édit., t. IV, p. 250.)


176 — page 262, note 3Le connétable d’Albret…

Le Religieux revient fréquemment (fol. 940, 946, 948) sur ces bruits de trahison, qui probablement circulaient surtout à Paris, sous l’influence secrète du parti bourguignon. — Nulle part ces accusations ne sont exprimées avec plus de force que dans le récit anonyme qu’a publié M. Tailliar : « Charles de Labrech, connétable de Franche, alloit bien souvent boire et mangier avec le Roi en l’ost des Englès… Li connétables se tenoit en ses bonnes villes et faisoit défendre de par le roi de Franche que on ne le combattesit nient. » Cette dernière accusation, si manifestement calomnieuse, ferait soupçonner que cette pièce est un bulletin du duc de Bourgogne. Au reste, l’auteur confond beaucoup de choses ; il croit que c’est Clignet de Brabant qui pilla le camp anglais, etc. Dans la même page, il appelle Henri V tantôt roi de France, tantôt roi d’Angleterre. (Archives du nord de la France et du midi de la Belgique (Valenciennes), 1839.)


177 — page 263Le fils du duc de Bourgogne fit à tous les morts la charité d’une fosse…

Monstrelet, t. III, p. 358. Selon le récit anonyme publié par M. Tailliar, on ne put jamais savoir le vrai nombre des morts ; ceux qui les avaient enfouis, jurèrent de ne point le révéler. (Archives du nord de la France (Valenciennes), 1839.)


178 — page 266Les Français nourrirent les Anglais…

« De suis victualibus refecerunt. » (Walsingham, p. 342.) — Walsingham ajoute une observation de la plus haute importance : « Nempe mos est utrique genti, Angliæ scilicet atque Galliæ, licet sibimet in propriis sint infesti regionibus, in remotis partibus tanquam fratres subvenire, et fidem ad invicem inviolabilem observare. » (Walsingham, ibid.) — C’est qu’en effet, ce sont des frères ennemis, mais après tout des frères.


179 — page 266… des vers charmants, pleins de bonté et de douceur d’âme…

Malgré cette douceur de caractère, Charles d’Orléans avait eu quelques pensées de vengeance après la mort de son père. Les devises qu’on lisait sur ses joyaux, d’après un inventaire de 1409, semblent y faire allusion : « Item une verge d’or, ou il a escript, Dieu le scet. — Item une autre verge d’or où il est escript, il est loup. — Item une autre verge d’or plate en laquelle est escript, Souviegne vous de. — Item deux autres verges d’or es quelles est escript, Inverbesserin. — Item ung bracelet d’argent esmaillié de vert et escript, Inverbesserin. (Inventoire des joyaulx d’or et d’argent, que monseigneur le duc d’Orléans a pardevers lui, fait à Blois en la présence de mondit seigneur, par monseigneur de Gaule et par monseigneur de Chaumont, le iiie jour de décembre, lan mil cccc et neuf, et escript par moy Hugues Perrier, etc. » Cette pièce curieuse a été trouvée dans les papiers des Célestins de Paris. (Archives du royaume, L, 1539.)


180 — page 266Charles d’Orléans passa de longues années à Pomfret, traité honorablement…

V. le détail curieux d’un achat de quatorze lits pour les principaux prisonniers : oreillers, traversins, couvertures, plume, satin, toile de Flandre, etc. (Rymer, 3e édit., t. IV, p. I, p. 155, mars 1416.)


181 — page 267Notre Béranger du quinzième siècle…

Pour compléter un Béranger de ce temps-là, il faudrait joindre à Charles d’Orléans Eustache Deschamps. Il représente Béranger par d’autres faces, par ses côtés patriotique, satirique, sensuel, etc. V. la pièce : « Paix n’aurez jà, s’ils ne rendent Calais », p. 71. — Il s’élève quelquefois très haut. Dans la ballade suivante, il semble comprendre le caractère titanique et satanique de la patrie de Byron. V. mon Introduction à l’Histoire universelle :

Selon le Brut, de l’isle des Géans,
Qui depuis fut Albions appelée,

Peuple maudit, tar dis en Dieu créans,
Sera l’isle de tous poins désolée.
Par leur orgueil vient la dure journée
Dont leur prophète Merlin
Pronostica leur dolereuse fin,
Quant il escript : Vie perdrez et terre.
Lors monstreront estrangiez et voisins :
Au temps jadis estoit cy Angleterre.
.............
Visaige d’ange portez (angli angeli), mais la pensée
De diable est en vous tou dis sortissans
A Lucifer.....
Destruîz serez ; Grecs diront et Latins :
Au temps jadis estoit cy Angleterre.


182 — page 267Le sourire y est près des larmes…

« Fortune, vueilliez-moi laisser », p. 170 (Poésies de Charles d’Orléans, éd. 1803). — « Puisque ainsi est que vous allez en France, Duc de Bourbon, mon compagnon très-cher », p. 206. — « En la forêt d’ennuyeuse tristesse », p. 209. — « En regardant vers le pays de France », p. 323. — « Ma très doulce Valentinée, Pour moy fustes-vous trop tôt née », p. 269.

C’est l’inspiration des vers de Voltaire :

Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours…

Et celle de Béranger :

Vous vieillirez, ô ma belle maîtresse,
Vous vieillirez, et je ne serai plus…


183 — page 268, note 1Il y a pourtant un vif mouvement de passion, etc.

Le pauvre prisonnier eut encore un autre malheur : il fut toujours amoureux ; bien des vers furent adressés par lui à une belle dame de ce côté-ci du détroit. Les Anglaises, probablement meilleures pour lui que les Anglais, n’en ont pas gardé rancune, s’il est vrai qu’en mémoire de Charles d’Orléans et de sa mère Valentine, elles ont pris pour fête d’amour la Saint-Valentin. V. Poésies de Charles d’Orléans, éd. 1803.


184 — page 268C’est l’alouette, rien de plus…

Le temps a quitté son manteau
De vent, de froidure et de pluie…

(Idem, p. 257.)

Ces jolis chants d’alouette font penser à la vieille petite chanson, incomparable de légèreté et de prestesse :

J’étais petite et simplette
Quand à l’école on me mit
Et je n’y ai rien appris…
Qu’un petit mot d’amourette…
Et toujours je le redis,
Depuis qu’ay un bel amy.


185 — page 271Moururent en quelques mois… le dauphin, etc.

« Ce dit jour Mons. Loiz de France, ainsné filz du Roy, notre Sire, Dauphin de Viennoiz et duc de Guienne, moru, de laage de vint ans ou environ, bel de visaige, suffisamment grant et gros de corps, pesans et tardif et po agile, voluntaire et moult curieux à magnificence dabiz et joiaux circa cultum sui corporis, désirans grandement grandeur, oneur de par dehors, grant despensier à ornemens de sa chapelle privée, à avoir ymages grosses et grandes dor et dargent, qui moult grant plaisir avoit à sons dorgues, lesquels entre les autres oblectacions mondaines hantoit diligemment, si avoit-il musiciens de bouche ou de voix, et pour ce avoit chapelle de grant nombre de jeune gent ; et si avoit bon entendement, tant en latin que en françois, mais il emploioit po, car sa condicion estoit demploier la nuit à veiller et po faire, et le jour à dormir ; disnoit à III ou IV heures après midi, et soupoit à minuit, et aloit coucher au point du jour et à soleil levant souvant, et pour ce estoit aventure qu’il vesquit longuement. » (Archives du royaume, Registres du Parlement, Conseil, XIV, f. 39, verso, 19 décembre 1415.)


186 — page 271, note 3Les Anglais chantaient des Te Deum et des ballades.

As the King lay musing on his bed,
He thought himself upon a time,
Those tributes due from the French King,
That had not been paid for so long a time
Fal, lal, lal, lal, laral, laral, la.
He called unto his lovely page,
His lovely page away came he…, etc.

(Ballade citée par Sir Harris Nicolas, Azincourt, p. 78.)

187 — page 274Plutôt que de recevoir les Gascons, Rouen tua son bailli, etc.

M. Chéruel a trouvé des détails curieux dans les archives de Rouen. (Chéruel, Histoire de Rouen sous la domination anglaise, p. 19. Rouen, 1840.)


188 — page 276Le roi d’Angleterre exceptait de la capitulation quelques-uns des assiégés, etc.

« Ut rei læsæ majestatis. » (Religieux, ms., folio 79.) Ce point de vue des légistes anglais qui suivaient le roi est mis dans son vrai jour au siège de Meaux. (Ibid., folio 176.)


189 — page 277, note 2Armagnac persévérait dans son attachement à Benoît XIII

V. la déclaration de la reine contre lui. (Ordonnances, t. X, p. 436.)


190 — page 279Un Lambert commença à pousser le peuple au massacre des prisonniers…

Le Bourgeois devient poète tout à coup, pour parer le massacre de mythologie et d’allégories : « Le dimanche ensuivant, 12 jour de juing, environ onze heure de nuyt, on cria alarme, comme on faisoit souvent alarme à la porte Saint-Germain, les autres crioient à la porte de Bardelles. Lors s’esmeut le peuple vers la place Maubert et environ, puis après ceulx de deçà les pons, comme des halles, et de Grève et de tout Paris, et coururent vers les portes dessus dites ; mais nulle part ne trouvèrent nulle cause de crier alarme. Lors se leva la Déesse de Discorde, qui estoit en la tour de Mauconseil, et esveilla Ire la forcenée, et Convoitise, et Enragerie et Vengeance, et prindrent armes de toutes manières, et boutèrent hors d’avec eulx Raison, Justice, Mémoire de Dieu… Et n’estoit homme nul qui, en celle nuyt ou jour, eust osé parler de Raison ou de Justice, ne demander où elle estoit enfermée. Car Ire les avoit mise en si profonde fosse, qu’on ne les pot oncques trouver toute celle nuyt, ne la journée ensuivant. Si en parla le Prévost de Paris au peuple, et le seigneur de L’Isle-Adam, en leur admonestant pitié, justice et raison ; mais Ire et Forcennerie respondirent par la bouche du peuple : Malgrebieu, Sire, de vostre justice, de vostre pitié et de vostre raison : mauldit soit de Dieu qui aura la pitié de ces faulx traistres Arminaz Angloys, ne que de chiens ; car par eulz est le royaulme de France destruit et gasté, et si l’avoient vendu aux Angloys. » (Journal du Bourgeois de Paris, t. XV, p. 234.)


191 — page 280Seize cents personnes périrent, etc.

Monstrelet, t. IV, p. 97. — Le greffier dit moins : « Jusques au nombre de huit cens personnes et au-dessus, comme on dit. » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIV, f. 139.)


192 — page 281Tout est tué au petit Châtelet…

« Tuèrent bien trois cens prisonniers. » (Monstrelet, t. IV, p. 120.) « Durant laquelle assemblée et commocion, furent tuez et mis à mort environ de quatre-vingt à cent personnes, entre lesquelles y ot trois ou quatre femmes tuées, si comme on disoit… » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIV, folio 142, verso, 21 août.)


193 — page 283Un traité récent avec les Anglais ne permettait pas au duc de Bourgogne d’appeler les Flamands…

Le traité probablement ne concernait que la Flandre. Tout le monde croyait que dans une entrevue avec Henri V à Calais il s’était allié à lui. Il existe un traité d’alliance et de ligue, où le duc reconnaît les droits d’Henri à la couronne de France, mais cet acte ne présente ni date précise ni signature. Il est probable que Jean-sans-Peur fit entendre au roi d’Angleterre que, s’il l’aidait activement, c’en était fait du parti bourguignon en France, qu’il servirait mieux les Anglais par sa neutralité que par son concours. (Rymer, 3e éd., t. IV, pars I, p. 177-178, octobre 1416.)


194 — page 285Chacun des princes prisonniers n’eut qu’un serviteur français…

Selon le Religieux. Mais Rymer indique un plus grand nombre.


195 — page 287Alain Blanchard…

Sur Alain Blanchard, V. la notice publiée par M. Auguste Le Prévôt, en 1826, l’Histoire de Rouen sous les Anglais, par M. Chéruel (1840), et l’Histoire du privilège de Saint-Romain, par M. Floquet, t. II, p. 548.


196 — page 287Le peuple de Rouen sortait à la fois par toutes les portes…

M. Chéruel, p. 46, d’après la chronique versifiée d’un Anglais qui était au siège. (Archæologia Britannica, t. XXI, XXII.) Ce curieux poème a été traduit par M. Potier, bibliothécaire de Rouen.


197 — page 288Rouen était plein de nobles et croyait être trahi.

« Les Engloys descendirent à la Hogue de Saint-Vaast, dimence 1er jour d’aost 1416, adonc estoit le dalphin de Vyane à Rouen avec sa forche ; et de là se partit à soy retraire à Paris, et laissa l’ainsné filz du comte de Harcourt, chapitaine du chastel et de la ville, et M. de Gamaches, bailly de la dicte ville, avenc grant quantité d’estrangiers qui gardoient la ville et la quidèrent pillier ; mès l’en s’en aperchut, et y out sur ce pourvéanche. Mais nonostant tout, fut levé en la ville une taille de 16,000 liv. et un prest de 12,000, et tout poié dedens la my-aost ensuivant. Et fu commenchement de malvèse estrenche ; et puis touz s’en alèrent au dyable. Et après euls y vint M. Guy le Bouteiller, capitaine de la ville, de par le duc de Bourgongne, avec 1,400 ou 1,500 Bourguégnons et estrangiers, pour guarder la ville contre les Engloys ; mais ils estoient miez Engloys que Franchoiz ; les quiez estoient as gages de la ville, et si destruioient la vitaille et la garnison de la ville. » (Chronique ms. du temps, communiquée par M. Floquet.)


198 — page 290, note 1Détresse de Rouen…

Archæologia, t. XXI, XXII. — M. Chéruel a trouvé un renseignement plus sérieux sur le prix des denrées ; par délibération du 7 octobre 1418, le chapitre fait fondre une châsse d’argent, et paye, entre autres dettes, soixante livres tournois (mille francs d’aujourd’hui ?) pour deux boisseaux de blé. (M. Chéruel, Rouen sous les Anglais, p. 53, d’après les registres capitulaires, conservés aux Archives départementales de la Seine-Inférieure.) Cet excellent ouvrage donne une foule de renseignements non moins précieux pour l’histoire de la Normandie et de la France en général.


199 — page 292Capitulation de Rouen, etc.

« Item, estoit octroyé par ledit seigneur Roi, que tous et chacun pourroient s’en retourner…, excepté Luc, Italien, Guillaume de Houdetot, chevalier bailly, Alain Blanchart, Jehan Segneult, maire, maître Robin Delivet, et excepté la personne qui, de mauvaises paroles et déshonnêtes, auroit parlé antiennement, s’il peut être découvert, sans fraude ou mal engyn… » (Vidimus de la capitulation de Rouen, aux Archives de Rouen, communiqué par M. Chéruel). Rymer donne le même acte en latin (t. IV, p. II, p. 82, 13 januar. 1419).


200 — page 292Rouen dut payer trois cent mille écus d’or…

« Januarii instantis, februarii instantis. » Les articles suivants prouvent qu’il s’agit bien de 1418, et non 1419. (Rymer, t. IV, p. II, p. 82.)


201 — page 294Henri V voulait marier en Allemagne son frère Bedford…

« Super sponsalibus inter Bedfordium et filiam unicam Fr. burgravii Nuremburiensis, filiam unicam ducis Lotaringiæ, aliquam consanguineam imperatoris. » (Rymer, t. IV, p. II, p. 100, 18 mart. 1419.)


202 — page 294Il voulait faire adopter son jeune frère, Glocester, à la reine de Naples, etc.

« Cum Johanna, regina Apuleæ, de adoptione Jobannis ducis Bedfordiæ. Dux mittat quinquaginta millia ducatorum, quousque fortalitia civitatis Brandusii erint ei consignata… Dux teneatur, intra octo menses, venire personaliter cum mille homiuibus armatis, 2,000 sagittariis. Non intromittet se de regimine regni, excepto ducatu Calabriæ quem gubernabit ad beneplacitum suum. » (Ibid., p. 98, 12 mart. 1419.)


203 — page 295Il mettait d’accord contre lui les Aragonais et les Castillans…

Les gens de Bayonne écrivent au roi d’Angleterre que « un balener armé a pris un clerc du roy de Castille », et qu’on a su par lui que quarante vaisseaux castillans allaient chercher des Écossais en Écosse, les troupes du dauphin à Belle-Isle, et amener toute cette armée devant Bayonne. (Rymer, t. IV, p. II, p. 128, 22 jul. 1419.) Les gens de Bayonne écrivent plus tard que les Aragonais vont se joindre aux Castillans pour assiéger leur ville. (Ibid., p. 132, 5 septembre.)


204 — page 295, note 2Le Normand Robert de Braquemont…

Je reviendrai sur cette famille illustre et sur les Béthencourt, alliés et parents des Braquemont, à qui ceux-ci cédèrent leurs droits sur les Canaries. V. Histoire de la conqueste des Canaries, faite par Jean de Béthencourt, escrite du temps même par P. Bontier et J. Leverrier, prestres, 1630. Paris, in-12.


205 — page 296Les Anglais n’étaient pas sans inquiétude.

« Nous ne savons plus, écrivait un agent anglais à Henri V, si nous avons la guerre ou la paix ; mais dans six jours… It is not knowen whethir we shall have werre or pees… But withynne six dayes… » (Rymer, ibid., p. 126, 14 jul. 1419.)


206 — page 300, noteLa mort du duc de Bourgogne fit un mal immense au dauphin…

« Pour occasion duquel fait plusieurs grans inconvéniens et domages irréparables sont disposez davenir et plus grans que paravant, à la honte des faiseurs, au dommage de mond. Seig. Dauphin principalment, qui attendoit le royaume par hoirrie et succession après le Roy notre souverain S. A quoy il aura moins daide et de faveur et plus dennemis et adversaires que par avant. » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIV, folio 193, septembre 1419.)


207 — page 305Derrière Henri V on portait sa bannière personnelle, la lance à queue de renard…

« Et portoit en sa devise une queue de renart de broderie. » (Journal du Bourgeois de Paris, t. XV, p. 275.) À l’entrée de Rouen, c’était une véritable queue de renard : « Une lance à laquelle d’emprès le fer avoit attaché une queue de renart en manière de penoncel, en quoi aucuns sages notoient moult de choses. » (Monstrelet, t. IV, p. 140.)


208 — page 305Le roi d’Angleterre fut bien reçu à Paris.

Le greffier même du Parlement partage l’entraînement général, à en juger par ses mentions continuelles de processions et supplications pour le salut des deux rois : « Furent moult joyeusement et honorablement receuz en la ville de Paris… » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIV, folio 224.)


209 — page 306Charles fut condamné au bannissement…

La sentence rendue par le roi de France, « de l’avis du Parlement », est placée par Rymer au 23 décembre 1420 : « Considérant que Charles soi-disant dauphin avoit conclu alliance avec le duc de Bourgogne… déclare les coupables de cette mort inhabiles à toute dignité. » — V. aussi le violent manifeste de Charles VI contre son fils : « Ô Dieu véritable, etc. », 17 janvier 1419. (Ord., t. XII, p. 273.) — Un acte plus odieux encore, c’est celui qui ordonne que les Parisiens seront payés de ce qui leur est dû sur les biens des proscrits, de manière à associer Paris au bénéfice de la confiscation. (Ord., t. XII, p. 281.) Cela fait penser aux statuts anglais qui donnaient part aux communes dans les biens des lollards.


210 — page 308, note 2Chronique de Georges Chastellain…

En citant pour la première fois Chastellain, je ne puis m’empêcher de remercier M. Buchon d’avoir recherché avec tant de sagacité les membres épars de cet éloquent historien. Espérons qu’on publiera bientôt le fragment qui manquait encore et que M. Lacroix vient de retrouver à Florence.


211 — page 308Les princes du Rhin tendaient la main à l’argent anglais…

Procuration du roi d’Angleterre au Palatin du Rhin pour recevoir l’hommage de l’électeur de Cologne. (Rymer, t. IV, p. I, p. 158-159, 4 mai 1416.) — Autre au Palatin du Rhin (pensionnaire de l’Angleterre), pour qu’il reçoive l’hommage des électeurs de Mayence et de Trèves. (Ibid., p. II, p. 102, 1 april. 1419.)


212 — page 310Les politiques doutaient fort de l’utilité du Concile de Constance…

Petrus de Alliaco, De Difficultate reformationis in concilio, ap. Von der Hardt, Concil. Constant., t. I, p. VI, p. 256. — Schmidt, Essai sur Gerson, p. 57 ; Strasb., 1839.


213 — page 313Jérôme de Prague était venu braver l’Université de Paris…

Royko, I theil, 112. Jean Huss avait, dit-on, défié l’Université de Paris : « Veniant omnes magistri de Parisiis ! Ego volo cum ipsis disputare qui libros nostros cremaverunt in quibus honor totius mundi jacuit ! » (Concil. Labbe, t. XII, p. 140.)


214 — page 314Gerson avait écrit à l’archevêque de Prague pour qu’il livrât Jean Huss au bras séculier…

« … Securis brachii secularis… In ignem mittens… misericordi crudelitate. Nimis altercando… deperdetur veritas… Vos brachium invocare viis omnibus convenit. » (Gerson. Epist. ad archiepisc. Prag., 27 mai 1414. — Bulæus, V, 270.)


215 — page 315, note 1Jean Huss et Jérôme de Prague…

V. les détails du supplice de Jean Huss et de Jérôme. (Monumenta Hussi, t. II, p. 515-521, 532-535.)


216 — page 316Les gallicans n’eurent pas la réforme…

Clémengis leur avait écrit pendant le concile qu’ils n’arriveraient à aucun résultat : « Excidit spes unicuique unquam videndæ unionis… Quis in re desperata suum libenter velit laborem impendere ? Ibit schisma Latinæ Ecclesiæ, cum schismate Græcorum, in incuriam atque oblivionem. » (Nic. Clemeng. Epist., t. II, p. 312.)


217 — page 319Jean Gerson…

Sur le tombeau de Gerson, et sur le culte dont il était l’objet jusqu’à ce que les Jésuites eussent fait prévaloir une autre influence, voyez l’Histoire de l’église de Lyon, par Saint-Aubin, et une lettre de M. Aimé Guillon, dans la brochure de M. Gence : Sur l’Imitation polyglotte de M. Montfalcon. Il n’existe qu’un portrait de Gerson, celui que M. Jarry de Mancy a donné dans sa Galerie des Hommes utiles, d’après un manuscrit.


218 — page 321À la prise de Meaux, trois religieux de Saint-Denis, etc.

« In horribili carcere cum vitæ austeritate detineri fecit. » — Le Religieux de Saint-Denis, sans être arrêté par les préjugés de sa robe, décide avec son bon sens ordinaire que, quoique moines, ils ont dû résister à l’ennemi : « Minus bene considerans quæ canunt jura, videlicet vim vi repellere omnibus cujuscumque status… licitum esse, pugnareque pro patria. » (Religieux, ms., fol. 176-177.)


219 — page 322Henri V charge l’archevêque de Cantorbéry et le cardinal de Winchester de percevoir…

« Exitus et proficus de wardis et maritagiis, ac etiam forisfacturas… Volentes quod H. Cantuariensis archiepiscopo, H. Wintoniensi cancellario nostro, et T. Dunolmensi episcopis, ac… militi nostro J. Rothenhale persolvantur. » (Rymer, t. IV, p. I, p. 150, 28 nov. 1415.)

Il fallait mettre Harfleur en état de défense…

Presse de maçons, tuiliers, etc., pour aller fortifier Harfleur. (Ibid., p. 152, 16 décembre 1415.)


220 — page 323, note 2Henri V reprochait au cardinal de Winchester d’usurper les droits de la royauté…

Voy. les lettres de pardon qu’il accorde. (Rymer, t. IV, p. II, p. 7, 23 juin 1417.) — Mais, tout vainqueur, tout populaire qu’était alors Henri V, il craignait ce dangereux prêtre. Il lui accorde une faveur le 11 septembre suivant, l’appelle son oncle, etc.


221 — page 326Les paysans souffrant des courses et des pillages du parti de Charles VII, etc.

C’est ce que disent du moins les historiens du parti bourguignon, Monstrelet et Pierre de Fenin : « Et en y eut plusieurs qui commencèrent à eux armer avec les Anglois, non pas gens de grand’autorité… » (Monstrelet, t. IV, p. 143.) — Pierre de Fenin assure même que « le povre peuple l’amoit sur tous les autres ; car il estoit tout conclu de préserver le menu peuple contre les gentis-hommes ». (Fenin, p. 187, dans l’excellente édition de mademoiselle Dupont, 1837.)


222 — page 329Les Anglais firent une charge meurtrière sur le petit peuple de Paris…

Monstrelet, t. IV, p. 277, 309. Les Parisiens finirent par comprendre ainsi que l’Anglais c’était l’ennemi. Ils en étaient déjà avertis par le langage. Les ambassadeurs anglais « requirent ledit président de exposer icelle créance, pour ce que chascun n’eut sceu bien aisément entendre leur françois langage… » (Archives, Registres du Parlement, Conseil, XIV, fol. 215-216, mai 1420.)


223 — page 330Budget d’Henri V

« Pro Calesio et marchiis ejusdem, XII M marcas ; pro custodia Angliæ, VIII M marcas ; pro custodia Hiberniæ, II M D marcas. » (Rymer, ibid., p. 27, 6 mai 1421.)


224 — page 333 — « C’est moi qui aurais conquis la terre sainte. »

Henri V avait envoyé pour examiner le pays le chevalier Guillebert de Launey, dont nous avons le rapport : « Sur plusieurs visitations de villes, pors et rivières, tant as par d’Égypte, comme de Surie, l’an de grâce 1422, le commandement, etc. » (Turner, vol. II, 477.)


225 — page 337On dit qu’il n’y avait pas moins de vingt-quatre mille maisons abandonnées…

Nombre exagéré évidemment. Toutefois il ne faut pas oublier qu’il y avait alors plus de maisons à proportion qu’aujourd’hui, parce qu’elles étaient fort petites et qu’il n’y avait guère de famille qui n’eût la sienne. — Il résulte des détails qu’on trouve dans la vie de Flamel que la dépopulation avait commencé dès 1406. (Vilain, Hist. de Flamel, p. 355.)


226 — page 338Une paix criée et chantée…

C’était au reste un usage fort ancien. — « Et fut criée parmi Paris à quatre trompes et à six ménestriers (19 sept. 1418)… Et tous les jours à Paris, especialement de nuit, faisoit-on très-grant feste pour ladite paix, à ménestriers et autrement (11 juillet 1419). » (Journal du Bourgeois, p. 249-260.) — Il paraît qu’on se disputait les joueurs de violon : « Ayant commencé une feste ou noce, ils seront obligés d’y rester jusques à ce qu’elle soit finie. » (Archives, Ordinatio super officio de Jongleurs, etc., 24 april. 1407, Registre J, 161, no 270.)


227 — page 340Les grandes épidémies, etc.

Sur la peste noire, sur les Flagellants et leurs cantiques, voir le tome III de cette Histoire. Le savant et éloquent Littré a donné, dans la Revue des Deux Mondes (février 1836, t. V de la IVe série, p. 220), un article d’une haute importance : Sur les grandes épidémies.M. Larrey, qui a fait une intéressante notice sur la chorée ou danse de Saint-Gui, aurait dû peut-être rappeler que cette maladie avait été commune au quatorzième siècle. (Mémoires de l’Académie des sciences, t. XVI, p. 424-437.)


228 — page 341, note 1La danse des morts ou danse macabre…

Selon M. Van Praet (Catalogue des livres imprimés sur vélin), ce mot viendrait de l’arabe magabir, magabaragh (cimetière). D’autres le tirent des mots anglais make, break (faire, briser), unis ensemble pour imiter le bruit du froissement et du craquement des os. On croyait, dès la fin du quinzième siècle, que Macabre était un nom d’homme ; c’est l’opinion la moins probable de toutes.


229 — page 341, note 4L’art vivant, l’art en action, a partout précédé l’art figuré…

C’est ce que Vico, entre autres, a très bien compris. Sur la danse, voir particulièrement le curieux ouvrage de Bonne, Histoire de la danse, in-12. Paris, 1723.


230 — page 341Mimes sacrés, etc.

J’ai parlé de ces drames à la fin du tome II de cette Histoire. Ailleurs j’ai rappelé un charmant mime de Résurrection qui se représente dans les processions de Messine. Introduction à l’Histoire universelle, d’après Blunt, Vestiges of ancient manners discoverable in modem Italy and Sicily, p. 158.


231 — page 342Le spectacle de la danse des morts se joua à Paris…

« Item, l’an 1424 fut faite la Danse Maratre aux Innocents et fut commencée environ le moys d’aoust et achevée au karesme suivant. » (Journal du Bourgeois de Paris, p. 352.) « En l’an 1429, le cordelier Richart, preschant aux Innocents, estoit monté sur ung hault eschaffaut qui estoit près de toise et demie de haut, le dos tourné vers les charniers en-contre la charronnerie, à l’endroit de la danse macabre. » (Ibid., p. 384.) — Je crois, avec Félibien et MM. Dulaure, de Barante et Lacroix, que c’était d’abord un spectacle, et non simplement une peinture, comme le veut M. Peignot : c’est le progrès naturel, comme je l’ai déjà fait remarquer. Le spectacle d’abord, puis la peinture, puis les livres de gravures avec explication. — La première édition connue de la Danse macabre (1485) est en français, la première édition latine (1490) a été donnée par un Français ; mais elle porte : Versibus alemanicis descripta. Voy. le curieux travail de M. Peignot, si intéressant sous le rapport bibliographique : Recherches sur les danses des morts et sur l’origine des cartes à jouer. Dijon, 1826.


232 — page 343Le charnier des Innocents…

Mémoire de Cadet-de-Vaux, rapport de Thouret, et procès-verbal des exhumations du cimetière des Innocents, cités par M. Héricart de Thury, dans sa Description des catacombes, p. 176-178.



En terminant l’impression de ce volume, je dois remercier les personnes fort nombreuses qui m’ont fourni des indications utiles, particulièrement mes amis ou élèves de l’École normale, de l’École des Chartes et des Archives, dont la plupart, jeunes encore, occupent déjà un rang distingué dans l’enseignement et dans la science : MM. Lacabane, Castelnau, Chéruel, Dessalles, Rosenwald, de Stadler, Teulet, Thomassy, Yanoski, etc. (Note de 1840.)


fin du tome quatrième.