Histoire de Servian/Chapitre11

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CHAPITRE XI



L’hôpital de Servian

Le Moyen âge s’est toujours préoccupé des petits et des pauvres et a essayé de soulager toutes les misères. L’état social de cette époque était bien plus perfectionné qu’on se le figure d’ordinaire. Les Corporations (on dirait de nos jours les syndicats) avaient créé dans les moindres agglomérations un asile pour les malheureux, un hôpital. Ce mot ne doit pas être pris dans le sens péjoratif que nous lui donnons de nos jours, c’était plutôt une maison de secours dans la maladie, l’asile assuré des vieux jours. Servian possédait un hôpital avant 1372. Nos recherches l’établissent au plan de Barcelone. Il était entretenu par la Commune et par les largesses d’habitants généreux. Le 14 août 1372, il reçoit 8 lits, bientôt après, 18 lits montés et garnis (octe et decen lectes promptes et usucabiles), ce qui constitue une belle fondation pour les pauvres et pour les infirmes. Une ordonnance de Charles V conservée dans nos archives, règle la chose et nomme des administrateurs (gubernatores). Ce sont les consuls Joseph Gavaudan, Jean Gaches, et plus tard Mathieu d’Estève, Jean d’Aigues-Vives. Nous verrons au cours des siècles s’accroître les biens de l’hôpital, sous l’influence de la religion favorisée par les édits royaux. L’ordonnance de Moulins de 1566 veut « que les pauvres de chaque ville, bourg ou village soient nourris, entretenus par ceux de la ville, bourg ou village dont ils sont natifs ou habitants, à la diligence des maires, échevins, consuls et marguilliers des paroisses ». Isambert. Ordonnances, 14, no 209. Ce fut l’origine des bureaux de Charité.

Louis XIV, par un édit de juin 1662, ordonne la fondation d’un hôpital dans chaque ville de son royaume.

La fondation du Bureau de Charité à Béziers en 1689, donna un plus grand essor aux œuvres d’assistance dans ce diocèse.

Aussi voyons-nous les biens de l’hôpital s’accroître à chaque siècle. Une délibération du 12 août 1784 déclare que le revenu de l’hôpital en cette année est de 2.200 livres, joli revenu pour cette époque. En 1706 l’hôpital donnait, comme fondation aux pauvres de Tourbes 1.100 livres, à ceux de Servian, 2181 livres, au bureau de Charité 751 livres. L’hôpital possédait des terres et olivettes, dans toute la région. Pendant la fête on faisait danser le chameau pour les pauvres. La dernière fondation du registre est celle de l’abbé Espic en 1789, elle repose sur un capital de 1.660 livres formant un revenu de 50 francs que la loi de séparation a attribué à la commune.

D’après le Compois, l’hôpital est situé à la place de Barcelone. Il comprend une maison confrontant du terral le four banal, du narbonnals la rue, du marin la maison de Bernard Joulia, de l’aiguial le four.

Une délibération de 1797 désire l’établissement des sœurs grises (sœurs de charité) les malades seront mieux soignés par elles.

La révolution vendit l’hôpital et ses terres pour 3.900 livres. Il fut question de placer un hôpital dans le ci-devant couvent des capucins, mais le local fut déclaré humide et délabré. La révolution se contenta donc de supprimer six siècles de dévouement et de charité. Les biens de l’hôpital furent vendus à Montpellier le 5, no 1791. Archives départem. Registre Q. 1.

Un projet d’hôpital est à l’étude actuellement pour Servian. Le plan approuvé dès les premiers jours de 1914 fut arrêté par la guerre et n’a pu être repris depuis, mais le projet demeure et se réalisera un jour, peut-être plutôt qu’on ne pense.