Histoire de l’abbaye des Écharlis/7

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Edmond Régnier
Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne (p. 86-102).

les dernières années du monastère. — la révolution.

L’abbaye des Écharlis n’avait pas seulement besoin d’une très sérieuse restauration : elle était encore» depuis longtemps, dépourvue de sujets. Du commencement de la guerre de Cent Ans à la fin du xvie siècle, le nombre des moines n’a cessé de diminuer. Ils ne sont plus qu’une dizaine en 1544, 4 après les guerres de religion, 8 ou 10 avant la Fronde, 4 en 1669, 3 ou 4 de 1710 à la Révolution. Et encore, des 4 derniers, un seul est de la contrée : Marie-Joseph Mésange[1] qui est né à Montargis, le 10 juin 1761, de Julien-André Mésange, avocat à Montargis, et de Marie-Anne-Françoise Cheynnault. Il est sous-diacre et a fait profession à l’abbaye de Cîteaux le 17 octobre 1786,

Les autres sont de pays éloignés.

Le prieur, Dom Jean-Antoine Choppin, docteur en Sorbonne, est né le 14 mai 1746 et a été baptisé le même jour dans l’église du Petit-Nancois, diocèse de Toul, dans le Barrois. Il est fils de Jean-Antoine Choppin, maître chirurgien, et de Marie-Anne Collot ; il a fait profession le 6 mai 1767 à Clairvaux et devient prieur des Écharlis. Menu de Chomorceau, qui l’a connu, écrit dans ses Notes historiques, que c’est un homme « très instruit ».

Claude Viennot est né à Anciers, diocèse de Besancon, le 12 septembre 1726. Il fait profession à Clairvaux le 8 septembre 1745,

François Guériot doit être aussi de l’Est ; il écrit en effet de Pont-à-Mousson, le 4 avril 1791, pour demander qu’on lui paye trois quartiers de sa pension.

Leur existence est bien différente de ce qu’elle était jadis. Ce n’est plus, dans les abbayes, cette vie austère et laborieuse des premiers siècles de leur fondation qui excitait l’admiration universelle et attirait tant de sujets. L’aisance et l’abondance ont engendré la mollesse, l’oubli de la règle, le relâchement. Aussi, n’a-t-on plus pour les moines la vénération si grande et si légitime dont les entourait le Moyen Âge.

Salomon, dans son histoire de l’abbaye, dit qu’au témoignage des anciens, on mène « bonne et joyeuse vie » aux Écharlis. La règle, fort adoucie, rend aux religieux l’existence douce et agréable. La déclaration de l)om Choppin[2] les montre abondamment pourvus de personnel, linge, vin, vaisselle, etc. ; mais il n’y a rien de luxueux et le personnel leur est nécessaire pour l’entretien du monastère, de la vigne et du pré qu’ils se sont réservés. S’ils avaient mené « joyeuse vie », des marques d’antipathie n’auraient pas manqué de se produire dont il nous serait resté d’autres preuves que des racontars de vieillards[3]. Or les bons procédés employés à leur égard montrent qu’on les entourait d’une certaine vénération. On les sait très charitables et, lorsque deux administrateurs du district de Joigny viennent à l’abbaye le 18 novembre 1790, ils n’apposent point les scellés parce que les religieux donnent souvent l’hospitalité à des passants. « Les aumônes, est-il dit dans l’inventaire de Dom Choppin, sont considérables dans un pays comble celui-ci qui produit peu et dont les habitants ont toujours l’avantage de trouver à l’abbaye des ressources pour soulager leur misère. » Un autre document contient l’éloquent éloge d’un prieur : la belle croix qui se trouve au milieu du nouveau cimetière, bénie le 7 février 1782[4], « a été donnée par Dom Mauroy, prieur des Écharlis, à qui la paroisse a beaucoup d’autres obligations, beaucoup plus essentielles ! Il a toujours été un excellent religieux, le père des pauvres, le consolateur des affligés, etc. ». Les moines des Écharlis étaient donc de bons religieux.

Leur abbé, Gaspard de Coriolis, jouit peu de temps de la restauration et meurt en 1774, après 34 ans d’une sage administration. La même année, il est remplacé par Guillaume Barnabé du Roch du Mauroux, docteur en Sorbonne, vicaire général de Reims, dernier abbé des Écharlis.

Comme son prédécesseur, du Mauroux prend des fondés de pouvoir.

Le 3 décembre 1774[5], il constitue pour son « procureur général et spécial », Jean-François Maszé, laboureur à Villefranche, et lui donne pouvoir « d’affermer les terres », etc., « aux conditions qu’il jugera à propos ... d’accepter tous désistements », louer les biens pour neuf ans ou ratifier les biens emphytéotiques.

Trois jours après[6], il donne à Guillemineau, notaire à Villefranche, le pouvoir de recevoir les termes, etc., de payer les charges et les réparations, de le faire rentrer en possession du moulin de Donzy, loué à bail emphytéotique, au marquis d’Hautefeuille, par Roger de Courtenay en 1675, et de faire évaluer les réparations par des experts, de concert avec les héritiers de Coriolis.

Un an après, le décembre 1775[7], pendant un de ses voyages aux Écharlis, il le prend comme régisseur, le charge de gérer les biens et de percevoir chaque année la dîme de Villefranche. Avec (100 livres par an, il lui donne le logement dans la maison abbatiale, la jouissance du jardin qui en dépend» de 3 arpents et demi de pré près de la rivière de Villefranche, de 2 arpents et demi de terre aliénant à ce pré et de 5 autres arpents de terre près de l’enclos de l’abbaye.

Il lui renouvelle ces pouvoirs le 6 mars 1783[8] et reconnaît ses bons services dans une lettre datée de Reims, le 19 février 1788[9].

Guillemineau commence par les réparations et reconstructions qui sont à faire dans toutes les possessions de l’abbaye. À sa requête, un jugement contradictoire en ordonnant l’expertise est rendu, le mardi 29 août 1775[10], par le lieutenant général de Villeneuve contre Xavier de Coriolis et son frère, héritiers de Gaspard, représentés par Morin, leur fondé de pouvoir. Guillemineau et Morin prennent comme experts deux architectes de Sens, François Gavet et Pierre Hay dit Villeroy, qui examinent avec soin les possessions abbatiales et en dressent un très intéressant procès-verbal. Grâce à cet acte, on peut reconstituer les bâtiments tels qu’ils étaient alors.

À la Maison-Rouge, à Villeneuve-sur-Yonne, grand corps de logis d’environ 36 pieds de large sur 150 de long, comprenant, au rez-de-chaussée, une écurie, deux chambres, une porte charretière, un grand escalier montant au premier étage avec rampe de fer, une cuisine, un pressoir, une vinée, une petite cave en retour sur le jardin, une grange avec escalier en pierre pour monter au grenier, puis une cour en long enclose de murs, un petit jardin terminé par les murailles de la ville, un puits, un escalier en maçonnerie montant au rempart, un grand jardin planté d’arbres fruitiers, un petit bâtiment servant de remise sur la rue, un puits avec auge en briques, une conduite sous terre pour amener l’eau dans un bassin au milieu du jardin ; au premier étage : un premier corridor distribuant cinq chambres à feu et une grande pièce servant de grenier, un grand grenier sur la vinée, un grenier en retour pour serrer le foin, enfin un grenier au-dessus des chambres. Ces bâtiments en bon état et bien entretenus n’ont besoin que de 124 livres de réparations.

À l’église Saint-Nicolas, de Villeneuve-sur- Yonne, où l’abbé est décimateur avec le curé, les réparations sont évaluées à 6 livres ; à la ferme de Villeniard, près de Chéroy, elles se montent à 1.932 livres 10 sols et, à l’église de Villefranche, dont le curé est décimateur par moitié avec l’abbé, à 56 livres.

Au couvent des Écharlis, le bâtiment construit en 1756, long de 135 pieds, composé d’une grange, deux écuries et une serre au-dessus de laquelle sont deux chambres de domestiques et un grenier, est en bon état ; à l’une des croupes subsiste un petit bâtiment couvert en tuiles : réparations, en tout, 130 livres. À l’autre extrémité, en face, subsiste un ancien grand bâtiment d’environ 28 pieds de long, où loge le jardinier, composé d’une chambre, un cabinet, une petite écurie, une petite vacherie; réparations, en tout, 103 livres.

« Ensuite nous avons examiné le grand corps de logis servant d’abbatiale, de 144 pieds de long en face de l’entrée, consistant en un rez-de-chaussée à un bout d’une cuisine avec garde-manger, four et chambre de domestique, cave voûtée dessous, d’une chambre à feu aveq) alcôve précédée d’un passage, ensuite une chambre ou salle et un cabinet avec une alcôve et une pièce de décharge derrière ledit bâtiment ; du côté opposé, à l’entrée, règne un grand corridor, distribuant à une chambre à feu, et un cabinet terminé au bout par une grande cuisine dans laquelle est un four et des grands fourneaux ; en face et au bout du grand vestibule subsiste un grand escalier à vis en tourelle construite en maçonnerie avec marches en charpente… ; en face dudit vestibule, cet escalier est saillant dans une basse-cour terminée en face par l’église, dans laquelle subsiste à droite un bâtiment sur poteau supportant cinq arcades en bois formant remises et une petite écurie avec commodités dessous et escalier, occupant 50 pieds de long, avec grenier et cabinet ; au-dessus, un puits… adossé au pignon de l’église, un bûcher en retour…, un autre en aile sur la gauche et deux autres adossés audit corps de logis, le tout couvert en entrevoux de chêne. En face dudit vestibule, dans la grande cour extérieure, subsiste une source d’eau minérale de six pieds en carré revêtu en bonne maçonnerie, dont l’eau communique à un petit canal aussy revêtu de maçonnerie avec bonde de décharge au bout, scitué dans un petit parterre terminé au couchant par un petit mur à hauteur d’appui, le surplus fermé de hayes sèches et d’une nouvellement plantée ; au premier étage : grand corridor sur toute la longueur. Au bout, l’appartement de M. l’Abbé, composé d’une antichambre avec cheminée, deux grandes chambres à feu, un cabinet, des latrines et garde-robes, ensuite quatre appartements à cheminée dont deux garnis de menuiseries de chambranles, d’alcôves en niche avec garde-robes, une grande garde-robe ; à l’autre bout du corridor, est un escalier montant de fond en comble en visse communiquant à des latrines et, plus haut, à une grande chambre et deux cabinets servant anciennement d’appartement à MM. les abbés. » Le jardin dépendant de l’abbatiale est enclos de murs en partie mitoyens avec MM. les Religieux ; au milieu existe un bassin non revêtu, gazonné, en bon état. Le mur mitoyen a besoin d’être renduit, etc. Total des réparations à faire (y compris l’étang de la Porcherie), 903 livres.

Si Morin ne s’opposait à ce que les experts visitent la maison conventuelle et l’église sous prétexte que les réparations sont à la charge des religieux, nous aurions ainsi le plan complet de l’abbaye.

Les experts se transportent ensuite à Chailleuse près de Senan ; la maison de la Recette a 90 pieds de long : 230 livres de réparations, y compris le pressoir. À l’église de Senan, le chœur, que les abbés sont tenus de réparer pour un huitième, est en très bon état, mais à La Celle, pour le chœur de l’église et la grange des dîmes, les réparations, payées par moitié par les abbés et les curés de La Celle, sont évaluées à 84 livres, et à Précy, où le chœur appartient entièrement à l’abbé, elles s’élèvent à 39 livres.

De retour à Villeneuve, le 14 septembre 1775, ils examinent l’église de « Saint-Savinien-lès-Villeneuve-le-Roy », située hors de la ville, sur la route d’Auxerre, dont l’abbé est décimateur par moitié avec le curé. Le chœur, de 24 pieds de long sur 20 de large, a besoin de 3(i livres de réparations.

Deux jours après, le 16 septembre 1775[11], Étienne de Thomereau, conseiller du roi, condamne les héritiers de Coriolis à reconstruire un grand pressoir à la Maison-Rouge, à payer une cloche ou à faire remettre dans la chapelle celle qui s’y trouvait et que de Coriolis a vendue, à faire bâtir trois maisons avec granges et étables qu’il a supprimées, à fournir une armoire et à payer les réparations.

En 1777[12], Guillaume du Mauroux et Claude Laloue, curé de Villefranche, divisent en quatre cantons les lieux où ils ont le droit de prendre la dîme : le premier appelé Villefranche ou Francheville, le second la Grande-Roue, le troisième, les Vieux-Écharlis, le quatrième, Bralon. Pour l’année 1777, l’abbé aura Bralon et les Vieux-Écharlis et le curé les deux autres ; ils alterneront chaque année. La dîme du Petit-Arrêt, la moitié des dîmes de chanvre et d’agneaux de la Grande-Roue et des Vieux-Écharlis appartiennent à l’abbé ; le surplus est au curé.

Auparavant, le 29 novembre 1774[13], il avait fait une convention avec les religieux Moroy, Chenou et Charpentier, Il les laissera jouir de la ferme de la Provenche et du marchais d’Arblay et leur donnera chaque année, jusqu’à sa mort, 1.000 livres en deux termes égaux, Noël et la Saint-Jean. Les religieux seront chargés des réparations des biens claustraux, du paiement des dîmes, aumônes et autres charges ou redevances que l’abbé pourrait être tenu de payer pour leur lot.

Treize ans plus tard, le 23 avril 1787[14], le Conseil termine un différend qui s’est élevé entre eux.

« Dans un terrain appartenant à MM. les Religieux de l’abbaye des Écharlis et au-dessus de la maison », se trouve « une fontaine qui tombe dans un étang, de là dans les jardins de la maison et ensuite passant le long d’un autre étang qui fait partie du lot de M. l’Abbé, arrose les prairies qui lui appartiennent ». Dans le partage du 12 novembre 1680, « il a été stipulé que ledit abbé pourra prendre l’eau dans le bief pour arroser son jardin le lundi seulement », et « il est échu au 1er lot appartenant à MM. les Religieux le moulin de l’enclos, les appartements et dépendances, bief, chaussée de bois à l’entour, ensemble le moulin de Badelan et ses dépendances, la grande métairie située proche de l’abbaye et ses dépendances… les religieux pourront seulement faucher et faire pacager l’herbe de l’étang de la Porcherie compris au second lot ». Un autre acte du 15 juin 1752, entre de Coriolis et les moines, accorde en outre à l’abbé l’eau, le jeudi, pour arroser son jardin abbatial.

Du Mauroux en ayant demandé davantage, le Conseil, devant qui l’affaire est portée, « estime » qu’ils « sont bien fondés à refuser l’eau du ruisseau pour l’irrigation du pré » et « à réclamer une indemnité » pour l’herbe de l’étang de la Porcherie.

À cette époque, nombreux sont les baux emphytéotiques[15] dont la durée est en général de 99 ans.

Religieux et abbé déplorent que beaucoup de leurs terres soient en friches et s’efforcent de les louer[16], mais ce n’est pas toujours facile ; parfois ils sont obligés de les aliéner[17] ou de consentir des baux à cens qui sont, pour ainsi dire, des aliénations.

C’est ainsi qu’en 1757[18], ils avaient vendu à Mégret de Scrilly, pour 400 livres de rente : « 1° 664 arpents de terres dites les Masures et Prises de Vaumorin ; 2° 68 arpents de terres dites les Masures d’Apresmonl ; 3° 115 arpents de friches et bruyères entre Aipremont et Turbalon ; 4° une autre pièce de terre de 93 arpents, dite Canton de Turbaton, toutes les quatre pièces ci-dessus d’un seul contenant ; 5° 4 livres de rentes dues par Megret… ; 6° 13 arpents de prés bâtards nommés Prés de Vaumorin, sur le territoire de Theil, et enfin tout ce que possédait lad. abbaye au lieu de Vaumorin et dépendances. »

Pour faire un bail à cens, les religieux adressent une demande à l’abbé de Clairvaux. Ce dernier nomme un commissaire, le charge de procéder à une enquête de commodo et incommoda, puis, sur le vu du procès-verbal, donne ou refuse l’autorisation. On a procédé ainsi pour Mégret de Sérilly et c’est ce qui est fait pour plusieurs pièces de terre situées à Cudot et louées le 5 avril 1767[19] à Saturnin Mercier, procureur fiscal à Cudot, moyennant 100 livres de rente, 3 livres de cens, 1 bichet de froment et autant de vin et 2 poules.

Le procès-verbal d’enquête de ce dernier bail montre l’état de la culture, la difficulté de louer les terres et les inconvénients des baux emphytéotiques.

Dom Basset, prieur de Reigny, nommé enquêteur par l’abbé de Clairvaux, vient, avec des experts, examiner les terres : 135 arpents « dont 82 de terres labourables, 16 en friche, un étang de 13 arpents, 6 arpents de pâture, 12 de bois taillis, 4 arpents et demi de prés, 2 arpents et demi en bâtiments, cour et jardin. Nous avons « reconnu, dit-il, avec lesdits experts, premièrement que les terres labourables étoient d’une qualité très médiocre, que les terres en friche étoient de nulle valeur, que les prés ne sont estimés que cinquante sols l’arpent, que l’étang est en si mauvais état que sans une réparation très coûteuse il ne sera d’aucun rapport et que les bois ne sont estimés que trois livres l’arpent », nous avons « reconnu la maison en fort bon état, mais cependant toujours sujette à de fréquentes réparations à raison de sa construction en bois et couverture en paille, et d’ailleurs… Le recouvrement qu’en ferait les religieux à l’expiration du bail ne pourroit que leur être à charge par les dépenses considérables qu’ils seroient obligés de faire pour le remettre en bon état, parce que le détempteur qui voit ce bien prêt à luy échapper par l’expiration de son bail ne cherche plus qu’à épuiser les terres, ne songeant point à les marner » ; de plus, nous avons « remarqué qu’il couppoit les bois sans penser à la conservation, qu’il négligoit déjà sa maison, d’ailleurs que les lits religieux ne pouvoient rentrer en jouissance de cette maison sans rembourser auparavant au preneur le prix de l’estimation des bâtiments qu’il a ajoute à ceux qu’il a trouvé en y entrant et enfin qu’il mettroit les religieux vis-à-vis de son bien dans le même cas où ils se trouvent par rapport à d’autres baux emphitéotiques dont l’expiration les a laissé possesseurs de plus de mille arpents desquels ils ne retirent aucun produit. Vu et ayant égards à tous les susdits inconvénients, nous aurions jugé qu’il étoit à propos et de l’intérest desdits religieux de substituer au bail emphitéotique un bail à perpétuité en faveur dudit Saturnin Mercier qui a accédé aux conditions suivantes : 1°… il convertirait sa censive dans la plus grande partie en rente foncière non rachetable qui montra avec ce que nous avons cru devoir adjouter à ce qu’il payeoit auparavant à la somme de cent livres tournois ; 2° pour ne point dénaturer le bien et lui conserver son caractère de censive, nous aurions exigé trois livres tournois de cens, un bichet de froment, un bichet d’avoinne et deux poules de rente annuelle ; 3° nous aurions chargé ledit preneur de payer tous les frais à faire pour être paisible possesseur dudit bien suivant les loix du Royaume ; 4° et en cas et faute de non payement pendant trois années consécutives aurions stipulé que les religieux ou Monsieur l’Abbé commendataire, si le cas y échet par le nouveau partage, rentreroient en possession dudit sans aucune formalité de justice… En foy de quoy nous avons dressé le présent procès-verbal que nous avons signé et notre adjoint et scelé du sceau de l’abbaye de Régny, fait le jour et an que dessus (12 décembre 1766) pour servir à ce que de raison. »

À ce procès-verbal est jointe l’autorisation de « François Le Bloy, bachelier en théologie de la Faculté de Paris, abbé de Clairvaux, supérieur immédiat de l’abbaye des Écharlis[20] ».

Les religieux sont en somme forcés de faire ce bail à cens. Sans cela, le détenteur leur laissera les terres en mauvais état, tout en leur demandant une indemnité. Comme ils ont plus de mille arpents qui ne produisent rien, leur intérêt est de louer à rente perpétuelle. Ce chiffre fantastique de mille arpents doit-il faire conclure que les moines ne s’occupent pas sérieusement de leurs propriétés selon le reproche que leur adressait jadis Roger de Courtenay ? Peut-être. Cependant, s’ils ne sont pas sans reproche, on ne peut rejeter sur eux seuls toute la responsabilité. Le procès-verbal de Dom Basset les montre, en effet, désarmés contre leurs fermiers qui peuvent cesser l’entretien des maisons et des étangs, épuiser les terres et même couper les réserves dans les bois.

On doit reconnaître aussi qu’ils veillent à ce que leurs biens ne soient pas « usurpés ou mal aliénés ».

Peu après, ils font dresser, de concert avec l’abbé, le papier terrier de l’abbaye, vaste opération qui dure plusieurs années.

Le 25 février 1769[21], 42 reconnaissances de cens et de rentes pour maisons, terres » etc., à Arblay, les Chevaliers, les Lindets, les Vieux-Écharlis, les Petits-Moulins, etc,[22].

11 reconnaissances du 18 décembre 1774 et une du 5 juin 1775 pour maisons, terres, etc., situées à Talouan et louées à bail emphytéotique, le 23 décembre 1739, par Jacques de Saint-Pierre. Mais locataires » fermiers ou censitaires se prêtent sans doute difficilement à cette opération dont ils ne voient ni l’utilité ni la nécessité. Obligés de les contraindre, l’abbé et les religieux obtiennent des lettres de terrier le 20 mars 1776 et les font aussitôt publier à Villefranche, Cudot et Montcorbon.

« L’an 1776, le quatorzième jour de avril, en vertu des lettres de terrier obtenues en la chancellerie du palais, à Paris, en datte du vingt mars dernier, duement en formes collationnées par le Conseil… je me suis Nicolas Thoratier de La Saisonnière, huissier-sergent royal et d’armes au siège général de la connétablie et maréchaussée de France, demeurant à Charny, soussigné, exprès transporté au devant de la principale porte et entrée de l’église paroissiale de Cudot, issue de la messe de paroisse, dite, chantée et célébrée, les habitants sortant d’icelle en grand nombre, et ensuite au-devant de la principale porte et entrée de l’église paroissiale dud. Villefranche issue des vespres de paroisse dits, chantés et célébrés les habitants sortant d’iceux aussi en grand nombre ou étant, j’ay, à chacune desdittes paroisses, fait lecture et publication desdittes lettres de terrier et sentence d’entérinement d’icelles susdatées à ce que du tout lesdits habitants n’en prétendent cause d’ignorance et qu’en conséquence d’icelles tous les vasseaux, rentiers et censitaires qui tiennent des maisons et autres héritages relevant de laditte seigneurie des Écharlis, ayent à fournir aveu et dénombrement, foy et hommages décla° (déclaration) par tenant et aboutissant de leurs maisons, terres, prés, bois et vignes et autres héritages qu’ils tiennent et relèvent de laditte seigneurie, représenter les titres et contrats en vertu desquels ils possèdent lesdits biens pour connaître s’ils n’ont point été usurpés et mal aliénés sur les choses appartenantes auxdits sieurs religieux à cause de leur ditte seigneurie des Écharlis, pour par lesdits vasseaux, tenanciers et censitaires se faire inscrire au papier terrier que les seigneurs religieux veulent faire faire, lesquelles déclarations seront passées à leurs frais devant Me Nicolas Guillemineau, notaire, et nommé par lad. sentence d’entérinement desdittes letres de terrier pour recevoir lesdittes déclarations déclarant lesdits seigneurs religieux que, faute de satisfaire par lesdits vasseaux, tenanciers et censitaires à ce que dessus dans le temps fixé par laditte sentence d’entérinement, qu’ils les poursuivront en justice à leurs frais et dépens, à ce qu’ils n’en ignorent dont acte, et ait mis et apposé avec clous copies tant desdittes lettres de terrier et sentence d’entérinement d’icelles susdatées que du présent exploit tans es portes des Églises qu’aux piloris desdittes paroisses de Cudot et de Villefranche, le tout fait présence et assisté de Joseph Charny, cardeur, et du sieur Denis Cusort, marchand épicier, demeurant à Charny, mes témoins qui ont signés et avec moy soussignés lesdits jour et an. »

Le matin du même jour, Thoratier avait fait semblable publication à Montcorbon à l’issue de la première messe. Dans ces mêmes paroisses, il fait, aux mêmes heures, une deuxième publication le 21 avril, puis une troisième le 28 suivant. Deux ans après, à la requête de l’abbé, il fait lecture de ces lettres de terrier à Senan, Villiers-sur-Tholon et Volgré, à l’issue de la messe paroissiale les 21 et 28 juin et le 5 juillet 1778.

Guillemineau commence le 2 juin 1776 à dresser les actes. Il en fait :

En 1776, 63 pour Arblay, le champ des Doms, les Marquets, les Tuileries (Cudot), la Chaumotte, les Chevaliers, les Vieux-Écharlis, la Ricardière, Bourbeuse, Côte-Renard, les Mallets, les Terres-Fortes, les Dionnets, Beauregard, les Miniers, les Courtries (Villefranche), des maisons au bourg de Villefranche ; en 1777, 9 pour Arblay, les Courtries, la Grande-Roue, les Marquets ; en 1778, 6 pour les Terres-Fortes, le Champ-des-Doms, les Marquets, Montcorbon et Cudot ; en 1779, 198 pour Cudot, les Bordes, Senan, Villiers-sur-Tholon, Volgré ; en 1780, 17, pour Senan, Villiers-sur-Tholon, Volgré ; en 1781, 1, pour Piflonds.

On remarque, dans ces actes, beaucoup de détenteurs d’après des baux emphytéotiques de 1488, 1491, etc., 1501, 1506, etc.

Dom Lacoarret fait, en 1776[23], une table alphabétique des noms de propriétaires et censitaires de la seigneurie de l’abbaye avec les héritages leur appartenant. Un inventaire des titres est également fait vers 1780[24]. Médiocre, il remplace cependant beaucoup de chartes disparues.

Leurs titres de propriétés ainsi réglés, il ne pouvait « venir à la pensée de l’abbé qui habitait » Reims[25] et « des religieux qui, depuis la restauration de l’abbaye, croyaient pouvoir compter sur des siècles d’avenir que, sous peu d’années, plus malheureux que leurs devanciers, ils seraient forcés de quitter ce beau domaine pour achever leur carrière dans la misère et sur la terre d’exil ! Plus clairvoyant était le modeste curé de Villefranche (l’abbé Lambinet) ; il voyait l’orage se former et grossir ; aussi, chaque année, il déposait ses tristes pensées et il inscrivait ses lugubres prévisions sur des registres qui devaient passer à la postérité, sur les registres de l’étal civil de sa paroisse. Voici ce qu’on lit à la fin du registre de 1787 : « Nisi conversi fueritis, gladium suum vibrabit. Arcum suum tetendit et paravit illum ! » (Psaumes VII, 13.) Si vous ne vous convertissez, il brandira le glaive. Il a bandé son arc, il est prêt à s’en servir. »

« Sur le registre de 1788, on lit : « Cum exarserit in brevi ira ejus, beati omnes qui confidunt in eo. (Psaumes II, 13.) Lorsque le feu de sa colère sera allumé, heureux ceux qui auront confiance en lui ! » Sur celui de 1789 : « Eece nationes convenerunt adversum nos ut nos disperdant… quomodo poterimus subsistere… nisi tu Deus adjuves nos ? (Macchabées, 1, III, 52 et 53.) Les peuples se sont réunis contre nous pour nous disperser ; comment pourrons-nous résister, Seigneur, si vous ne venez pas à notre secours ? » Sur celui de 1790 : « Venii hora ut omnis qui interficit vos, arbitretur obsequium se prœstare Deo (Jean XVI, 2.) Le moment est venu où celui qui vous mettra à mort croira faire une œuvre agréable à Dieu. » Et sur celui de 1791 : « Eritis odio omnibus propter nomen meum. (Luc, XXI, 17.) Tout le monde vous haïra à cause de mon nom, » Enfin, sur le revers de la dernière feuille de ce même registre, se trouve cette simple mention : « Le dimanche 23 janvier 1791, les prieur et religieux Bernardins de l’Ordre de Cîteaux, en exécution du décret des États généraux, sont sortis de leur monastère des Écharlis avec la plus grande résignation ! » Et, pour clôture : « Domine Deus… si corruerint super nos, mala, gladius, pestilentia et fames, stabimus in conspectu luo… et clamabimus ad te in tribulationibus nostris et exaudies salvosque facies ! (Paralipomènes, 2, XX, 9.) Seigneur, mon Dieu, si la maladie, le glaive, la peste et la famine viennent fondre sur nous, nous nous tiendrons fermes en votre présence, nous pousserons nos cris vers vous ; vous nous exaucerez et nous sauverez. » Quoi de plus touchant et éloquent que ces aspirations ! Elles nous font assister aux derniers moments de l’abbaye, après nous les avoir fait pressentir. »

L’Assemblée Constituante supprime en effet, le 13 février 1790, les ordres religieux et les vœux monastiques ; un an après, les moines quittent leur abbaye, abandonnant leurs immenses biens à l’État qui leur donne en échange une modique pension, promptement réduite au tiers consolidé. Bientôt, il ne leur sera même plus permis de porter le titre et l’habit de ministre des autels, et ils seront obligés, pour éviter la persécution et se soustraire à la mort ou à la prison, de se cacher ou de chercher asile sur la terre étrangère.

François Guériot part le premier[26]. Le 15 ou 16 septembre 1790, il se présente au district de Joigny : il déclare qu’il veut profiter de la liberté accordée par l’Assemblée aux religieux désireux de sortir du cloître et se relire dans sa famille. Le Directoire arrête de suivre, à son égard, les décrets de l’Assemblée Nationale et, comme il n’a rien touché de sa pension, de lui en donner un certificat. Dans une lettre au Directoire, il rappelle, le 5 novembre 1790, sa déclaration du 16 septembre, annonce qu’il envoie son extrait de baptême et de profession et, comme il n’a rien emporté ni touché, donne procuration à Guillemineau, notaire, de toucher ce qui lui revient. Le 4 avril 1791, il lui écrit de Pont-à-Mousson qu’il a envoyé une lettre le 17 mars, disant qu’il n’est pas payé, bien que trois quartiers de sa pension soient échus ; il demande qu’on paye ce qui lui est du à Guillemineau.

On ne sait ce que Guériot est devenu. Son nom ne se trouve ni aux archives de Pont-à-Mousson, ni à celles de Meurthe-et-Moselle[27].

Les trois autres religieux, Jean-Antoine Choppin, Claude Viennot et Marie-Joseph Mésange, sortent ensemble du monastère le 23 janvier 1791.

Selon la loi, ils avaient déclaré qu’ils ne voulaient plus continuer la vie commune et se retiraient dans leur famille : Choppin, à Ligny-en-Barrois, district de Bar-le-Duc (Meuse) ; Viennot, à Autet, district de Gray (Haute-Saône) ; Mésange, à Châteaurenard, district de Montargis (Loiret).

Dom Choppin avait demandé, le 1er janvier 1791, à Boullard, procureur syndic du district de Joigny, s’il devait lui porter à Joigny les comptes de la communauté ou si Boullard viendrait les examiner aux Écharlis. Au nom de ses confrères et au sien, il le suppliait de terminer leurs affaires avant la vente de leurs effets, pour ne pas avoir le désagrément d*en être les témoins, et s’en rapportait à son humanité.

Le 18 suivant[28], Cadet, l’un des administrateurs du district, arrête le journal des recettes et dépenses de l’abbaye, en présence de Guilleminoau, officier municipal. Il reste en caisse 172 livres 3 sols 10 deniers. Comme les religieux sont obligés de rester encore quelques jours « dans leur ci-devant communauté par le défaut de voiture ou pour une autre cause », l’administrateur leur donne, sur le reliquat, pour les dépenses qu’ils pourront faire et pour payer les domestiques, la somme de 72 livres 3 sols 10 deniers. Le reliquat se trouve fixé à 100 livres que Guillemineau remet au receveur du district, le 23 avril 1791. En outre, il remet[29] à « MM. Choppin, Vienot, Mésange et au fondé de pouvoirs de M. Guériot… chacun les meubles et effets mobiliers qui garnissent leurs chambres, y compris deux rideaux de croisée raporté à chaque chambre, à chacun trois paires de draps, deux douzaines de serviettes, deux napes, quatorze aunes de grosse toille de ménage et deux couverts d’argent. »

C’est par oubli qu’ils n’ont pas encore fait de déclaration, écrit le prieur le 20 janvier ; le même jour, Dom Choppin et les religieux attestent qu’ils n’ont rien emporté ni détourné de l’abbaye, comme Guillemineau le certifie le lendemain et s’éloignent, le 23, de ce lieu naguère encore si hospitalier. Que deviennent-ils dans la sanglante tourmente qui afflige la France pendant plusieurs années ?

Viennot écrit, le 26, de Besançon, pour réclamer au Directoire de Joigny un certificat attestant qu’il a quitté son ordre pour jouir de la liberté accordée à tous les religieux. Puis il n’est plus question des quatre religieux[30].

Le nom de Dom Choppin ne se trouve pas aux archives de la Meuse et de Ligny-en-Barrois[31] ; ni celui de Claude Viennot dans celles de la Haute-Saône et d’Autet[32], ni celui de Marie-Joseph Mésange dans celles du Loiret et de Châteaurenard[33]. On ignore donc si, gardant fidèlement leurs croyances, ils sont déportés, mis à mort, en exil ou cachés.

Quant à du Mauroux, il demande au Directoire» en juillet 1790, une diminution sur des impositions qui lui sont faites à Précy, puis, le 12 août 1791, lui présente les comptes de l’abbaye pour la fixation de son traitement. Le Directoire arrête les revenus à la somme de 15.083 livres et les charges à 090 livres, soit net 14.393 livres, et fixe la pension de du Maroux à la somme de 6.000 livres par an. Une ordonnance de cette somme va lui être faite pour 1790 et une autre de 1.500 livres pour le premier trimestre 1791[34]. Nous ne savons ce qu’il est devenu.



  1. Arch. de l’Yonne, série Q, domaines nationaux, abbaye des Écharlis,
  2. Arch. de l’Yonne, série Q, abbaye des Écharlis, 28 janvier 1790.
  3. Beaucoup de gens de la campagne ne considèrent que le travail des champs.
  4. Arch. de l’Yonne, G G, Villefranche. Cette croix a pour base un grand chapiteau orné de quatre feuilles d’eau dont le tailloir est large de 0 m. 90 et qui doit provenir de la primitive église.
  5. Étude de Villefranche. Maszé fait des baux ou reçoit des reconnaissances les 18 décembre 1774, 5 juin 1775, 15 juin 1777, 7 décembre 1777, 20 et 22 avril 1778, 26 décembre 1781.
  6. H 650, liasse. Nicolas-Louis Guillemineau fils fait un bail le 21 juillet 1780, en vertu d’une procuration du 6 juin 1780, puis le 28 avrit 1783. Il demeure aux Écharlis jusqu’en 1700. (Étude de Villefranche.)
  7. H 650, liasse.
  8. Id.
  9. Id.
  10. Id.
  11. H 650, liasse.
  12. H 665, liasse.
  13. Étude de Villefranche.
  14. H 650, liasse.
  15. Étude de Villefranche.
  16. Actes aux Archives de l’Yonne : 16 juillet 1771, Jean-Louis Moroy, prieur, Étienne Chenou et Edme-Olivier-Gaspard Charpentier prennent, pour 3, 6, 9 années, Joseph Dionne comme garde-bêtes à la métairie des Écharlis (H 653, liasse); 1772, le prieur loue à Saturnin Mercier les étangs de la Ricardière, de la Chaumotte, de Bourbeuse, des Chevaliers pour 300 livres (H 653, liasse). Les religieux louent : en 1747, 130 arpents de terre en 19 pièces sur Villefranche et Montcorbon, pour 6 livres 7 sols, 5 bichets et demi de froment et autant d’avoine ; le 25 mars 1778, la métairie des Chevaliers pour 120 livres, 8 poulets et 2 chapons ; le 21 mars 1779, 2 arpents de terre sur Cudot ; le 10 mai 1780, 1 arpent 25 cordes ; le 13 mai 1781, la Pervanche qui est en mauvais état, à Étienne Bré, pour 120 livres et 12 livres de beurre ; le 12 mai 1782, 6 arpents de terre en friche sur Cudot, pour 4 livres 10 sols ; le 30 avril 1783, pour 9 ans, à Pierre Tonnellier, la métairie d’Arblay comprenant 86 arpents de terre, 4 arpents de pré et 6 quartiers de bois moyennant 45 bichets de méteil, 80 bichets d’avoine, 5 paires de poulets, 3 voitures de chevaux et les réparations de tout genre ; le 23 octobre 1785, 7 arpents et 65 cordes de terre pour 5 livres 16 sols ; le 24 décembre 1789, la Provenche, à Jean Dupuis, pour 150 livres, 12 livres de beurre, G poulets et 3 journées de voiture. (H 650, liasse.)
  17. Le 9 février 1777, les religieux vendent à Pierre Luquet, demeurant à Courtenay, plusieurs arpents de terre pour 800 livres. (H 653, liasse.)
  18. Arch. de l’Yonne, Q 34, 19 mars 1791. De Serilly met sans doute peu en valeur ces terres : elles sont vendues, le 19 mars 1791, 6.700 livres à Menu, maire de Villeneuve-sur-Yonne, et à ses sœurs.
  19. Étude de Villefranche, carton portant : actes concernant les Écharlis depuis 1710 jusqu’à 1790, que nous désignerons par carton des Écharlis.
  20. Au bas de la signature se trouve le sceau de l’abbé de Clairvaux ; ce sceau ovale comprend au centre un médaillon : d’azur à dextre un léopard d’argent et à senestre 3 bandes contreprotencées de même autour d’une large bordure ornementée où l’on voit une mitre et une crosse. Même acte le 5 juillet 1780 concernant la vente de la Grande-Rocheuse sur Villiers-sur-Tholon, 75 arpents pour 45 livres de rente annuelle.
  21. Étude de Villefranche, carton des Écharlis. Toutes les reconnaissances qui suivent sont contenues dans ce carton.
  22. 23 avril 1773, les religieux Jean-Louis Moroy, prieur, Étienne Chenou, Jean Domanget et Edme-Olivier-Gaspard Charpentier louent, pour trois vies et 59 ans après ces trois vies, à Pierre Pagé, « 5 arpents 37 cordes de terres friches, à la mesure de 20 pieds par corde et cent cordes par arpent, scitués en la masure de Cudot » pour 1 boisseau de blé. (Étude de Villefranche, carton des Écharlis.)
  23. H 664, liasse.
  24. H 651, registre.
  25. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis. Salomon a écrit à tort que l’abbé habitait Paris. Du Mauroux demeurait à Reims.
  26. Archives de l’Yonne, série Q, abbaye des Écharlis.
  27. Lettre de M. le Secrétaire de mairie de Pont-à-Mousson, 10 mars 1913.
  28. Arch. de l’Yonne, H 652, registre.
  29. Id., série Q, domaines nationaux, abbaye des Écharlis.
  30. Loup Flé, percepteur de Villefranche, demande, le 11 juin 1793, décharge d’une cote de 800 livres de contributions due par les prieur et religieux des Écharlis. Le Directoire, considérant que la Nation, rentrant en possession en 1790 des biens et revenus de la maison des Écharlis » s’est chargée des dettes actives et passives, que le premier terme de la contribution patriotique du ci-devant prieur au nom de la communauté n’ayant point été payé, c’est à la Nation à l’acquitter, considérant à l’égard des deux autres termes que les religieux qui composaient cette maison sont dispersés en différents lieux de la République et qu’il n’en reste aucun dans le district, qu’en quelque endroit qu’ils habitent, ils n’ont pu toucher leur pension qu’en se faisant imposer à la contribution patriotique proportionnellement à leurs revenus ou en justifiant qu’ils l’avaient payée ailleurs ; que, dans ce cas, les deux derniers termes du rôle de Villefranche forment un double emploi, est d’avis qu’il soit délivré sur le revenu des domaines et biens nationaux du district de Joigny une ordonnance de 266 livres 13 sols 4 deniers pour le premier terme et que, pour les deux autres montant à 533 livres 6 sols 8 deniers, il soit délivré au profit du percepteur de Villefranche une ordonnance décharge de la même somme, laquelle sera prise pour comptant par le receveur et à lui allouée dans son compte. (Arch. de l’Yonne.)
  31. Lettre de M. l’archiviste de la Haute-Saône, M. d’Arbois de Jubainville, du 18 février 1913, et note de M. le Secrétaire de mairie de Ligny.
  32. Lettres de M. l’Archiviste de la Haute-Saône du 14 février 1913 et de M. le Secrétaire de mairie d’Autet du 21 mars 1913. Le curé d’Autet, à la Révolution, s’appelait Jean-Baptiste Viennot et fut condamné à la déportation à l’île de Ré ; mais il mourut en cours de route, à Dijon. « Il est fort possible, dit M. l’Archiviste, que c’est un frère ou au moins un proche parent de l’ancien religieux des Écharlis. »
  33. Lettres de M. l’Archiviste du Loiret du 14 février 1913 et de M. le Secrétaire de mairie de Châteaurenard du 15 avril 1913. Ce dernier me dit qu’en 1836 est décédé à Fontainejean, commune
  34. Arch. de l’Yonne, L 825.