Histoire de la chimie/Tome 1/Première époque/Première section/Extrême Orient. Chinois et Japonais

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Firmin Didot (Tome 1p. 9-23).
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EXTRÊME-ORIENT.
CHINOIS ET JAPONAIS.

Les Chinois cultivaient les sciences et les arts à une époque où les nations de l’occident étaient encore plongées dans la barbarie. Pourquoi ? voilà ce qui a singulièrement préoccupé l’esprit des philosophes et des historiens. Pour expliquer ce phénomène, nous n’avons pas besoin de recourir à des supputations chronologiques, plus ou moins contestables. Le caractère moral, l’histoire politique, la position géographique, la population même de la Chine, expliquent parfaitement l’antiquité de sa civilisation. La population de la Chine est extrêmement nombreuse ; en tout temps elle paraît avoir été trop à l’étroit dans l’espace qu’elle occupe[1]. Moins inquiétée au dehors que la race caucasique ou aryenne, la race mongole a pu se livrer de bonne heure aux travaux paisibles des arts et de l’industrie. Les hordes guerrières, qui ébranlèrent l’Europe et mirent fin à l’empire romain, se dirigeaient de l’orient à l’occident. Toutes ces peuplades indisciplinées, dont l’origine est encore un problème, tournaient donc le dos à la Chine[2].

Toute industrie se développe proportionnellement à la population d’un pays. C’est ce qui ressort de l’enseignement même de l’histoire. Tout peuple pasteur ou chasseur peut se passer des arts et des sciences : il n’a pas besoin de tourmenter le sol pour vivre, ni de s’ingénier à se rendre tributaire le riche qui aime le luxe ; les simples produits de la nature lui suffisent. Mais il a besoin d’un vaste territoire. Or, c’est là précisément ce qui manquait à la population de la Chine. Cette immense population pacifique, sédentaire, dépourvue de tout instinct de conquête, devait, ou périr de famine, ou se livrer de bonne heure aux occupations industrielles et à la culture des arts[3].

La rivalité et l’ambition, deux passions inséparables d’une grande agglomération d’individus, si elles ne s’appliquent pas à des questions irritantes, le plus souvent insolubles, peuvent servir au développement du bien-être par l’appropriation des forces naturelles, trésor de richesses inépuisable.

Ainsi, loin de révoquer en doute l’antiquité de la civilisation chinoise, nous avons plutôt lieu de nous étonner que cette civilisation ait été si lente à se développer, surtout lorsqu’on considère que les savants sont infiniment honorés en Chine[4], et que, dans aucun temps, les habitants de cette contrée populeuse ne paraissent avoir eu à lutter contre ce fanatisme aveugle qui fit, chez nous, condamner les Roger Bacon et les Galilée. Pourrait-on alléguer comme cause de cette lenteur l’infériorité intellectuelle de la race mongole, sa haine de l’étranger, quelque vice d’organisation politique, etc. ? Nous ne faisons que signaler ces questions.

Pour se faire une idée exacte de la chimie chez les Chinois, il faut s’adresser à la médecine, à la métallurgie, à la peinture, à tous les arts utiles. La préparation des remèdes, la fabrication de quelques produits d’industrie, quelques procédés de simple routine, des faits isolés sans lien, sans doctrine scientifique, voilà à quoi se borne ici la science des Chinois[5]. Prompt à saisir le côté pratique d’une découverte, le Chinois néglige, il dédaigne même comme inutiles, les faits qui n’ont qu’une valeur théorique. Le docteur Abel raconte qu’après avoir satisfait aux questions que lui avait adressées un mandarin sur nos manufactures, il saisit cette occasion pour lui apprendre que nous avions des métaux qui, mis en contact avec l’eau, jetaient aussitôt des flammes. « J’avais sur moi, dit-il, un peu de potassium, et je voulus lui en montrer les propriétés. Il me demanda immédiatement à quoi cela était bon ; et comme je ne pus lui en prouver l’utilité d’une manière satisfaisante dans l’ordre de ses idées, il le regarda avec tant de dédain, que je ne jugeai plus à propos de risquer l’expérience[6]. »

La poudre à canon est connue depuis longtemps en Chine ; mais son application aux armes à feu y est assez récente : elle fut introduite de l’occident par la voie des missionnaires. D’après Wilkinson, la poudre fabriquée en Chine contient à peu près les mêmes proportions de nitre, de charbon et de soufre que la poudre qu’on fabrique en Angleterre ou en France[7].

Les Chinois ne se servaient de la poudre à canon que pour les feux d’artifice, dans lesquels ils excellent encore. Le P. Magaillaens rapporte qu’il fut très-émerveillé d’un de ces feux qui se fit en sa présence : « Une treille de raisins rouges était représentée ; la treille brûlait sans se consumer. Le cep de la vigne, les branches, les feuilles et les grains, ne se consumaient que très-lentement. On voyait les grappes rouges, les feuilles vertes, et la couleur du bois, tout cela représenté si naturellement qu’on y était trompé. »

L’art de fabriquer la porcelaine était déjà porté à un très-haut degré de perfection en Chine et au Japon, à une époque où nous n’en avions encore aucune connaissance en Europe[8]. C’est de ces contrées que furent apportés pour la première fois des échantillons de porcelaine. On les admira pour leur beauté ; on chercha ensuite avec ardeur les moyens de s’en procurer, et bientôt cette porcelaine devint, par imitation des vases murrhins[9] chez les Romains, l’ornement de la table des riches. Les nombreuses tentatives qu’on fît pour l’imiter furent presque toutes sans succès ; et ce n’est que par un de ces faits, en apparence fortuits, qui ont si souvent contribué aux progrès des sciences et des arts, que sa composition fut connue en Allemagne au commencement du dix-huitième siècle. Un chimiste allemand (de la Thuringe), nommé Macheleid, s’occupant d’expériences sur les combinaisons des terres les plus propres à former les meilleurs creusets, en trouva une qui produisit une porcelaine semblable à celle de la Chine ou du Japon, et qui la surpassa en solidité. Mais on fit un secret de sa composition, et les savants n’en avaient encore aucune idée exacte, lorsque Réaumur publia, en 1727 et 1729, ses observations sur ce sujet.

Par l’examen comparatif que fit Réaumur des porcelaines de la Chine et de celles fabriquées en France et en Allemagne, il trouva que les premières étaient compactes et solides, tandis que les porcelaines imitées étaient poreuses. En chauffant fortement ces porcelaines, il voyait que celles de la Chine n’éprouvaient aucune espèce d’altération, pendant que les autres se fondaient en une masse vitreuse. Il conclut de ces expériences, que la porcelaine doit sa demi-transparence à une sorte de vitrification, et que cet effet peut avoir lieu de deux manières : « 1° La composition de la porcelaine peut, dit-il, être telle que ses parties constituantes soient susceptibles de se vitrifier aisément à un degré de chaleur convenable, mais que celui qu’elle a reçu ne soit qu’exactement suffisant pour produire un commencement de vitrification : cette porcelaine fortement chauffée fondra facilement. Telle était la composition des porcelaines imitées en Europe. 2° La porcelaine peut être formée de deux substances, dont l’une se vitrifie par la chaleur, qui ne produit sur l’autre aucun changement. En faisant cuire suffisamment une porcelaine de cette espèce, la fusion de la portion qui en est susceptible enveloppe la portion qui résiste à l’action de la chaleur, et il se forme ainsi une substance demi-transparente, que ne peut plus altérer le même coup de feu. C’est dans cet état que doit être la porcelaine du Japon. »

Les détails communiqués par le P. Dentrecolles, sur le mode de fabrication de la porcelaine en Chine, confirment les idées de Réaumur que nous venons de citer.

La matière de la porcelaine se compose, dit le P. Dentrecolles, de deux sortes de terre : l’une appelée pe-tun-tse, et l’autre qu’on nomme kao-lin. Celle-ci est parsemée de corpuscules brillants, micacés ; l’autre est sensiblement blanche et très-douce au toucher. Les pe-tun-tse, dont le grain est si fin, ne sont que des quartiers de roches feldspathiques qu’on tire de certaines carrières[10].

Réaumur trouva aussi qu’en exposant séparément à une chaleur violente ces deux substances, on parvenait à fondre le pe-tun-tse, roche feldspalhique (silicate de potasse et d’alumine), tandis que le kao-lin, espèce de sable argileux, restait infusible[11].

Le P. Dentrecolles nous apprend, en outre, que les Chinois font, avec une certaine substance, appelée hoa-ché, une porcelaine beaucoup plus belle et d’un prix plus élevé que la porcelaine commune.

« Le hoa-ché est, dit-il, une substance glutineuse, et qui se rapproche en quelque sorte du savon ; les médecins en font une espèce de tisane qu’ils disent être détersive et apéritive[12]. »

Ce hoa-ché est, sans aucun doute, le talc[13] (silicate de magnésie et d’alumine), aujourd’hui employé en Europe, particulièrement pour la fabrication de la porcelaine du Piémont.

Le vernis qu’on applique à la porcelaine se prépare avec le pe-tun-tse (feldspath) et le che-kao (quartz) finement pulvérisés. « On y ajoute, dit le P. Dentrecolles, une huile qu’on fait avec des cendres de fougère et de la chaux vive, mêlées et traitées par l’eau. » Évidemment, cette prétendue huile n’est autre chose qu’une solution de potasse caustique qui est, en effet, huileuse au toucher.

Les Chinois connaissaient donc depuis longtemps la préparation des alcalis caustiques au moyen de la chaux vive et des cendres. Celles-ci provenaient, non pas du premier végétal venu, mais de la fougère, plante précisément très-riche en potasse.

À raison de la nombreuse population de la Chine, la main-d’œuvre y est à très-bas prix. Des centaines de bras sont occupés là où l’on n’emploie, en Europe, qu’une douzaine de personnes[14]. « Il est surprenant de voir, dit le P. Dentrecolles, avec quelle vitesse ces vases de porcelaine passent par tant de différentes mains. On dit qu’une pièce de porcelaine cuite a passé par les mains de soixante et dix ouvriers. Car ces grands laboratoires ont été pour moi comme une espèce d’aréopage, où j’ai annoncé celui qui a formé le premier homme du limon, et des mains duquel nous sortons pour devenir des vases de gloire ou d’ignominie[15]. »

Au rapport des voyageurs les plus récents, les porcelaines commencent à disparaître en Chine. Les vieux vases, les vieilles assiettes qu’on fabriquait du temps des Mings et qui portent le cachet de cette dynastie, deviennent de plus en plus rares et se vendent excessivement cher. Parmi ces vieilles porcelaines, on distingue les porcelaines à sujets, les craquelées et les céladons, espèces de vases avec des reliefs et d’une nuance de ce vert, appelé vert céladon. Quant aux porcelaines modernes, sorties pour la plupart des manufactures des environs de Canton, elles sont toutes peintes ; le rouge et le vert y dominent. Ces couleurs ainsi que l’or sont très-peu stables, et le bleu est loin de rappeler les tons chauds et le vif éclat de la belle couleur bleue du vieux chine de Sèvres[16].

La fabrication de la poterie, de la faïence et du verre, paraît également être fort ancienne en Chine. Le leou-li ou verre chinois se fabrique dans le district de Yen-Tsching. Il est plus fragile que celui d’Europe ; il se fendille lorsqu’il est exposé aux injures de l’air[17]. Quoique inférieurs à ceux des Japonais[18], les vernis des Chinois ne laissent pas d’être extrêmement beaux. On en fabrique une multitude d’objets laqués, depuis des paravents jusqu’à des cuvettes. Ce qui en rend le prix élevé, c’est le soin extrême qu’il faut apporter à la préparation d’un vernis plus ou moins consistant, et au nombre de couches à appliquer. Quand on en a appliqué une, on est obligé d’attendre très-longtemps qu’elle soit sèche, avant d’en apposer une seconde. C’est ici surtout qu’il faut admirer la patience et l’esprit industrieux des Chinois[19].

Le laque de Canton est un des plus recherchés. Il est noir, orné de dessins d’une finesse et d’une inaltérabilité remarquables. Il se fait avec un bois blanc recouvert d’un vernis noir, dont la composition exacte est le secret des fabricants chinois, La couleur d’or s’applique, au rapport de M. de Kéroulée, de la manière suivante : l’ouvrier trace, d’après un modèle et avec un pinceau d’une grande finesse, les dessins qu’il veut représenter ; son pinceau est trempé dans une substance rouge qu’on fait sécher sur le laque apposé le premier et dont le vernis est parfaitement sec. Quand l’application rouge est sèche, on passe sur le tout un tampon de ouate qu’on a préalablement frotté sur la poussière métallique ; celle-ci, par un secret des fabricants, mord les parties dessinées en rouge et forme ainsi un composé inaltérable qui retient la poudre d’or fixée solidement à sa surface. Le laque de Canton sert à faire des coffrets, des boîtes, des écrans, des plateaux, etc. — Le laque de Pékin est rouge. Il y en a d’ancien et de moderne. Dans le premier c’est le stuc concassé qui domine ; dans le second, c’est la cire qui forme le principal ingrédient. Le vieux laque est d’un rouge très-foncé, qui devient grenat au frottement ; tandis que le jeune laque est encore tout resplendissant de son éclat vermillon. Le laque de Pékin sert à faire des jardinières, des montants d’éventail, des étagères, etc. — Le laque de Fou-Tcheou est une composition grise, très-légère et ne se rencontre pas souvent dans le commerce. Malgré sa rareté, il est peu estimé et ne s’emploie que pour la fabrication des mêmes objets[20].

Les Chinois savent employer depuis longtemps le plomb, le cuivre, le fer, dans la préparation des couleurs et la fabrication des pierres précieuses artificielles. Ils connaissent les alliages métalliques, et particulièrement ceux de cuivre, de zinc et d’étain, qui servent à fabriquer des miroirs, des ustensiles de cuisine[21], des gongs, espèce de cloches cylindriques, qu’on fait résonner en les frappant avec de gros maillets de bois[22]. Ils connaissent aussi la trempe des alliages de cuivre pour la fabrication des tam-tams. Leur pacfong ou cuivre blanc, que nous appelons argentan, à cause de sa ressemblance avec l’argent, est un alliage de cuivre, de zinc, et de nickel.

Il est d’autres inventions dont la priorité paraît revenir aux Chinois ; telles sont, entre autres, l’imprimerie, la fabrication du papier, l’encre, etc. Le collage du papier est fort ancien. L’encre de Chine, dont le principal ingrédient est le noir de fumée, se vend, comme l’on sait, sous forme de petits bâtons, sur lesquels les ouvriers ont soin de graver diverses figures de fleurs, d’animaux, etc. Ils y mêlent des parfums pour en corriger l’odeur forte et désagréable.

L’empire de la Chine est riche en mines de plomb et d’étain. Aussi ces métaux s’y vendent-ils à bas prix. L’usage du fer y remonte à une haute antiquité ; car il en est question dans le Chou-king (chap. Yu-kong)[23]. Ce métal, qui se prêle si difficilement à la fusion, les Chinois le réduisent en lames et en fils très-minces. « Leurs ouvrages en fil de fer, dit l’ancien président de la Compagnie des Indes, ne sont pas aussi proprement exécutés que les nôtres, mais ils ne laissent pas d’être bons. Nous les surpassons aussi sous le rapport du bon marché. Les Chinois importent notre fer en barres ; ils préfèrent le travailler eux-mêmes. Ils ont déjà commencé à fabriquer des horloges, des pendules et des montres ; cependant ils font venir les ressorts d’Angleterre [24]. »

Le jade appartient, en Chine, à la classe des objets les plus chers et les plus précieux. C’est une pierre opaque, fort dure, espèce de silicate calcaire magnésien qu’on retire des montagnes du Hu-nan (province occidentale de la Chine). Comme le diamant, on ne le polit qu’avec sa propre poussière. La variété la plus estimée est d’un blanc laiteux pur, marqué de quelques taches couleur de feu et veiné de vert. Le jade vert opaque a beaucoup d’analogie avec la serpentine. Dans le palais d’été impérial d’Huen-mi-nu-hien, incendié par les Anglais (le 13 octobre 1861), on trouva, entre autres objets précieux, deux bâtons en jade, auxquels la forme de sceptre fit donner le nom de bâtons de commandement. L’un fut envoyé à la reine Victoria, l’autre à l’empereur Napoléon III. « Ce sont, dit M. de Kéroulée, des bâtons de souhait, emblèmes de bonheur que les Chinois s’envoient au commencement de l’année, en guise de cadeaux[25] ».

Système monétaire[26]. — Tous les échanges se faisaient autrefois en nature, comme cela avait lieu primitivement dans tous les pays. Sous les Hia et les Chang (de 2400 à 1200 avant J.-C.), on trouve l’indication de trois métaux, jaune, blanc, rouge, employés comme moyens d’échange, à savoir l’or, l’argent, et le cuivre. L’or a été longtemps très-rare en Chine. On le retirait des sables de quelques rivières, par les procédés de lavage ordinaires [27].

L’exploitation des mines d’argent devait être pendant longtemps très-imparfaite, puisqu’elle laissait encore, d’après les détails qu’en donne la Petite Encyclopédie chinoise (écrite en 1633), beaucoup à désirer au dix-septième siècle. Il n’en est pas de même des mines de cuivre, qui sont extrêmement abondantes en Chine, et qui paraissent avoir été en tout temps assez bien exploitées.

Les seules pièces métalliques monnayées sont les sapèques. Elles sont composées d’un alliage de cuivre et d’étain : chacune pèse 12/100 d’once chinoise (4 gr. 50). Elles sont percées au milieu d’un trou carré par lequel on les enfile en chapelets. Il faut 3, 600 sapèques pour faires 2 taëls (15 fr.) L’argent se vend en lingots, et ne se trouve pas à l’état de monnaie titrée. La valeur du lingot ou soulier d’argent est de 1 ou 1 taëls au minimum.

L’ancien gouvernement chinois avait le monopole de l’émission des monnaies et de l’exploitation des mines. Il n’émettait de la monnaie que pour acheter des grains dans les années fertiles, et les revendait ensuite au peuple dans les années de disette.

Les pièces monnayées, les médailles de cuivre, sont moulées, et non frappées sur un flan, à froid, comme se pratique le monnayage actuel. Cette circonstance a rendu le crime de faux monnayage extrêmement commun en Chine, malgré les peines sévères auxquelles les coupables sont condamnés.

La fabrication de la monnaie a toujours été à l’état d’enfance chez les Chinois ; on l’attribue généralement à l’incapacité de cette nation pour l’invention des machines dont l’emploi demande une grande force. Quant aux travaux de main d’œuvre dont l’exécution exige beaucoup d’adresse et de patience, les Chinois n’ont peut-être pas de rivaux dans le monde entier.

Dans les montagnes des environs de la ville de Hoei-Tcheou, il y a des mines de cuivre, d’or et d’argent exploitées depuis la plus haute antiquité. L’affinage de l’argent par la coupellation parait être connu d’assez longue date[28] Les Chinois ne connaissent pas, — chose étrange ! — l’emploi des acides forts pour dissoudre les métaux. Cependant ils connaissent les substances salines, dont le mélange peut donner naissance à des phénomènes chimiques, analogues à ceux produits par des acides. Voici comment les pharmaciens de Chine préparent, par exemple, l’oxyde rouge de mercure :

Mercure
Sulfate d’alumine
Nitrate de potasse
parties égales.

Ce mélange a pour effet d’oxyder le mercure comme si on le traitait par l’acide nitrique. C’est ainsi que procédaient les alchimistes avant la découverte de l’eau-forte (acide nitrique).

La méthode dont ils se servent pour préparer le calomélas est beaucoup moins simple, et démontre qu’aucun principe scientifique ne préside à la préparation de leurs produits chimiques et pharmaceutiques. Voici les substances qu’employa à cette préparation le pharmacien de M. Pearson, chirurgien en chef de la factorerie anglaise, auquel nous empruntons ces détails[29] :

Sulfate de fer 
 4
Sulfate d’alumine 
 920
Nitrate de potasse très impur 
 900
Sulfure de mercure 
 120
Sulfure incertain (de couleur jaune et bien broyé) 
 660
Mercure 
 600
Chlorure de sodium 
 920
Sous-borate de soude 
 930

« Le pharmacien avait, raconte M. Pearson, apporté avec lui son appareil. Le fonrneau dont il se servait était en terre glaise cuite ; c’était un de ces poêles portatifs sur lesquels les Chinois font leur cuisine ; en outre, un vase de terre non vernissé, de la capacité d’environ une livre, et un autre de plus du double, dont le fond était enlevé ; puis un plat de porcelaine ordinaire, et un gros pot de terre contenant un peu d’eau. Après avoir mêlé tous les ingrédients, à l’exception des deux sulfures et du mercure, il les mit dans le vase de terre, les saupoudra avec les deux sulfures et du mercure, et plaça le vase sur le fourneau, c’est-à-dire sur quelques charbons biens ardents.

« Au bout d’une demi-heure le tout se trouvant en état de fusion, il ajouta le mercure et augmenta le feu. Au bout d’une heure, lorsque la fusion fut complète, il ôta le vaisseau du feu et le renversa pour épancher une partie du mercure, qu’il remi ensuite dans le même vaisseau et le plaça de nouveau sur le feu. En l’ôtant encore au bout de dix minutes, il reconnut qu’il ne s’était point perdu de mercure ; alors il le renversa sur le plat de porcelaine, et amoncela du sel ordinaire tout autour du vase de terre ainsi que par-dessus son fond renversé, sur lequel il appliqua l’intérieur du troisième plat, dont le fond était enlevé, de manière que ses bords appuyaient sur ceux du plat de porcelaine. Au bout d’une demi-heure il ajouta du charbon, et ranima le feu en l’éventant ; de temps en temps il appliquait son oreille pour écouter, disait-il, le sifflement et le bouillonnement qui devaient se faire entendre. Enfin, il annonçait ces effets avec tout le charlatanisme d’un alchimiste.

« Le muriate qu’il avait ainsi obtenu était loin de pouvoir soutenir la comparaison avec celui qu’il avait apporté comme substance modèle. Il parut extrêmement confus du triste résultat de son opération, et me dit que, si je consentais à assister à une seconde expérience, il était sûr d’être plus heureux. J’acceptai, et en effet il réussit cette fois. »

Ces opérations ressemblent assez, pour le répéter, aux opérations des alchimistes qui arrivaient, par des voies extrêmement compliquées, aux résultats auxquels nous parvenons aujourd’hui par des voies fort simples [30].

La doctrine de la transmutation des métaux n’est pas inconnue aux Chinois. On en trouve des traces évidentes dans un livre chinois qui a pour titres : Tsai-y-chi ; on y lit, entre autres, qu’un vieux savant avait changé des racines et des terres en or, en les faisant calciner dans un vase façonné en tête d’oiseau. Dans les annales de Song, on lit : « Yang-kiai, sur la croyance qu’on pouvait changer les tuiles et les pierres en or (hoa-oua-che-ouei-hoang-kin), quitta ses emplois pour travailler au grand œuvre[31]. »

La transmutation des métaux, telle que la concevaient les alchimistes, était donc une idée depuis longtemps répandue en Chine. On ne dira pas que les alchimistes l’aient empruntée aux Chinois, et encore moins que les Chinois l’aient empruntée aux alchimistes de l’Europe. Est-ce là une de ces idées qui en tout temps et en tout lieu se présentent en quelque sorte d’elles-mêmes à toutes les intelligences ? C’est là un sujet digne d’être médité.

Au jugement des voyageurs les plus récents, qui ont pu visiter Pékin à loisir, il faut beaucoup rabattre de la renommée artistique des Chinois. « La forme, dit M. de Kéroulée, n’est rien pour les Chinois ; le prix de la matière première et le plus ou moins de difficulté que l’on peut avoir à la travailler, voilà ce qui constitue le mérite des objets. L’enchevêtrement, le fouillis, le heurté, tout ce qui répugne à l’œil d’un homme de goût, voilà ce qui séduit et enchante les hommes de cette race dépourvue des facultés phrénologiques dont la résultante est ce qu’on appelle le sentiment du beau, le goût artistique… Partout chez les Chinois la patience de l’ouvrier tient lieu de la grâce et du fini. On creusera, dans une boule d’ivoire, trois ou quatre autres sphères creuses qui se meuvent indépendantes les unes des autres ; on réunira les ongles d’un millier de fourrures de martres, et, ajustant par un travail inouï de couture toutes ces parcelles de peau l’une à l’autre, l’on aura fait une fourrure tellement riche, tellement précieuse, que l’empereur seul peut la porter : voilà ce que les Chinois considèrent comme le criterium du beau, comme la merveille la plus digne d’admiration… Dans tout ce qui est incrustation, mosaïque, ciselure, leurs œuvres pourront acquérir une certaine valeur et un certain prix, même aux yeux de l’artiste. Mais, pour me résumer, je dirai hautement qu’en Chine je n’ai jamais rien vu qui approchât, comme beauté de forme, de la moindre poterie étrusque, de la plus simple coupelle antique trouvée aux environs du dernier bronze recueilli dans les fouilles d’une ville d’Italie[32]. »

Les Chinois et les Japonais entretenaient-ils des relations avec l’Amérique longtemps avant la découverte de ce continent par les Européens ? C’est une question qui a été souvent agitée, sans pouvoir être résolue[33].

La race mongole, quelle que soit l’antiquité de sa civilisation, ne pèse guère dans la balance du progrès. Repoussant avec hauteur toute lumière venue du dehors, elle se complaisait depuis des siècles dans son immobilité d’idoles, lorsque des querelles récentes lui firent sentir la puissance et la supériorité de l’Occident. La France et l’Angleterre alliées, dictant des conditions de paix (septembre 1800) dans la capitale même de l’Empire du milieu, c’est là un des événements les plus mémorables de notre époque. Grâce à cette alliance civilisatrice, la Chine est aujourd’hui ouverte à toutes les nations de l’Europe.

  1. Le peuple chinois civilisé n’occupait, au XIIe siècle avant notre ère, qu’un espace limité au midi par le 33e ou le 34e degré de latitude, au nord par les 37e et 38e. Le milieu de cet espace correspond à la vallée inférieure du fleuve Jaune ; et, d’après un recensement de cette époque, sa population s’élevait à vingt et un millions d’individus. Jusqu’au IIIe siècle avant notre ère , les parties méridionales de la Chine ont été occupées par des hordes sauvages. (Journal asiatique, n" 58, 1840.)
  2. « Une tribu de pasteurs au teint basané, de race toukiouiche ou turque, les Hiouguioux, habitaient sous des tentes de peau, la steppe élevée de Gobi. Une partie de cette tribu, longtemps l’épouvante de la puissance chinoise, fut refoulée au sud vers l’intérieur de l’Asie. Ce choc des nations se propagea irrésistiblement jusqu’à l’Oural, siège primitif des Finois. De là firent irruption les Huns, les Avares, les Khasars, et diverses races mêlées, d’origine asiatique. Les armées des Huns se montrèrent d’abord sur le Volga, puis en Pannonie, enfin sur la Marne et aux rives du Pô, dévastant les riches campagnes où, depuis les temps d’Anténor, le génie créateur de l’homme avait entassé monument sur monument. Ainsi un souffle empesté vint, des déserts de la Mongolie, flétrir, sur le sol cisalpin, la fleur délicate des arts cultivée depuis tant de siècles. » Alex. de Humboldt, Tableaux de la nature, tome I, p. 19 de notre traduction.
  3. Au rapport du chancelier Thomas Morus, l’Angleterre ne fut jamais plus près de sa ruine que lorsque tous les propriétaires voulaient avoir des troupeaux de moutons ; ce qui occasionna d’abord une dépopulation extrême dans les campagnes, et fit enfin manquer le pain jusque dans Londres.
  4. « L’art de faire de l’encre, de même que tous les arts qui ont rapport aux sciences, est honorable à la Chine, où ce n’est que par les sciences que l’on s’élève aux dignités de l’empire. » Page 135, vol. 1, de la Description géographique, historique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, par le P. J.-B. du Halde. (Paris, 1735, 4 vol. in-fol).
  5. Il n’existe pas d’ouvrage chinois sur la chimie proprement dite. On conserve à la Bibliothèque impériale de Paris un très-petit nombre de livres chinois qui pourraient intéresser l’histoire de cette science. Parmi ces livres, nous citerons particulièrement la Petite Encyclopédie chinoise des arts et métiers (côtée F. 358), sous le titre de Thien-kong-khaï-we. En voici la table des matières :
    TOME I.

    Teinture des étoffes. — Fabrication de toutes les couleurs. — Indigo. — Carthame. — Sels. — Sels de mer. — De rivière. — Sel gemme. — Sucres, miel. — Sucreries.

    Tome II.

    Art du potier et du tuilier. — Métaux et leurs alliages. — Trépieds. — Cloches. — Chaudières. — Figurines. — Canons. — Miroirs. — Monnaies.

    Métallurgie. — Haches. — Bêches. — Limes. — Ciseaux. — Scies. — Polissoirs. — Ancres. — Aiguilles. — Tam-tams. — Chaux. — Chaux d’écailles. — Charbon de terre. — Aluns blanc, bleu, rouge, jaune, vert. — Soufre. — Arsenic.

    Huiles. — Huile d’écorce ( ?). — Fabrication du papier.

    Tome III.

    Les cinq métaux. — L’or, l’argent. — Le cuivre rouge, jaune, blanc. — Le zinc. — Le fer. — L’étain. — Le plomb. — Blanc de plomb. — Rouge de plomb.

    Armes. — Arcs. — Boucliers. — Poudre. — Salpêtre. — Soufre. — Armes à feu. — Canons. — Fusils. — Mines. — Cinabre. — Vermillon. — Cuivre, — Eau-de-vie de grains. — Perles. — Diamants. — Agate. — Cristal. — Verre.

    On voit que dans aucun de ces volumes il n’est question d’acides minéraux. Mais on y remarque quelques produits (zinc, eau de-vie) dont la préparation suppose nécessairement la connaissance de la distillation.

    Les deux ouvrages chinois (cotés XXVII et XXIX) intitulés Piun-cao-kam-mo et Fuen-pu-puen-ca, qui traitent des propriétés médicinales des plantes, sont à peu près sans intérêt pour la chimie.

    L’EncycIopédie japonaise, San-Thsaï-thou-hoeï, c’est-à-dire les trois choses principales ( le ciel, la terre, et l’homme), nous donnent également très-peu de renseignements sur la chimie. (Voy. Abel Remusat, Notions et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi, t. XI, Paris, 1827.) En voici cependant un passage assez curieux, ainsi conçu : « Le feu follet nait du corps des hommes et des animaux morts. » Ce feu follet serait-il le gaz phosphoré, spontanément inflammable à l’air, et qui s’observe souvent dans les cimetières ? — On lit dans cette même Encyclopédie, à l’article Feu : « Il y a quatre espèces de feux pour le ciel, trois espèces de feux pour l’homme, et cinq espèces pour la terre. Les quatre feux du ciel sont : celui de l’éther suprême, qui est le vrai feu, ou le feu par excellence ; le feu des étoiles, qui est d’une nature plus fugitive ; celui des dragons, et celui du tonnerre. Sur la terre, on distingue le feu qui s’obtient par le frottement du bois, celui qui prend naissance par le choc d’une pierre, celui qui vient de l’huile des pierres, et celui qui naît dans l’eau. »

  6. La Chine, par J.-F. Davis, ancien président de la Compagnie des Indes en Chine, t. II, p. 192 (trad. par A. Pichard ; Paris, 1837-8).
  7. Poudre de Chine : Nitre 75,7. Charbon 14,4. Soufre 9,9.
    Poudre française : Nitre 75. Charbon 15. Soufre 10.
  8. On a proposé bien des étymologies pour le nom de porcelaine (tse-ki, en chinois). Suivant les uns, ce nom vient du portugais porcellana, petite tasse ; suivant d’autres, il dérive de portulaca oleracea, pourpier, dont la fleur est d’un blanc rosé : on l’appelait ainsi parce que la porcelaine des anciens était de cette couleur. (Whitaker’s Course of Hannibal over the Alpes, i, 55.) Enfin, d’après Marsden, le mot porcelaine ou porcellana fut appliqué dès le commencement par les Européens à la faïence chinoise, à cause de la ressemblance que présente sa surface polie avec celle de la coquille univalve, qui tirait elle-même son nom du rapprochement de sa forme convexe avec le dos arrondi d’un porcella ou petit cochon. (Marco-Polo, p. 428, note de Marsden.) Les Anglais appellent la porcelaine, avec beaucoup plus de raison, Chinaware, marchandise de Chine.
  9. Les vasa murrhina des Romains étaient, selon Whitaker, des vases de porcelaine. (Voy. Course of Hannibal over the Alpes, i, 55.)
  10. Du Halde, Description de la Chine, vol. ii, p. 177. Le P. Dentrecolles, missionnaire de la Chine, avait une église dans King-te-Tsching, endroit où l’on fabrique la plus belle porcelaine de la Chine, et parmi ses chrétiens néophytes il en comptait plusieurs qui étaient fabricants de porcelaine.
  11. Ces recherches ne furent pas poussées plus loin par Réaumur. Mais, en 1758, le comte de Lauraguais, Darcet et Legay, entreprirent une série d’expériences qu’ils continuèrent pendant quatre ans. Ils furent ainsi amenés à la découverte d’une porcelaine ayant les mêmes qualités que celle de la Chine ou du Japon, et qui ne lui cédait qu’en blancheur. Macquer, qui était alors chargé de l’inspection de la manufacture de Sèvres, conseilla au gouvernement français de proposer un prix pour la découverte des substances terreuses propres à donner une porcelaine blanche. Cette proposition ayant été adoptée, un pharmacien de Bordeaux, nommé Villaris, annonça que, dans les environs de Saint-Yrieux-la-Perche (Haute-Vienne), il existait une terre blanche qui, dans son opinion, devait remplir le but désiré. En effet, cette terre, essayée par Macquer, répondit à cette attente. Il fut établi dès lors une manufacture de porcelaine à Sèvres, qui devint le modèle d’autres établissements semblables en Europe.
  12. Du Halde, ouvrage cité, p. 178 {iie vol.).
  13. Le mot talc dérive de l’allemand talg, graisse, à cause du toucher graisseux de cette roche.
  14. Ce qui s’oppose à la culture du thé en France ou en Algérie, c’est bien moins la nature du sol ou du climat que le manque de bras et le défaut de ces soins minutieux où les Chinois excellent. Il est difficile de se faire une idée de la patience et du temps qu’ils mettent à égréner les plus petites mottes de terre : on dirait la terre passée au tamis. 1 ! faut y joindre encore les soins avec lesquels ils récoltent et préparent le thé avant de le livrer au commerce.
  15. Ouvrage cité, p. 184 (vol. ii).
  16. G. de Keroulée. Un voyage à Pé-kin (Paris, 1861), p. 257.
  17. Du Halde, ouvrage cité, p. 199 (vol. 1).
  18. Voici comment s’exprime à cet égard l’empereur Kaug-hi, dans ses observations de physique et d’histoire naturelle : « Le vernis du Japon est d’une finesse, d’un éclat et d’un poli qui charment l’œil ; celui de la Chine lui est inférieur. Tout le monde en fait honneur à l’adresse des Japonais : c’est une méprise de préjugé et d’ignorance. L’application du vernis demande un air doux, frais, serein ; celui de la Chine est rarement tempéré, et presque toujours chaud ou froid, ou chargé de poussière, etc. » (Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, etc., des Chinois, par les missionnaires de Pékin, t. iv.)
  19. Davis, La Chine, vol.ii, p. 186.
  20. G. de Kéroulée, Un voyage à Pé-kin p. 254 et suiv.
  21. Extrait du Ming y pie’ tou : « Pour tous les remèdes qui se préparent sur le feu, il ne faut point d’ustensiles de cuivre et de fer, il faut se servir d’ustensiles d’argent ou de terre. » (Du Halde, vol. iii, p. 454.) Cette citation montre que les Chinois connaissent le danger des ustensiles de cuivre et l’emploi de la vaisselle d’argent.
  22. La grande cloche de Pékin, mesurée par les jésuites, avait quatorze pieds et demi de hauteur, et environ treize de diamètre. L’alliage des gong-gongs est, d’après Klaproth, composé de 78 parties de cuivre et de 22 parties d’étain.
  23. Histoire générale de la Chine, trad. du texte chinois par le P. de Moyriac de Mailla, missionnaire à Pékin, vol. XIII, 4 ; Paris, 1785 (p. 296). Le Chou-king qui signifie le livre des temps antiques, traite de l’histoire des anciennes dynasties depuis 2200 jusqu’à 1000 avant J.-C., ou depuis l’empereur Yao jusqu’à la dynastie Tsckehu
  24. Davis, ouvrage cité, vol. II, p. 173.
  25. Ibid., p. 252
  26. Édouard Biot a publié sur ce sujet (Journal asiatique, série III, 1837) des détails précieux, tirés de documents originaux (viiie et xie cahiers de la collection de Ma-touan-lin).
  27. Voy. Encyclopédie des arts et métiers (Tien-kong-kaï-w).
  28. « Il y a des ouvriers dont l’unique métier est d’affiner l’argent en bâtons (il n’y a pas d’argent monnayé) dans des fourneaux faits à ce dessein, et d’en séparer le cuivre et le plomb. » ). (Du Halde vol. II, p. 188.)
  29. Davis, ouvrage cité, vol. II, p. 202.
  30. Les pharmaciens sont fort nombreux en Chine. Leurs boutiques sont ornées d’une foule de vases et de bocaux, avec des inscriptions, comme chez les pharmaciens d’Europe. Partout à Pékin et dans les villes d’alentour on voit des affiches qui annoncent quelque médicament merveilleux : l’huile de Po-kio, « souverain contre toutes les maladies » ; les pastilles de gin-sing, qui se vendent au poids de l’argent et qui guérissent de la dyssenterie ; les pilules rouges de Kian-tse, qui préservent des insolations, etc. (G. de Kéroulée, Voyage à Pékin, p. 103.)
  31. Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, etc., des Chinois, par les missionnaires de Pékin, t. ii, p. 493. (Ouvrage en xiv vol. , 4 ; Paris, 1777).
  32. G. de Kéroulée, Un voyage à Pékin, attaché à l’ambassade extraordinaire de France en Chine (1860-1861) ; Paris, 1861, p. 250-251
  33. Consultez le Livre sacré et les Mythes de l’antiquité américaine par l’abbé Brasseur de Bourbourg, Introduction, p. xxix et suiv., Paris 1861.