Histoire des doctrines économiques/4-6-1

La bibliothèque libre.

CHAPITRE VI

LE SOCIALISME EN FACE DU CHRISTIANISME

I

LE SOCIALISME A-T-IL UNE AFFINITÉ AVEC LE CHRISTIANISME ?

Une dernière question, ou mieux encore tout un ordre de questions nous reste à examiner : quels sont les rapports du socialisme avec le christianisme ?

En tant que science, l’économie politique ne se heurtait point aux vérités religieuses ; bien plus — si ce n’est dans leur philosophie sur Dieu, l’homme et le monde — elle ne les rencontrait pas sur sa route pour leur demander le secret de son origine ou pour appuyer sur elles ses déductions, et pas davantage non plus pour travailler à les déraciner dans les esprits. Mais le socialisme a-t-il pu garder cette attitude ? Tout au moins a-t-il tenté de l’observer ?

La vérité, c’est qu’il a essayé par intervalles de se donner une origine chrétienne ; mais la vérité aussi, comme nous le disions ailleurs, c’est qu’il est impossible de croire à un rapport quelconque, soit de filiation, soit même tout simplement de conformité, entre le christianisme et lui.

Nous avons vu déjà que des considérations d’opportunité et de milieu historique lui avaient cependant inspiré cette tactique dans la période de 1848, et cela parfois sous la plume de quelques-uns des hommes les plus irreligieux et les plus familiarisés avec le blasphème comme fut Proudhon[1]. Bien plus, divers auteurs plus récents et s’inspirant de motifs très divers ont persisté à affirmer ces relations, bien que pour le faire il leur ait fallu, de la façon la plus complète, nier ou ignorer tout ce qui a constitué l’essence du christianisme, soit à son origine, soit dans le long cours de son développement à travers les âges.

« Les origines du christianisme sont communistes », a dit par exemple Nitti[2] ; et Loria, professeur à l’Université de Padoue, a enseigné que « Jésus, tout le long de sa vie trop tôt fauchée, demeure un socialiste fervent, dont les doctrines communistes ne furent pas étrangères à sa fin tragique[3] ». Émile de Laveleye a professé les mêmes opinions. « Le socialisme, a-t-il dit, sort du christianisme comme le chêne du gland. Dans tout chrétien il y a un socialiste en germe, et dans tout socialiste un chrétien inconscient[4]… Le christianisme a gravé profondément dans nos cœurs et dans nos esprits les sentiments et les idées qui donnent naissance au socialisme… En tout cas, ce que l’on peut affirmer, c’est que la religion qui nous a tous formés — adeptes comme adversaires — a formulé dans les termes les plus nets les principes du socialisme, et que c’est précisément dans les pays chrétiens que les doctrines socialistes ont pris le plus grand essor[5]. » Et en annonçant le règne futur du socialisme, le même auteur prédisait que « le socialisme se réalisera de lui-même dans un délai d’un à cinq siècles, à mesure que les classes aisées se pénétreront des sentiments du socialisme chrétien ou — si vous aimez mieux — des idées de solidarité humanitaire ; à mesure aussi que d’un autre côté le peuple arrivera peu à peu à se gouverner lui-même sur le terrain politique et dans le domaine de l’industrie[6]. »

Il est donc parfaitement vrai que certains écrivains socialistes, qui ne reconnaissent aucunement l’autorité de l’Église et qui ne partagent point nos croyances, ont tenté d’attribuer à leurs thèses une origine toute chrétienne. Tout au moins ils se sont plu à supposer une profonde influence du « principe socialiste » de l’Évangile[7]. M. de Laveleye a même dit que, « si l’on veut extirper le socialisme, il faut l’atteindre dans sa source et dans ses moyens de diffusion : proscrire le christianisme et brûler la Bible[8] ».

Nous ne saurions souscrire à aucun de ces jugements. Les générosités de la charité chrétienne n’ont rien à voir avec les théories d’égalité forcée, de contrainte et de spoliation ; le respect de la propriété inscrit dans le Décalogue et également imposé par le Nouveau Testament est inconciliable avec les tendances ou les revendications du socialisme ; enfin, entre le socialisme d’une part et le christianisme pur ou catholicisme de l’autre, il y a cette différence irréductible, que tous les initiateurs du socialisme ont favorisé les passions et réhabilité la chair, tandis que l’Évangile a pour trait distinctif de sa morale la mortification des sens et la lutte contre les passions[9].

Ce n’est pas tout : et si le socialisme était chrétien d’origine, comme le disait M. de Laveleye, ou au moins chrétien d’esprit, comment expliquerait-on qu’il lui eût fallu dix-neuf siècles pour éclore de cette religion qui le portait en germe, et que précisément alors il eût apparu chez des hommes dont aucun n’acceptait les dogmes du christianisme, dont aucun ne pratiquait ses observances et qui tous ou presque tous vivaient notoirement dans la violation de sa morale domestique et conjugale ?

On se refuse trop à voir ce qui est le fond essentiel du Christianisme et ce qui lui donne son nom, c’est-à-dire son caractère de religion révélée, avec la foi au Christ et le dogme de la Rédemption[10] ; on affecte d’ignorer qu’à ses yeux les dons les plus généreux et les plus sublimes sacrifices à l’amour de l’humanité n’ont aucune valeur pour la fin chrétienne de l’homme, si ce n’est pas l’amour de Dieu qui les inspire pour les sanctifier et les surnaturaliser[11].

Par ailleurs aussi, on altère radicalement la notion chrétienne de la morale en dépouillant cette morale, non seulement de son principe, mais encore de sa forme rigoureusement personnelle et de ses sanctions non moins personnelles dans l’éternel au-delà de la vie. Bien plus, si la morale socialiste avait des devoirs proprement dits, non contente de les avoir autres dans leur fondement et leurs principes, elle les aurait autres aussi dans leurs objets. Ainsi les notions de droit, d’égalité et de jouissance y remplacent celles de devoir, de hiérarchie et d’abnégation ; les dévouements sans gloire et sans profit n’y apparaissent point ; dans l’assistance des pauvres et dans le soin des malades, le socialisme n’obtient point de services qu’il ne soit obligé de salarier. On y fait sans doute de l’altruisme dans les mots et les institutions : mais ce n’est jamais que pour pouvoir se permettre individuellement à soi-même plus d’égoïsme dans les actes.

Jamais non plus le respect de la femme, au sens chrétien et au sens de Le Play, n’a existé dans le socialisme. On ne peut pas-même l’y concevoir, une fois admises les théories de la réhabilitation de la chair et de l’affranchissement des passions. Platon, celui que l’on appelle le divin Platon, n’avait pas pu faire du socialisme sans y mêler la promiscuité des sexes ; Campanella ne s’est pas soustrait à cette tyrannie de la logique ; Mably enfin, Morelly et tous les modernes, à finir par Bebel et par Malon[12], ont rêvé d’associer le plus immonde dévergondage avec la jouissance égalitaire ou commune des biens.

Le féminisme lui-même n’a rien à voir avec le christianisme. Le christianisme a relevé la femme ; il a proclamé l’égalité de sa dignité : mais il a maintenu la différence de ses fonctions ; Vouloir faire du féminisme avec saint Paul, parce qu’il a déclaré que devant Dieu il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni libre ni esclave, ni homme ni femme[13], ce ne serait pas plus fondé que de vouloir faire de l’internationalisme avec ce même texte[14]. Le féminisme socialiste — et tous les vrais socialistes sont féministes — n’est pas autre chose qu’un procédé pour attaquer l’institution chrétienne du mariage. « Toutes les questions féministes — disent ensemble deux sommités du socialisme en Belgique convergent vers une transformation du mariage »[15] : et c’était bien cette même notion du féminisme que l’on trouvait déjà dans Saint-Simon et Stuart Mill. Les pays où le socialisme s’implante avec le plus de force et le plus de liberté, ne sont-ils pas de ceux aussi où la stérilité volontaire du néo-malthusianisme, par la corruption de l’idée naturelle et chrétienne du mariage, fait le plus de progrès ? Témoin la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande[16].

Le socialisme est si peu chrétien d’origine et d’instincts que, parmi les innombrables utopies que nous pourrions énumérer, il ne s’en trouve qu’une qui soit chrétienne — et encore est-elle protestante — c’est celle du pasteur de Souabe, Andreæ[17] : car nous ne parlons ici ni du badinage mythologique du grand Fénelon, ni de cet exemple unique au monde par lequel les missionnaires du Paraguay montrèrent que l’Évangile, s’il est importé chez des tribus sauvages, ne les oblige point à répudier ce qu’il y a encore de naïf et d’inculte dans leurs mœurs.

Nous ne revenons pas sur l’esprit de communauté qui a régné d’une manière très passagère dans la primitive Église de Jérusalem. On ne saurait y voir le moins du monde un régime économique : ce n’était que la réalisation des biens et la consommation dû capital par les œuvres de charité, ainsi, qu’il s’est toujours pratiqué et se pratique encore au sein des communautés religieuses[18]. Il fallait, pour l’exemple des siècles à venir, que la perfection évangélique qui venait d’être révélée à titre de conseil — Si vis perfectus esse, vende quæ habes et da pauperibus[19] — fût montrée tout de suite en action, sans que rien pourtant l’appelât jamais à se généraliser et à tarir, par cette généralisation même, les sources nécessaires de la production[20].

Aussi, entre chrétiens, ce n’est qu’en dehors du grand courant de l’Église catholique qu’il faut aller chercher des ébauches de socialisme : et on ne les trouve alors que mêlées à l’immoralité, chez les gnostiques et les carpocratiens des premiers siècles, chez les Fraticelles et les Begghards du moyen âge et chez les anabaptistes de la Réforme.

Il n’y a pas davantage une grande théorie socialiste qui soit d’origine chrétienne. Ce n’est pas le fondement humain et arbitraire de la propriété, tel que Rousseau le soutenait dans le Contrat social, puisque la loi même du Sinaï d’abord et ensuite l’Évangile nous montrent la propriété comme voulue de Dieu[21] ; ce n’est pas la thèse du produit intégral au travailleur, puisque ni la pratique traditionnelle de l’Église, ni la théologie scolastique ne l’avaient jamais proposée, ni soupçonnée ; ce n’est pas davantage la thèse de la valeur causée par le travail ou celle de la rente aboutissant à la nationalisation de la terre, puisque l’Église n’est jamais entrée dans l’explication économique des faits et qu’elle a librement abandonné à la science profane la constatation des lois de ce même ordre, en tant du moins qu’on n’en fera point découler des formules ou des pratiques qu’elle devra condamner.

L’économie politique libérale s’accorde donc infiniment mieux avec la morale chrétienne. Sans doute elle se contente d’expliquer et de décrire au lieu de commander ; mais au moins les leçons pratiques que l’on peut tirer des inductions auxquelles elle conduit, aident à pratiquer les vertus naturelles de travail, de prudence et de tempérance, avec lesquelles l’enseignement chrétien est en un accord aussi facile que nécessaire[22]. Bien plus aussi, quelques-uns des économistes les plus illustres, notamment Bastiat et Carey, ont trouvé dans l’harmonie des lois qu’ils approfondissaient, une démonstration saisissante, de l’ordre que Dieu créateur a mis dans le monde et que sa Providence y maintient.

Il convient cependant, après ces idées générales, de donner un instant d’attention à quelques écrivains.

De tous les socialistes, si nous exceptons Huet, dont l’œuvre est beaucoup plus philosophique et religieuse qu’économique, celui qui rêva le plus de l’alliance du socialisme et de la religion, fut Pecqueur (1801-1887). Pecqueur passa d’abord par les saint-simoniens, puis par les fouriéristes, avant de se trouver une voie originale ; il eut l’honneur d’être rapporteur général de la fameuse Commission du travail, siégeant au Luxembourg en 1848, Son œuvre capitale est la Théorie nouvelle d’économie sociale et politique ou études sur l’organisation des sociétés, publiée en 1842[23] ; et d’autres, telles que la République de Dieu, union religieuse pour la pratique immédiate de l’égalité et de la fraternité universelles (1844), accentuent bien la tournure mystique de ses pensées. Il y a, selon lui, une justice sociale et une morale sociale, comme il y a une justice et une morale individuelles ; l’homme doit s’y sacrifier ; les institutions historiques, comme la propriété et l’hérédité, doivent s’y plier ; et la jouissance commune, qui est dans la volonté de Dieu, guérira tous les vices et toutes les misères de la société moderne. Pecqueur se défend cependant d’être communiste. Il suffira de « socialiser » les individus par la lutte contre l’égoïsme et l’ignorance, et de « socialiser » le sol et les moyens de production, lesquels seront « régis, exploités, employés sous la suprême direction des pouvoirs représentatifs » avec « un seul entrepreneur, un seul capitaliste prêteur, une seule institution de crédit, à savoir l’État, le peuple dans ses représentants[24] ». — C’était donc du pur collectivisme, et l’on a parfaitement raison de faire remonter la chose, mais non pas encore le nom, à Pecqueur et à son Économie sociale des intérêts du commerce et de l’industrie et de la civilisation en général, sous les applications de la vapeur, œuvre parue en 1838[25].

Le nom de Pecqueur est inséparable de celui de Vidal (1812-1872), qui appartient aux mêmes groupes et qui, après avoir collaboré sous Louis-Philippe à des revues fouriéristes, fut secrétaire de la Commission du Luxembourg et rapporteur de cette commission avec Pecqueur.

Mais il est bien inutile de revenir sur les hommages suspects et plus ordinairement blasphématoires que Saint-Simon, par exemple, puis Pierre Leroux, entre autres novateurs de la première moitié de notre siècle, affectaient de rendre au christianisme. Cette allure du socialisme correspondait à un état d’esprit qui n’existe plus : les collectivistes modernes sont franchement évolutionnistes, matérialistes ou athées. Il n’y a donc plus avec eux de socialisme chrétien, ou, pour parler plus exactement, il n’y a plus de christianisme dans le socialisme : mais nous ne pouvons que leur savoir gré de le reconnaître très crûment[26].

Par contre, il a surgi une idée assez nouvelle, véritable défi au bon sens comme au dictionnaire. Très souvent on appelle ce socialisme là une « religion ». Il paraît que même la grève générale en serait une ; car religion, à ce que l’on dit, ne signifierait pas autre chose que n’importe quoi que l’on fait avec enthousiasme, comme si l’idée de la Divinité et d’un culte à lui rendre avait cessé d’être ce qui fait par essence une religion[27].

  1. Supra, p. 684.
  2. Nitti, le Socialisme catholique, tr. fr., p. 88.
  3. Loria, Problèmes sociaux contemporains, tr. fr., 1897, pp. 100 et passim (ce sont ses cours professés à l’Université de Padoue en 1894).
  4. É. de Laveleye, Essais et études, t. III, 1897, p. 41.
  5. É. de Laveleye, le Socialisme contemporain, 10e édition, 1896, introd., pp. xiii-xiv.
  6. É. de Laveleye, Essais et études, t. III, pp. 40-41.
  7. « Quiconque, dit Nitti, examine avec impartialité les œuvres des premiers écrivains du socialisme, voit immédiatement quelle influence considérable a exercée sur eux le principe socialiste du christianisme et dans quelle mesure ce même principe a partout préparé le terrain aux revendications actuelles. Ceux mêmes qui, comme Saint-Simon, Cabet et plusieurs autres, firent preuve d’une hostilité plus marquée à l’égard du christianisme, en ont ressenti l’influence au-delà de ce que l’on croit communément » (Nitti, Socialisme catholique, tr. fr., p. 85).
  8. É. de Laveleye, le Socialisme contemporain, 10e édition, 1896, p. XLI. — À étudier particulièrement toute l’Introduction et les ch. vi, vii et viii.
  9. Cette antithèse est loyalement reconnue par Louis Blanc, Introduction à l’Organisation du travail, 1850, voyez plus haut, p. 625. Seulement Louis Blanc, au lieu d’y voir un des traits essentiels du christianisme, n’y voyait qu’une déviation du sens chrétien par réaction contre le paganisme. — Nous devons rappeler aussi les théories saint-simoniennes contre la mortification des sens (supra, p. 653).
  10. Saint Jean : « Hic est antichristus, qui negat Patrem et Filium… Omnis spiritus qui confitetur Jesum Christum in carne venisse, ex Deo est ; et omnis spiritus qui solvit Jesum, ex Deo non est, et hic est antichristus » (Epist. I, ii, 22, et iv, 2-3).
  11. Saint Paul : « Si distribuero in cibos pauperum omnes facultates meas, et si tradidero corpus meum ita ut ardeam, charitatem autem non habuero, nihil mihi prodest » (I ad Corinthios, xiii, 3).
  12. « Lorsque l’amour et l’estime présideront seuls à l’union des sexes, ce qu’on est convenu d’appeler la débauche disparaîtra rapidement » (Benoît Malon, Morale sociale, 1885, p. 375).
  13. « Non est Judæus, neque Græcus ; non est servus, neque liber ; non est masculus, neque femina : omnes enim vos unum estis in Christo Jesu » (S. Paul, ad Galatas, iii, 28). — Voici des textes qui empêchent suffisamment qu’on ne se méprenne : « Non vir ex muliere... sed mulier propter virum » (I ad Corinthios, xi, 8 et 9) ; — Mulieres in Ecclesiis taceant : non enim permittitur eis loqui, sed subditas esse, sicut et lex dicit » (I ad Corinthios, xiv, 34) ; — « Mulier in silentio discat cum omni subjectione. Docere autem mulieri non permitto, neque dominari in virum, sed esse in silentio » (I ad Timotheum, ii, 11).
  14. M. l’abbé Gayraud, député de Brest, l’a cependant essayé. Apparemment il mettait dans le mot « féminisme » autre chose que ce que d’ordinaire on y trouve. — Voyez le R. P. Cathrein, die Frauenfrage, Freiburg, 1901.
  15. Destrée et Vandervelde, le Socialisme en Belgique, 2e éd., 1903, pp. 350-356 et en particulier p. 351.
  16. Voyez à cet égard Pierre Leroy-Beaulieu, les Nouvelles sociétés anglo-saxonnes, s. d. (1902), et Albert Métin, le Socialisme sans doctrines : Australie et Nouvelle-Zélande, 1901.
  17. Voyez plus haut, p. 623.
  18. « Nec quisquam eorumquae possidebat, aliquid suum esse dicebat : sed erantillis omnia communia… neque enim quisquam egens erat inter illos : quotquot autem possessores domorum aut agrorum erant, vendentes afferebant pretia eorum quoe vendebant et ponebantante pedes apostolorum : dividebatur autem singulis prout cuique opus erat » (Actes des Apôtres, iv, 32-35).
  19. S. Mathieu, xix, 21.
  20. Voyez dans Religions et sociétés, 1905, une conférence d’un député radical, M. Puech, à l’École des hautes études sociales, avec cette conclusion loyalement donnée : « Le christianisme primitif a été un mouvement purement religieux, nullement social » (Op. cit., p. 107).
  21. S. Mathieu, xix, 18 : « non facies furtum ».
  22. Voyez sur ce point de Champagny, la Bible et l’économie politique, 1879.
  23. Voyez l’analyse de la Théorie nouvelle de Pecqueur dans le Handbuch des Socialismus, p. 600 ; — Henri Michel, Idée de l’État, pp. 243 et s. ; — Maisonneuve, Pecqueur et Vidal, 1898.
  24. Théorie nouvelle de l’économie sociale et politique, pp. 267-268, 357, 432, 445, 565. — C’est donc Pecqueur qui a inventé, dès 1842, le mot « socialiser les personnes », dont M. Léon Bourgeois (Solidarité, 1896, p. 86) fait gloire à M. Izoulet comme d’une « formule très intéressante ». En 1842, c’était plus nouveau et plus intéressant.
  25. Voyez à cet égard Villey, Socialisme contemporain, p. 92.
  26. À étudier, entre autres, une longue étude de M. Vandervelde, la Religion, dans ses Essais socialistes, 1906. M. Vandervelde proclame très correctement l’inconciliabilité du socialisme démocratique avec le
  27. Vilfredo Pareto : « Tous ou presque tous les systèmes socialistes sont des systèmes religieux » (Systèmes socialistes, p. 267) ; — Fournière : le socialisme est une religion, puisque l’essence d’une religion est d’être le « ciment indispensable d’une société » (Théories socialistes au XIXe siècle, p. 45) ; — Fidao, le Droit des humbles, 1904 : « À cela près qu’Enfantin resta impuissant à concevoir ou à reconnaître le surnaturel, il avait le sens catholique » (Op. cit., pp. 143, 145, 113, etc.) ; — Lebon, Psychologie des foules, p. 61. — Voyez surtout l’Introduction que M. Dolléans a mlise à son Robert Owen : « Le socialisme, dit-il, est la religion de l’humanité ou encore la religion du prolétariat déifié »… Il est une « doctrine religieuse » (Op. cit., p. 8). Toute cette thèse y est longuement exposée ou discutée.