Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre III/Chapitre 7

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VII. Rétabliſſement du commerce anglois dans l’Inde.

Malgré ces négligences, dès que la compagnie eut obtenu, en 1657, du protecteur, le renouvellement de ſon privilège, & qu’elle ſe vit ſolidement appuyée par l’autorité publique, elle montra une vigueur que ſes malheurs paſſés lui avoient fait perdre. Son courage s’accrut avec ſes droits.

Le bonheur qu’elle avoit en Europe, la ſuivit en Aſie. L’Arabie, la Perſe, l’Indoſtan, l’Eſt de l’Inde, la Chine, tous les marchés que les Anglois avoient anciennement pratiqués, leur furent ouverts. On les y reçut même avec plus de franchiſe & de confiance qu’ils n’en avoient éprouvés autrefois. Les affaires y furent fort vives, & les bénéfices très-conſidérables. Il ne manquoit à leur fortune, que de pénétrer au Japon : ils le tentèrent. Mais les Japonois, inſtruits par les Hollandois que le roi d’Angleterre avoit épousé une fille du roi de Portugal, ne voulurent pas recevoir les Anglois dans leurs ports.

Malgré cette contrariété, les proſpérités de la compagnie furent très-brillantes. L’eſpoir de donner encore plus d’étendue & de ſolidité à ſes affaires, la flattoit agréablement, lorſqu’elle ſe vit arrêtée dans ſa carrière par une rivalité que ſes propres ſuccès avoient fait naître.