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Histoire secrète de la reine Zarah/Texte entier

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Chez Alexandre le Vertueux, à la Pierre de Touche (p. 1-303).

HISTOIRE
SECRETTE
DE LA
REINE ZARAH,
OU LA DUCHESSE
DE MARLBOROUGH
DÉMASQUÉE.

Traduite de l'ọriginal Anglois.

À OXFORD,

Chez ALEXANDRE LE VERTUIUX,

à la Pierre de Touche.

M.DCC.XII.

Avec Approbation de la Nation Britannique.

AVIS AU LECTEUR

L’AUTEUR de cet Ouvrage ne m’eſt point connu ; quelques-uns l’attribuent au Docteur Sacheverell, Miniſtre Anglican, dont le nom a fait tant de bruit dans toute l’Europe, par le perſonnage qu’il joua il n’y a pas longtems, ſur le Theatre Britannique ; d’autres diſent que c’est la production d’un homme d’une beaucoup plus haute naiſſance, c’est-à-dire, d’un des premiers Seigneurs d’Angleterre, dont l’honneur, la vertu, le merite & le grand zele de ſa Patrie, l’ont toujours mis en butte à l’ambition & au credit que s’é- toit acquis l’Heroine qui ſait le ſujet de cet Hiſtoire.

L’Ouvrage a d’abord paru en Anglois, ſous le titre d’Hiſtoire ſecrette de la Reine Zarah & des Zaraziens, &c. les plus pénétrans demaſquerent d’abord cette Reine Zarah, par la conſormité qu’on y trouva avec la Ducheſſe de Marlborough ; Mais comme quelques-uns ſe trouvoient encore embaraſſez ſur les autres noms traveſtis, l’Auteur fit gliſſer dans le public, la Cleſ ou l’explication de cette Hiſtoire. Cette explication. n’a pas été imprimée dans les editions Angloiſes, ni dans celles de la traduction Françoiſe faite en Angleterre, qui ont precedé celle que je donne aujourd’hui : Cependant cette piece étoit ſi neceſſaire, que ſans ſon ſecours, la lecture de cet ouvrage étoit inſructueuse à la plupart des lecteurs, principalement aux étrangers qui ne connoiſſent pas aſſez la carte de la Cour d’Angleterre, pour déveloper tous les noms énigmatiques que l’Auteur y a placé.

On trouvera dans cet ouvrage, la naiſſance, la conduite, le caratere les intrigues ſecrettes de Madame de Marlborough, qui, par un genie peu commun, éleva à la plus haute fortune ſon Epoux la famille de ſes trois Gendres : car elle n’a que trois Filles qui ont été mariées au Comte de Sunderland, au Lord Harmergent, Fils du Duc de Montague, & au Lord Reyalton, Fils de Monſieur Godolſin, cy-devant Grand Treſorier d’Angleterre. On y verra par quelle ſurpriſe elle ſe fit épouſer par Monſieur de Marlborough, ſous le Regne de Charles II. lorſqu’il n’étoit encore connu que ſous le nom de Milord Churchil.

Dans pluſieurs occaſions on rend à la valeur & au merite de Monſieur de Marlborough, la juſtice qui lui eſt deuë, les mauvaiſes démarches qu’il peut avoir ſaites ſous les precedans Regnes ſont attribuées à l’aſcendant que ſon Epouſe a toujours eu ſur ſon eſprit.

Comme les deux premieres parties ne parlent des intrigues de Madame de Marlborough, que juſques vers l’année 1709. il m’eſt tombé entre les mains un petit manuſcrit touchant le changement de fortune de cette Dame, qu’on trouvera à la ſuite de ce volume, & qui en compoſera la troiſiéme partie. Le ſuccès extraordinaire qu’ont eu les éditions Angloiſes, dont il s’eſt debité plus de quinze mille exemplaires, eſt un preſage que celle qu’on donne aujourd’hui en François, beaucoup plus ample & plus intelligible que n’ont été les autres, ſera receuë du public avec ſatisfaction.

CLEF OU EXPLICATION des noms des perſonnes dont il eſt parlé dans cet ouvrage.

Aga ; un Officier militaire.
Albanie ; c’eſt la Reine Anne d’Angleterre.
Albanio ; le dernier Duc d’Yorck.
Albigion ; le Royaume d’Angleterre.
Artonio ; Milord Warton, cy-devant Viceroi d’Irlande.
Aranio ; Milord Koepel.
Auratie ; la Reine Marie, épouſe de Guillaume III.
Aurantio ; Guillaume III. Prince d’Orange.
Breſcia ; la ville de Breſt.
Bruſcus ; Broncley, membre du Parlement.
Cadoganius ; Cadogan, Lieutenant General.

Cambrienſis ; la Ville & Univerſité de Cambridge.

Cambrio ; le Prince de Galles, Fils du Roi Jacques II.

Canutia ; la Province de Kent.

Canutius ; Milord Kent.

Corragio ; Cardonnel, Secretaire du Duc de Marlborough.

Clelie ; Ducheſſe de Cleveland, Maîtreſſe du ſeu Roi d’Angleterre Charles II.

Danterius ; Milord Nottingham.

Devonius ; Duc de Devonshire.

Dunnecleſia ; la Ville de Dunkerque.

Duraceo ; Milord Feversham, de la Maiſon de Duras.

Exeſia ; la Province d’Eſſex.

Fuimus ; le jeune Godolſin, nommé Lord Reyalton, Gendre de Monſieur Marlborough.

Foeski Daniel de Foe, Grand Satiriſte.

Gaulia ; le Royaume de France.

Hippolite ; le Duc de Marlborough.

Hippolitie ; Fille de Monſieur Marlborough, mariée au Lord Harmergent, Fils du Duc de Montague.

Iberie ; Royaume d’Irlande.

Jeniſe Madame Jenning, Mere de la Ducheſſe de Marlborough.

Ladunum ; la Ville de Londres.

Lunarius ; Milord Mohun.

Macaius ; Membre du Parlement.

Montecuto ; Fils du Duc de Montague, connu ſous le nom de Lord Harmergent, Gendre de M. Marlborough.

Mulgarvius ; Duc de Buckingham.

Obornius ; Duc de Leeds.

Onelie ; Madame Tirconnel, Sœur de Madame de Marlborough.

Onelio ; Milord Tirconnel, cy de vant Viceroi d’Irlande il avoit épousé la Sœur de Madame de Marlborough.

Ormondo ; le Duc d’Ormond.

Roſſenſia ; Mylady Rocheſter, Femme du Duc de ce nom.

Roſſenſis ; Milord Rocheſter, Oncle de la Reine Anne.

Roland ; le Roi d’Angleterre Charles II.

Salopius ; le Duc de Shrowſbury. Secretaire d’Etat.

Sainte Albanie ; la Ville d’Yorck.

Sigillarius ; Monſieur Boyle, Secretaire d’Etat.

Solano ; les Comtes de Sunderland Pere & Fils, ſucceſſivement Secretaires d’Etat ; le Fils eſt Gendre de M. Marlborough.

Solana ; Fille de M. Marlborough, mariée au Comte de Sunderland.

Sommerius ; Duc de Sommerſet.

Taunario ; le Vicomte de Towshend, qui a été Envoyé d’Angleteṛre à la Haye.

Tounarius ; Milord Cooper, cy devant Grand Chancelier d’Angleterre.

Uſranie ; Madame Masham, Sœur de Mr. Hill, preſentement favorite de la Reine Anne. Volpone ; Milord Godolſin, cy-devant Grand Treſorier d’Angleterre.

Vranie ; Ville & Univerſité d’Oxford.

Walterius ; le Sieur Walter, Contr’Amiral.

Woodſtokia ; le Lord Woodſtocke, Fils du Sieur Benting, Comte de Portland.

Zarah ; la Ducheſſe de Marlborough, qui eſt la partie principale de cette Hiſtoire.

HISTOIRE SECRETTE. DE LA REINE ZARAH.

PREMIERE PARTIE.

De tous les Royaumes du monde, il ne s’en trouve aucun aujourd’hui qui ſoit plus rempli d’avantures que celui d’Albigion, dont le commerce & la correspondance s’étend de tous côtés : de ſorte que les habitans en ſont auſſi renommés, pour la politique, dans les pays étrangers, que les Moſcovites le ſont chez eux pour la galanterie. La jeuneſſe de ce Royaume, encouragée par l’exemple des Peres, aſpire aux premieres charges de l’Etat, pendant qu’elle eſt encore ſoumise à la diſcipline de ſes Maîtres : & les apprentiſs affectent l’air de Miniſtre` d’Etat, avant que d’avoir appris le miſtere de leurs proſeſſions.

Les Artiſans du plus bas rang prétendent qu’il leur eſt permis de viviſier ceux qui ſont au deſſus d’eux, & de déposer les Miniſtres avec la même liberté qu’ils prennent du Tabac. Les Charetiers & les Savetiers dreſſent des Articles de Paix & de Guerre en prenant du Caſſé, & ſont des Traités de Partage ſans ſaçon ; En un mot, du Prince juſqu’au Berger tout le monde y jouit de ſa liberté naturelle, ſoit que cela procede de la nature du climat, ou du temperamment du peuple. Quoi qu’il en ſoit, je ſuis perſuadé que que les peuples agiſſent, plus ou moins, ſelon les regles & les loix du Gouvernement ſous lequel ils vivent.

La fameuſe Zarah, d’une race obſcure, naquit ſous le Regne de Roland, Roi d’Albigion, le Prince du monde le plus galant, & dans un tems où la galanterie étoit tellement en vogue, qu’il n’étoit pas plus naturel de vivre que d’aimer : auſſi ſceu-t’elle en proſiter plus que perſonne du monde ? Sa Mere ſeniſe, ſemme d’aſſés bas lieu, mais ſort intriguante, connoiſſoit parſaitement bien ſon monde ; & ne negligeoit nullement ſes propres interêts. Quọi qu’elle n’eut pas naturellement trop d’esprit, elle ſuppléoit à ce déſaut par une certaine adreſſe particuliere à de certaines ſemmes, & par ce moyen elle gagnoit les cœurs de tous ceux qui la ſrequentoient.

Zarah devint bien-tôt l’objet de l’admiration de tous ceux qui connoiſſoient ſa naiſſance & ſon éducation : Sa Mere avoit pris ſoin de lui apprendre l’art d’engager & de charmer les cœurs, & comme elle avoit beaucoup d’eſprit & de beauté, elle ne manqua pas de ſe ſaire aimer de tout le monde. Il ſe rencontra en ce tems là à la Cour, un Gentil-homme nommé Hippolite, jeune, bien ſait & de bonne Famille, lequel s’étoit ſait aimer de pluſieurs ſemmes, que l’on diſoit même qui avoient ſait ſa ſortune. Zarah l’ayant vû deux ou trois ſois au bal, divertiſſement ordinaire en ce tems-là, en ſut charmée : Hippolite danſois parſaitement bien, & ne manquoit jamais de s’attirer les applaudiſſemens de tout le monde, il ne ſaiſoit pas un pas qui ne ſût applaudi de tous ceux qui le voyoient, & dont le cœur de Zarah ne ſût ſenſiblement touché ; Il n’eſt même pas extraordinaire qu’elle ſe rendit à un ſi grand merite. Elle reſſentoit une joye inexprimable des honneurs que tout le monde ſaiſoit à Hippolite ; & dès qu’elle le perdoit de vue elle devenoit penſive & melancolique, dont ſa Mere ne ſut pas des dernieres à s’appercevoir. Elle perdit inſenſiblement l’appetit & le repos, ce qui donna beaucoup d’inquietude à l’indulgente ſeniſe, qui n’avoit rien tant à cœur que la ſanté & la ſatisfaction de ſa Fille. La langueur où elle la voyoit, lui donnoit une douleur mortelle, n’en pouvant deviner la cauſe & ne pouvant s’imaginer par quelle raiſon elle lui en ſaiſoit un ſecret. Cependant l’amoureuſe Zarah periſſant à vuë d’œil, ſa bonne Mere redoubla ſes ſoins & ſes tendreſſes Enſin elle la preſſa ſi inſtamment de lui apprendre la cauſe de ſa douleur, & l’aſſura tellement qu’elle mettroit tout en uſage pour la ſatisfaire, au cas qu’elle procedât de l’amour, qu’elle fut obligée d’ouvrir ſon cœur à une Mere ſi indulgente, & qui flattoit ſi agreablement ſes deſirs.

Hippolite, s’écria cette belle avec beaucoup d’emportement & de tendreſſe, eſt de tous les hommes le plus aimable à mes yeux & le plus accompli ! Mais helas ! il aime Clelie & il en eſt aimé, & vous ne connoiſſez que trop le pouvoir la beauté de cette Rivale ; que la qualité de Mditreſſe du Roi qu’elle poſſede, lui donne mille avantages ſur moi, pour flatter ſon cœur & ſon ambition. Clelie aime paſſionnement Hippolite, & elle n’aime le Roi qu’autant que ſes pareilles ont accoutumé de le ſaire, c’est à dire, autant que le pouvoir d’un Monarque peut l’obliger à aimer un homme, à qui elle doit toute ſon élevation. Bien que cette Dame gouverne ce Monarque avec un pouvoir abſolu, elle eſt déchirée par la paſſion qu’elle ſent au plus haut point de ſa gloire, pour un homme qui a ſçu l’aſſervir par ſon propre merite. Auſſi Clelie n’eut-elle. pas plûtôt jetté les yeux ſur Hippolite, qu’elle oublia tout ce qu’elle devoit à ſon bienfaiteur.

Elle ne regarde plus les bontés du Roi que comme des choſes qui lui ſont deuës, ou du moins, dont elle s’acquita ſuffisamment par la reconnoiſſance exterieure & ſuperficiele qu’elle lui en marque. Elle ſe dit même qu’il ne ſauroit avec juſtice, la blâmer de n’avoir point d’amour pour lui, puiſqu’il ne doit s’en prendre qu’à lui-même, qui n’a pas l’art de ſe faire aimer. C’eſt là ordinairement le deſtin des Monarques amoureux : lorſqu’ils ſont auprès de leurs Maîtreſſes, ils ſe deſarment de cette Majeſté, qui éblouit les yeux & qui charme les cœurs : ils ſe negligent & ſe rendent ſi familiers auprès d’elles, qu’elles s’accoutument inſenſiblement à les traiter comme les autres hommes.

Nonobſtant toute la gloire & le plaiſir que ce fait une femme ambitieuſe, de voir tous les jours à ſes pieds une perſonne qui commande à tous les autres ; Les Monarques ne ſçauroient ſans ſe tromper ſouvent, faire fonds ſur la fidelité de leurs Maîtreſſes : il n’y a qu’une paſſion violente qui puiſſe fixer le cœur d’une femme, l’ambition ſeule n’en eſt pas un gage ſuffiſant, & les Princes doivent plus ſouvent leurs conquêtes amoureuſes à leur qualité qu’à leur merite : auſſi ne s’étendent-elles guere que ſur des choſes exterieures & groſſieres, parce que l’amour & l’inclination ne trouvant rien qui réponde à leur attente, la pompe & la ſplendeur ne pouvant en ſatisfaire les deſirs, cherchent ailleurs de quoi ſe ſatisfaire.

Si c’est là tout, (repliqua Jeniſe, cette Mere paſſionnée,) ceſſez de vous allarmer, je ſuis venue à bout de choſes bien plus difficiles : Comme Hippolite eſt brave & qu’il a le cœur bien placé, il ſe laſſera bientôt d’être à une femme, laquelle après avoir ſacrifié ſon propre honneur au Roi ſon Maître, ne ſauroit faire beaucoup d’impreſſion ſür ſon cœur : il ſera même bien aiſe d’avoir ce pretexte de diſpoſer de ſes bienfaits, en faveur d’une autre femme, dont la beauté & la fidelité ſatisferont en même tems ſon cœur & ſon ambition. Car enfin il eſt naturel aux hommes qui aiment le plaiſir, de cherir ceux qui ſont de leur propre choix. De ſorte qu’il ne ſera pas difficile, continua-t’elle, de trouver un milieu pour ſatisfaire votre amour & mon ambition.

Jeniſe ſe ſervit de toute ſon adreſſe pour`en venir à bout. Elle fit en ſorte que la premiere fois que Clelia vit Zarah à la Cour, elle en fut ſi charmée qu’elle l’invita à ſon apartement, étant bien éloignée de ſonger qu’elle fût ſa Rivale : Zarah accepta cet offre avec joye, & la nuit étant venuë, Hippolite ſe rendit à ſon ordinaire à l’apartement de Clelie. Jamais ſurpriſe ne fut égale à celle de Zarah, à la veuë de l’homme du monde qui lui étoit le plus cher lequel s’avançoit vers elle avec tous les avantages d’un heureux Amant, ſans qu’elle pût s’imaginer le ſujet de ſa venuë, & Clelie étant ſortie pour ſe rendre à l’apartement du Roi, qui l’avoit envoyé chercher. Hippolite s’apperçut de ſa ſurpriſe, & fut ſi charmé de ſa beauté, qu’il demeura les yeux fixés ſur elle, ſans pouvoir ouvrir la bouche, tant il étoit tranſporté d’amour. Cependant ayant un peu repris ſes eſprits, il fit un effort voyant la confuſion où étoit Zarah, & rompit le ſilence, en lui diſant ; Jamais ſurpriſe ne ſut égale à la mienne, Madame, à la veuë de vos beautez : Elle eſt telle que j’ai de la peine à me perſuader la réalité de ce que ję vois, bien que mon cœur tâche de s’en flatter. Eclairciſſez mes doutes, Madame, & m’apprenés ſi, ces lieux ſont enchantez ? C’étoit effectivement un lieu ſpacieux & frais, pour ſe dérober aux chaleurs de l’Été. On y voyoit pluſieurs ſieges de gazons, entourez de Jaſmins & d’autres plantes odoriferentes : en un mot, c’étoit un lieu que le Roi avoit choiſi pour ſes plaiſirs. Zarah s’y étoit couchée, & comme il n’y a rien de ſi charmant que la vuë d’une belle femme en cet état, il en fut tellement épris qu’il ne ſçavoit où il étoit ni ce qu’il faiſoit. Zarah ayant enfin recouvré l’uſage de la parole, dont elle ſavoit aſſés bien ſe ſervir en d’autres occaſions lui répondit qu’il falloit qu’il la prît pour un autre : Car enfin, lui dit-elle, je n’ignore pas que Clelie eſt la perſonne à qui s’adreſſe toutes ces douceurs. J’avoue, Madame, repliqua-t’il, que Clelie eſt ma Maitreſſe, mais la paſſion que j’ai pour elle, n’eſt pas à l’épreuve de vos charmes, qui m’en inſpirent un autre, qui effacent tous les ſiens, & dont la ſorce & la violence ſuſſisent pour me ſervir d’excuſe & me ſaire paſſer par deſſus toutes les conſiderations du devoir & de l’interêt.

Zarah ravie d’entendre les paroles paſſionnées d’Hippolite, lui dit, Que bien qu’elle ſut perſuadée de ſa generoſité & de ſon merite, elle ſavoit bien auſſi qu’on ne pouvoit faire aucun fonds ſur un cœur ſi ſujet au changement, qui ſe donnoit avec tant de facilité, & qui ne trouvoit rien en amour de plus charmant que la varieté. Il ce peut, ajouta-t’elle, que vous m’aimiés aujourd’hui, mais vous en aimerez peut-être un autre dans deux jours ; Et vous aurez lieu de m’accuſer de presomption ſi je pretendois que vous me fuſſiez plus fidele que vous ne l’êtes à Clelie.

On pourra s’étonner que deur perſonnes qui ſe connoiſſoient ſi peu ; ſe parlaſſent avec tant de familiarité à la premiere rencontre : Mais il faut ſçavoir que l’amour fait bien plus de progrès en ce pays là que dans le nôtre, où les vents, la neige & la pluye lui engourdiſſent les ailes ; & interrompent la rapidité de ſon vol. Car c’eſt la coutume des Grands de ce pays là, qui n’ont point d’inclination particuliere pour une femme, d’en changer tous les jours, & de chercher le plaiſir dans la varieté, après avoir perdu le veritable goût de l’amour.

Pendant que ces deux amans étoient entierement occupés de leur amour, & qu’Hippolite en galant homme & en habile courtiſant, ne ſongeoit qu’à expliquer à ſa Maîtreſſe la tendreſſe de ſon amour ; Jeniſe qui avoit moyenné cette entrevuë & procuré l’abſence de Clelie, voulant profiter d’une occaſion ſi favorable ; ſe rendit inopinément à l’appartement de cette Dame, pour y ſurprendre nos amans, & tâcher de parvenir au but qu’elle s’étoit propoſée de faire épouſer ſa Fille à Hippolite ; Le bruit qu’elle fit à la porte, les remplit de crainte, ils ſe demandérent ce que ce pouvoit être, ne pouvant s’imaginer qu’on eût pû découvrir dans l’appartement, une intrigue ſi accidentelle, & à laquelle il ſembloit qu’il n’y eut que le hazard qui y eut contribué. Enfin Jeniſe ayant enfoncé la porte, entra toute hors d’haleine, & ſe jetta à demi morte, en apparence, entre les bras de ſa Fille. Que de facheuſes idées ſe préſenterent en ce moment dans l’eſprit d’Hippolite ! il s’imagina que tout étoit perdu, & que c’étoit un ſtratagême de Clelie, ne ſoupçonnant en aucune maniere le deſſein de Jeniſe.

Oh Ciel ! s’écria-t’elle fondant en larmes, que vois-je ? Hippolite ! & ſeul avec vous ? Apprenés-moi ma Fille comment il eſt venu, & à quelle intention ? Zarah ne ſçachant que répondre, gardoit un profond ſilence, tandis que Jeniſe accabloit Hippolite de reproches. Comme cette ſcene avoit été parfaitement bien menagée par Jeniſe, ſans même qu’elle eut fait part de ſon ſecret à ſa Fille : elle ſe jetta ſur elle avec une fureur ſi apparente, qu’Hippolite y fut trompe, & ſe jetta entre deux, pour la dérober à ſon emportement ; il en ſut même ſi ſenſiblement touché qu’elle auroit ſenti les effets de ſon reſſentiment, ſi la crainte de perdre Zarah ne l’eut retenu.

Ce deſordre ne ſut pas plûtôt appaiſé, qu’Hippolite prit Zarah entre ſes bras, en preſence de ſa Mere, & l’embraſſant tendrement lui dit, Madame, les aſſauts où vous venés d’être exposée, à cause de moi, m’obligeront à l’avenir à avoir plus d’égard à votre repos & à votre ſatisfaction, qu’à l’amour que j’ai pour vous, quoi que ce ne ſoit pas une choſe facile que de ſe défaire d’une paſſion comme la mienne. Cette declaration ne repondit pas aux intentions de Jeniſe, qui craignit que la paſſion d’Hippolite ne degenerât en une amitié froide & en reſpect. Mais la reponſe de Zarah la tira de crainte. Monſieur, lui dit-elle, vos paroles & l’ardeur que vous venez de faire paroître pour moi en cette avanture, ne me permettent pas de douter que vous n’ayez de l’eſtime & de la conſideration pour moi : mais je ne ſaurois cependant avoir la vanité de me flater que vous puiſſiez vous defaire ſi facilement en ma faveur, de la paſſion que vous avez pour Clelie. Ah ! Madame, s’écria Hippolite, la paſſion que je puis avoir pour elle, ne ſauroit m’empêcher de vous offrir mon cœur & de vous aſſurer que je ſuis prêt à renoncer à elle, pour l’amour de vous & qu’il n’y a rien que je ne faſſe pour vous ſatisfaire.

Jeniſe s’applaudit en ſecret du bon effet que produiſoit ſa politique, pendant qu’Hippolite lui faiſoit mille ſermens qu’il n’outre paſſeroit jamais les bornes du reſpect & de la diſcretion que pourroit exiger la vertu la plus ſevere, & lui proteſte qu’il ne ſouhaitoit du tems pour l’en convaincre, que juſqu’au lendemain, afin d’avoir une heure d’entretien avec Clelie. Mais ſeniſe qui connoiſſoit l’inconſtance des hommes & les artifices des femmes, lui fit des reproches de cette propoſition. Il s’adreſſa enſuite à Zarah, & la pria de la maniere du monde la plus tendre & la plus paſſionnée, de lui accorder cette grace ; mais cette belle lui répondit, que rien ne pourroit l’obliger à manquer à ce qu’elle devoit à ſa Mere & à ſa propre vertu, & qu’elle ne pouvoit s’imaginer qu’ayant autant d’amour pour elle qu’il prétendoit en avoir, & dont ſa Mere venoit d’être temoin, il pût ſe ſeparer d’elle, ſans lui donner la ſatisſaction que les parens exigent en de pareilles rencontres. J’ai de l’honneur & de la vertu auſſi bien que vous, repliqua-t’il, & les principes en ſont, peut-être, auſſi ſeveres mais l’amour est plus fort que tous les preceptes du monde.

Cela ne plut pas à Jeniſe, qui deſaprouvoit tout ce qui pouvoit retarder leur mariage : c’eſt pourquoi elle dit à Hippolite, qu’il falloit qu’il choiſit immediatement de deux choſes l’une, ou de faire confidence de ce qui venoit de ſe paſſer à Clelie, choſe dont il pouvoit facilement comprendre les conſequences, tant à ſon égard qu’à celui de Zarah, ou de l’épouſer immediatement, & que par ce moyen, il conſerveroit & ſon honneur & ſa propre fortune. Le Roi, ajoûta-t’elle, ſera ravi de voir ſon rival marié, & Clelie ne pourra pas vous reprocher d’avoir fait une action deshonorable. Hippolite garda le ſilence quelque tems, comme un homme qui ſongeoit à ce qu’il devoit dire : mais Jeniſe le preſſant de ſe declarer, il la regarda d’un air melancholique, & lui demanda avec quelque émotion, Madame, je ſuis le plus malheureux de tous les hommes, & ſur tout en amour. Zarah n’a pas la moindre tendreſſe pour moi, & ne plaint nullement les tourmens qu’elle voit que je ſouffre pour elle ; de ſorte que je ne ſai ce que je deviendrai, ſi vous n’avez pas plus de bonté pour moi. Apprenez-moi ce que vous ſouhaitez de moi & ce que vous voulez que je ſaſſe ? te souhaite, repliqua Jeniſe, que vous épouſiez immediatement Zarah, puiſque j’ai un Prêtre tout prêt à en ſaire la ceremonie. Cette propoſition le ſurprit de maniere qu’il en rougit, & ne put répondre ſur le champ. Jeniſe profita du deſordre où il étoit, elle appella le Prêtre qui fit ſon office ſans héſiter, & prononça la benediction nuptiale.

Cette ceremonie ne fut pas plûtôt achevée, à la grande ſatisfaction de Jeniſe & de Zarah, qu’Hippolite ſortit de la chambre, à leur grand étonnement, en faiſant mille reflexions ſur la mauvaiſe fortune qui l’avoit fait tomber dans ce piege. Ce n’eſt pas qu’il ne fut paſſionnement amoureux de la beauté de Zarah, & qu’il ne fut même perſuadé qu’elle parviendroit un jour à un dégré éminent de fortune : mais il enrageoit de ſe voir attrapé, & forcé à faire une choſe malgré lui.

Cependant Zarah le voyant ſortir ſi bruſquement, & craignant que ce qui venoit de ſe paſſer ne le portat à quelque extrémité, le ſuivit dans la chambre prochaine, où l’ayant trouvé dans un excès de rage, capable de lui ôter la raiſon, elle ſe jetta à ſes piés avec une douleur mortelle, & lui dit fondant en larmes, m’abandonnez-vous déja, & mépriſez-vous ſi-tôt une conquête qui vous a ſi peu conté, ne ſerez-vous pas ſenſible à ma douleur ? Elle en auroit dit davantage, ſi l’excès de ſon deſeſpoir ne lui eût ôté la parole, & ſi le combat qui ſe paſſoit en elle, entre l’amour & le reſſentiment, ne l’eût ſait pâmer à ſes piés. Hippolite la releva & l’embraſſa avec une tendreſſe extrême, le tranſport de ſon amour ayant diſſipé l’extravagance de ſon emportement, de ſorte qu’il s’abandonna à tous les transports d’un amant aimé. Il ſeroit impoſſible d’exprimer la joie de Zarah en cet heureux moment, auquel le regardant avec des yeux enflamez d’amour, elle n’eut que le tems de s’écrier, oh Ciel ! oh Hippolite ! ſoutenez-moi dans l’excès du raviſſement qui me transporte. Clelie arriva dans ce moment, outrée d’un accident qui lui étoit arrivé, & ne ſut pas plutôt arrivée à la porte de la chambre, où étoient ces heureux amans, qu’elle entendit une voix qui ne lui étoit pas inconnuë, & le nom d’Hippolite ; Elle n’eut pas aſ ſez de retenue pour obſerver ce qui ſe paſſoit ; & s’avançant vers eux, quelle ſut ſa ſurpriſe lorſqu’elle reconnut que s’étoit Zarah & Hippolite. Traitre, s’écria-t’elle, peux-tu pouſſer ſi loin l’ingratitude ? Oſe-tu te ſervir de mon appartement pour m’outrager ? & ne pouvois-tu le faire, ſans me rendre témoin de ton infidelité ? Barbare, ajoûta-t’elle, eſt-ce ainſi que tu reconnois mes bienfaits ? Madame, répondit — il avec beaucoup de froideur & une preſence d’eſprit qui lui eſt toute particuliere, vous devriez nous entendre s’il vous plaît, nous ſerons venir ici des perſonnes qui juſtifieront notre conduite, & vous verrez comment nous nous défendrons. Ces paroles acheverent de la deſeſperer. Ô Ciel ! s’écria-t’elle, y eut-il jamais une impudence pareille, à quoi ceci aboutira-t’il ? En diſant cela elle ſe ſaiſit de ſon épée, ſans ſavoir où elle la devoit plonger, les trouvant également perfide. Enſin Zarah lui paroiſſant la plus criminelle, elle reſolut de la ſacrifier la premiere à ſon reſſentiment : Mais dans le moment qu’elle lui alloit percer le cœur ; Hippolite ſe jetta au devant d’elle, & reçut une legere bleſſure en lui ſaiſiſſant le bras. Ah traitre ! s’écria-t’elle en ſe jettant ſur lui, ce coup là n’étoit pas deſtiné pour toi, & tu n’auras pas le pouvoir de te vanger le premier.

À ces mots & au bruit qu’elle fit, Zeniſe & le Prêtre, qui ne s’étoient pas encore retirez, entrerent dans la chambre. Quelle ſut la confuſion de clelie à cette vuë, elle trembla depuis les piés juſqu’à la tête, & ſentit un redoublement de deſeſpoir qui éſaçoit tout ce que ſes penſées & la jalouſie avoit pu lui ſuggerer. Dieux ! s’écria-t’elle tranſportée de rage, de fureur & de deſeſpoir, quels fantômes ſont-ce-là ? d’où vient cette vieille ſorciere, & que cherche ce monſtre là ? Que viennent-ils de m’enlever ? Qu’ont-ils ſait de mon Hippolite ? En diſant cela, elle ſe mit à courir la chambre comme une forcenée. Le bruit qu’elle fit y attira tous ſes domeſtiques, qui s’imaginérent qu’il lui étoit arrivé quelque accident : mais ils ſe retirérent immediatement à la vuë d’Hippolite, qui avoit cauſé pluſieurs ſois de pareils deſordres dans la famille : Il se retira auſſi, voyant bien qu’il ne gagneroit rien ſur l’eſprit de clelie, dans la ſituation où il ſe trouvoit, & ſe contenta de la recommander aux ſoins de ſes Femmes.

La Cour ſut bien-tôt inſtruite de ce qui s’étoit paſſé en cette occaſion : La nouvelle en parvint même aux oreilles du Roi, qui ne fut pas faché du mariage d’Hippolite, qui le délivroit d’un rival qui lui avoit enlevé le cœur de la perſonne du monde qu’il aimoit le plus tendrement : Car ce Prince n’ignoroit pas l’infidelité de Clelie, qu’il ne pouvoit cependant s’empêcher d’aimer ardemment. Il envoya chercher Hippolite, qu’il felicita ſur ſon mariage, en l’aſſurant de la continuation de ſes bonnes graces. Hippolite en fut ſi ſurpris, qu’il héſita s’il devoit remercier Sa Majeſté de ces marques de Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/48 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/49 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/50 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/51 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/52 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/53 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/54 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/55 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/56 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/57 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/58 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/59 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/60 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/61 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/62 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/63 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/64 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/65 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/66 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/67 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/68 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/69 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/70 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/71 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/72 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/73 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/74 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/75 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/76 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/77 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/78 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/79 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/80 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/81 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/82 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/83 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/84 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/85 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/86 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/87 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/88 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/89 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/90 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/91 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/92 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/93 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/94 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/95 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/96 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/97 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/98 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/99 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/100 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/101 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/102 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/103 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/104 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/105 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/106 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/107 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/108 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/109 ſans que les Albigeois luy en marquaſſent la moindre reconnoiſſance ? Ce païs ingrat, qui ne ſauroit jamais bien parler de ſes Protecteurs & de ſes Liberateurs ; ſemblable à un Cheval indomté, a toujours regimbé contre ceux qui ont oſé, le monter.

Rien ne chagrinoit plus Zarah que cet eſprit turbulent des Albigeois, qui ne pouvoient ſouffrir une monture de femme, n’ayant pas ou blié ce qui leur en avoit coûté ſous le Regne feminin de Roland. Mais ces difficultez-là ne ſurent pas capables de rebuter Zarah, qui réſolue de ſe ſervir des étriers de la renommée & de la bonne conduite d’Hippolite, pour en venir à bout, aved l’aſſiſtance de la verge de Volpone : Car bien que cetṭe vergene ſd ſit pas ſi bien ſentir que quelques autres, elle avoit l’art de chatouiller les Chevaux retiſs, & de lës réduire à la plus agréable allure du monde. Elle domta par ce moyen les meilleurs Che Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/112 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/113 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/114 d’un foible ennemi : Que dis-je, d’un ennemi ! je lui fais tort, puiſque je puis vous aſſurer qu’il forme autant de vœux pour vôtre proſperité, que vous avez de moyens pour le détruire : Outre cela, il eſt déja aſſez puni par le ſemors qu’il a de la ſaute qu’il a commiſe, & par la terreur que vous lui avez donnée. Interrompez donc le cours de vôtre indignation, & montrez en ne le puniſſant pas, que vôtre haine n’eſt pas implacable.

Fin de la premiere Partie.

HISTOIRE SECRETTE DE LA REINE ZARAH.

SECONDE PARTIE.

Comme il n’y avoit pas encore long-tems qu’Albanie étoit montée ſur le Trône de ſes Ancêtres, on ne devoit pas s’étonner qu’elle ne sçût pas encore tenir les reines du Gouvernement ſerme. Zarah les lui arracha des mains ; & bien qu’elle lui laiſſa celles de la Puiſſance, elle ne manqua de retenir toutes celles du Profit, n’ignorant pas, en habile PoPage:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/117 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/118 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/119 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/120 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/121 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/122 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/123 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/124 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/125 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/126 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/127 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/128 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/129 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/130 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/131 Page:Manley - 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Tous ces gens-là ſont ſouvent déſignez ſous le nom de Presbiteriens, de Nonconſormites ou d’Indépendans : les Wigs ſe ſervent d’eux trés-utilement dans les élections des membres de la Chambre baſſe, où l’on compte les voix ſans les peſer, & c’eſt à eux que les Wigs furent redevables de ce grand nombre de leurs Partiſans, dont le Parlement caſſé l’année derniere 1710. étoit rempli.

Par les Jacobites, nous entendons un aſſés bon nombre d’Anglois Rigides, qu’un principe d’honneur ou ſcrupule de conſcience, ont retenus attachez d’inclination au parti Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/213 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/214 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/215 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/216 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/217 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/218 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/219 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/220 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/221 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/222 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/223 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/224 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/225 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/226 Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/227 Page:Manley - 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Sa preſence ſeroit d’un grand poids, quand ce ne ſeroit que pour ſaire agir les Oſſiciers de l’Armée, dont il connoît le zéle & la diſcretion pour ranger dans notre parti ceux de leurs parens qui ſont Députez à la Chambre Baſſe : Milord G… eſt de mon ſentiment, & nous ſommes bien perſuadez que vous ne le deſaprouverez pas. Page:Manley - Histoire secrete de la reine Zarah.djvu/302

TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)

  1. C’est ainsi que l’Auteur de la Lettre deſigné les Toris, qui paroiſſent diſpoſez à procurer le Paix à leur Patrie.