Histoires incroyables (Palephate)/8

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CHAP. VIII.

Du Renard (1).

On raconte du renard de Teumèse qu’il enlevait les Thébains pour les dévorer. Il faudrait avoir bien de la bonté pour le croire : car d’abord il n’y a aucun animal terrestre qui puisse enlever un homme et l’emporter, et le renard d’ailleurs est un petit animal qui n’est pas fort. Mais voici ce qui en est : il y avait un Thébain beau et brave, qu’on appelait le Renard, et qui était fort entreprenant. Comme il était plus rusé que tous les autres, le roi craignit qu’il ne machinât quelque chose contre son autorité, et le fit sortir de la ville. Celui-ci rassemblant une bonne troupe de volontaires et y joignant encore des mercenaires s’empara de la montagne nommée Teumèse (2), et, delà, s’élançant contre les Thébains il venait ravager leur territoire enlevant corps et biens. Les Thébains disaient donc : « Le Renard ne se retire jamais, qu’après avoir exercé ses déprédations contre nous. » Un Athénien nommé Céphale vint au secours des Thébains avec une troupe nombreuse, tua le renard et chassa ses gens du pays,

(1) D’après Apollodore (liv. 2, chap. IV, § 6, p. 65-66) et Antoninus Liberalis (Métamorph. 41, p. 284-288, édit. in-8o de Verheyck) il était de la destinée de ce terrible renard de ne pouvoir jamais être atteint, mais, comme d’autre part le fameux chien de Céphale ne pouvait manquer ni homme ni gibier qu’il poursuivait, Jupiter, pour sortir d’embarras, les métamorphosa tous deux en pierres. Ovide raconte cette fable avec son talent descriptif habituel dans les Métamorphoses (liv. VII, v. 762 795, p. 537-540, édit. de Gierig et Lemaire, tom. 3), mais il ne dit pas que c’était un renard.

(2) C’est ainsi que Fisscher orthographie ce nom, que d’autres éditions écrivent Telmesse ou Telmèse, Valckenaer dans une note sur le v. 1107 des Phéniciennes d’Euripide, p. 388 et suivantes, a rassemblé une foule d’autorités à l’appui de la leçon que nous avons adoptée.