Journal (Eugène Delacroix)/14 septembre 1852

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 120-121).

Mardi 14 septembre. — Ma dernière journée à Dieppe n’a pas été la meilleure. J’avais la gorge irritée d’avoir trop parlé la veille. J’ai été au Pollet, après avoir fait ma malle, pour éviter les rencontres. J’ai vu entrer dans le port le bâtiment qu’on venait de lancer, remorqué par une chaloupe. Rentré mal disposé. J’ai été faire ma dernière visite à la mer, vers trois heures. Elle était du plus beau calme et une des plus belles que j’aie vues. Je ne pouvais m’en arracher. J’étais sur la plage et n’ai point été sur la jetée de toute la journée. L’âme s’attache avec passion aux objets que l’on va quitter.

Parti à sept heures moins un quart. Chose merveilleuse ! nous étions à Paris à onze heures cinq. Un jeune homme fort bienveillant, mais qui m’a fatigué, a partagé ma société. Il avait dîné avec moi en tête-à-tête. J’ai trouvé à Rouen Fau et sa petite fille.

— C’est d’après cette mer que j’ai fait une étude de mémoire : ciel doré, barques attendant la marée pour rentrer.