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L’Écumeur de mer/Chapitre 2

La bibliothèque libre.
Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Gosselin (Œuvres, tome 10p. 23-31).


CHAPITRE II.


Ses paroles sont des liens, ses serments sont des oracles, son amour est sincère, et ses pensées sont pures.
Shakspeare. Les deux Gentilshommes de Vérone.


La philosophie de l’alderman van Beverout n’était pas facilement troublée. Cependant un mouvement dans les muscles inférieurs de son visage indiquait qu’il se complaisait dans la victoire qu’il venait de remporter, tandis qu’une certaine contraction de ceux qui dirigent l’expression du front semblait trahir la conviction du danger qu’il avait couru. Sa main gauche était entrée dans une poche, où elle touchait avec activité la provision de pièces espagnoles sans laquelle un marchand ne quittait jamais sa demeure, tandis que l’autre frappait sur le pavé la canne qu’elle tenait, avec la vigueur d’un homme résolu et déterminé. Il marcha de cette manière pendant quelques minutes, puis quitta les rues basses pour entrer dans celles qui couronnent la partie la plus élevée de l’île. Là il s’arrêta bientôt devant la porte d’une maison, qui, au milieu de cette ville de province, indiquait la demeure d’un patricien.

Deux faux pignons, surmontés d’une girouette en fer, ornaient la couverture du bâtiment, et le stoop, étroit et élevé, était construit avec la pierre de taille rouge du pays. Les matériaux de l’édifice étaient composés de cette petite brique dure de Hollande, peinte en couleur de crème.

Un seul coup du marteau massif et brillant amena un domestique à la porte. La promptitude avec laquelle on répondit à ce signal prouva que, malgré l’heure peu avancée, l’alderman était attendu. Les manières du nègre qui servait de portier n’annonçaient aucune surprise en voyant le bourgeois, et chacun de ces mouvements dénotait qu’il se préparait à le recevoir dans l’intérieur de la maison. Mais l’alderman, refusant l’invitation qui lui était faite, s’appuya contre la grille de fer du stoop, et entra en conversation avec le nègre. Ce dernier était un homme âgé, dont les cheveux étaient gris, le nez aplati au niveau du visage, et les traits ridés et confus, et sa taille, quoique vigoureuse encore, commençait à ployer sous le fardeau des ans.

— Bonjour, vieux Cupidon, dit le bourgeois, avec ces façons franches et cordiales que les maîtres de cette époque employaient avec leurs esclaves favoris. Une conscience claire est un bon bonnet de nuit, et vous avez l’air aussi brillant que le soleil du matin ! J’espère que mon ami le jeune patron a dormi aussi tranquillement que vous, et qu’il en a déjà donné la preuve en montrant son visage ?

Le nègre répondit d’une voix lente et humble, qui caractérisait sa condition et ses années :

— Lui être bien éveillé, maître alderman, mais penser que lui pas dormir du tout depuis quelque temps. Toute son activité, toute sa vivacité être perdue. Lui pas faire autre chose que fumer, maître alderman, devenir mélancolique à la fin. Moi croire qu’il y a une jeune dame à York dont lui être amoureux depuis quelque temps.

— Nous trouverons les moyens de lui retirer la pipe de la bouche, dit l’alderman en regardant le noir de côté, comme s’il en pensait plus qu’il ne voulait en dire. L’amour et les jolies filles attaquent terriblement notre philosophie dans la jeunesse, vous le savez par expérience, vieux Cupidon.

— Moi avoir été bon à tout dans ce temps-là, maintenant à rien, répondit le noir avec calme. Moi avoir vu un temps à York, où peu d’hommes de couleur étaient plus respectés du beau sexe, mais cela être passé depuis longtemps. La mère de votre Euclide, masser alderman, avoir été jolie femme, quoique avoir mauvaise conduite, être jeune alors, elle aussi, et moi avoir été la visiter chez le père à vous, avant que l’Anglais arriver, et quand le vieux patron être un jeune homme. Bon dieu ! moi avoir grande affection pour Euclide, quoique le jeune chien jamais venir près de moi.

— C’est un vaurien. Je n’ai pas plus tôt le dos tourné qu’il monte sur les chevaux de son maître.

— Lui être bien jeune, Myndert ; personne devenir sage avant d’avoir cheveux gris.

— Il va avoir quarante ans, et le drôle devient plus impudent à mesure, qu’il avance en âge. La vieillesse est une chose respectable, lorsqu’elle amène avec elle la gravité et la réflexion ; mais si un jeune fou est ennuyeux, un vieux fou est méprisable. Je parierais que vous ne fûtes jamais assez insouciant et assez sans cœur, pour monter pendant la nuit un pauvre cheval accablé de fatigue.

— Moi être bien vieux, masser Myndert, et plus me rappeler tout ce que moi faire quand moi étais jeune. Mais voilà maître patron, lui savoir dire à vous meilleures choses qu’un pauvre esclave noir.

— Bon matin et heureuse journée je vous souhaite, patron ! s’écria l’alderman, en saluant un jeune homme de vingt-cinq ans, d’un embonpoint remarquable, se traînant avec lenteur, et avançant avec la gravité d’un homme qui aurait eu au moins le double de ses années, de l’intérieur de sa maison vers sa porte. Le vent est tombé et voilà un des plus beaux jours qui aient jamais brillé sous un ciel sans nuages, soit qu’il vienne de l’atmosphère pure de Hollande, ou de la vieille Angleterre. Colonies et patronage ! Si ceux qui habitent de l’autre côté de l’Océan avaient plus de confiance dans leur mère la nature, et moins bonne opinion d’eux-mêmes, ils trouveraient que le vent est tolérable dans les plantations. Mais ces coquins d’entêtés sont comme ceux qui font aller les soufflets, et qui s’imaginent qu’ils font la musique, et le plus boiteux d’entre eux se croit aussi droit et aussi solide sur ses jambes que le meilleur des colonies. Voilà votre baie aussi paisible que si elle était fermée par vingt digues, et le voyage sera aussi sûr que s’il était entrepris sur un canal.

— C’est très-bien, murmura Cupidon, qui s’occupait affectueusement de la personne de son maître, mais moi toujours penser qu’il valait mieux voyager par terre, quand un gentilhomme être aussi riche que masser Oloff. Il y a longtemps, un bac chargé de monde alla au fond, et personne jamais n’être revenu pour dire comment il se portait.

— Il y a ici un malentendu, dit l’alderman, en jetant un regard à son jeune ami. Je compte cinquante-cinq ans, et je ne me rappelle pas une telle calamité.

— Un jeune homme pouvoir oublier bien facilement ! Six personnes avoir été noyées dans le lac. Deux Yankees, un Français du Canada et une pauvre femme de Jersey ; tout le monde il être bien fâché pour la pauvre femme de Jersey.

— Ton compte n’est pas exact, reprit avec vivacité le bourgeois qui était fort sur le calcul ; deux Yankees, un Français et ta pauvre femme de Jersey, cela ne fait que quatre.

— Eh bien ! peut-être n’être dans le bac qu’un Yankee, mais tous être noyés, car un gouverneur perdre deux beaux chevaux de carrosse dans le bac.

— Le vieux a raison, je me rappelle ce malheur comme si c’était hier. Mais la mort est un monarque sur la terre, et aucun de nous ne peut échapper à sa faux, lorsque notre heure est venue. Aujourd’hui il n’y a point ici de chevaux à perdre, et nous pouvons commencer notre voyage avec un visage et un cœur tranquille. Patron, allons-nous partir ?

Oloff van Staats, ou le patron de Kinderhook, comme on l’appelait par politesse dans la colonie, ne manquait pas de courage personnel ; au contraire, comme la plupart de ceux qui étaient d’origine hollandaise, il se distinguait par sa fermeté dans le danger et son obstination dans la résistance. La petite discussion qui venait d’avoir lieu entre son ami et son esclave avait pris naissance dans leurs craintes mutuelles, bien qu’elles ne fussent pas excitées par les mêmes causes. L’un éprouvant une sorte de sollicitude paternelle pour la sûreté du jeune homme, et l’autre ayant des raisons particulières pour désirer qu’il persévérât dans son intention de s’embarquer. Un signe fait au garçon qui portait le porte-manteau termina la discussion, et M. van Staats répondit qu’il était prêt à partir.

Cupidon resta sur le stoop jusqu’à ce que son maître fût hors de vue ; puis, secouant la tête avec tous les pressentiments d’un esprit ignorant et superstitieux et faisant rentrer tout le fretin de noirs qui obstruaient la porte de la maison, il ferma tout après lui avec un soin scrupuleux. Nous verrons dans le cours de cet ouvrage si les pressentiments du noir furent justifiés par l’événement.

La large avenue dans laquelle demeurait Oloff van Staats n’avait que quelques centaines de pieds de longueur. Elle se terminait à une des extrémités par une forteresse, et l’autre était traversée par une haute palissade décorée du nom de murs de la ville. Cette défense avait été élevée contre une irruption soudaine des Indiens, qui chassaient et habitaient même en assez grand nombre dans les contrées basses de la colonie.

Il faut être bien familiarisé avec l’accroissement de la ville pour reconnaître dans cette description la magnifique rue qui parcourt maintenant pendant une lieue le centre de l’île. De cette avenue, qui était alors et qui est encore appelée Broadway, nos voyageurs arrivèrent dans une partie plus basse de la ville, et ils causaient chemin faisant.

— Ce Cupidon est un nègre qui sait garder la maison de son maître en son absence, observa l’alderman, peu après que lui et son compagnon eurent quitté le sloop. C’est une serrure de sûreté, et l’on peut dormir sans crainte lorsqu’on a un pareil gardien près de sa demeure. Je suis fâché de n’avoir point apporté à cet honnête garçon la clé de mon écurie.

— J’ai toujours entendu dire à mon père que les clés de la sienne étaient beaucoup mieux près de son propre oreiller, répondit froidement le propriétaire des cent mille acres de terre.

— Ah ! la malédiction de Caïn. Il est inutile de chercher la fourrure d’une marte sur le dos d’un chat. Mais, monsieur van Staats, tandis que je me rendais chez vous, ce matin, j’ai rencontré l’ancien gouverneur, auquel ses créanciers ont permis de prendre l’air, à une heure où ils pensent que les yeux des curieux sont fermés. J’espère, patron, que vous avez été assez heureux pour rattraper votre argent avant la disgrâce de cet homme ?

— J’ai été assez heureux pour n’avoir jamais eu confiance en lui.

— C’est encore mieux. Il y avait un grand danger pour le capital et aucun retour d’intérêt. Mais nous avons eu une conversation sur différents sujets, entre autres il a hasardé quelques mots concernant vos prétentions amoureuses sur ma nièce.

— Ni les désirs d’Oloff van Staats, ni les inclinations de la belle Barberie, ne sont un thème pour le gouverneur dans le conseil, dit sèchement le patron de Kinderhook.

— Ce n’est point ainsi qu’ils furent traités. Le vicomte m’a parlé franchement, et s’il n’avait pas poussé cette affaire au-delà de la discrétion, nous aurions pu en venir à des conclusions favorables.

— Je suis bien aise qu’il y ait eu quelque retenue dans ses discours.

— Cet homme, certainement, a dépassé les limites que le bon sens impose, et sa conversation était remplie de personnalités qu’aucun homme prudent ne peut écouter avec plaisir. Il m’apprit encore qu’il était possible que la Coquette fût envoyée dans les îles.

On a dit qu’Oloff van Staats était un beau jeune homme, de haute stature, et qu’il avait l’air d’un homme comme il faut de son pays ; car, bien qu’il fût sujet anglais, il était Hollandais dans ses sentiments, dans ses habitudes et dans ses opinions. Il rougit à l’allusion que fit Myndert à la présence de son rival, mais son compagnon ne put deviner si c’était le chagrin ou la fierté qui causait son émotion.

— Si le capitaine Ludlow préfère une croisière dans les Indes à son devoir sur cette côte, j’espère qu’il obtiendra ce qu’il désire, répondit prudemment le jeune homme.

— Cet homme a un nom sonore et un coffre vide, observa sèchement l’alderman. Il me semble à moi qu’une pétition à l’amiral pour envoyer un officier d’un si grand mérite dans un lieu où il pourrait se distinguer, obtiendrait ses remercîments. Les flibustiers font le diable dans le commerce du sucre, et les Français eux-mêmes deviennent importuns plus au sud.

— Il a certainement la réputation d’un croiseur actif.

— Par la philosophie ! si vous désirez réussir auprès d’Alida, patron, il faut mettre plus de vivacité dans cette affaire. La jeune fille a du sang français dans les veines, et toutes vos délibérations et taciturnités ne gagneront rien. Cette visite à Lust-in-Rust est l’œuvre habile de Cupidon, et j’espère que vous reviendrez tous les deux à la ville aussi amis que le stathouder et le général des États, lorsqu’une chaude contestation sur les subsides s’est terminée par un compromis.

— Le succès dans cette entreprise est l’affaire la plus chère à mon… Le jeune homme s’arrêta comme s’il était surpris de l’expansion qu’il venait de montrer, et, prenant avantage de la hâte avec laquelle sa toilette avait été faite, il posa sa large main dans son gilet sur une partie que les poètes n’ont pas décrite comme le siège des passions humaines.

— Si vous voulez parler de votre estomac, Monsieur, vous n’aurez pas sujet en effet de vous en repentir, répondit l’alderman avec plus de sévérité qu’il n’en mettait ordinairement. L’héritière de Myndert van Beverout ne sera pas une pauvre fiancée, et M. Barberie ne ferma point le livre de la vie sans avoir eu le soin de balancer avantageusement son compte. Mais voilà ces diables d’hommes du bac qui quittent leur maison sans nous ! Allez en avant, Brutus, et dites-leur d’attendre la minute d’usage. Les coquins ne sont jamais exacts. Quelquefois ils partent avant que je ne sois prêt, et quelquefois ils me font attendre au soleil, comme si je ne valais pas mieux qu’un poisson sec. L’exactitude est l’âme du commerce, et mon habitude est de n’être ni au-delà, ni en deçà de l’heure.

Le digne bourgeois, qui aurait voulu, dans toutes les occasions, régler les mouvements des autres d’après les siens propres, se plaignait ainsi, tandis que son compagnon et lui se dépêchaient d’atteindre le bac sur lequel ils devaient s’embarquer. Une courte description de la scène ne sera pas sans intérêt pour une génération qu’on peut appeler moderne, en comparaison du temps que nous rappelons.

Une anse profonde et étroite pénétrait sur ce point dans l’île, à la distance d’un quart de mille. Chacun de ses rivages était bordé d’une rangée de bâtiments, comme les canaux de Hollande. Le cours naturel du passage devant être naturellement respecté, les rues avaient une courbure qui ressemblait assez à la forme de la nouvelle lune. Les maisons étaient ultra-hollandaises, basses, angulaires, d’une propreté minutieuse, avec un auvent sur la rue. Chacune d’elles avait cette entrée de mauvais goût et incommode, appelée stoop, sa girouette, ses lucarnes et ses murs crénelés. À un de ces derniers murs, une grue en fer s’avançait sur la rue, un petit bateau du même métal était suspendu à son extrémité, ce qui signifiait que ce lieu était la maison du bac.

Un amour inné de la navigation artificielle avait probablement porté les bourgeois à choisir ce lieu, comme la place d’où tant de barques partaient de la ville, car il est certain que les deux rivières auraient procuré des points plus favorables pour le même objet, possédant l’avantage de canaux larges et commodes.

Une cinquantaine de noirs étaient déjà dans la rue, trempant leur balai dans la crique et envoyant de l’eau sur les murs et la façade des édifices. Ce devoir facile et journalier était rempli avec des plaisanteries et des éclats de rire auxquels toute la rue se joignait avec la même gaieté.

Le langage de cette race bruyante et légère était le hollandais, déjà corrompu par l’accent anglais, et souvent par des mots anglais ; système de changement qui a probablement donné naissance, parmi les descendants des premiers colons, à l’opinion que ce dernier langage est simplement un patois du premier. Cette opinion, qui a une si grande ressemblance avec celle qu’entretiennent quelques érudits anglais des plagiats des écrivains du continent, lorsqu’ils commencèrent à puiser dans leurs ouvrages, n’est pas parfaitement vraie, puisque la langue anglaise a probablement autant donné à notre dialecte qu’il a reçu des sources les plus pures de l’école de Hollande.

Çà et là on voyait un grave bourgeois, encore en bonnet de nuit, montrant sa tête à une croisée élevée, écoutant le jargon barbare des noirs, et prenant note, avec une impassible gravité, de toutes les plaisanteries joyeuses qui volaient de bouche en bouche.

Comme les mouvements du bac étaient nécessairement fort lents, l’alderman et son compagnon eurent le temps de sauter dedans avant qu’il ne fût détaché du port. La périagua, c’est ainsi que le bateau était appelé, participait de la construction américaine et de celle d’Europe. Elle avait la longueur étroite et l’avant soigné du canot, d’où son nom dérivait, avec le fond plat et les bas bords d’un bateau construit pour les eaux basses de Hollande. Il y a vingt ans, des vaisseaux semblables abondaient dans nos rivières, et, même aujourd’hui, leurs mâts trop longs et sans soutien, et leurs voiles étroites vers le haut, se voient encore journellement ployant sous la brise comme des roseaux, et s’agitant légèrement sur les vagues de la baie. Il y a une variété de la même classe, d’un calibre et d’une prétention supérieurs à ceux que nous venons de nommer, et qui méritent une place parmi les bateaux les plus élégants et les plus pittoresques qui aient jamais été mis à flot. Celui qui a eu l’occasion de naviguer vers les îles de la Sonde doit avoir souvent remarqué des vaisseaux semblables à ceux-ci. Ils se distinguent par leur longueur et leurs mâts qui, dépourvus de cordages, s’élancent de la carène comme deux arbres hauts et parfaitement droits. Lorsque l’œil parcourt la hauteur prodigieuse des voiles, la noble hardiesse des agrès, et voit cette vaste machine conduite avec autant d’aisance que de grâce par l’habileté de deux mariniers sans crainte, cette vue excite la même admiration que celle d’un temple sévère de l’antiquité. La construction, d’une simplicité nue, jointe à la hardiesse et à la rapidité de ses mouvements, donne à ce bateau un air de grandeur que ses usages ordinaires ne permettraient pas d’espérer.

Bien que les premiers colons de New-York eussent un goût particulier pour la marine, ils étaient bien moins entreprenants, comme navigateurs, que ne le furent dans la suite leurs descendants. Traverser la baie était un événement qui n’arrivait pas souvent dans la vie tranquille des bourgeois, et l’on se rappelle encore aujourd’hui qu’un voyage entre les deux principales villes des États-Unis, était une entreprise qui excitait les inquiétudes des amis et l’anxiété des voyageurs. Les dangers du Tappaan-Zee, c’est ainsi qu’on appelle encore aujourd’hui le point de la plus grande largeur de l’Hudson, étaient souvent racontés par les commères de la colonie et mis au nombre de leurs merveilles, et celle qui s’était le plus souvent exposée à ces dangers était regardée comme une espèce d’amazone de mer.