L’Éducation de la Jeune Fille par elle-même/Chapitre 4

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Société Saint-Augustin (p. 20-26).

Quatrième causerie.

l’éducation religieuse.


La foi agissante procure à l’homme un bonheur relatif très enviable sur cette terre et lui assure un bonheur parfait dans l’autre monde. La foi accepte les vérités que la religion nous propose ; cette soumission n’est nullement en opposition avec l’indépendance naturelle de la raison humaine, au contraire la raison humaine démontre l’origine divine, et, par suite, l’autorité de la religion chrétienne.

Il est, en effet, bien peu de points du dogme catholique — s’il en est — qu’on n’ait pas essayé de critiquer par tous les moyens, mais il n’en est pas dont on soit parvenu à anéantir ni même à amoindrir la valeur. Ces principes ne sont-ils pas d’accord avec nos meilleures aspirations ? La confession, par exemple, mérite la rémission des péchés à tous ceux qui manifestent un sincère repentir, s’en accusent au confesseur, en demandent le pardon et nourrissent le ferme propos de réparer le lort qu’ils ont occasionné et de marcher droit, à l’avenir, dans le chemin du dei voir. Quoi de plus naturel pour un cœur bien né, une conscience éclairée par la notion du devoir, que de se repentir du mal commis, d’en solliciter humblement le pardon et de promettre de mieux se conduire désormais ? Et nous le savons, quoi de plus doux au divin Offensé que de répondre par le pardon à d’aussi nobles sentiments ? Il est bien des questions particulières très complexes, très difficiles à saisir clairement. Mais l’apologétique dissipe les objections et démontre les vérités de la doctrine catholique. L’adhésion ferme et inébranlable à ces vérités résulte de la vertu infuse de la foi qui est un don de Dieu.

religion nous conduit sûrement, il faut observer les préceptes du Décalogue et les devoirs de son état. « Si vous voulez entrer dans la vie, gardez mes commandements. » Le Christ nous a enseigné lui-même ses commandements ; nous trouvons le développement de sa doctrine dans son Évangile et dans les Livres Saints écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit. Lisons attentivement ces divins ouvrages, efforçons-nous de les méditer sérieusement et d’en tirer des conseils salutaires pour notre conduite. Un livre prodigieux, « le plus beau, selon Fontenelle, qui soit sorti de la main des hommes, puisque l’Évangile n’en vient pas » et qui doit être notre livre de chevet, c’est l’Imitation de Jésus-Christ. Il n’en est pas de plus abordable à tous et de plus salutaire.

Des livres de piété exposent les divers commandements dans leurs détails et fournissent d’excellents moyens de les observer dans les diverses circonstances de la vie. Recherchons ces auxiliaires précieux qui nous donneront des conseils sûrs et désintéressés. Instruisons-nous aussi de notre mieux sur les devoirs de notre état, méditons-les très attentivement, non seulement pour nous assurer si notre conduite à leur égard ne laisse pas à désirer, mais afin de trouver les meilleurs moyens de nous perfectionner dans leur accomplissement. Ces études nous formeront une conscience ni trop étroite ni trop large, mais une conscience droite qui nous guidera dans toutes nos actions.

Prions bien. La prière est le premier devoir de la ci’éature envers son Créateur ; c’est la communication de l’âme avec Dieu. Admise dans l’intimité de Dieu, une âme doit s’ennoblir et s’épurer.

Que notre prière soit toujours consciente et appropriée à ce que nous demandons. Il est des formules que l’on doit apprendre par cœur sous peine de s’exposer à verser dans l’erreur. Il est des prières que nous devons accepter avec empressement, telles que l’Église nous les présente, parce qu’elles constituent des modèles que l’on ne peut surpasser. Toutefois, n’attachons pas trop d’importance à certaines formules apprises par cœur qu’on prononce machinalement et par routine sans harmoniser ses propres sentiments avec ceux qu’elles expriment. Rappelons-nous ce reproche que le Christ adressait jadis à la foule : « Ce peuple me prie des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » Apprenons à composer nous-mêmes des prières. Ce n’est pas l’éloquence, ni les discours habilement concertés qui plaisent à Dieu, ce sont les dispositions du cœur qui Le touchent. Adressons-nous à Lui comme nous nous adressons à nos parents lorsque nous sollicitons d’eux quelque faveur. Exprimons-Lui notre amour, demandons-Lui humblement pardon des péchés par lesquels nous L’avons offensé, formulons nos bonnes résolutions pour l’avenir et ensuite adressons-Lui notre demande avec une ferme confiance. Le Christ ne nous a-t-il pas enseigné cette méthode dans son Pater ? L’Église ne suit-elle pas ce modèle dans les prières si variées qu’Elle nous présente ? Est-ce que dans l’Ave Maria nous ne commençons pas par saluer Marie avant de lui demander d’intervenir en notre faveur auprès de Dieu ; analysons nos prières du matin et du soir, si différentes dans leur expression, si semblables au fond.

Les difficultés que nous aurons à surmonter pour arriver à notre fin suprême, d’autres avant nous les ont rencontrées et sont parvenus à les vaincre au point d’arriver à la sainteté. Lisons donc les vies des Saints et, tout particulièrement, de ceux et de celles qui se sont distingués par la pratique des vertus qui nous manquent ou que nous devons surtout perfectionner. Méditons sérieusement ces exemples édifiants et examinons comment nous devrions nous y prendre pour modeler notre conduite sur celle de ces âmes privilégiées.

Enfin, suivons assidûment les cérémonies religieuses et approchons-nous le plus fréquemment possible des sacrements. Puisons dans la communion fréquente et quotidienne les grâces qu’elle peut nous procurer pour fortifier notre foi et nous faire persévérer dans le bien. N’oublions pas que si Dieu ne refuse jamais sa grâce à ceux qui la sollicitent, il veut que nous ne nous contentions pas de l’attendre passivement, mais que nous nous rendions dignes de son aide, par un effort énergique et persévérant. « Aide-toi, le ciel t’aidera. » « Veillez et priez ».

La foi sans les œuvres est une foi morte. Préparons-nous à bien remplir nos devoirs d’état. Le mariage est un sacrement ; le bonheur de toute une famille peut en dépendre ; si nous nous sentons la vocation du mariage, préparons-nous-y pieusement, pratiquement (dixième causerie). Préparons-nous à bien remplir nos devoirs de mère éducatrice de ses enfants en nous initiant à la « pédagogie familiale. »

Après nous être préparées à jouer un rôle dans la famille, préparons-nous à être utiles à la société. Pratiquons des œuvres de charité envers les pauvres, les délaissés et, ceux qui souffrent, des œuvres de miséricorde envers ceux qui sont exposés aux séductions. Initions-nous aux œuvres sociales en fréquentant les cercles d’études, en tâchant de nous rendre utiles dans ces œuvres, sans toutefois que cela nous fasse négliger nos devoirs domestiques. Il y a là un bien vaste terrain à exploiter pour la jeune fille qui désire se dévouer au prochain et s’attirer les bénédictions du ciel.

Que ces conseils nous recommandant l’action personnelle ne nous poussent cependant pas vers un trop grand affranchissement ; en matière religieuse, plus qu’en toute autre, nous aurons toujours besoin d’un guide éclairé à qui nous soumettrons nos résolutions et les moyens que nous comptons mettre en œuvre pour les accomplir.

Livres à lire :

a) Livres de prières :

Missel et Vespéral. — Tournai, Desclée et Cie. (Prix divers).

Abbé Currat. La jeune fille chrétienne. — Einsiedeln, Benziger.

de Flavigny. Prières d’après les docteurs et les savants de l’Église. (Prix divers.)

b) Éducation religieuse.

Lucie Félix-Faure-Goyau. Choses d’âme. — Paris, Perrin, 4 fr.

J. Herbé. L’éducation religieuse des enfants dans la famille. — Paris, Lethielleux, 2 fr.

Flad. L’éducation par la liturgie. — Lille, Paris, Bruxelles, Desclée, De Brouwer et Cie, 3, 50 fr.

Guibert. La Piété. — La Bonté, 2 vol. — Paris, Poussielgue, 1, 50 fr. et 1 fr.