L’Égoïste (Meredith)/Chapitre 08

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Traduction par Maurice Strauss.
Charles Carrington (p. 106-119).
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CHAPITRE VIII


Une course avec le fainéant. Une promenade
avec le maître.

Voyant courir Miss Middleton, le jeune Crossjay se sentit enflammé de la passion du jeu « du lièvre et du lévrier ». Il fanfara la vue et bondit sur pied. Elle était leste ; elle courait comme si une centaine de petits pieds la mettaient en mouvement. Un mouvement égal comme l’eau sur la pelouse, l’ondulation du gazon dans le parc, et vivement les petits petons cachés sous la robe, se multipliaient pour la pousser en avant. Si séduisante, que le garçon traduisait son admiration, selon son âge, par une frénésie canine de poursuite, et continuait la randonnée, quoique bien en arrière, déterminé à la forcer ou à mourir. Soudain sa fuite se ralentit en une douzaine de petits pas ; elle s’arrêta. Le jeune Crossjay l’atteignit avec juste assez de souffle pour lui dire : « Vous êtes une rude coureuse ! »

— Mon pauvre garçon, j’oubliais que vous veniez de prendre le thé.

— Mais c’est que vous ne haletez pas du tout ! fut son éloge.

— Non, mon ami, pas plus qu’un oiseau. Vous auriez aussi bien pu essayer d’attraper un oiseau.

Le jeune Crossjay hochait la tête : « Attendez que j’aie repris haleine. »

— Avouez que les filles courent plus vite que les garçons.

— Peut-être, au départ.

— Elles font tout mieux que les garçons.

— Elles chantent dans la poêle.

— Elles apprennent leurs leçons.

— Est-ce qu’on peut en faire des marins ou des soldats ?

— Vraiment ? Vous ne savez donc rien ? Et Mary Ambree ? Et Mistress Hannah Snell de Pondichéry ? Et la fiancée du célèbre William Taylor ? Qu’est-ce que vous dites de Jeanne d’Arc ? de Boadicée ? Vous n’avez jamais entendu parler des Amazones ?

— Ce n’étaient pas des Anglaises.

— Alors ce sont vos compatriotes que vous décriez, Monsieur !

Le jeune Crossjay, quelque peu décontenancé, la priait de lui dire l’histoire de Mary Ambree et des autres qui étaient des Anglaises.

— Voilà ! Vous ne voulez pas lire. Vous êtes fainéant avec Mr Whitford et vous ne savez rien de l’histoire de votre pays.

Miss Middlieton le rebuta, se réjouissant de le voir se tortiller dans la conscience de sa faute. Elle lui demanda quel était le glorieux Valentines Day de nos annales navales ; le nom du héros, et le nom de son navire. À ces questions il répondit aussi promptement que les canons du bon navire Captain ouvrirent le feu sur le quatre-ponts espagnol.

— Et vous devez cela à Mr Whittord ?

— Il m’a acheté les livres où ça se trouve ! grogna le jeune Crossjay. Et cueillant des brins d’herbe il se mit à les mâcher, prévoyant obscurément mais avec certitude quelle allait être la fin de tout ceci.

Miss Middleton se coucha sur l’herbe, disant : « Croyez-vous que vous allez m’aimer, Crossjay ? »

Le gamin clignota des yeux.

Il aurait voulu lui prouver que déjà il l’aimait sans modération. Il lui aurait sauté au cou, si elle s’était seulement redressée, mais son attitude couchée et ses paupières mi-closes lui inspiraient de l’étonnement et de l’émoi. Son jeune cœur battait fort.

— Parce que, mon cher enfant, dit-elle en s’accoudant, vous êtes un très gentil garçon, mais un enfant ingrat, et il n’y a rien à vous dire, ou bien vous prenez la mouche. Venez. Cueillez-moi quelques-unes de ces primevères et de ces véroniques ; je crois que, tous deux, nous aimons les fleurs sauvages.

Elle se leva, prenant son bras.

— Nous irons sur l’étang, vous ramerez, tandis que je vous parlerai sérieusement.

Ce fut elle cependant qui prit les avirons au garage, car elle avait joué avec des gamins, et savait que lorsqu’ils s’occupent d’un exercice viril, ils ne sont guère disposés à écouter une femme.

— Attention, Crossjay, dit-elle. » Une obscurité dense se rabattit sur lui, comme un capuchon. Elle s’inclina en avant, pour se mettre à rire. « Petit imbécile, est-ce qu’on ne dirait pas que je vais vous faire un sermon ? » Dubitativement sa figure s’éclaira. « Je dénichais des oiseaux comme vous. J’aime les bons garçons et cela me plaît que vous soyez décidé à entrer dans la Marine Royale. Mais comment ferez-vous si vous n’avez rien appris ? Le capitaine vous questionnera, le savez-vous ? Il y a quelqu’un qui vous gâte : Miss Dale ou bien Mr Whitford.

— Ah bah ! s’exclama le jeune Crossjay.

— Alors c’est Sir Willoughby ?

— Je n’en sais rien. Je peux l’approcher.

— Je suis sûre qu’il est très bon pour vous. Vous croyez Mr Whitford sévère ? Mais il faut qu’il vous apprenne quelque chose pour que vous puissiez entrer dans la marine. Il ne faut pas le détester parce qu’il vous fait travailler. Hein ! Si vous vous étiez fait sauter aujourd’hui ? N’aurait-il pas mieux valu travailler tranquillement avec Mr Whitford ?

— Sir Willoughby m’a dit que lorsqu’il sera marié, vous ne me laisserez plus faire l’école buissonnière.

— Ah ! c’est pitié de choyer un grand garçon comme vous. Est-ce qu’il n’a pas la pièce facile, comme vous dites ?

— Généralement des pièces d’une demi-couronne. J’ai eu une couronne. Et puis j’ai eu des souverains.

— Et voilà pourquoi vous faites tout ce qu’il vous commande, et il vous supporte, parce que vous… Eh bien ! Mr Whitford ne vous donne pas d’argent, mais il vous donne son temps et il fait ce qu’il peut pour que vous puissiez entrer dans la marine.

— Il paie pour moi.

— Qu’est-ce que vous dites ?

— Il paie mon entretien. Quant à l’aimer, s’il était ici, au fond de l’eau, je m’y jetterais après lui. Je veux apprendre. Nous sommes venus ici, à six heures du matin, pour nous baigner. Il m’a appris à nager. Mais je n’ai jamais fait grand cas des livres d’école.

— Êtes-vous très certain que c’est Mr Whitford qui paie pour vous ?

— Mon père me l’a dit et m’a recommandé de lui obéir. Il a su que mon père est pauvre, chargé de famille. Il vint pour parler à mon père. Mon père vint ici une fois et Sir Willoughby ne voulut pas le voir. Mr Whitford voulait bien. Miss Dale me l’a dit. Ma mère croit qu’il a fait tout cela en réparation de ce que mon père a fait une si longue route dans la pluie et qu’il a pris froid en venant ici, à Patterne.

— Ainsi, vous voyez, Crossjay, il ne faut pas le contrarier. C’est un bon ami pour vous et pour votre père. Il faut l’aimer.

— Je l’aime et j’aime sa figure.

— Pourquoi sa figure ?

— Il n’a pas une figure banale ! Miss Dale et moi nous avons parlé de cela. Elle croit que Sir Willoughby est le plus bel homme qui soit jamais venu au monde.

— Mais ne parliez-vous pas de Mr Whitford ?

— Oui, du vieux Vernon. C’est ainsi que Sir Willoughby l’appelle, s’excusa le jeune Crossjay en réponse à son regard de surprise. Savez-vous à quoi il me fait penser ? Je parle de ses yeux. Il me fait penser à la vieille chèvre de Robinson Crusoë dans sa grotte. Il me plaît parce qu’il est toujours le même. tandis qu’avec d’autres on ne sait jamais. Tenez, Miss Middleton, si vous allez donner sur le cricket, voici un joueur qui arrive sûr de faire ses dix séries. Il peut en attraper davantage, jamais moins, et les vieux fermiers parleront de lui dans la baraque. Voilà exactement mon sentiment.

Miss Middleton comprit qu’une illustration quelconque du noble jeu de cricket était mise en lumière pour faire comprendre les sentiments du gamin envers Mr Whitford. Le jeune Crossjay parlait avec animation ; évidemment, il y mettait tout son cœur. Mais le soleil déclinait, elle devait s’habiller pour le dîner, et elle atterrissait à regret, comme à la fin d’un jour de fête. Avant de la quitter, il lui offrit de traverser le lac à la nage, sans se déshabiller, ou bien de plonger jusqu’au fond ; elle n’avait qu’à jeter dedans ce qu’elle voudrait, avec solennité il déclara que ce ne serait pas perdu.

Elle s’en alla d’un pas lent, chantant en elle-même, pour calmer la fièvre de ses pensées, un chant simple d’un cœur allégé, indépendant du fond gris et noir. Tel gazouille le chantre ailé parmi les roseaux dans la nuit.

Un pas résonna sur ses talons.

— Ah ! ah ! C’est vous qui gâtez mon vaurien !

— Mr Whitford ! Oh ! non. Loin de le gâter, j’ai essayé de l’endoctriner. C’est un aimable enfant, mais, je crois, difficile à conduire.

La fine lumière du couchant l’enveloppait, et elle était animée. Elle dit qu’elle avait canoté ; et comme, selon sa coutume, il fixait sur elle la pénétration de son regard, elle s’en défendit en pensant à la vieille chèvre de Robinson Crusoë dans la grotte.

— Il faut que je le fasse partir d’ici, dit Vernon. Ici on me le gâte. Parlez donc de lui à Willoughby. Je ne peux deviner ce qu’il veut faire de ce gamin ; mais s’il doit entrer dans la marine, ce n’est pas ainsi. Or, si jamais il y eut dans un enfant l’étoffe d’un marin, c’est dans Crossjay.

Vernon ignorait l’explosion dans le laboratoire.

— Et Willoughby riait ? Il y a des gaveurs dans les ports de mer qui bourrent les jeunes gens de ce qu’il leur importe de savoir pour passer les examens ; nous allons tâcher d’en trouver un sérieux, et nous lui confierons l’enfant. J’aurais préféré le garder encore quelques mois et lui faire entrer bien des choses dans la tête. Ici ce n’est pas possible. D’ailleurs, je m’en vais. Ainsi, il sera quitte de moi. Dr Middleton va bien ?

— Très bien. Il est tombé comme un faucon sur vos notes dans la bibliothèque.

Vernon émit un gloussement.

— Elles y furent laissées pour l’attirer. Je suis prêt à la controverse.

— Papa ne vous épargnera pas, si j’en juge par son air.

— Je connais cet air.

— Avez-vous marché beaucoup aujourd’hui ?

— Neuf heures et demie. Mon gibier de potence m’excède parfois. Pour me calmer, il faut que je marche.

Elle jeta les yeux sur lui, pensant au plaisir de commercer avec un tempérament honnêtement enclin au plaisir et virilement résolu à un spécifique.

— Il vous fallut tant d’heures que cela ?

— Pas tout à fait.

— Vous vous entraînez pour votre excursion alpine ?

— Je ne crois pas que j’irai dans les Alpes cette année. Je quitte le château, et je me fixerai probablement à Londres avec une plume à vendre.

— Est-ce que Willoughby sait que vous allez le quitter ?

— Autant que le Mont Blanc sait qu’il va être escaladé par le groupe qui est à ses pieds. Il voit une tache dans la vallée.

— Il ne vous en a pas parlé ?

— Il croit que c’est le changement…

Il interrompit sa phrase.

Elle retenait son souffle, dénuée d’émotion, mais se retenant de lui demander : « Quel changement ? »

Elle se baissa pour cueillir une primevère.

— J’ai vu des asphodèles plus bas dans le parc, dit-elle ; il y en a encore un ou deux. La saison est passée.

— Nous sommes bien fournis de fleurs sauvages.

— Ne le quittez pas, Mr Whitford !

— Il n’a pas besoin de moi.

— Vous lui êtes dévoué.

— Je ne peux le nier.

— Alors ! ce sont les changements que vous prévoyez… S’il en arrive, pourquoi cela vous chasserait-il ?

— Mais… J’ai trente-deux ans, jamais je ne me suis querellé. Un être indéfinissable, un demi-pédant, et par tempérament l’autre moitié est celle d’un belluaire, d’un archer, d’un mousquetaire. Si je vaux quelque chose, Londres est mon champ d’action. Et voilà ce qu’il me faut tenter.

— Papa n’aimerait pas que vous viviez de votre plume à Londres. Il dit que vous valez mieux que cela.

— Il y a des talents ! Je n’aspire pas à être classé au-dessus.

— Ils se gaspillent, à ce qu’il prétend.

— Erreur ! Quelques-uns aux vastes prétentions déclarent qu’ils se gaspillent. Mais je ne comprends que le monde approuve un prétentieux.

— Vous n’avez pas une mauvaise opinion du monde ? demanda Miss Middleton, ayant mal au cœur pendant qu’elle le disait, comme si elle se préparait à avaler une goutte de poison.

Il répondit : « On pourrait aussi bien avoir mauvaise opinion d’un fleuve. À tel endroit il est vaseux, à tel autre limpide. Un jour il est agité, le lendemain il coule tranquille. Il faut juger le monde avec le sens commun.

— Faut-il l’aimer ?

— Oui, dans le sens de la sociabilité.

— Faut-il le trouver beau ?

— Il y a l’endroit et l’envers.

— Papa citerait la mulier formosa.

— Oui, mais « le poisson » c’est trop beau pour désigner l’extrémité haïssable. « La femme » c’est parfait pour caractériser la partie aimable.

— Comment dites-vous cela ? Pas en cynique, je suppose. Votre appréciation satisfait ma logique.

Elle lui était reconnaissante de ne point avoir forcé la note en contradiction des idées de Sir Willoughby. S’il l’avait fait, il l’aurait élevée aux astres, si intense dans son jeune sang était le désir de raffoler du monde. Quand elle eut demandé « Faut-il l’aimer ? » un peu d’enthousiasme l’aurait fait pétiller comme du vin, mais la sobre réponse : « Dans le sens de la sociabilité » pénétra son cerveau, devint matière à réflexions sur la phrase et sur celui qui l’avait dite.

Elle put réfléchir à lui en liberté heureuse, non atténuée par son féminin instinct du danger. Il n’était point artificieux et ne faisait point le gracieux, en rien il ne possédait l’aisance de l’homme du monde qu’était son cousin. Elle avait un jour remarqué la raideur militaire avec laquelle il dansait, et elle devait se résoudre à le trouver aimable, avant de cesser de prier le Ciel qu’elle ne l’eût jamais pour cavalier. Il valsait héroïquement, de toute sa vigueur de piéton devenue fameuse, mais ceci implique un éloignement du sexe, une médiocrité dans le divertissement où les hommes et les femmes joignent leurs mains. Il n’excellait pas davantage en équitation. Et l’on ne pouvait dire qu’il brillait dans les salons, à moins qu’il ne s’y trouvât assis à côté d’une personne aimant la vraie causerie. Mieux que ses qualités, ses défauts le désignaient pour être l’ami d’une jeune femme en quête d’un ami. Sa manière de vivre semblait à la jeune fille d’un calme digne d’envie ; et qu’il y persistât lui parut un signe de force. Elle eût voulu, en pensée, s’appuyer sur quelque force amicale. Sa réputation d’indifférence aux charmes frivoles des femmes le revêtait d’une noble froideur, et lui donnait la distinction d’un glaçon solitaire vu de loin dans les eaux australes. La notion populaire de l’aristocratie titrée et héréditaire ressemble au sentiment qu’elle eut pour un homme qui ne voulait point flatter le sexe et ne pouvait être flatté par lui : il lui apparut imposant. Elle était jeune, et ses oreilles étaient pleines de compliments. Elle avait donné dans le piège. Et lui, dédaignant l’art de l’oiseleur, ne se servant point du miroir aux alouettes, lui apparaissait en une fierté de caractère, sublime.

Depuis un moment ils ne parlaient plus, quand Vernon lui dit avec brusquerie : « L’avenir du gamin dépend de vous, Miss Middleton. J’entends m’en aller le plus tôt possible, et je regrette de le laisser ici, sans moi, mais je ne doute pas que vous vous occuperez de lui. Cependant il se peut que vous ne vous aperceviez pas de suite en quoi la gâterie lui fait tort. Il faudrait l’envoyer tout de suite à un précepteur, un de ces gaveurs dont je parlais tantôt, avant que vous soyez Lady Patterne. Usez de votre influence. Willoughby, sur votre demande, fera le nécessaire. Ça ne lui coûtera pas les yeux de la tête. Il y a des raisons qui m’empêchent de l’emmener avec moi à Londres, même si j’en avais les moyens. Puis-je compter sur vous ?

— J’en parlerai ; je ferai de mon mieux, répondit Miss Middleton, singulièrement remuée.

Ils arrivaient sur la pelouse, où Sir Willoughby se promenait avec les ladies Éléonore et Isabelle, les tantes demoiselles.

— Vous semblez avoir couru le lièvre et attrapé le cerf ? dit-il à sa fiancée.

— Relancé le fainéant et attrapé le pédagogue ! appuya Vernon.

— Vous ne voulez pas m’écouter sur la conduite de ce gamin ! répliqua Sir Willoughby.

Les ladies embrassèrent Miss Middleton. L’une offrit une éjaculation d’éloges sur sa mine, l’autre sur sa vigoureuse santé ; puis toutes deux, avec indulgence, convinrent qu’on pourrait tout de même faire quelque chose du jeune Crossjay. Elles étonnèrent Clara, lui semblant les ombres, les échos de Sir Willoughby : Inclination, ou discipline ? Elle le regarda, puis les deux femmes, et elle eut peur de lui. À présent, seulement, elle se rendait compte de cette puissance qui lui permettait d’asservir ceux de son entourage au rang de satellites. Quoique depuis plusieurs mois elle eût livré bataille, elle était encore trop entière pour bien concevoir le caractère de leur volupté qui s’opposait à la sienne.

Elle dit aux ladies : « Mr Whitford a choisi la bonne méthode pour instruire un enfant comme Crossjay. »

— Je projette de faire de lui un homme, dit Sir Willoughby.

— Que deviendra-t-il s’il n’a rien appris ?

— S’il me plaît, je veillerai sur lui. Je n’ai jamais abandonné un subordonné.

Clara le regarda fixement, et sans détourner les yeux ou les baisser, elle les ferma.

Ce fut pour lui d’un effet désagréable. Il était très sensible aux expressions des yeux et des tons, ce qui était un des éléments de sa contrainte rigide envers ceux qui vivaient sous son toit. Ils étaient appris à se montrer agréables sous la surveillance sévère. Des yeux inquisitifs, dénués de chaleur, dépourvus de la langueur du sexe, et qui, brusquement, se ferment sur leur regard, cela signifiait un manque de compréhension, ou bien une hostilité de l’entendement. Était-il possible qu’elle ne fût pas à lui jusqu’au tréfonds ? Il se rembrunit.

Clara vit le froncement de ses sourcils. Elle pensa : « Mariée ou non, ma volonté est à moi. »

Justement, c’était le point en litige.