À valider

L’Émigré/Lettre 155

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
P. F. Fauche et compagnie (Tome IVp. 180-182).


LETTRE CLV.

Séparateur


Le Vicomte de ****
au
Marquis de St. Alban.


Je m’empresse, mon cher Marquis, de vous donner une bien bonne nouvelle ; son Altesse vient de vous accorder de son propre mouvement le commandement d’un bataillon. Je n’ai pas besoin de vous dire combien il est flatteur d’avoir dans les circonstances actuelles sous ses ordres, cinq compagnies composées en parties de gentilshommes. Il y a parmi les simples soldats des capitaines, des lieutenants-colonels, des officiers qui ont le brevet de colonel. La noblesse Française ne s’embarrasse pas des grades, quand il s’agit de servir son roi, et l’on verse des larmes d’admiration, en voyant des hommes blanchis dans le commandement, s’honorer d’être soldat ou cavalier. Ne perdez pas de temps à vous rendre auprès de son Altesse, qui me charge de vous faire part du choix qu’elle a fait de vous, et de vous prévenir qu’il se passera quelque chose d’intéressant avant peu : je jouis de la satisfaction que vous éprouverez en apprenant cette nouvelle, et de l’espérance qu’il nous semble enfin permis de concevoir ; je vous renouvelle avec bien du plaisir mon fidelle, ancien et éternel attachement.

Le vicomte de ***

P. S. Je vous envoie à tout hasard vingt-cinq louis, mon cher Marquis, pour votre route, afin que rien ne puisse s’opposer à votre impatience. Si vous n’en avez pas besoin, vous me les rendrez en arrivant, mais ne vous faites aucun scrupule d’accepter ce faible service.

Séparateur