L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/À la louange des tétins

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 254-255).

À LA LOUANGE DES TÉTINS

De même que j’ai toujours appelé pain le pain,
Ainsi vous dis-je qu’au milieu de ces eaux salées,
J’ai vu deux tétins tels que, pour voir les pareils,
Il faudrait passer les monts, les mers, les plaines.

Ils se tiennent écartés l’un de l’autre,
Et ne font ni fluctuation ni ballottage ;
Dans leur blancheur l’œil se confond,

Car ils sont plus blancs qu’une dent de chien.

Que de semblables se puissent trouver,
Je ne m’y oppose, mais de plus parfaits,
Oh ! non, par Dieu ! cela ne se peut ;

Et s’il y avait à adjuger aujourd’hui
La pomme d’or à celle qui a les plus beaux tétins,
Qui donc avec ceux-là pourraient lutter ?