L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/À une femme qui se couvrait la poitrine

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 210).

À UNE FEMME QUI SE COUVRAIT LA POITRINE

Quelle bougresse de mode est celle
Qu’ont adoptée les Dames, aujourd’hui,
De ne vouloir se promener la poitrine nue,
Quand c’est une si jolie partie du corps !

La femme qui n’en a pas a raison,
Comme celle qui autrefois en avait
Et chez qui elle est toute fondue en brouet ;
Celle-là fait bien de baisser dessus la toile.

Mais vous, chère maîtresse, vous qui avez
Deux jolis tétins, frais comme des roses,
Qui font bondir le cœur quand vous les montrez,

Pourquoi les porter si respectueusement ?
Allons, ôtez-moi vite ces chiffons,
Et gardez-les pour les parties honteuses.