L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Après le bien vient le mal

La bibliothèque libre.
Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 233).

APRÈS LE BIEN VIENT LE MAL

Socrate, au moment qu’on lui détachait
Les chaînes de ses pieds, avec un grand plaisir,
Aux endroits où on les lui avait trop serrées
De toutes ses deux mains se grattait.

En faisant cela, il tenait ce discours
À ses amis rangés autour du lit,
Et pleurant de voir un si grand homme,
Sans crime aucun condamné à mort :

À savoir que les Dieux, ne pouvant unir
Le bien au mal, firent qu’ils fussent voisins,
De telle sorte qu’après le bien il faille souffrir.

Telle est notre misérable condition,
Qu’après avoir déchargé il nous faut supporter
Une tristesse qui nous accable.