L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Contre-réplique

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 228).

CONTRE-RÉPLIQUE

« Je ne suis pas un coïon, cher signor Baffo,
« Les coïons n’écrivent pas comme moi ;
« N’essayez pas de me larder, vous m’entendez,
« Je vous ferais, par Dieu ! cracher salé.

« Sachez-le bien, je suis avare de mon temps,
« Et n’ai pas habitude de le perdre de la sorte ;
« Si vous le vouliez, je vous ferais par jour
« Plus de dix de pareils sonnets, sans me vanter.

« Mais puisque je suis un coïon, comme vous dites,
« Par ces vôtres bougresses de balivernes
« Vous confessez d’être un viédaze.

« Je vous assigne place entre les têtes de nœuds,
« Car, à décider du cas, il n’est point
« De meilleur juge que les couillons. »