L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Dialogue relatif aux moines

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 280-281).

DIALOGUE RELATIF AUX MOINES

« Laura, que te semble-t-il de l’Anzoletta,
» Depuis qu’elle est collée avec ce Moine ?
» Elle est bien vêtue, encore mieux chaussée,
» Et un de ces jours elle prendra le voile.

» Moi aussi, quand j’étais jeunette,
» Je me souviens que toute ma jeunesse je fus
» Bien vêtue, bien nourrie et mieux pelotée ;
» Avec les Moines je ne fus jamais pauvre.


» Comment font-ils pour résister à ce train-là,
» Et rester gras comme porcs, avec de gros bedons ?
» Qu’en dis-tu ? — Tu n’as point de cervelle ;

» La messe seule et la pitance
» Qu’ils dérobent, sans en compter la rente,
» Suffisent à entretenir la putain, et il leur en reste ».