L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’auteur conseille de laisser les dames

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 208-209).

L’AUTEUR CONSEILLE DE LAISSER LES DAMES

Canzone

Allons ne pensez plus aux Dames
Puisqu’elles ne veulent rassasier
Nos pauvres diablesses d’âmes,
Qui ont le feu dans la carcasse.

Allons, n’y pensez plus, ne séchez plus,
Par Dieu ! vous ne les aurez pas,
Quand même vous atteindriez tous
Aux longues années de Noé.

Lorsqu’elles ont juré
De n’avoir jamais de charité,
Vous en serez toujours maltraité
Plus vous vous obstinerez.

Vous vous en trouverez mal, debout et au lit,
Plein de rage et de dépit,
Vous serez toujours dans la panade,
En un fâcheux état ;

Et votre cruel supplice,
Vos grandes lamentations
Seront toujours une joie
Pour la Dame, à chaque instant.

Visez au rôti, laissez la fumée,
Et ne faites abandon de votre cœur ;
À toutes, je présume,
Importe peu ce beau viscère.

Laissez aller la noblesse,

La précieuse ancienneté,
La vanité de l’amour,
La majesté des Patriciennes.

Il faut enfin se désensorceler,
Et se guérir de la gale d’amour ;
C’est une honte que de devenir
Une charogne pour les Dames.

Allons, laissez la vie amère
Que vous fait la Dame fière et avare,
Et pour mener plus joyeuse vie,
Empoignez-moi une Bourgeoise.