L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Sur le jugement prononcé contre la N.-E. Lucrezia

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 207).

SUR LE JUGEMENT PRONONCÉ CONTRE LA N. E. LUCREZIA
CORNER PISANI

Des prudents juges de L’Aréopage,
Tant était grand le zèle à rendre la justice,
Qu’ils se mettaient un voile sur la face,
Pour ne pas voir les parties en litige.

Ils savaient de longue main, ces sages,
Qu’ému par quelque joli museau,
Pouvait se gonfler leur oiseau,
Et ne plus tenir compte des arguments.

J’approuve complètement cet ancien usage,
Car peut écarter de la droiture un juge,
Beaucoup plus que l’or, la vue d’un beau visage.

Par Dieu ! si aujourd’hui ils avaient vu celui-ci,
Non seulement leur serait venu l’envie
De lui donner leurs ballottes, mais le reste avec.