L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’auteur est encouragé à écrire par le Sibiliato

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 101).

L’AUTEUR EST ENCOURAGÉ À ÉCRIRE PAR LE SIBILIATO

Le docteur Sibiliato veut que j’écrive
Des bêtises aussi grosses que des maisons,
Disant que mon style lui plaît fort,
Et que lui-même n’atteint pas si haut.

Mais moi, pour son franc et vif savoir,
Pour la noblesse de sa phrase,
Que tout le monde loue et qui ne déplaît à nul,
Je lui prêterais bien volontiers ma flûte.

Oh ! si se pouvait accoupler son savoir
Avec toutes les bêtises que j’ai en tête,
Quels beaux fruits naîtraient de cette semence !

Si se pouvaient accorder ces cloches,
Comme nous carillonnerions joyeusement
À l’occasion des nonnes et des putains !