L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’homme gâte les biens de la nature

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 159-160).

L’HOMME GÂTE LES BIENS DE LA NATURE

Quelle grosse bête que l’homme ! il déforme
Tout ce que la Nature a fait de bien ;
Elle fait une chose simple et pure,
Et lui de ses mains, la transforme.

Il ne laisse pas même dormir les bêtes ;
Ses esclaves, il les châtie ou les défigure,
Et à force de grands labeurs et de culture
Il veut qu’un climat soit uniforme à l’autre.


De tout ce qu’en somme il y a de naturel
Il n’en veut rien, à ce point qu’il se fait
De soi-même l’ennemi capital.

Regardez-moi s’il aime la difformité :
C’est au point qu’il s’est mis en tête, pour son mal,
De dire qu’aller en moniche c’est un péché !