L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Parallèle entre l’homme et l’animal

La bibliothèque libre.
Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 159).

PARALLÈLE ENTRE L’HOMME ET L’ANIMAL

L’homme s’estime assez généralement
Pour cette lumière qu’il a de la raison
Et moi justement pour cela, en vrai coïon,
À dire vrai, je ne l’estime pas du tout.

Je prise infiniment davantage les bêtes
Qui, si elles n’ont pas tant de connaissance,
N’ont pas non plus de si violentes passions,
Et vivent bien plus tranquillement que nous.

Pour une seule chose je ne voudrais
Être un animal, mais pour tant d’autres
Avantages qu’ils ont, je me troquerais ;

Cette chose, c’est que, tous tant qu’ils sont,
Hors de la saison jamais ne feraient l’amour,
Et qu’ils ne savent comment le mettre par devant.