L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’hypocrisie nous ôte les biens que Dieu nous a donnés

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 164-165).

L’HYPOCRISIE NOUS ÔTE LES BIENS QUE DIEU NOUS A
DONNÉS

Je m’en vais ruminant comme jamais
On a pu dire qu’étant luxurieux
Par nature les hommes, et aussi gourmands,
La luxure et la gourmandise soient des péchés.

Il me semble que ce sont de grands bougres de fous
Ceux qui à ce point-là se font scrupule,
Et je me réjouis de ce que les hommes studieux
Nous font voir que nous sommes coïonnés.


Mais si c’est un bien que Dieu nous a donné,
S’en priver, je le dis et le soutiens,
Voilà ce qui tout au contraire est péché.

Heureusement que moi, sans grand talent,
Je ne me suis pas là-dessus laissé coïonner :
Toujours j’ai mangé et toujours je l’ai mis.