L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/La moniche peut guérir un moribond

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 51-52).

LA MONICHE PEUT GUÉRIR UN MORIBOND

Quand on est pour lâcher ses derniers pets,
Et que tout ce qu’on a de sens tombe en langueur ;

Il vaudrait mieux que vinssent dans la chambre
Des gracieuses dames que des prêtres ;

Qu’elles vinssent exécuter des danses,
Et missent à la porte ces charmeurs de couleuvres ;
Je suis certain, qu’encore bien qu’on mourût,
On mourrait du moins plus content et tranquille.

Si après le bal, quand on est en ce triste état,
Ces Dames vous donnaient en main la Moniche,
Cela vous ferait plus de profit que le Curé ;

Parce qu’au moment où le corps se réchaufferait
À la volupté de ce doux contact,
Qui sait si tout d’un coup il ne guérirait pas ?
Si l’âme ne voudrait rester,
Et ne se souciât plus d’aller au ciel,
De peur d’ôter la main de dessus ce poil ?