L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/La nature est la mère de tous les biens

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 243).

LA NATURE EST LA MÈRE DE TOUS LES BIENS

Qu’il soit spirituel ou qu’il soit corporel,
L’amour tend à l’immortalité ;
Celui du corps avec le sperme qu’il émet,
Et l’autre avec les fruits de la fantaisie.

En compagnie de ces deux sortes d’amours
Qui par nature nous sont appropriés,
Je tends toujours à me faire une prospérité,
Soit par mon cas, soit par ma poésie.

De là je conclue que l’idée du bon
Ne nous vient des Saints, pas plus que celle du beau,
Comme l’a écrit Platon le philosophe,

Puisque de celui qui m’a fabriqué la cervelle
Je n’ai reçu aucune connaissance,
Et que pour foutre mon oiseau n’a pas étudié.