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L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Réponse d’un amoureux

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 167-168).

RÉPONSE D’UN AMOUREUX

Deux amoureux étaient en dispute
Et je me suis trouvé avec eux ;
La femme était bien de ces femmes
Qui ne savent dire que l’Ave Maria.


Elle lâcha cette expression de jalousie :
« Écoute, vilain fils de cent putains,
« Quand même j’aurais un cent de moniches,
« Une seule, oui, une seule, je ne te la donnerais. »

Écoutez la réponse qu’à l’instant même
Il lui fit de sa plus mauvaise mine :
— « Vous êtes devenue bien avare, à ce que je vois.

« Je ne puis que m’en prendre à ma déveine ;
« Vous n’avez qu’une moniche, et la prêtez à cent,
« Et d’un cent vous ne m’en donneriez pas une ? »