L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Requête à une dame

La bibliothèque libre.
Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 66-67).

REQUÊTE À UNE DAME

Madame l’Étrangère, si vous croyez
Attraper des merles en cette ville,
Excusez-moi, ma fille, vous n’y entendez rien,
Il n’y a pas ici grand marché de nigauds.


Si par trop de caprice vous méprisez
Colliers, hongroises et écus en quantité,
C’est une folie ; dans le métier que vous faites,
Trop de chasteté est vice aussi.

Vous vous ferez parler de votre mère et grand’mère
Chantez des ariettes à la Française
Et laissez les coïons vous accompagner.

Le monde entier, ma chère, n’est qu’un pays ;
Ici aussi telle bougresse d’engeance
Bulgarise les filles qui ont le marquis[1].

  1. Les menstrues ; en France, aujourd’hui on dit : les anglais.