L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Sur la mollesse des Vénitiens

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 206).

SUR LA MOLLESSE DES VÉNITIENS

S’en vont s’éteignant tant de gros richards,
Et s’accroît chaque jour la pauvreté ;
Les grands esprits manquent de plus en plus,
Et il ne reste chez nous que les coïons.

Si de tant de grands politiques
Nous n’avons plus maintenant que le résidu,
Les coïons sont en telle quantité,
Qu’ils dépassent le petit nombre des bons.

On ne pense qu’à la paresse, au luxe, au jeu,
Et les livres que l’on étudie sur le soir,
Ce sont paquets de cartes ou manuels de cuisine.

Il n’y a plus du tout de gens de guerre,
Ou, s’il y en a, ils n’ont jamais vu le feu ;
Comment pourrons-nous durer de cette manière ?