L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Une fille qui se fait nonne

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 126).

UNE FILLE QUI SE FAIT NONNE

« Monde, je te quitte, et me la casse ;
« Je m’en vais m’enfermer dans un couvent,
« Ne voulant pas courir le risque
« De me quereller chaque jour avec un fou.

« Avec toi on ne peut passer aucun traité,
« Tu manques de parole à tout moment,
« Tu n’observes aucun engagement,
« Demain tu défais ce qu’aujourd’hui tu fais.

« Tu mets en vue de grands bonheurs, et puis
« Se trouvent des épines sous les fleurs ;
« Jamais ne donnes plaisir qui soit complet.

« Mais, quand même tu ne causerais pas de douleurs,
« Chez toi je ne resterais pas, sachant
« Que l’on ne peut servir deux maîtres,
« De toi je ne veux point d’honneurs,
« Du nom de Virginia je ne veux plus qu’on m’appelle,
« Pour pouvoir rester inconnue dans le cloître. »
(La queue[1] a été ajoutée par un autre auteur).

  1. C’est à-dire le dernier tiercet.