L’Algèbre d’Omar Alkhayyami/D
D
Étant donnés une droite BC (fig. 38) et un point A, mener de A à BC une droite AD telle qu’on ait AD . BC + = .
Aboûl Djoûd fait WB perpendiculaire et égale à BC, et construit une parabole dont W est le sommet, WB l’axe et BC le paramètre. Ensuite il abaisse de A sur BC une perpendiculaire AL, et fait passer par A une hyperbole équilatère ayant son sommet en A, son axe sur le prolongement de LA et son paramètre égal à 2. AL. Le pied de la perpendiculaire abaissée du point d’intersection Z des deux coniques, sera le point D qu’il s’agit de déterminer.
Je ne reproduis pas les raisonnements de l’auteur, qui n’offrent rien de particulièrement remarquable, et je me borne à vérifier le résultat énoncé.
Désignons AL, CL, BC par , , respectivement ; prenant C pour origine des coordonnées, l’équation de la parabole sera , celle de hyperbole . Mais cette dernière équation exprime que , de sorte qu’en vertu de l’équation de la parabole on aura , ce qu’il s’agissait d’obtenir.
J’observe encore que l’auteur démontre : 1° que si les deux coniques se rencontrent en deux points, les deux perpendiculaires abaissées des deux points d’intersection déterminent sur BC deux points satisfaisant tous les deux à la condition proposée ; 2° qu’il peut arriver que de toutes les lignes plus petites que BC (*[2]) et menées de A à BC, aucune ne satisfasse à la condition voulue, et que c’est le cas lorsque les deux sections coniques ne se rencontrent pas, parce qu’alors on aura .
Solution anonyme du problème suivant, dont l’auteur dit que « depuis un certain temps les algébristes et les géomètres se sont proposé mutuellement ce problème, sans que ni les uns ni les autres en aient donné une solution satisfaisante. »
Construire un trapèze ABCD (fig. 39) de telle sorte que chacun des côtés AB, AD, BC soit égal à 10, et que l’aire de la figure soit égale à 90.
L’auteur montre expressément que ce problème dépend d'une équation du quatrième degré ; il prend pour cet effet (AK étant la perpendiculaire abaissée de A sur le prolongement de CD), d'où il suit , donc ; mais et conséquemment ou (*[3]).
Puis il construit le problème de la manière suivante. Il prend , et fait EB perpendiculaire à AB et égale à \tfrac{9}{10} AB (**[4]) ; ayant complété le rectangle BZ, il fait passer par E une hyperbole ayant BA, AZ pour asymptotes. Un cercle décrit du centre et du rayon BA coupera l'hyperbole, parce que AB > BE. Menons la droite , et construisons un angle en faisant AD = BC. Alors ABCD sera le trapèze demandé (***[5]).
En effet, en abaissant la perpendiculaire CL sur AB on aura triangle CBL égal et semblable à triangle ADK, donc ; mais en vertu de l'hyperbole on a , donc .
- ↑ *) Albîroûnî ramena à ce problème la trisection de l’angle ; voir p. 119, 1. 10.
- ↑ *) L’équation de la parabole montre immédiatement qu’il doit être ou .
- ↑ *)
- ↑ **) C'est-à-dire on prendra BE égale au rapport de l'aire donnée à la droite donnée.
- ↑ ***) Désignant la longueur de AB par , l'aire donnée par , l'équation qu'il s'agit de construire sera ou . Prenant B pour origine des coordonnées, l'équation de l'hyperbole sera , celle du cercle x^2 + y^2 = a^2 ; ces deux courbes construisent donc, en effet, le problème.