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L’Amour absolu/V

La bibliothèque libre.
Mercure de France (p. 28-29).

V

L’Étude de Me Joseb

Me Joseb…

Nous disons Me Joseb parce que dans le pays on l’appelait « M. le noutâre ».

Ceci pourrait nous dispenser de décrire sa maison, d’apprendre le panonceau extérieur et de matelasser la porte de sacristie du palier.

Mais Me Joseb était notaire à la mode de Bretagne.

Notaire y signifie généralement toute personne qui écrit.

Quand Leconte de Lisle vient à Paris, les faubourgs de Rennes conclurent qu’il avait heureusement terminé son instruction prénotariale :

— Nous irons le voir là-bas. Ousqu’est son étude ?

Par extension, notaire est la qualité naturelle de quiconque ne travaille pas manuellement, ou dont les mains s’ingénient à des ouvrages d’une futilité compliquée.

Or, Me Joseb écrivait et lisait à peine, mais il était riche à remise et écurie, et s’enfermait dans un cabinet d’oiseaux empaillés pour les mystères du découpage à la petite scie.

Il avait donc le droit, le devoir presque de n’avoir plus de cheveux sur son crâne ogival, et les lèvres rasées ; et, comme les volets d’un précieux triptyque (plus clairement, à son gré : la têtiére latérale d’un fauteuil à oreillettes), d’épanouir des favoris d’ivoire correctement égratiné.

Me Joseb était donc bien dit :

Me Joseb.