L’Anneau d’améthyste/XXIV

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Calmann-Lévy (p. 397-398).


XXIV


En fiacre dans les premières brumes du soir, madame de Bonmont venait, le cœur serré, revoir Rara et chercher l’anneau d’améthyste. Mais elle craignait quelque malheur. Quand le fiacre, ayant passé le pont de l’Europe, s’arrêta devant la porte de l’ami, madame de Bonmont vit que l’allée était noire de chapeaux et de redingotes. Un mouvement s’y faisait, qui tenait du déménagement et des obsèques. Des hommes entassaient dans un fiacre des cartons et des papiers ficelés. D’autres hommes descendaient une petite malle, et madame de Bonmont reconnut la vieille cantine, pleine de papier timbré, où Rara avait tant de fois enfoncé furieusement ses deux bras velus et sa tête empourprée.

Elle demeurait glacée d’effroi, quand elle entendit la concierge échevelée lui dire à l’oreille :

— N’entrez pas ! Filez vite ! C’est le juge et le commissaire avec de la police. Ils ont saisi des papiers chez votre monsieur et mis les scellés partout.

Le fiacre emporta madame de Bonmont anéantie. Dans l’abîme où elle se sentait tomber au sortir de son amour perdu, elle songea pourtant :

« Et l’anneau de monseigneur Guitrel qui est sous scellés !… »