Ceux qui marchent les yeux à terre, qu’au tombeau
Leurs morts tirent, que ploie une grande injustice ;
Ou qui, les yeux perdus aux étoiles, bâtissent
Trop haut pour leur essor la chimère du beau ;
Les pleins de rêves qui n’ont rien dans le jabot ;
Qui s’arrêtent, un doigt au front, et rebondissent
Au plaintif rendez-vous des pâles Eurydices,
Ridicules martyrs, hués des chiens clabauds ;
Ceux qui marchent sans voir par la rue importune,
Ou collent aux carreaux leurs yeux comme deux lunes,
Qui parlent vite et bas, en murmure de flot :
Guette à leur lèvre folle, à leur menton qui saute,
Si jaillit leur pauvre secret, par quels sanglots
Ils reprochent à Dieu leur génie ou leurs fautes.