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L’Encyclopédie/1re édition/ALTESSE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 304-305).
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ALTESSE, s. f. (Hist. mod.) titre d’honneur qu’on donne aux Prinçes. Voyez Titre & Qualité.

Les Rois d’Angleterre & d’Espagne n’avoient point autrefois d’autre titre que celui d’Altesse. Les premiers l’ont conservé jusqu’au tems de Jacques I. & les seconds jusqu’à Charles V. Voyez Majesté.

Les Princes d’Italie commencerent à prendre le titre d’Altesse en 1630 ; le Duc d’Orléans prit le titre d’Altesse Royale en 1631, pour se distinguer des autres Princes de France. V..

Le Duc de Savoie, aujourd’hui Roi de Sardaigne, prend le titre d’Altesse royale, en vertu de ses prétentions sur le Royaume de Chypre. On prétend qu’il n’a pris ce titre que pour se mettre au-dessus du Duc de Florence, qui se faisoit appeller Grand-Duc ; mais celui-ci a pris depuis le titre d’Altesse Royale, pour se mettre à niveau du Duc de Savoie.

Le Prince de Condé est le premier qui ait pris le titre d’Altesse Sérénissime, & qui ait laissé celui de simple Altesse aux Princes légitimés.

On donne en Allemagne aux Electeurs tant ecclésiastiques que séculiers le titre d’Altesse Electorale ; & les Plénipotentiaires de France à Munster, donnerent par ordre du Roi le titre d’Altesse à tous les Princes Souverains d’Allemagne.

Altesse Royale, titre d’honneur qu’on donne à quelques Princes légitimes descendus des Rois.

L’usage de ce titre a commencé en 1633, lorsque le Cardinal Infant passa par l’Italie pour aller aux Pays-Bas ; car se voyant sur le point d’être environné d’une multitude de petits Princes d’Italie, qui tous affectoient le titre d’Altesse, avec lesquels il étoit chagrin d’être confondu ; il fit ensorte que le Duc de Savoie convînt de le traiter d’Altesse Royale, & de n’en recevoir que l’Altesse. Gaston de France, Duc d’Orléans, & frere de Louis XIII. étant alors à Bruxelles, & ne voulant pas souffrir qu’il y eût de distinction entre le Cardinal & lui, puisqu’ils étoient tous deux fils & freres de Rois, prit aussi-tôt la même qualité ; & à leur exemple, les fils & petits-fils de Rois en France, en Angleterre, & dans le Nord, ont aussi pris ce titre. C’est ainsi que l’ont porté Monsieur Philippe de France, frere unique du Roi Louis XIV. & son fils Philippe, Régent du Royaume, sous la minorité du Roi ; & l’on donna aussi le titre d’Altesse Royale à la Princesse sa Douairiere : au lieu qu’on ne donne que le titre d’Altesse Sérénissime, aux Princes des Maisons de Condé & de Conti.

On ne donne point le titre d’Altesse Royale à Monseigneur le Dauphin, à cause du grand nombre de Princes qui le prennent ; cependant Louis XIV. agréa que les Cardinaux en écrivant à Monseigneur le Dauphin, le traitassent de Sérénissime Altesse Royale, parce que le tour de la phrase Italienne veut que l’on donne quelque titre en cette langue, & qu’après celui de Majesté, il n’y en a point de plus relevé que celui d’Altesse Royale.

La Czarine aujourd’hui régnante, en désignant pour son successeur au throne de Russie, le Prince de Holstein, lui a donné le titre d’Altesse Impériale.

Les Princes de la Maison de Rohan ont aussi le titre d’Altesse ; & ceux d’entre eux qui sont Cardinaux, tels que M. le Cardinal de Soubise, Evêque de Strasbourg, prennent le titre d’Altesse Eminentissime. (G)

* Altesse, s. f. nom que donnent les Fleuristes à un œillet d’un violet brun, qui de carné qu’il paroît d’abord, passe ensuite au blanc de lait.