L’Encyclopédie/1re édition/APRETÉ

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APRETÉ, s. f. se dit de l’inégalité & de la rudesse de la surface d’un corps, par laquelle quelques-unes de ses parties s’élevent tellement au-dessus du reste, qu’elles empêchent de passer la main dessus avec aisance & liberté. Voyez Particule.

L’âpreté ou la rudesse est opposée à la douceur, à l’égalité, à ce qui est uni ou poli, &c. le frottement des surfaces contiguës vient de leur âpreté. Voyez Surface & Frottement.

L’âpreté plus ou moins grande des surfaces des corps est une chose purement relative : les corps qui nous paroissent avoir la surface la plus unie, étant vûs au microscope, ne sont plus qu’un tissu de rugosités & d’inégalités.

Suivant ce que M. Boyle rapporte de Vermausen, aveugle très-fameux par la délicatesse & la finesse de son toucher, avec lequel il distinguoit les couleurs, il paroîtroit que chaque couleur a son degré ou son espece particuliere d’âpreté. Le noir paroît être la plus rude, de même qu’il est la plus obscure des couleurs : mais les autres ne sont pas plus douces à proportion qu’elles sont plus éclatantes ; c’est-à-dire, que la plus rude n’est pas toûjours celle qui réfléchit le moins de lumiere : car le jaune est plus rude que le bleu, & le verd, qui est la couleur moyenne, est plus rude que l’une & l’autre. V. Couleur, Lumiere, (O)