L’Encyclopédie/1re édition/ASSAUT

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 766).
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ASSAUT, s. m. dans l’Art de la guerre, c’est l’attaque d’un camp, d’une place forte, d’un poste, dans le dessein de l’emporter ou d’en devenir le maître. V. Attaque, Forteresse, &c.

Un assaut est proprement une attaque générale & furieuse, dans laquelle les assaillans ne se couvrent d’aucun ouvrage. On dit donner, ordonner, soûtenir, repousser un assaut, emporter d’assaut, &c.

Le feu des batteries cesse pendant l’assaut ; & lorsque les deux partis sont dans la mêlée, on ne fait point usage du canon de part ni d’autre ; on s’exposeroit par-là à détruire ses propres troupes.

Un gouverneur est obligé de soûtenir trois assauts avant que de rendre une place. Il est difficile d’empêcher le pillage des villes que l’on emporte d’assaut. Les enfans perdus montent les premiers à l’assaut. Voyez Enfans perdus.

Il y a peu de places à présent qui soûtiennent un assaut ; M. de Feuquieres n’en compte que trois de son tems. Le premier a été celui de Neuhausel en 1683, soûtenu par un bacha Turc : cette ville fut emportée, ainsi que la plûpart des autres doivent l’être, parce que la colonne d’infanterie qui attaquoit, marchoit à la breche sur plus de rangs que celle de l’infanterie qui défendoit la place. La seconde place emportée d’assaut est Bude, & le bacha qui commandoit fut tué dans l’attaque : il y avoit encore quelques ouvrages flanquans, dont les feux n’avoient pas été entierement détruits par l’artillerie des assiégeans. Le troisieme assaut a été au château de Namur, défendu par M. de Boufflers, qui ne fut pas emporté, par la raison que la colonne d’infanterie qui attaqua la breche partoit de trop loin & à découvert. Ajoûtez qu’il est presqu’impossible d’emporter une place d’assaut, quand la breche peut être défendue par le feu des ouvrages qui ne sont pas encore détruits. En effet, pour être forcée, elle ne devroit être défendue par d’autres feux que ceux qu’elle peut opposer de front, ou par la breche même. Feuq. Mém.

Cette grande opiniâtreté dans la défense des places, jusqu’à la derniere extrémité, ne se trouve plus que chez les Turcs, auxquels un article essentiel de leur religion défend de rendre par capitulation aux Chrétiens une place où ils ont eu une mosquée, quoique dans ces derniers tems ils ayent en quelques occasions manqué à ce point de leur loi. Voyez le même endroit cité. En 1747 les François ont pris d’assaut la célebre place de Berg-op-zoom. (Q)

Assaut, s. m. (Escrime.) est un exercice qui s’exécute avec des fleurets, & qui représente un véritable combat.

Il y a deux façons de faire assaut, qu’on appelle jeun ; & ces jeuns ont des noms différens, suivant la position des épées de ceux qui s’escriment. V. Jeun.

Avant de commencer un assaut, on fait le salut. Voyez Salut ; & aussi-tôt que les escrimeurs ont mis le chapeau sur la tête, le signal du combat est donné, & ils peuvent s’attaquer réciproquement.

L’adresse d’un escrimeur consiste à savoir prendre le défaut des mouvemens de son ennemi. Voyez Défaut. Ces mouvemens se terminent toûjours à parer & à pousser. Il n’y a absolument que cinq façons de les terminer tous ; car toutes les estocades qui se peuvent porter sont nécessairement, ou dans les armes, ou hors les armes, sur les armes, sous les armes, ou en flanconnade ; d’où il suit qu’il ne peut y avoir que cinq façons de parer, qui sont la quarte, la tierce, la quarte-basse, la seconde, & la flanconnade.

On n’est pas toûjours prêt à prendre le défaut du premier mouvement que fait l’ennemi, parce qu’on ne sait pas ce qu’il va faire : mais ce premier mouvement vous avertit de la nature du second, qui sera nécessairement le contraire du premier.

Exemple. Lorsqu’un escrimeur a levé le bras pour frapper l’épée de son ennemi ou pour tout autre dessein, le mouvement qui suit est de le baisser, non seulement parce que ce mouvement de baisser est naturel, mais parce qu’il est à présumer qu’il se pressera de venir au secours de la partie du corps qui se trouve alors découverte. De cet exemple, on peut tirer cette maxime générale, que toutes les fois qu’un escrimeur fait un mouvement, il lui en fera sur le champ succéder un contraire ; d’où il suit que le premier mouvement vous avertit pour prendre le défaut du second. Voyez Défaut.