L’Encyclopédie/1re édition/BOULINE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 364-365).
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BOULINE, s. f. (Marine.) c’est une corde amarrée vers le milieu de chaque côté d’une voile, & qui sert à la porter de biais pour prendre le vent de côté, lorsque le vent arriere & le vent largue manquent pour faire la route qu’on se propose.

Ces boulines sont des cordes simples qui tiennent chacune à deux autres cordes plus courtes, qu’on nomme pattes de bouline, & celles-ci tiennent encore à de plus courtes qui sont nommées ansettes ou cobes, lesquelles sont épissées à la ralingue de la voile.

Les boulines servent principalement à retirer la voile, & empêcher que le vent, lorsqu’on le prend de côté, n’en enfle trop le fond ; ce qui retarde le sillage du vaisseau au lieu de l’avancer : elles empêchent aussi que le vent n’échape par le côté qu’elles retirent.

Presque toutes les voiles ont des boulines, à l’exception de la civadiere ou voile de beaupré, qui n’a ni boulines ni coüets, les écoutes en faisant l’office.

Bouline de la grande voile, voyez Pl. I. n°. 89. sa figure fera connoître la situation de cette manœuvre.

Bouline de la misene, n°. 90.

Bouline du grand hunier, n°. 91.

Bouline du petit hunier, n°. 93.

Bouline du grand perroquet, n°. 92.

Bouline du perroquet d’avant, n°. 94.

Bouline du perroquet de fougue, n°. 88.

Bouline de revers, c’est celle des deux boulines qui est sous le vent, & qui est larguée. Largue la bouline de revers, terme de commandement pour lâcher la bouline qui est sous le vent. Voyez Revers.

Haler sur les boulines, c’est-à-dire, tirer & bander sur les boulines, afin que le vent donne mieux dans la voile pour courir près du vent. Voyez Haler.

Hale bouline, voyez Hale.

Avoir les boulines halées, c’est les avoir roides afin de bien tenir le vent.

Vent de bouline, c’est un vent qui est éloigné du lieu de la route de cinq aires de vent, & qui par son biaisement fait que le vaisseau penche sur le côté ; ainsi la route étant nord, le nord-est, quart-d’est, & le nord ouest quart-d’ouest sont les vents de bouline.

Aller à la bouline, c’est se servir d’un vent qui semble contraire à la route, & le prendre de biais en mettant les voiles de côté ; ce que l’on fait par le moyen des boulines. On va aussi vîte & plus vîte à la bouline, qu’en faisant vent arriere ; car en boulinant on porte toutes ses voiles, ce qui ne se fait pas de vent arriere. Quelque fort que soit le vent, on ne laisse pas d’aller à la bouline, pourvû qu’on porte moins de voiles, & qu’il n’y ait pas un orage violent.

A la bouline, terme de commandement pour prendre le vent de côté.

Aller à grasse bouline, ou à bouline grasse, c’est se servir d’un vent compris entre le vent de bouline & le vent largue, & cet air de vent doit être éloigné de la route par un intervalle de six à sept rumbs de vent ou pointes de compas. Ainsi pour aller à grasse bouline, il ne faut pas serrer le vent : par exemple, si la route étoit nord, le nord-est quart-d’est seroit le vent de bouline, & l’est nord-est seroit le vent de grasse bouline.

Franche bouline, c’est pincer le vent, & aller au plus près. Voyez Près & Plein.

Faire courre la bouline, c’est un châtiment qu’on fait sur les vaisseaux pour punir les malfaiteurs ; & pour cet effet l’équipage est rangé en deux haies de l’avant à l’arriere du vaisseau, chacun une garcette ou une corde à la main ; & le coupable étant lié, & n’ayant pour vêtement qu’un caleçon mince, suit une corde, & passe deux ou trois fois entre ces deux haies d’hommes, qui donnent chacun un coup à chaque fois qu’il passe. (Z)