L’Encyclopédie/1re édition/BUCCINE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 456).
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BUCCINE, s. f. (Art milit.) étoit un ancien instrument militaire, ou plûtôt un ancien instrument de musique, dont on se servoit à l’armée pour avertir les gardes de nuit, & pour faire savoir aux soldats quand ils devoient descendre ou monter la garde.

Le mot Latin buccina dont celui-ci est fait, vient de bucca, bouche, & de cano, je chante ; parce qu’on s’en sert avec la bouche. D’autres croyent qu’il vient du Grec βυκάνη, qui signifie la même chose, formé de βοῦς, bœuf, & de cano, je chante ; parce qu’anciennement cet instrument étoit fait de corne de boœuf. D’autres de l’Hébreu buk, une trompette. Varron dit qu’il a été ainsi nommé par onomatopée de bou, bou, en faisant allusion au son qu’il rend. Et d’autres le font plus probablement venir de buccinum, qui est le nom d’une conque ou coquille de poisson.

Le cornet est regardé comme une sorte de trompette, de laquelle cependant il differe non-seulement par la figure qui est droite dans la trompette, & recourbée dans le cornet, mais encore par le son, le son du cornet étant plus dur, plus fort, & plus facile à être entendu de loin, que celui de la trompette. Voyez Trompette. Le cornet & la conque semble avoir été le même instrument, que l’on a distingué ensuite en ce que le nom de conque est demeuré aux plus petits cornets, & celui de cornet est resté à ceux de la plus grande espece. Quelques-uns croyent que la conque étoit moins recourbée que le cornet, qui décrivoit un demi-cercle entier. Varron assûre que la conque étoit aussi appellée cornet, parce qu’on faisoit cet instrument avec les cornes des bœufs ; comme cela se pratique encore dans quelques endroits. Servius assûre qu’on les faisoit anciennement de cornes de bélier ; & conséquemment ces instrumens dont on se servoit anciennement chez les Juifs à l’armée & dans le temple, se trouvent nommés dans l’Ecriture sopheroth haijobeliim, cornes de béliers. Voyez Corne. (Q)