L’Encyclopédie/1re édition/CONTINENCE

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* CONTINENCE, s. f. vertu morale par laquelle nous résistons aux impulsions de la chair. Il semble qu’il y a entre la chasteté & la continence cette différence, qu’il n’en coûte aucun effort pour être chaste, & que c’est une des suites naturelles de l’innocence ; au lieu que la continence paroît être le fruit d’une victoire remportée sur soi-même. Je pense que l’homme chaste ne remarque en lui aucun mouvement d’esprit, de cœur, & de corps, qui soit opposé à la pureté ; & qu’au contraire l’état de l’homme continent est d’être tourmenté par ces mouvemens, & d’y résister : d’où il s’ensuivroit qu’il y auroit réellement plus de mérite à être continent, qu’à être chaste. La chasteté tient beaucoup à la tranquillité du tempérament, & la continence à l’empire qu’on a acquis sur sa fougue. Le cas qu’on fait de cette vertu n’est pas indifférent dans un état populaire. Si les hommes & les femmes affichent l’incontinence publiquement, ce vice se répandra sur tout, même sur le goût : mais ce qui s’en ressentira particulierement, c’est la propagation de l’espece, qui diminuera nécessairement à proportion que ce vice augmentera ; il ne faut que réfléchir un moment sur sa nature, pour trouver des causes physiques & morales de cet effet.

Continence, (mesure de) Com. se dit par opposition à mesure d’étendue. Les mesures de continence sont le boisseau, le minot, le litron, le muid, le demi-muid, la pinte, la chopine. Voyez Mesure.

Continence, en terme de jaugeage, est la quantité de mesures, comme de pots ou de pintes, que l’on trouve par la jauge être contenue dans une futaille jaugée. Voyez Jauge.

Continence se dit aussi de l’espalement que les commis des aides font chez les brasseurs de bierre, de leurs cuves, chaudieres, & bacs, pour évaluer le droit du Roi suivant qu’ils contiennent plus ou moins de cette boisson. Voyez le dictionn. du comm. (G)