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L’Encyclopédie/1re édition/CUILLER ou CUILLERE

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CUILLER ou CUILLERE, s. f. voyez Palette, & les mots suivans.

Cuiller, en Bâtiment, est une pierre plate creusée en rond ou en ovale, de peu de profondeur, avec une goulette pour recevoir l’eau d’un tuyau de descente & la conduire dans un ruisseau de pavé. C’est aussi un outil emmanché d’un manche fort long, qui sert à prendre le grais dans le seau & le jetter sur le trait de scie pour scier la pierre. (P)

Cuiller, s. f. instrument de Chirurgie propre à faciliter l’incision qu’on fait en opérant pour la fistule lacrymale. Cet instrument est ordinairement d’argent ; il ressemble en quelque chose aux cueilleres en usage pour manger la soupe ; il en differe en ce que le cueilleron est exactement ovale, que sa plus grande profondeur est précisément dans son milieu, & que sa cavité est fort superficielle. Il a un pouce & demi de long, & onze lignes ou un pouce de large. L’angle extérieur de ce cueilleron est échancré, & forme deux petites cornes ou avances un peu mousses, qui sont fort utiles pour bander la peau tant & si peu qu’on veut, & permettre de voir la réunion des paupieres qu’elles mettent à découvert.

L’échancrure a cinq lignes & demie de profondeur, trois lignes & demie de diametre. Le manche du cueilleron est plat, & a trois pouces quatre à cinq lignes de long, de façon que tout l’instrument a environ cinq pouces de longueur. On comprend l’usage de cet instrument par ce qui vient d’être dit. Voyez la fig. 1. Pl. XXV. & voyez Fistule lacrymale.

Le speculum oculi annulaire, fig. 7. Plan. XXIII. sert au même usage. (Y)

Cuiller, c’est parmi les Ciriers. une machine de fer blanc longue, creuse, garnie d’un manche, & applatie à son autre extrémité où elle se termine en diminuant de grosseur. On s’en sert à puiser la matiere fondue pour la jetter sur les meches accrochées au cerceau, qu’on fait tourner pour les présenter successivement les unes après les autres au-dessus de la cuve. Voyez Pl. du Cirier, fig. 7. & 2.

Cuiller à souder, (Ferblantier.) Cette cuiller est commune à ces ouvriers & à beaucoup d’autres. Elle est ronde, assez profonde, mais médiocre ; avec une espece de bec pour mieux verser le métal fondu. C’est dans cette cuiller que ces ouvriers fondent leur soudure, & quelquefois même leur plomb, lorsqu’ils n’ont que de petits ouvrages à faire. Voyez le dict. du Comm. & Plombier, Vitrier, &c.

Cuiller, outil de Bimblotier, faiseur de dragée au moule : il leur sert à tirer le plomb fondu de la chaudiere pour le verser dans les moules. A la cuiller qui a un bec pour verser le plomb dans la gouttiere du moule ; le manche est terminé par une poignée de bois B qui empêche l’ouvrier de se brûler. Voyez la fig. 5. Pl. de la fonte des dragées au moule.

Cuiller, Fondeur de caractere d’Imprimerie. Cette cuiller a un petit bassin au bout d’une queue de trois à quatre pouces de long, le tout de fer. Cette queue est piquée dans un petit manche de bois pour la tenir, & que la chaleur n’incommode point la main du fondeur. C’est avec cette petite cuiller que l’ouvrier puise dans la grande où est le métal fondu, pour jetter cette petite portion de matiere dans le moule. Voyez la fig. 13. Plan. I. du Fondeur. de caract.

La cuiller du fourneau a huit ou neuf pouces de diametre, & est perpendiculairement divisée en deux ou trois parties comme autant de cellules, pour contenir la matiere forte & foible à la fois, qu’on entretient fluide par le feu qui est continuellement dessous, & qui peut en contenir trente ou quarante livres à la fois, chacune de ces séparations pour chaque ouvrier. Ils sont deux ou trois, suivant la forme du fourneau, qui puisent dans la même cuiller, mais chacun dans la séparation qui lui est destinée.

Cuiller aux pelotes, (Fondeur en sable.) Les cuillers des Fondeurs en sable ne ressemblent que par leur long manche aux cuillers des Plombiers, & par le nom qu’elles ont conservé, à cause qu’on s’en sert comme de cuiller pour porter les pelotes de cuivre dans le creuset où le métal est en fusion.

Cet instrument est de fer ; au bout du manche qui a plus de deux piés, est la moitié d’un cylindre aussi de fer, de quatre pouces d’ouverture & de six de longueur. Cette moitié de cylindre est creusée en-dedans, & n’est pas fermée par le bout d’en-bas, afin que les pelotes qu’on y met coulent plus aisément lorsque le fondeur incline doucement l’instrument jusqu’à la bouche du creuset. Voyez le dictionn. du Comm. Fondeur de sable, & la fig. 8. de la Planche du Fondeur en sable.

Cuiller, (Monnoyage.) on s’en sert pour tirer le métal en fusion du fourneau & le jetter en moule. Cette cuiller est de fer, longue de six à sept piés. On ne se sert de cuiller que pour l’argent & le billon, parce que l’on verse l’or dans le moule avec le creuset même.

Cuiller, terme de Plombier ; c’est un ustensile de fer qui a un manche par un bout & qui est creux par l’autre, & dont la profondeur est sphérique.

Les Plombiers se servent de trois sortes de cuillers : la premiere est la cuiller à puiser, avec laquelle ils prennent le plomb fondu : la seconde est la cuiller percée ; ils s’en servent pour écumer le plomb ; ce n’est à proprement parler qu’une vieille poële à laquelle on a fait des trous ; la troisieme est la cuiller à souder ; elle est ronde & profonde, & a d’un côté de sa circonférence un bec par lequel on verse le plomb fondu : c’est dans cette cuiller que les Plombiers fondent leur soudure, & même aussi leur plomb, quand ils n’ont que de petits ouvrages à faire. Voyez les figures 2 & 3, Pl. III. du Plombier ; la derniere représente l’écumoire.

Cuiller à jetter en moule, (Potier d’étain.) c’est une cuiller de fer dont se servent les Potiers d’étain pour cet usage. Il en faut de différentes grandeurs : on en trouve chez les Quincaillers qui tiennent depuis une demi-livre d’étain jusqu’à vingt livres & plus.