L’Encyclopédie/1re édition/DIATONIQUE
DIATONIQUE, adj. (Musique.) est celui des trois genres de la Musique qui procede par tons & sémi-tons majeurs, selon la division de la gamme ; c’est-à-dire, dont les moindres intervalles sont d’un degré conjoint ; ce qui n’empêche pas que les parties ne puissent procéder par de plus grands intervalles, pourvû qu’ils soient tous pris sur des degrés diatoniques.
Ce mot vient du grec διὰ, par, & τόνος, ton ; c’est-à-dire, passant d’un ton à un autre.
Le genre diatonique des Grecs résultoit de l’une des trois regles principales qu’ils avoient établies pour accorder les tétracordes. Voyez Genre, Tétracorde. Le nôtre résulte de la marche consonnante de la basse, sur les cordes d’un même mode.
Le genre diatonique est sans contredit le plus naturel des trois, puisqu’il est le seul qui ne suppose aucun changement de ton. Aussi l’intonation en est-elle incomparablement plus aisée que celle des deux autres, & l’on ne peut douter que la premiere invention de la Musique n’ait été celle de ce genre. Il faut remarquer que selon les lois de la modulation, qui permet & qui prescrit même le passage d’un ton & d’un mode à l’autre, nous n’avons presque point dans notre Musique de diatonique bien pur ; chaque ton particulier est bien, si l’on veut, dans le genre diatonique, mais on ne sauroit passer de l’un à l’autre sans quelque transition chromatique, au moins sous-entendue dans l’harmonie. Le diatonique pur dans lequel aucun des sons n’est altéré, ni par la clef, ni accidentellement, est appellé par Zarlin diatono-diatonique, & il en donne pour exemple le plein-chant de l’église. S’il y a un bémol après la clé, pour lors c’est, selon lui, le diatonique mol, qu’il ne faut pas confondre avec celui d’Aristoxène. Voyez Mol. A l’égard de la transposition par dièse, cet auteur n’en parle point, car on ne la pratiquoit pas encore de son tems. Voyez Transposition. (S)