L’Encyclopédie/1re édition/DORER

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DORER, v. act. (Mar.) c’est donner le suif à un vaisseau. Voyez Espalmer. (Z)

Dorer, c’est en général couvrir d’or. On applique l’or sur les métaux, les bois, le papier, & presque toutes sortes de substances acres. Voyez les articles suivans, & l’article Dorure.

Dorer sur cuir, est l’art d’appliquer l’or sur cette matiere, & d’en fabriquer des tapisseries ; ce qui se fait en les imprimant d’abord entre une planche de bois gravée en creux, comme les cachets ou les poinçons des médailles ; & une autre contre-planche enduite de ciment, auquel on a fait prendre la forme de la gravure, en l’imprimant dessus ; ensorte que la planche de ciment rapporte en relief le dessein de celle qui est gravée en creux, comme l’empreinte d’un cachet. On imprime la peau de cuir entre la planche de bois gravée en creux, & entre celle de ciment qui est en relief, ce qui lui fait prendre la même forme. On se sert pour imprimer, d’une presse semblable à celle des imprimeurs en taille-douce, voyez Imprimeur en taille-douce, & la fig. 5, Pl. du Doreur sur cuir. Cette presse consiste en deux montans assemblés dans les traverses d’un chassis qui sert de base à la machine, où ils sont affermis chacun par deux étais ou jambes de force.

Chaque montant est percé de deux trous, pour recevoir les tourillons des rouleaux entre lesquels passent les planches que l’on veut imprimer. Ces trous sont garnis de boîtes & de pieces de carton, &c. comme ceux de la presse en taille-douce, voyez Presse en taille-douce. Ces rouleaux sont mus de même par deux moulinets attachés au rouleau supérieur.

Après que les cuirs sont imprimés, on dore ou argente les endroits qui doivent être dorés ou argentés, soit les fonds ou les reliefs, & on peint à l’huile ceux qui doivent être peints. Les couleurs doivent être à l’huile, aussi-bien que les assietes de l’or & de l’argent ; des couleurs en détrempe ne tenant point sur le cuir.

La figure premiere de la Planche du Doreur sur cuir, représente un ouvrier qui peint une peau après qu’elle a été imprimée ; il a sur son établi les vases qui contiennent les couleurs qu’il employe.

La figure 2 argente sur l’assiete dont le cuir est peint ; elle prend les feuilles d’argent avec les pincettes d’ébene, fig. 8, à la tête desquelles est attaché un morceau de queue de renard, dont on se sert pour étouper, c’est-à-dire pour presser les feuilles d’argent sur l’assiete à laquelle elle doit s’attacher.

La fig. 3 représente un ouvrier qui lisse une peau avec le brunissoir.

La figure 4 représente un ouvrier qui pare une bande de cuir sur la pierre à parer.

La figure 5 est la presse.

Les figures 6 & 7 sont le brunissoir & sa pierre, qui est un caillou. On tient le brunissoir à deux mains, comme la figure 3 représente.

Figure 8, les pincettes d’ébene.

Figure 9, couteau à parer ou escarner.

Figure 10, livre dans lequel les Batteurs d’or transvuident les feuilles d’argent six à six, comme on peut le voir dans la figure.

Figure 11, queue de renard à étouper.

Figure 12, couteau à détirer, c’est-à-dire à étendre les peaux sur une table de pierre.

Figure 13, planche de bois gravée en creux pour imprimer les cuirs.

Figure 14, fer à ciseler. C’est un poinçon dont la partie inférieure est gravée, & qu’on imprime sur les cuirs dorés ou argentés. On frappe sur le poinçon avec le maillet, fig. 15, qui est un morceau de bois quarré & arrondi par un bout, qui sert de poignée.

Dorer, en terme de Doreur ; c’est l’action d’appliquer l’or, & de l’amalgamer avec le cuivre, de maniere qu’il s’use plûtôt qu’il ne s’enleve.

On dore en or moulu & en or en feuilles. Pour dorer de la premiere façon la piece ciselée, recuite, dérochée dans de l’eau seconde pour en ôter toute la crasse, on l’avive, voyez Aviver ; ensuite on la fait sécher au feu ; on la gratte-bosse, on la fait revenir ; on la met en couleur, c’est-à-dire qu’on la frotte avec une brosse trempée dans une couleur préparée exprès ; on la fait sécher une seconde fois, & on la brunit.

Pour dorer de la seconde maniere, il ne faut que gratter, polir & nettoyer sa piece, & y appliquer l’or à chaud. L’on ne se sert que de la sanguine pour brunir les pieces dorées d’or en feuilles. Voyez la Pl. du Doreur, qui représente les différentes opérations & les outils de cet art. Voyez aussi l’art. Dorure.

Dorer, en terme de Doreur sur bois, s’entend de l’action d’appliquer de l’or en feuille & en quarteron sur des morceaux de sculpture, comme bordures de tableaux, piés de tables, garnitures de cheminées, &c.

Les artistes qui dorent, font corps avec les Peintres, Sculpteurs, &c. & sont soûmis aux mêmes statuts.

Il y a dans cette communauté un juré de chacune des professions qui la composent, pour veiller aux intérêts de ceux qui l’exercent.

Cet art renferme plusieurs opérations, dont nous nous réservons à parler à leurs termes. Voyez la Pl. du Doreur.

La figure premiere réprésente une ouvriere qui vermillonne.

La figure 2, un ouvrier qui repare.

La figure 3, un ouvrier qui dore au chevalet.

La figure 4, un ouvrier qui adoucit.

La figure 5, un ouvrier qui blanchit. Voyez l’art. Dorure.

Dorer, en terme de Tireur d’or, c’est appliquer plusieurs couches d’or en feuilles sur un lingot d’argent ; ce qui se fait après avoir bruni l’argent à force de bras avec le brunissoir. On applique ensuite l’or sur autant de couches qu’on le juge à propos ; on met le lingot ainsi chargé dans un grand feu, pour y attacher plus étroitement l’or ; on le soude avec la pierre sanguine, qui le polir parfaitement, & l’incorpore sur l’argent on ne peut pas mieux. Si dans cette derniere opération on trouve sur le lingot des gonfles, voyez Gonfles, on les ouvre avec un couteau fait pour cela : on fait la même chose à l’égard des moules. Voyez Moules.

Dorer : les Pâtissiers se servent de ce terme pour signifier donner à la pâte une couleur jaune & luisante, par le moyen de jaunes d’œufs qu’on étend avec un pinceau.

Dorer sur tranche, (Reliure.) Lorsqu’on applique l’or sur la tranche d’un livre, c’est ordinairement après l’avoir fait marbrer ; il faut que la marbrure soit bien seche, le livre rabaissé ; ensuite on le met en presse par la gouttiere, avec une tringle de chaque côté entre le livre & le carton, comme on voit Pl. II. de la Reliure, fig. A. Voyez Tringle.

Dorés, ou Chevaliers dorés, en latin equites aurati, (Histoire mod.) chevaliers d’Angleterre, & même dans les autres royaumes. On les a ainsi nommés, parce qu’on leur donne des épetons dorés pour marque de chevalerie. Autrefois on n’accordoit cette distinction qu’à des gens d’épée qui l’avoient méritée par leurs services militaires ; mais depuis on l’a conférée aussi à des gens de robe, de même que dans les universités on accorde quelquefois certains degrés à des gens d’épée : toutefois entre les personnes de robe on ne confere cet honneur qu’à des avocats ou des medecins, & non à des théologiens. Chamberlaine, état de l’Angleterre. (G)